Église Saint-Julien-de-Brioude de Saint-Julien-de-Jonzy

église à Saint-Julien-de-Jonzy (Saône-et-Loire)
Eglise de Saint-Julien-de-Jonzy
Présentation
Type
Destination initiale
Rattachement
Diocèse
Paroisse
Paroisse Saint-Hugues-en-Brionnais-Bords-de-Loire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Dédicataire
Style
Construction
XIIe siècle ; XIXe siècle
Religion
Patrimonialité
Logo monument historique Classé MH (1910, portail, clocher)
Localisation
Pays
France
Subdivision administrative
Commune
Coordonnées
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L'église de Saint-Julien de Jonzy est une église paroissiale construite au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle, modifiée en 1861 et au cours des années suivantes. Elle est classée monument historique[1] pour son clocher et son portail. Elle fait partie des églises romanes du Brionnais, construites sous l'influence de Cluny[2], en Saône-et-Loire, région Bourgogne-Franche-Comté.

Situation modifier

L'église est située dans le cimetière de la paroisse - puis de la commune - de Saint-Julien-de-Jonzy. Le village est situé sur une hauteur, sur la route qui relie Chauffailles à Marcigny. L'église surplombe ainsi des collines du Brionnais ; il est possible de voir un paysage s'étendant jusqu'à la montagne du Dun. Le viaduc de Mussy-sous-Dun peut être aperçu. Des chemins de randonnée passent à proximité.

Histoire modifier

Création modifier

L'église est mentionnée dès 1106 dans une charte de l'abbaye de Cluny[3]. Elle fait alors partie du diocèse de Mâcon, de l'archiprêtré de Beaujeu, du bailliage de Semur-en-Brionnais[3].

Origine du nom modifier

Sous l'ancien régime la paroisse Saint-Julien portait le nom de « Saint-Julien-de-Cray ». La commune de Jonzy était indépendante. La commune « Saint-Julien-de-Jonzy » résulte de la fusion, en 1860, de deux communes : celle de Saint-Julien-de-Cray et celle de Jonzy[4].

Le saint Julien de cette église est saint Julien de Brioude[5], saint très populaire dans toute la Gaule. Saint Julien est représenté sur un vitrail du chœur (à gauche).

Remaniement modifier

La réédification de 1865 a préalablement donné lieu à plusieurs projets. Celui retenu conserve le clocher et le portail romans. L'architecte des travaux a été M. Berthier[6].

Description modifier

Extérieur modifier

Le clocher et le portail sont les seules parties romanes de l'église ayant gardé leur aspect d'origine.

Le clocher modifier

Le clocher est une tour quadrangulaire que recouvre un toit pyramidal. Il comporte un seul étage de baies, au-dessus d'un soubassement plein. Le beffroi repose sur une rangée d'arcatures portées par de cours pilastres à cannelures. Deux baies, de plein cintre, accolées, sont présentes sur chaque face.

Le portail et son tympan modifier

 
Tympan roman du XIIe siècle

Le portail comprend trois éléments : les colonnes, le tympan, le linteau. Le tympan et le linteau sont réalisés dans la même bloc de pierre calcaire. La porte est encadrée par deux colonnettes à chapiteaux et une archivolte[7] richement décorées. Le tympan représente le Christ assis, au centre, bénissant de sa main droite levée et tenant de la main gauche le Livre de vie. Il est entouré de deux anges. Les trois personnages sont intacts, contrairement à ceux de la Cène, représentée en-dessous sur le linteau.

La qualité de la sculpture du tympan roman de l'église est considérée comme l'une des plus remarquables de Bourgogne. Ainsi le docteur Richer, dans le chapitre « attitudes et mouvements » de son ouvrage Le nu dans l'art reproduit le tympan de l'église et écrit : « au tympan occupé seulement par le Christ en majesté et deux anges, la violence, exprimée déjà par le geste outré des deux anges, l'est aussi par le tumulte des draperies aux plis multiples comme soulevées par un vent de tempête »[8]. Jean Virey : « la sculpture toute entière de cette porte est fort belle et très finement traitée ; elle ne ressemble en rien à la sculpture barbare, maigre et allongée, de la porte du prieuré voisin d'Anzy-le-Duc ».

Kingsley Porter juge ainsi cette sculpture, après avoir décrit le tympan de l'abbaye de Charlieu : « le tympan de Saint-Julien-de-Jonzy, plus petit, mais mieux conservé, est un travail plus fin, et par conséquent probablement plus récent, de la même main. Il peut dater de 1145[9] ». Joseph Déchelette estime, lui, que « la tête du seigneur est médiocre mais celles des anges est d'un ciseau énergique, Leurs cheveux retombent sur leurs épaules en boucles opulentes… ». Il ajoute : « le sculpteur donne une âme aux corps inertes. Sous son ciseau créateur s'animent non seulement les êtres mais les vêtements, les accessoires. Vous vous demanderez si les sculpteurs de l'antiquité ont seuls eu le secret des draperies manillées... »[10].

La sculpture du linteau représente la Cène : le Christ et les apôtres sont assis devant une table recouverte d'une nappe. Poissons et pain constituent la nourriture des convives. Saint Jean est à droite de Jésus ; Judas, est de l'autre côté, agenouillé. A l'exception d'un seul, toutes les têtes des personnages ont été martelées pendant le Révolution. À chaque extrémité du linteau l'ornementation est complétée par la scène du lavement des pieds. À droite Jésus lave les pieds de saint Pierre ; à gauche ce sont deux disciples qui font de même.

Intérieur modifier

 
Sculpture en bois sur la chaire à prêcher Saint-Jean l'évangéliste

L'intérieur a été entièrement reconstruit en 1865. Il est style néo-gothique. La porte franchie, existe une travée, située sous le clocher, voûtée par une coupole. Puis une nouvelle porte permet l'accès à la nef. Elle comporte cinq travées, un transept et une abside semi-circulaire, précédée de la travée de chœur[11]. Des boiseries garnissent la totalité du chœur. La chaire à prêcher comporte quatre panneaux sculptés, chacun représentant un évangéliste. Anne-Marie Oursel, lors de sa visite en 1970, les remarque et elle écrit sur la « fiche-objet » (pour son administration) : « Chaire finement travaillée à rampe de bois ajouré, médaillons sculptés des quatre évangélistes, au milieu des panneaux. de la chaire à prêcher[12] ».

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Notice no PA00113436, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture - le classement résulte d'un arrêté du 22 janvier 1910.
  2. Il y a débat entre les historiens de l'art sur l'influence de Cluny Ceux qui soutiennent la prééminence de Cluny sont présentés ainsi par Madeleine Schnerb (in L’information historique, no 1 janvier-février 1948, p. 33-38.) « Viollet-le-Duc faisait de l'abbaye de Cluny l'honneur d'avoir créé l'art roman, art exclusivement monacal. Les historiens contemporains ne vont pas aussi loin. Cependant deux éminents critiques, Émile Mâle et après lui Henri Focillon attribuent à l'influence de Cluny beaucoup des caractères de l'art roman. « Le point de vue le plus critique est exprimé par Jean Virey (l'architecture romane dans l'ancien diocèse de Mâcon 'cf ref ci-dessous): « Il nous a paru intéressant de rechercher si, dans les environs mêmes de Cluny, parmi ces prieurés qui s'élevaient si serrés à l'ombre de l’église abbatiale, des églises construites par les moines se distinguaient nettement des autres, et avaient entre elles une analogie évidente. Notre conclusion est, en nous tenant dans les limites de l’ancien diocèse de Mâcon, que les distinctions que l'on peut y établir sont individuelles, et que tous ces monuments appartiennent à ce qu'on et convenu d'appeler l' école bourguignonne. »La synthèse de cette divergence peut être trouvée dans les écrits de Kenneth John Conant, chef de la mission de la 'Médieval Academy of America à Cluny' dans un article intitulé 'l'école clunisienne' (in Annales de Bourgogne 1930 p 321 et s. il écrit « le grand abbé Saint Hughes demandait évidemment partout dans son immense congrégation les meilleurs artisans et il a pu constituer pour la direction des travaux un corps abondant en génie et doué d'une force esthétique souveraine... nous avons le droit, je crois, de qualifier d'école clunisienne l’œuvre de cette pléiade.. »
  3. a et b Virey Jean, L'architecture romane dans l'ancien diocèse de Mâcon, éd. Alphonse Picard, 1894, 344 p., p. 201. Jean Virey cite comme source : "Bibliothèque nationale, latin 1498, nouvelles acquisitions, folio 265, recto" 
  4. Loi du 9 mai 1860. Art. 1er : Les communes de Saint-Julien-de-Cray et de Jonzy, canton de Semur, arrondissement de Charolles (Saône-et-Loire), sont réunies en une seule commune, dont le chef-lieu est fixé à Saint-Julien, et qui portera le nom de Saint-Julien-de-Jonzy. (Bulletin des lois et décrets t. XIII, 1860)
  5. Saint Julien de Brioude originaire de Vienne (Dauphiné) était un légionnaire romain, il s'enfuit, fut rattrapé à Brioude et décapité en 304. Il devint très populaire d'abord en Auvergne, puis dans toute la Gaule où nombre d'églises et de communes portent son nom. Les confusions sont nombreuses car Julien est un nom porté par une dizaine d'autres saints.
  6. L'adjudication des travaux a été passée le 17 septembre 1865 au profit de Pierre Brat, sur un devis se montant à 34 192,80 francs dont 7 202,50 F furent couverts par une souscription volontaire des habitants. Des travaux supplémentaires ont été réalisés à la demande de l'architecte pour la consolidation des fondations et pour l'enlèvement et la rénovation du portail. Le coût total fut de 41 677 francs. Ces informations émanent des fiches rédigées à l'occasion de l'inventaire départemental réalisé de 1960 à 1980, à l'initiative de Raymond Oursel, alors directeur des archives. Ces fiches sont rédigées par Mme Ourcel. Elles sont aux archives départementales de Saône-et-Loire.
  7. L'archivolte est « l'ensemble des voussures d'encadrement d'une baie, porte ou fenêtre ».
  8. Paul Richer, Le nu dans l'art, t.3, l'art chrétien, Plon, Paris, 1929, p. 139
  9. Kingsley Porter « la sculpture du XIIe siècle en Bourgogne » in revue La gazette des Beaux-arts, août 1920, p. 73-75.
  10. Joseph Déchelette L'art roman à Charlieu et en brionnais publié sous les auspices de la Diana 1892, 104, p. 89 et s.
  11. CEP, Centre International d’Études des Patrimoines Culturels du Charolais-Brionnais, dépliant : Église de Saint-Julien-de-Jonzy, Saint-Christophe-en-Brionnais. Ce document est mis à disposition dans l'église.
  12. Oursel A-M. Archives départementales de Saône-et-Loire, Inventaire du patrimoine : Édifices et objets remarquables recensés au titre de l'inventaire départemental des années 1960 aux années 1980. Auteurs : Raymond et Anne-Marie Oursel. fiche repérage