Fonction convexe

fonction réelle d'une variable réelle supérieure à toutes ses tangentes

En mathématiques, une fonction réelle d'une variable réelle est dite convexe :

  • si quels que soient deux points et du graphe de la fonction, le segment est entièrement situé au-dessus du graphe, c’est-à-dire que la courbe représentative de la fonction se situe toujours en dessous de ses cordes ;
  • ou si l'épigraphe de la fonction (l'ensemble des points qui sont au-dessus de son graphe) est un ensemble convexe ;
  • ou si vu d'en dessous, le graphe de la fonction est en bosse.
Fonction convexe.

En précisant au moyen des valeurs de la fonction ce que sont les points et ci-dessus, on obtient une définition équivalente souvent donnée de la convexité d'une fonction : une fonction définie sur un intervalle réel est convexe lorsque, pour tous et de et tout dans on a :

Lorsque l'inégalité est stricte (avec différent de et dans ), on parle de fonction strictement convexe.

La fonction carré et la fonction exponentielle sont des exemples de fonctions strictement convexes sur l'ensemble réel .

Ces définitions se généralisent aux fonctions définies sur un espace vectoriel (ou affine) arbitraire et à valeurs dans la droite réelle achevée .

À l'inverse, une fonction dont un même segment est situé en dessous du graphe, ou dont l'hypographe (l'ensemble des points qui sont en dessous du graphe de la fonction) est un ensemble convexe, ou encore dont, vu d'en dessous, le graphe est en creux, est dite concave. En d'autres termes, une fonction est concave si son opposée est convexe. Ainsi, les fonctions affines sont à la fois convexes et concaves.

Les fonctions convexes sont, avec les ensembles convexes, les objets constitutifs de l'analyse convexe, une discipline « intermédiaire » entre l'algèbre linéaire et l'analyse non linéaire. Elles permettent de démontrer un grand nombre d'inégalités remarquables, dites inégalités de convexité. Elles jouent aussi un rôle singulier en optimisation, en supprimant la distinction entre minima locaux et globaux (tout minimum local d'une fonction convexe est un minimum global).

Fonction convexe d'une variable réelle modifier

 

Dans cette première section, on va supposer que l'ensemble de départ est un intervalle réel  . Cette restriction permet de fournir une première initiation aux fonctions convexes d'abord plus aisée et parce que la possibilité de tracer des représentations graphiques planes facilite certainement la tâche, ensuite et surtout parce que les concepts de continuité ou dérivabilité sont significativement plus maniables pour les fonctions d'une seule variable. Cette approche montre tout de même vite ses limites, en particulier parce qu'elle n'est guère pertinente pour appliquer la théorie des fonctions convexes à l'optimisation qui en est sans doute la principale motivation.

Définitions modifier

Définition — Une fonction   d'un intervalle réel   vers   est dite convexe lorsque, pour tous   et   de   et tout   dans   on a :

 

Cela signifie que pour tout   et   de  , le segment   de  , où   et  , est situé au-dessus de la courbe représentative de  .

Une fonction concave est une fonction dont la fonction opposée est convexe.

On vérifie aussitôt ce qui suit, reliant les notions d'ensemble convexe et de fonction convexe :

Remarque — La fonction   est convexe sur   si et seulement si son épigraphe   est un sous-ensemble convexe de  .

Exemple
La fonction   est convexe, parce que son épigraphe est un quart de plan (lui-même convexe comme intersection de deux demi-plans). Il est souvent malcommode de vérifier la convexité d'une fonction définie par une formule concrète à partir de la seule définition, on attendra donc quelques paragraphes pour donner d'autres exemples, lorsqu'on disposera d'un critère de convexité plus utilisable en pratique.

Possibilité de n'utiliser que des milieux modifier

La définition de la convexité fait apparaître des barycentres où les coefficients sont des réels arbitraires de  . Lorsqu'on ne fait porter l'hypothèse que sur les milieux, elle s'étend aux isobarycentres :

Lemme[1] — Si une fonction   vérifie la condition suivante pour  , alors elle la vérifie pour tout entier   :

 

En ajoutant une hypothèse supplémentaire de régularité[3] de  , on obtient :

Proposition[4] — Une fonction   continue sur   est convexe sur   si (et seulement si) quels que soient les éléments   et   de   :

 

Extension à des barycentres de plus de deux points modifier

L'inégalité de la définition s'étend comme suit (on peut le démontrer par récurrence sur l'entier  [6] ou par le même argument que dans la proposition ci-dessus[7]. On dénomme parfois cette version l'inégalité de Jensen :

Proposition — Si   est convexe sur   et si   sont des points de   et   des réels positifs ou nuls tels que  , alors :

 

Géométrie du graphe d'une fonction convexe modifier

On appelle parfois « lemme des trois cordes » ou « inégalité des pentes » voire « inégalité des trois pentes » le résultat suivant[8] :

Proposition[9] — Si   est convexe sur   pour tous points  ,   et   de   avec   :

 

Réciproquement, si l'une des deux inégalités est vérifiée pour tous  ,   et   de   avec  , alors   est convexe.

Régularité des fonctions convexes modifier

Le « lemme des trois cordes » permet de montrer que[10] :

Théorème — Si   est un intervalle ouvert et si   est convexe alors :

  1.   est dérivable à gauche et à droite (donc continue) et   ;
  2. les fonctions  ,   sont croissantes ;
  3. l'ensemble des points    n'est pas dérivable (c'est-à-dire tels que  ) est au plus dénombrable.

On peut préciser les deux premiers points par[11] : une fonction   définie sur un intervalle ouvert   est convexe si et seulement si   et   sont définies et croissantes sur  .

On démontre par ailleurs (voir infra) que   est aussi localement lipschitzienne.

Cas des fonctions dérivables modifier

 
La fonction   est convexe sur ℝ+ et concave sur ℝ.

On dispose de deux caractérisations[12] :

Proposition — Soit   une fonction dérivable sur un intervalle  .

On déduit de la seconde caractérisation :

  • que toute fonction convexe et dérivable (sur un intervalle réel) est de classe C1[13] ;
  • le corollaire suivant, fort pratique pour vérifier sans mal la convexité d'exemples spécifiques :

Corollaire[14] — Soit   une fonction deux fois dérivable sur un intervalle  .

  est convexe si et seulement si sa dérivée seconde   est à valeurs positives ou nulles.

Ainsi, on peut désormais facilement ajouter à sa collection de fonctions convexes (ou concaves) les exemples suivants :

  • la fonction puissance   est concave si   et convexe sinon ;
  • pour tout entier positif  , la fonction   est convexe si   est pair (si   est impair, elle est convexe sur   et concave sur  ) ;
  • la fonction   est convexe ;
  • la fonction   est concave.

Stricte convexité modifier

En faisant intervenir des inégalités strictes, on dispose d'une variante de la convexité : la stricte convexité.

Définition — Une fonction   d'un intervalle   de   vers   est dite strictement convexe lorsque, pour tous   et   distincts dans   et tout   dans  , on a :

 

Les résultats énoncés plus haut pour des fonctions convexes s'adaptent généralement sans mal aux fonctions strictement convexes.

De même que les fonctions dérivables convexes sont celles qui ont une dérivée croissante, les fonctions dérivables strictement convexes sont celles qui ont une dérivée strictement croissante.

D'après le lien entre monotonie et signe de la dérivée, une fonction   deux fois dérivable est donc strictement convexe si et seulement si   est positive et ne s'annule que sur un ensemble d'intérieur vide.

Exemple
  est strictement convexe (sa dérivée seconde est positive et ne s'annule qu'en 0).

Fonction convexe définie sur un espace vectoriel modifier

Définitions modifier

Convexité modifier

On peut donner au moins deux définitions légèrement différentes d'une fonction convexe de plusieurs variables réelles (ou plus généralement : d'une variable vectorielle), qui reviennent essentiellement au même mais ne fournissent néanmoins pas exactement les mêmes fonctions. On prendra donc garde au contexte lors d'une invocation d'une de ces définitions pour comprendre s'il s'agit ou non de fonctions susceptibles de prendre des valeurs infinies.

Définition 1 — Soient   un espace vectoriel (ou affine) réel et   un convexe de  . On dit qu'une fonction

 

est convexe lorsque

pour tous   et   de  
et tout   dans [0 ; 1], on a :  .

Autrement dit :   est convexe si sa « restriction »   à tout segment   est une fonction convexe de la variable réelle   (voir supra)[15].

Définition 2 — Soit   un espace vectoriel (ou affine) réel. On dit qu'une fonction
 
est convexe lorsque
pour tous   et   de Domaine effectif   
et tout   dans [0 ; 1], on a :  .

Étant donné une fonction convexe au sens de la définition 1, on peut lui associer une fonction convexe au sens de la définition 2 en la prolongeant hors de   par la valeur   ; réciproquement, étant donné une fonction convexe   au sens de la définition 2, l'ensemble   est un convexe et la restriction de   à   est une fonction convexe au sens de la définition 1. Les deux transformations sont réciproques l'une de l'autre : les deux définitions, quoique techniquement distinctes, décrivent bien la même notion.

Certaines sources requièrent de plus que   soit non vide (dans la définition 1) ou que   ne soit pas la constante   (dans la définition 2) pour prévenir certaines exceptions désagréables dans quelques énoncés. Une telle fonction de   dans   est dite propre[16].

La définition 2 est plus récente que la définition 1 et fut introduite indépendamment par Rockafellar et Moreau[17]. Elle permet de définir une fonction convexe comme un seul « objet » (une fonction définie sur un espace vectoriel ayant une propriété bien particulière) et non comme un couple formé d'un ensemble convexe d'un espace vectoriel et d'une fonction à valeurs réelles définie sur cet ensemble convexe. La définition 2 est la plus communément utilisée en analyse convexe, pour les raisons suivantes : d'une part, elle allège souvent l'expression des résultats et, d'autre part, elle permet de ne pas devoir préciser le convexe sur lequel est définie une fonction convexe obtenue par l'une des constructions standards de l'analyse convexe, comme l'enveloppe supérieure, la fonction d'appui, la fonction marginale, la fonction conjuguée, la fonction duale en optimisation, etc.

Stricte convexité modifier

Soit   un espace vectoriel (ou affine) réel. On dit qu'une fonction   est strictement convexe si, pour tous   et   distincts dans   et tout   dans  , on a :

 

Forte convexité modifier

Soit   un espace normé. On dit qu'une fonction   est fortement convexe, de module   si, pour tous   et   dans   et tout   dans  , on a :

 

On retrouve la notion de fonction convexe lorsque  .

Exemples de fonctions convexes modifier

Voici quelques exemples de constructions de fonctions convexes :

Voici des exemples concrets de fonctions convexes ou concaves :

Propriétés élémentaires modifier

Pour tout espace vectoriel topologique   de dimension infinie, il existe des fonctions convexes de domaine   qui ne sont pas continues : par exemple les formes linéaires non continues sur  .

Cependant, une proportion significative de résultats valables pour des fonctions convexes d'une variable se reproduisent à l'identique pour des fonctions convexes sur une partie d'un espace vectoriel, soit qu'on se ramène pour les prouver à considérer la restriction de la fonction à une droite, soit que la démonstration soit une simple révision de la version à une variable. En voici quelques-unes :

  • une fonction convexe est une fonction dont l'épigraphe est convexe[19] ;
  • dans un espace vectoriel topologique, une fonction qui vérifie l'inégalité de convexité pour les seuls milieux et qui est continue est convexe ;
  • une fonction convexe vérifie l'inégalité de Jensen.

Minorante affine modifier

La technique de minoration des fonctions convexes par des fonctions affines est une variante adaptée à l'analyse de l'utilisation des hyperplans d'appui en géométrie convexe. La forme analytique du théorème de Hahn-Banach permettrait de minorer directement une fonction convexe définie (et à valeurs finies) sur la totalité de son espace de départ. En revanche, dès que la fonction n'est pas définie partout, il faut poser quelques restrictions techniques[20].

Proposition — Soit   un espace vectoriel topologique,   une fonction convexe et continue définie sur un ouvert convexe non vide   de   et   un point de  .

Il existe alors une fonction affine continue qui minore   et qui coïncide avec elle en  .

On verra un peu plus bas que l'hypothèse de continuité est superflue en dimension finie (c'est une conséquence de la convexité). En revanche, la condition topologique sur   est indispensable, même en une seule variable : pour la fonction convexe   sur   (dont le graphe est un demi-cercle) et  , on ne peut trouver de fonction affine minorante au sens de la proposition précédente.

Reconnaître une fonction convexe par ses dérivées modifier

Utilisation des dérivées premières modifier

Voici un premier résultat permettant de reconnaître la convexité d'une fonction au moyen de ses dérivées premières. On note   la forme linéaire continue qu'est la différentielle de   au point  . Le point 2 ci-dessous signifie que l'approximation affine de   en tout point   est une minorante de   ; le point 3 exprime la monotonie de la dérivée.

Convexité et dérivées premières — Soient   un espace normé,   un ouvert convexe de   et   une fonction différentiable. Alors, les propriétés suivantes sont équivalentes :

  1.   est convexe sur   ;
  2.   ;
  3.  .

Un résultat analogue permet de caractériser la stricte convexité d'une fonction. Il suffit de remplacer les inégalités ci-dessus par des inégalités strictes et de supposer que les points d'évaluation   et   diffèrent.

Stricte convexité et dérivées premières I — Soient   un espace normé,   un ouvert convexe de   et   une fonction différentiable. Alors, les propriétés suivantes sont équivalentes :

  1.   est strictement convexe sur   ;
  2.   ;
  3.  .

En dimension finie, les inégalités ci-dessus peuvent être renforcées[21].

Stricte convexité et dérivées premières II — Soient   un espace vectoriel de dimension finie,   une fonction de classe C1 et  . Alors les propriétés suivantes sont équivalentes :

  1.   est strictement convexe ;
  2. pour tout  , il existe une fonction   continue, strictement croissante, vérifiant   et
  ;
  1. pour tout  , il existe une fonction   continue, strictement croissante, vérifiant   et
     .

On peut enfin caractériser la forte convexité au moyen des dérivées premières.

Forte convexité et dérivées premières — Soient   un espace euclidien,   un ouvert convexe de   et   une fonction différentiable. Alors, les propriétés suivantes sont équivalentes :

  1.   est fortement convexe sur   ;
  2.   ;
  3.  .

Utilisation des dérivées secondes modifier

On note   la forme bilinéaire continue et symétrique qu'est la différentielle seconde de   au point  .

Convexité et dérivées secondes —  Soient   un ouvert d'un espace normé et   une fonction deux fois différentiable.

  1.   est convexe si et seulement si pour tout point  , la forme bilinéaire   est positive.
  2. Si, pour tout point     est définie positive, alors   est strictement convexe.

Rappelons que la réciproque du second point est fausse (voir supra).

Fonctions convexes en dimension finie modifier

Problèmes de continuité modifier

Continuité sur un ouvert modifier

Comme en dimension 1, une fonction convexe définie sur un ouvert de   est forcément continue en tout point de l'ouvert. La démonstration va nous donner une information plus précise[22] :

Théorème — Une fonction convexe définie (et à valeurs finies) sur un ouvert de   est localement lipschitzienne, donc continue et dérivable presque partout.

En dimension > 1, l'ensemble négligeable des points où   n'est pas dérivable peut avoir la puissance du continu : considérer par exemple[23] l'application convexe  .

Discontinuités au bord modifier

À une variable, sur un intervalle non ouvert, on a vu qu'une fonction convexe n'était pas nécessairement continue.

Néanmoins il est possible de la rendre continue par un procédé simple : si   est convexe sur un intervalle  , alors nécessairement la limite à droite   de   en   existe et est inférieure ou égale à la valeur  . La discontinuité de   en la borne   se produit alors dans le cas où  . On peut s'en démêler en modifiant simplement la valeur de   en ce point : il suffit de la diminuer et la remplacer par  [24].

Dès la dimension 2, les choses ne sont pas aussi confortables, comme le montre l'exemple suivant :

Soit   le disque-unité fermé de   ; considérons la fonction   définie sur   par :

 

Cette fonction   est convexe. Elle est toutefois discontinue au point   mais ici la discontinuité ne peut être levée par une simple modification de la valeur  . On constate en effet que si on tend radialement vers ce point, la fonction étant nulle sur le rayon,   tend vers 0 ; mais un calcul facile permet de constater que, si on tend vers   le long du cercle frontière de  ,   tend vers 2. Toutes les valeurs comprises entre 0 et 2 sont d'ailleurs valeurs d'adhérence de   au point   et il est définitivement illusoire d'espérer rendre cette   continue en modifiant ses valeurs sur le bord[25].

Toutefois, si l'ensemble de définition est un polytope, les choses se passent comme sur les intervalles de  , comme on peut le voir en appliquant le théorème suivant[26] :

Théorème — Une fonction convexe bornée définie sur l'intérieur d'un polytope admet un prolongement convexe continu au polytope.

Fermeture d'une fonction convexe modifier

Une fois qu'on a compris qu'il est vain de vouloir modifier une fonction convexe   sur la frontière de son domaine de définition jusqu'à la rendre continue, on peut néanmoins choisir un jeu de valeurs sur cette frontière plus remarquable que les autres, en exigeant que le prolongement soit à la fois semi-continu inférieurement (ce qui nécessite de choisir des valeurs faibles) et convexe (ce qui nécessite de les prendre fortes).

Pour écrire l'énoncé assez confortablement, il est ici particulièrement approprié d'utiliser des fonctions définies sur tout   et prenant éventuellement la valeur  .

Théorème — Soit   une fonction convexe de domaine effectif  . On note   la fonction définie en   par :

 

La fonction   est alors caractérisée par l'une au choix des trois propriétés suivantes :

  1.  coïncide avec   en les points qui ne sont pas sur la frontière relative du convexe   ; elle est convexe et semi-continue inférieurement ;
  2.   coïncide avec   en les points qui ne sont pas sur la frontière relative de   et, pour tout point   de la frontière relative de   et tout segment semi-ouvert   inclus dans l'intérieur relatif de  ,   ;
  3.   a pour épigraphe l'adhérence de l'épigraphe de  .

La fonction   est appelée la fermeture de  . Les fonctions convexes égales à leur fermeture sont appelées des fonctions convexes fermées ; dit autrement ce sont les fonctions convexes dont l'épigraphe est fermé, ou encore autrement dit ce sont les fonctions convexes semi-continues inférieurement[27].

Fonction à valeurs vectorielles modifier

On peut aussi introduire une notion de convexité pour les fonctions à valeurs vectorielles, pourvu que l'on se donne un cône dans l'espace d'arrivée de la fonction.

De façon plus précise, on suppose donnés deux espaces vectoriels   et  , un convexe   de  , un cône pointé convexe   de   et une fonction   de   dans  . On dit que   est  -convexe si, pour tous   et   de   et tout   dans  , on a :

 

Par les propriétés supposées de  , l'ensemble des fonctions  -convexes est un cône convexe de l'ensemble des fonctions de   dans   (parce que   est un cône convexe), contenant les fonctions affines (parce que   est pointé).

Si le cône   est également saillant, il induit sur   un ordre partiel, noté   et défini par :

 

Alors, l'expression ci-dessus de la  -convexité de   s'écrit aussi :

 

ce qui rappelle l'inégalité de convexité familière.

Applications en physique modifier

L'analyse convexe trouve un grand nombre d'applications en physique, lorsque les potentiels énergétiques sont localement convexes (existence de solutions stables, de changements de phase). En homogénéisation, par exemple, les théories de type variationnel permettent d'estimer les solutions d'équations aux dérivées partielles elliptiques grâce à la représentation des potentiels énergétiques par transformée de Legendre. La transformée de Legendre, formulation mathématique qui représente une fonction convexe par l'ensemble de ses tangentes, permet le développement de méthodes de linéarisation[28].

Notes et références modifier

  1. Démontré p. 179 de J. L. W. V. Jensen, « Sur les fonctions convexes et les inégalités entre les valeurs moyennes », Acta Mathematica, vol. 30,‎ , p. 175-193 (DOI 10.1007/BF02418571, lire en ligne).
  2. (en) Emil Artin, The Gamma Function, Dover, (1re éd. 1964), 48 p. (lire en ligne), p. 5.
  3. Une hypothèse de ce type est indispensable, car toutes les solutions   de l'équation fonctionnelle de Cauchy satisfont  .
  4. Ce résultat est attribué à Jensen par (en) Constantin Nicolescu et Lars-Erik Persson (en), Convex Functions and their Applications : A Contemporary Approach, Springer, coll. « Ouvrages de mathématiques de la Société mathématique du Canada » (no 23), (ISBN 978-0-387-24300-9, lire en ligne), p. 10. Ils renvoient à Jensen 1906, qui démontre directement une inégalité plus générale (voir infra).
  5. Artin 2015, p. 6. Pour une autre méthode, voir Nicolescu et Persson 2006, ou la Propriété 11 de la leçon « Fonctions convexes » sur Wikiversité..
  6. Démonstration de l'inégalité de Jensen dans la leçon « Fonctions convexes » sur Wikiversité..
  7. Jensen 1906, p. 180, repris dans Artin 2015, p. 6.
  8. Ce résultat est cité par Nicolescu et Persson 2006, p. 20-21, qui l'attribuent à L. Galvani, renvoyant à son article « Sulle funzioni convesse di una o due variabili, definite in un aggregato qualunque », Rend. Circ. Mat. Palermo, vol. 41, 1916, p. 103-134 DOI 10.1007/BF03018290.
  9. On trouve une démonstration dans Artin 2015, p. 1 et 6, ou dans le chapitre « Convexité » de la leçon sur les fonctions d'une variable réelle sur Wikiversité..
  10. Voir Nicolescu et Persson 2006, p. 21, qui attribuent les deux premiers points à Otto Stolz, renvoyant à son traité Grundzüge der Differential und Integralrechnung, vol. 1, Teubner, Leipzig, 1893.
  11. artin 2015, p. 4.
  12. Cf. Propriété 13 et Théorème 1 de la leçon « Fonctions convexes » sur Wikiversité..
  13. Énoncé dans Jacques Douchet, Analyse : recueil d'exercices et aide-mémoire, vol. 1, PPUR, , 3e éd. (1re éd. 2003) (lire en ligne), p. 77 (prop. 5.44) et démontré dans cet exercice corrigé de la leçon sur les fonctions d'une variable réelle sur Wikiversité. Pour une généralisation aux fonctions convexes d'une variable vectorielle, voir (en) Jean-Paul Penot, Calculus Without Derivatives, coll. « GTM » (no 266), (lire en ligne), p. 202-203.
  14. Cf. Théorème 2 de la leçon « Fonctions convexes » sur Wikiversité..
  15. (en) Stephen Boyd et Lieven Vandenberghe, Convex Optimization, Cambridge University Press, (lire en ligne), p. 110.
  16. Pour l'ensemble de cette sous-section, voir (en) Jean-Baptiste Hiriart-Urruty et Claude Lemaréchal, Fundamentals of Convex Analysis, Springer, coll. « Grundlehren Text Editions », (1re éd. 2001), 259 p. (ISBN 978-3-540-42205-1, lire en ligne), p. 74-76.
  17. Selon ce qu'en dit R. T. Rockafellar dans le CIM Bulletin.
  18. Cf. Propriétés 8 et 9 de la leçon « Fonctions convexes » sur Wikiversité..
  19. (en) Werner Fenchel, Convex Cones, Sets, and Functions, Princeton University Press, (lire en ligne), p. 57.
  20. La proposition qui suit est énoncée dans Nicolescu et Persson 2006, p. 114 (sous l'hypothèse d'un espace   normé, qui ne joue pas un rôle essentiel dans la preuve).
  21. R. Glowinski, J.-L. Lions et R. Trémolières, Analyse numérique des inéquations variationnelles, t. 1 : Théorie Générale, Premières Applications, Paris, Dunod-Bordas, , p. 61 et 63, Lemmes 1.1 et 1.2.
  22. Hiriart-Urruty et Lemaréchal 2004, p. 102-104, la minoration de la fonction convexe ayant été adaptée au vu de Nicolescu et Persson 2006, p. 119.
  23. Nicolescu et Persson 2006, p. 137.
  24. Ces remarques sont disponibles, avec leurs preuves et quelques détails, dans Nicolescu et Persson 2006, p. 22.
  25. L'exemple figure dans Hiriart-Urruty et Lemaréchal 2004, p. 105, avec l'explication de la convexité de  .
  26. Ce théorème est cité sans démonstration par Nicolescu et Persson 2006, p. 123, qui renvoient à (en) D. Gale, V. Klee et R. T. Rockafellar, « Convex functions on convex polytopes », Proc. Amer. Math. Soc., vol. 19,‎ , p. 867-873.
  27. Pour l'ensemble de cette sous-sous-section, voir Hiriart-Urruty et Lemaréchal 2004, p. 79-80. Nicolescu et Persson 2006, p. 122, mentionnent également ces résultats en les attribuant à Fenchel 1951.
  28. Voir pour un aperçu (en) Ivar Ekeland et Roger Temam, Convex Analysis and Variational Problems, SIAM, , 402 p. (ISBN 978-0-89871-450-0, lire en ligne), chap. IV.

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

(en) R. Tyrrell Rockafellar, Convex Analysis, Princeton, Princeton University Press, , 451 p. (ISBN 978-0-691-01586-6, lire en ligne)