Le Dnepr ou Dniepr (ukrainien : Дніпро, Dnipro ; russe : Днепр, Dniepr, baptisé du nom du fleuve Dniepr), est un lanceur ukrainien développé à partir du missile balistique intercontinental soviétique R-36M2. Il permet de placer sur orbite basse des satellites artificiels dont la masse peut atteindre jusqu'à 4,5 tonnes. Entre 1991 et mars 2015, 22 lancements ont eu lieu, dont un échec.

Dnepr
Décollage d'une fusée Dnepr
Décollage d'une fusée Dnepr
Données générales
Pays d’origine Drapeau de l'Ukraine Ukraine Drapeau de la Russie Russie
Constructeur Ioujnoïe
Premier vol 1999
Dernier vol 2015
Statut retiré du service
Lancements (échecs) 22/1
Hauteur 34,3 m
Diamètre 3 m
Masse au décollage 213 t
Étage(s) 3
Poussée au décollage environ 462,6 t
Base(s) de lancement Iasny, Baïkonour
Charge utile
Orbite basse 4,5 t
Orbite héliosynchrone 1,75 t
Orbite lunaire 550 kg
Motorisation
Ergols UDMH/peroxyde d'azote
Missions
Orbite basse

Historique modifier

Le lanceur Dnepr est une réutilisation de la dernière version du missile balistique intercontinental soviétique R-36M2 (code OTAN SS-18 Satan) développé par le bureau d'études OKB-586 de Mikhail Yangel situé à Dnipropetrovsk en Ukraine à compter de 1969. Ce missile de première frappe, entré en service en 1975 et pesant 210 tonnes est capable de lancer à 11 500 km une charge offensive de 8,8 tonnes contenant jusqu'à 10 têtes nucléaires. À la suite du Traité de réduction des armes stratégiques Start-2 le missile a commencé à être retiré du service et 150 d'entre eux sont devenus disponibles pour servir de lanceur.

L'opérateur du lanceur est la société russe ISC Kosmotras, créée conjointement en 1997 par les agences spatiales ukrainienne et russe et dont le siège se situe à Moscou[1].

Depuis fin 2015 aucun lancement n'a été effectué, et les clients restants se sont tournés vers d'autres lanceurs[2],[3],[4],[5]

Caractéristiques modifier

Le lanceur est haut de 34 mètres pour une masse de 211 tonnes comporte 3 étages d'un diamètre de 3 mètres dont les moteurs consomment tous un mélange d'UDMH et de peroxyde d'azote.

  • Le premier étage d'une longueur de 22,3 mètres et d'une masse de 161 tonnes est propulsé par un moteur-fusée RD-264 composé de 4 chambres de combustion/tuyères RD-263 d'une poussée de 1040 kN chacune.
  • Le deuxième étage long de 7 mètres et d'une masse de 41,1 tonnes est propulsé par un moteur RD-0255 ayant une poussée de 760 kN.
  • Le troisième étage long de 1 mètre pèse 4,3 tonnes et est propulsé par un moteur RD-869 d'une poussée de 8,6 kN.
  • La coiffe a un diamètre de 3 mètres et permet d'accueillir un satellite long de 5,11 mètres ou plusieurs satellites qui sont largués sur différentes orbites.

Le lanceur peut placer une charge utile de 4,5 tonnes sur une orbite basse de 200 km avec une inclinaison de 46° et de 1,2 tonne sur une orbite polaire de 600 km avec une inclinaison 98°.

Déroulement d'un lancement modifier

Le Dnepr peut être lancé depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan ou celui de Iasny, situé près de Iasny en Russie. Aucune modification n'a été apportée à la procédure de lancement du missile d'origine. Le Dnepr est lancé depuis un silo. Les deux premiers étages sont d'abord installés dans le silo par un véhicule qui dispose d'un châssis porteur basculant, puis le troisième étage est également installé après que le plein d'ergols a été fait. Les réservoirs des deux premiers étages sont ensuite remplis. Enfin la charge utile qui a été préparée dans un bâtiment dédié et assemblée avec la coiffe est à son tour montée sur le lanceur installé dans le silo grâce à un véhicule porteur[6].

Pour le lancement une charge de poudre noire, faisant office de générateur de haute pression, expulse du silo la fusée qui est propulsée à une dizaine de mètres de hauteur. Le lanceur est alors pratiquement immobile, suspendu dans les airs, lorsque les moteurs du premier étage sont mis à feu. Le dernier étage présente également un mode de fonctionnement original lié à son ancienne fonction de missile balistique. À l'extinction du second étage, le troisième étage après séparation pivote de 180°. L'arrière de l'étage se trouve désormais tourné vers l'avant : ses moteurs dont les tuyères sont situées sur les flancs de l'étage et tournées vers l'arrière sont alors allumées.

Historique des lancements modifier

Entre 1999 et 2015, 22 lancements de fusées Dnepr ont été effectués. Seul le lancement du a échoué. En 2008, une seule fusée Dnepr a mis sur orbite les 5 petits satellites de la constellation RapidEye.

Liste des lancements modifier

Historique des lancements (mise à jour mars 2015)[7]
Date Charge utile Orbite Site de lancement
1   Royaume-Uni UoSAT-12 (en) orbite basse circulaire de 650 km avec une inclinaison de 65˚ Baïkonour
2   Italie MegSat-1 & UniSat
  Malaisie TiungSat-1 (en)
  Arabie saoudite SaudiSat-1A & SaudiSat 1B
orbite basse circulaire de 650 km avec une inclinaison de 65˚ Baïkonour
3   Argentine LatinSat 1 & LatinSat 2
  Arabie saoudite SaudiSat-1S
  Italie Unisat-2
  Allemagne Rubin 2
orbite basse circulaire de 650 km avec une inclinaison de 65˚ Baïkonour
4   France Déméter
  Arabie saoudite Saudicomsat-1, Saudicomsat 2 & Saudisat 2
  Argentine LatinSat C & LatinSat D
  Italie Unisat-3
  États-Unis AMSAT-OSCAR 51 (en)
700 km × 850 km orbite héliocentrique avec une inclinaison de 98˚ Baïkonour
5   Japon OICETS & INDEX Orbite héliosynchrone de 600 km × 50 km avec une inclinaison de 98˚ Baïkonour
6   États-Unis Genesis I 560 km Orbite basse circulaire avec une inclinaison de 65˚ Iasny
7   Biélorussie BelKA (en)
  Italie UniSat-4 & PiCPoT
  Russie Baumanets
  États-Unis AeroCube-1, CP1, CP2, ICEcube-1, ICEcube-2, ION, KUTESat, Merope, Rincon 1 (en), « Mea Huaka`i »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ) (Voyager) & SACRED (en)
  Corée du Sud HAUSAT-1
  Norvège Ncube-1 (en)
  Japon SEEDS
Échec du lancement Baïkonour
8   Égypte EgyptSat 1
  Arabie saoudite SaudiSat 3/SaudiComSat 3-7
  États-Unis CAPE 3 & 4/CAPE 1
  Colombie Libertad 1 (en)
  États-Unis AeroCube 2/CubeSat TestBed 1/ MAST (en)
Orbite héliosynchrone de 692 km × 665 km avec une inclinaison de 98˚ [8] Baïkonour
9   Allemagne   France TerraSAR-X orbite basse circulaire de 514 km avec une inclinaison de 97˚ [9] Baïkonour
10   États-Unis Genesis II orbite basse circulaire de 560 km avec une inclinaison de 65˚ Iasny
11   Allemagne RapidEye 1/2/3/4/5 Orbite héliosynchrone[10] Baïkonour
12   Thaïlande THEOS (en) Orbite héliosynchrone Iasny
13 29 juillet 2009   Émirats arabes unis DubaiSat-1
  Espagne Deimos-1 & Nanosat 1B
  Royaume-Uni UK-DMC 2 (en)
  États-Unis AprizeSat-3 / AprizeSat-4
Orbite héliosynchrone Baïkonour
14   Union européenne Cryosat-2 Orbite polaire Baïkonour
15   Suède Prisma
  France Picard
  Ukraine BPA-1
Orbite héliosynchrone Iasny
16   Allemagne TanDEM-X Orbite basse Baïkonour
17[11]   Ukraine Sich 2 & BPA-2
  Nigeria NigeriaSat-2, NigeriaSat-X
  Turquie RASAT (en)
  Italie EDUSAT
  États-Unis AprizeSat 5 & 6
Orbite héliosynchrone Iansy
18[12] 22 août 2013   Corée du Sud Arirang-5 Orbite héliosynchrone Iasny
19[13],[14] 21 novembre 2013   Émirats arabes unis DubaiSat 2
  Corée du Sud STSAT-3
  Ukraine BPA-3
  États-Unis SkySat-1
  Italie UniSat-5
  États-Unis AprizeSat 7 & 8
  Canada XPOD :   Japon WNISAT-1,   Pologne BRITE-PL,   Danemark GOMX-1
ISIPOD :   Norvège HiNCube,   Royaume-Uni FUNcube-1,   Afrique du Sud ZACUBE-01,   Allemagne First Move, UWE-3,   Singapour VELOX-PII,   Équateur NEE-02 KRYSAOR,   Argentine CubeBug-2,   Royaume-Uni Triton-1,   États-Unis KHUSAT 2 & 3,   Pays-Bas Delfi-n3Xt,   Espagne OPTOS,   États-Unis Dove-3
Orbite héliosynchrone Iasny
20[15],[16] 19 juin 2014   Kazakhstan KazEOsat 2
  Espagne Deimos-2
  Arabie saoudite SaudiSat-4
  Japon Hodoyoshi 3 & 4
  Russie TabletSat-Aurora
  Italie UniSat-6
  États-Unis AprizeSat 9 & 10
  Argentine BugSat-1
XPOD :   Canada Brite Toronto & Montréal
QuadPack :   Belgique QB50P1 & QB50P2,   Brésil NANOSATC-BR1,   Russie   États-Unis Perseus (en) M1 & M2, POPSAT-HIP1,   Danemark DTUSat-2,   Israël DUCHIFAT,   Taïwan PACE,   Ukraine POLYITAN-1,   États-Unis FLOCK1C 1 à 11
Orbite héliosynchrone Iasny
21[17]   Japon ASNARO-1, ChubuSat 1, Hodoyoshi 1, Qsat-EOS, Tsubame Orbite héliosynchrone Iasny
22   Corée du Sud KOMPSAT-3A Orbite héliosynchrone Iasny

Échec de lancement modifier

Le comité ayant enquêté sur l'échec du lancement du 26 juin 2006 a conclu qu'il avait été causé par le dysfonctionnement du pilote de la pompe hydraulique de la chambre de combustion n°4. Cela a amené à une instabilité dans l'axe de roulis et des variations excessives en lacet et tangage. La fin de poussée est survenue 74 secondes après le décollage. Le site de crash était localisé à 150 km du site de lancement dans une aire non peuplée du Kazakhstan. Les propergols ont pollué le site de crash, forçant la Russie à payer 1,1 million d'euros en compensation[18].

La fusée utilisée pour ce lancement avait plus de 30 ans. Les procédures de lancement ont été modifiées pour prévenir de futurs dysfonctionnements de cette sorte.

Galerie modifier

Notes et références modifier

  1. (en) « Manuel client du lanceur », Kosmotras, , p. 12.
  2. (en) Gunter Krebs, « Iridium-NEXT », Gunter's Space Page (consulté le ) : « Kosmotras has received a contract to provide supplemental launch services on Dnepr launch vehicles. Dnepr can carry two satellites on each launch. One Dnepr launch, carrying the first two satellites, was planned, but it was delayed and finally cancelled due to bureaucratic hurdles. ».
  3. (en) Gunter Krebs, « GRACE-FO », Gunter's Space Page (consulté le ) : « Originally a launch on a Dnepr rocket from Baikonur in 2017 was planned, but with Dnepr becoming unavailable, the launch was switched to a Falcon-9 v1.2 subcontracted from Iridium, flying together with five Iridium-NEXT satellites in December 2017. ».
  4. (en) Gunter Krebs, « Paz », Gunter's Space Page (consulté le ) : « Originally Kosmotras was contracted to provide the Dnepr launch vehicle for a launch from Dombarovsky (Yasny) in 2015. After an 18 months delay, Hisdesat cancelled the launch contract in July 2016. Launch on a not yet disclosed vehicle is planned for 2017. ».
  5. (en) Stephen Clark, « Iridium satellites closed up for launch on Falcon 9 rocket », Spaceflight Now, (consulté le ) : « Russian officials have said they plan to discontinue Dnepr launches. ».
  6. (en) « Manuel client du lanceur », Kosmotras, , p. 43-47.
  7. (en) « Dnepr », sur space.skyrocket.de, Gunter's Space Page, .
  8. (ru) « EgyptSat 1/Saudisat-3 launch details », Roskosmos.
  9. (ru) « TerraSAR-X launch details », Roskosmos.
  10. (en) « Five RapidEye remote sensing satellites launched », Spaceflight Now.
  11. (en) « 17 August 2011. Cluster Launch of Dnepr LV », sur Kosmotras.
  12. (en) William Graham, « Russian Dnepr rocket launches with Arirang-5 », sur NASASpaceflight.com, .
  13. (en) « 21 November 2013. Dnepr Cluster Mission 2013 », sur Kosmotras.
  14. (en) Stephen Clark, « Silo-launched Dnepr rocket delivers 32 satellites to space », sur Spaceflight Now, (consulté le ).
  15. (en) « 19 June 2014. Dnepr Cluster Mission 2014 », sur Kosmotras.
  16. (en) Stephen Clark, « Russian Dnepr rocket lofts record haul of 37 satellites », sur Spaceflight Now, (consulté le ).
  17. (en) « 6 November 2014. Dnepr Launch of ASNARO and 4 piggyback microsatellites », sur Kosmotras.
  18. « Russia to pay Kazakhstan over US$1 million in compensation for damage from rocket crash », International Herald Tribune, .

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

  • R-36 (code OTAN : SS-18) Le missile à partir duquel a été développé le lanceur

Liens externes modifier