À une dame créole

poème de Charles Baudelaire
À une dame créole
Enregistrement audio du poème.
Informations générales
Auteur
Publication
Date de publication
Type
Dédicataire
Madame Autard de Bragard (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Contenu
Incipit
« Au pays parfumé que le soleil caresse,… »Voir et modifier les données sur Wikidata
Explicit
« …Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs. »Voir et modifier les données sur Wikidata

À une dame créole est un poème de Charles Baudelaire écrit en 1841 à l'île de La Réunion, lors de son voyage de retour vers la France, et publié pour la première fois dans L'Artiste en 1845 sous le titre À une créole. Il est numéroté LXI (61) dans Les Fleurs du mal, son célèbre recueil paru en 1857, et dont il est probablement le plus ancien poème. C'est un sonnet en alexandrins dédié à Mme Autard de Bragard, une femme créole de l'île Maurice chez qui il a séjourné quelques semaines plus tôt.

Origines du poème modifier

 
Tombe Emmelina (Marie Louise Antoniette Emelina) de Carcenac, épouse de Gustave Adolphe Autard de Bragard, la « dame créole » de Charles Baudelaire au cimetière de Pamplemousses.

En 1841, le beau-père de Charles Baudelaire, le général Aupick, décide d'envoyer son beau-fils en voyage aux Indes pour l'arracher à la délétère influence de la vie parisienne. Charles, alors âgé de 20 ans, embarque le à Bordeaux, à bord du Paquebot-des-Mers-du-Sud, à destination de Calcutta. Le , le navire atteint l'île Maurice, où Baudelaire est accueilli par M. et Mme Autard de Bragard, colons d'origine française, chez qui il va séjourner une quinzaine de jours. Il décide ensuite de mettre fin à son voyage pour les Indes et de repartir en France. Le , il débarque à Bourbon (ancien nom de La Réunion) pour une ultime et longue escale avant le voyage du retour vers la métropole, qu'il atteindra le de l'année suivante.

Le , encore à Bourbon, il adresse une lettre à M. Autard de Bragard à laquelle il joint À une dame créole, en l'honneur de sa femme : « Vous m'avez demandé quelques vers à Maurice pour votre femme, et je ne vous ai pas oublié. Comme il est bon, décent, et convenable, que des vers, adressés à une dame par un jeune homme passent par les mains de son mari avant d'arriver à elle, c'est à vous que je les envoie, afin que vous ne les lui montriez que si cela vous plaît. »

Le poète garde une copie du poème, qu'il publie une première fois en 1845 dans L'Artiste[1], puis qu'il insère en 1857, 16 ans après sa rédaction, dans son recueil Les Fleurs du mal.

Autour du texte modifier

À une dame créole est de facture très classique, mais trouve son originalité dans le rapprochement inédit qu'opère Baudelaire entre le thème exotique (qui sera prépondérant dans sa poésie à venir) et le motif galant inspiré de la poésie du XVIe siècle.

Au XIXe siècle, le terme « créole » désigne essentiellement les blancs nés dans les îles, ce qui correspond à Mme Autard de Bragard, qu'on désignerait aujourd'hui du terme de « franco-mauricien ». Au moment de la rédaction du poème, l'esclavage n'est pas aboli à Bourbon, mais à Maurice, l'esclavage est aboli depuis le .

Plusieurs autres poèmes de Baudelaire, en vers ou en prose, s'inspirent directement de son séjour aux Mascareignes — particulièrement à Bourbon. On peut citer, à titre d'exemples, À une Malabaraise qui répond d'une certaine façon à À une dame créole, ou encore La Belle Dorothée tiré des Petits Poèmes en prose.

Références modifier

  1. Charles Baudelaire, « À une créole », L'Artiste, 4e série, t. IV, no 4,‎ , p. 60 (lire en ligne).

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Ève Célia Morisi, « “À une dame créole” de Charles Baudelaire : De l'ambiguïté colonialiste à l'ambiguïté plurielle », Nineteenth-Century French Studies, vol. 35, nos 3-4,‎ printemps-été 2007, p. 547–557 (JSTOR 23537851).