École nationale supérieure des arts décoratifs

école d’art fondée à Paris en 1877, anciennement École royale de dessin (Q20774688), appelée École nationale des arts décoratifs de 1877 à 1927
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L'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, communément dénommée les Arts décoratifs ou les Arts-Déco, est une école d'art et de design fondée aux XVIIIe et XIXe siècles, située 31, rue d'Ulm à Paris dans le 5e arrondissement.

École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris
Histoire
Fondation
Statut
Type
Établissement d'enseignement supérieur public
Forme juridique
Autre établissement public national d'enseignement (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fondateur
Directeur
Membre de
Site web
Chiffres-clés
Étudiants
827Voir et modifier les données sur Wikidata
Budget
12 652 499 € (en 2019)
Localisation
Pays
Ville
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Présentation modifier

L'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris (EnsAD) est un établissement public d'enseignement supérieur relevant du ministère de la Culture ayant pour mission la formation de haut niveau, artistique, scientifique et technique d’artistes et de designers.

Lieu de foisonnement intellectuel, créatif et artistique, l'École propose dix spécialisations : architecture intérieure, art-espace, cinéma d'animation, design graphique, design objet, design textile et matière, design vêtement, image imprimée, photo/vidéo, scénographie. Elle accueille en moyenne 700 étudiants, français et étrangers. La formation se déroule sur cinq années. Le diplôme de l'École est un diplôme d'État, il confère le grade de master.

Le laboratoire de recherche de l'École (EnsadLab[1]) offre plusieurs groupes de recherche couvrant les champs des arts et du design et accueille en moyenne 50 étudiants chercheurs et doctorants.

L'École est membre de l'université PSL. Dans ce cadre, elle participe à la formation doctorale SACRe[2] (Sciences, Arts, Création, Recherche) dont l'ambition est de rapprocher artistes, créateurs et scientifiques.

Elle est membre d'un large réseau d'associations internationales et développe en outre des relations avec 110 écoles supérieures et universités d’art dans le monde.

L'École est également membre de la Conférence des grandes écoles.

Histoire modifier

 
L'entrée de l'ancien bâtiment de l'École royale gratuite de dessin pour garçons, rue de l'École-de-Médecine à Paris.

L'École des arts décoratifs est née de l'École royale gratuite de dessin créée en 1766 par Jean-Jacques Bachelier (1724-1806), ouverte officiellement en 1767 par lettres patentes du roi Louis XV, et de l'École spéciale et gratuite de dessin pour les jeunes personnes, souhaitée par Bachelier dès les années 1780[3] et mise en place en 1802 par la peintre Marie Frère de Montizon (née Turben, 1760 ?-1845), École ouverte officiellement en 1803 et subventionnée par l’État à partir de 1810[4]. Il s'agissait alors de développer les métiers relatifs aux arts et d'accroître ainsi la qualité des produits de l'industrie. Les cours de l'École de garçons étaient donnés dans ce qui est aujourd'hui le 5 de la rue de l'École-de-Médecine, un bâtiment toujours à l'enseigne de l'École qui, pour accueillir le collège de Bourgogne, a été élevé sur un cimetière juif aménagé au Moyen Âge dans les ruines d'une bâtisse gallo-romaine du temps de l'empereur Julien le Philosophe et est actuellement affecté à l'université de Paris III-Sorbonne Nouvelle.

À proximité se situait l'École de filles, qui rejoint l'ancien collège des Cordeliers au 7 rue Touraine-Saint-Germain (actuelle rue Dupuytren[5]), après avoir été installée rue de la Harpe[6] puis Cour de Rohan.

Par l'apprentissage exigeant et rigoureux du dessin, avec des estampes comme modèles, l'École associait métier et culture, intelligence et sensibilité, afin que les meilleurs artisans deviennent des artistes créateurs. À la base de la formation des garçons, le dessin comprenant géométrie, figure et ornement, visait à contrer la débauche de pittoresque à l'époque et « à rendre la précision familière »[7]. Aux filles, étaient enseignés les quatre genres (figure, ornement, animaux et fleurs), l'École, selon la fondatrice, devant offrir aux femmes « le moyen d'augmenter leurs ressources par une heureuse industrie »[8], même s'il va lui être reprochée de former davantage des artistes que des ouvrières.

De 1841 à 1869, Horace Lecoq de Boisbaudran, utilisant une méthode d'enseignement originale — l'éducation de la mémoire pittoresque —, forma dans l'École de garçons quantité de jeunes artistes parmi lesquels des célébrités comme Fantin-Latour, Dalou, Rodin, etc. Jean-Hilaire Belloc choisit le docteur Simon Noël Dupré (1814-1885) pour remplacer le professeur d'anatomie mais, non titulaire, il doit partir au bout de deux ans car le titre de professeur chargé du cours lui est refusé, et ce malgré l'opposition de ses élèves. L'École de garçons porte alors le nom d'« École impériale de dessin »[9].

Si Rosa Bonheur dirigea avec fierté l'École pour filles pendant plus de dix ans, sa remplaçante, la peintre en miniatures Nelly Marandon de Montyel, introduisit de profondes transformations dans l'École, logée désormais au 10bis, rue de Seine : des nouveaux cours, avec l'entrée de nombreux professeurs, et une variété importante d'approches du dessin (d'après le modèle vivant ou de mémoire par exemple).

En 1877, après plusieurs changements d'appellations (dont la « petite École »), l'institution (pour garçons) devient l'École nationale des arts décoratifs, qui regroupera en 1890 les deux Écoles, avec désormais deux sections (filles et garçons), restant chacune à leur adresse respective avant de déménager rue d'Ulm en 1928 — les femmes sont alors logées au 4e étage, certains cours destinés aux garçons leur seront ouverts au cours des années 1930. À partir de ces années, l'École explore de nouveaux domaines, en particulier les arts graphiques. Cassandre crée en 1932 un cours libre sur l'affiche publicitaire.

 
Entrée de l'École nationale supérieure des arts décoratifs, rue d'Ulm à Paris (2013).

Après-guerre, sous l'impulsion de son directeur Léon Moussinac, l'École se recentre autour de l'architecture intérieure. Elle devient mixte en 1949[10].

En 1962, Jacques Adnet fait appel à Roger Tallon pour mettre en place ce qui s'appelait encore « esthétique industrielle » et qui sera de facto le premier enseignement de design industriel en France.

En 1966, Jean Widmer apporte un bouleversement similaire dans les « arts graphiques » qui deviendront plus tard le « graphic design ». En mai 68, en parallèle avec les Beaux-Arts de Paris, l'École occupée abrite un des ateliers de sérigraphie appelé "atelier populaire de Mai 68" en mai 1968[11], qui produisait des centaines des affiches murales et slogans de Mai 68, d'où sortirent une partie des affiches contestataires de cette époque[12]. La fin des années 1960 et le début des années 1970 sont l'occasion d'autres bouleversements sur le fond desquels l'École vit encore aujourd'hui avec un fort engagement militant et politique de ses professeurs et responsables. De nombreuses disciplines prennent une nouvelle importance, d'autres apparaissent : textile, design vêtement, animation, photographie, scénographie, vidéo, mobilier ou infographie. La pédagogie se fait plus réflexive et plus expérimentale[13].

En 2007, l'Ecole des Arts Décoratifs s'engage sur la voie de la recherche avec la création de l'Ensadlab, laboratoire pionnier en France de la recherche par l'art et le design. Il permet de former artistes et designers à la recherche-création par le prisme d'un doctorat ancré dans la pratique à la croisée de l’art, du design, des humanités et des sciences.

Personnalités liées à l'établissement modifier

Directeurs modifier

Enseignants modifier

Aumôniers modifier

Élèves modifier

Classements académiques modifier

Le magazine L'Étudiant fait certaines années un classement des « écoles de design produit préférées des pros », il existe environ 77 écoles de design produit en France et l'ENSAD est régulièrement classée dans le top 10[18],[19].

Classements français
2013 2014 2015 2016 2017
L'Étudiant (écoles de design produit préférées des pros) - 4e - - 7e
Palmarès internationaux
- - - - - -

Notes et références modifier

  1. Site officiel du laboratoire.
  2. « Doctorat d'art et de création SACRe - PSL ».
  3. Jean-Jacques Bachelier, Mémoire sur l'éducation des filles, présenté à l'Assemblée nationale ([Reprod.]), (lire en ligne).
  4. Lucile Encrevé et Alexandra Piat, « La place des femmes à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs. Une autre Histoire à écrire », au colloque « Faire œuvre. La formation et la professionnalisation des artistes femmes aux XIXe et XXe siècles », musée d’Orsay, 20 sept. 2019 cf. https://awarewomenartists.com/nos_evenements/faire-oeuvre-la-formation-et-la-professionnalisation-des-artistes-femmes-au-xixe-et-xxe-siecles/
  5. « Rue Dupuytren, vers 1866 » (consulté le )
  6. « Archives nationales » (consulté le ).
  7. Thierry Chabanne et Stéphane Laurent (dir.), Histoire de l'École nationale supérieure des arts décoratifs (1766-1941), textes de Ulrich Leben, Renaud d'Enfert, Rossella Froissart-Pezone, Sylvie Martin, Paris, éd. EnsAD, 2004.
  8. Marie Frère de Montizon, lettre au ministre de l'Intérieur, 1807, Archives nationales.
  9. Marc Pautet, Le Docteur Dupré, éd. Mémoires Vivantes du Canton de Quarré-les-Tombes, 2015, p.38/169 p.
  10. Décret du 10 juin 1949, article 17.
  11. « Gérard Fromanger, la Figuration narrative », sur RTBF, 27 juillet 2015.
  12. Laurent Gervereau, Gérard Paris-Clavel, François Miehe, « L'atelier des Arts-décoratifs. Entretien avec François Miehe et Gérard Paris-Clavel », in Matériaux pour l'histoire de notre temps. Mai-68 : Les mouvements étudiants en France et dans le monde, sous la direction de Stéphane Courtois, n° 11-13, 1988 pp. 192-197 (en ligne sur persee.fr).
  13. René Lesné et Alexandra Fau, Histoire de l'École nationale supérieure des arts décoratifs, 1941-2010, Paris, éd. EnsAD (Archibooks), 2011 (ISBN 978-2-35733-098-6)(sudoc.abes.fr).
  14. « Genvève Gallot quitte la direction des Arts Déco ».
  15. « Nomination d’Emmanuel Tibloux à la direction de l’ENSAD, École nationale supérieure des arts décoratifs », sur culture.gouv.fr,
  16. Denise Herbet, « Pierre de Grauw », article dans le Bulletin des Amis de Bagneux, n° 37, 2012, pp.21-29.
  17. « Gérard Manset, voyageur solitaire », par Philippe Brochen Libération, le 28 janvier 2016.
  18. « Le top 10 des écoles de design produit préférées des pros », L'étudiant,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Les écoles de design d'objet préférées des pros en 2014 », Blog Esprit Design,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Ulrich Leben, L'École royale gratuite de dessin de Paris (1767-1815), éditions Monelle Hayot, 2004, 175 pages, 148 ill. (ISBN 9782903824464)
  • Thierry Chabanne et Stéphane Laurent (dir.), Histoire de l'École nationale supérieure des arts décoratifs (1766-1941), Paris, éd. EnsAD, 2004.
  • Stéphane Laurent, « Décoration, design et politique : l’École nationale supérieure des arts décoratifs de 1940 à 1968 » dans Stéphane Laurent (dir), Une Émergence du design, France 20e siècle, Paris, Publications HICSA/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (publication en ligne), 2019, p. 7-68. (ISBN 978-2-491040-03-1)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier