Zone industrielle de Kaesong

Zone industrielle de Kaesong
Nom local
(ko) 개성공업지구Voir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
Ville
Superficie
66 km2Voir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Fonctionnement
Statut
Histoire
Fondation
Carte

La zone industrielle de Kaesŏng (en coréen : 개성공업지구), créée en 2002, est une région industrielle formant l'une des trois régions administratives spéciales de la Corée du Nord[1].

Zone industrielle de Kaesong.
Localisation de la Zone industrielle de Kaesong dans la province de Hwanghae du Nord (Corée du Nord)

Elle se trouve à moins de 10 km au sud-est de la ville de Kaesŏng et à environ 5 km de la zone coréenne démilitarisée (notamment de la Joint Security Area), ainsi qu'à environ 50 km au nord-ouest de Séoul, la capitale de la Corée du Sud, tandis que Pyongyang, la capitale nord coréenne est à plus de 140 km vers le nord-ouest.

Le parc industriel intercoréen, développé dans cette zone sur une superficie de 66 km2, est un effort de collaboration économique entre les deux Corée et est accessible directement par route et rail à partir de la Corée du Sud. Sa construction a commencé en et, en , les deux Corée ont ratifié une entente économique destinée à faciliter les investissements. Le projet pilote a été complété en et le parc a ouvert ses portes en [2]. En 2012, 123 entreprises sud-coréennes emploient 50 000 nord-coréens pour un chiffre d'affaires annuel de 400 millions de dollars[3]. Chaque jour, 400 Sud-Coréens franchissent la frontière par l'autoroute du Gyeongui pour se rendre à leur travail totalisant un million de passages entre 2003 et 2012[4].

Évolution de la zone industrielle
Année 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Entreprises 18 30 65 93 117 121 123 123 123 125
Employés 17 621 11 189 22 538 38 931 42 561 48 284 48 206 53 448 52 329 53 947
Chiffre d'affaires
(milliers de dollars)
14 906 73 737 184 779 251 422 256 475 323 323 401 848 469 650 223 780 469 970

Historique modifier

 
Une épicerie FamilyMart dans la zone industrielle.

Le parc industriel de Kaesong a accueilli à partir de juin 2003 des entreprises étrangères, qui restaient en 2006 exclusivement sud-coréennes, dans le cadre de la coopération économique entre les deux Corée conduite en application de la déclaration conjointe du . Lors d'une réunion du Parti Uri tenue à Pusan le , Chung Dong-young, ministre sud-coréen de la réunification, a précisé que 15 entreprises sud-coréennes s'étaient déjà installées dans le parc industriel de Kaesong et employaient 7 000 Nord-Coréens. Selon lui, le nombre d'entreprises présentes devrait s'élever à 300 fin 2006 et pourrait atteindre 1 000 en 2008.

En , toutefois, seules 21 entreprises sont présentes, principalement dans l'industrie textile[5] mais aussi les chaussures de sport, les montres, l'alcool, les emballages de cosmétiques[6]. Selon la Banque de Corée (du Sud), lors de l'achèvement du parc en 2012, 730 000 Nord-Coréens pourraient travailler sur le site, pour un bénéfice annuel de la Corée du Nord estimé à 600 millions USD[7].

Le , Lee Jong-suk, nouveau ministre sud-coréen de la réunification, a annoncé que des discussions étaient en cours pour l'implantation d'entreprises étrangères, non coréennes, dans la zone industrielle de Kaesong[8]. En , plus de cent hommes d'affaires et diplomates étrangers, provenant de douze pays, ont visité la zone industrielle de Kaesong. Étaient présents parmi eux le président de la KOTRA (l’Agence coréenne pour la promotion du commerce et des investissements) Hong Ki-hwa, le président de Hyundai Asan Yoon Man-joon, Jean-Daniel Rolinet de Samsung Thales et Claus Bernard Auer de l’ambassade d’Allemagne à Séoul[9]. Le refus américain de considérer comme sud-coréens les produits fabriqués par les entreprises sud-coréennes à Kaesong constitue une pomme de discorde entre les deux pays dans la négociation d'un accord de libre-échange[10].

En mars-, on assiste à une détérioration des relations entre les deux Corée et Pyongyang expulse des cadres de la zone économique mixte. En novembre 2008, la Corée du Nord annonce qu'elle ferme le site industriel de Kaesong, les sites touristiques ainsi que les liaisons ferroviaires avec le Sud[11] mettant fin à ce projet. Entre 1998 et 2008, la Corée du Sud a versé 2,9 milliards de dollars pour financer le complexe industriel de Kaesong, payer les salaires des 40 000 employés nord-coréens sur ce site et subventionner les échanges commerciaux[12].

En mars 2009, la Corée du Nord a annoncé l'annulation de tous ses contrats avec la centaine de sociétés sud-coréennes à Kaesong, mettant en danger de faillite ces sociétés, selon leur porte-parole[13]. La Corée du Sud a précisé que la question du sort d'un Sud-Coréen, détenu à Kaseong depuis le , pour avoir, selon Pyongyang, critiqué le régime nord-coréen, devait être réglée avant toute autre négociation. En , des négociations sont toutefois programmées pour parler des perspectives de règlement des deux conflits entre les deux nations même si «  les perspectives de négociations sont faibles » selon Chun Hae-sung, porte-parole du ministère de l'Unification, avant l'ouverture des pourparlers.

En , le site emploie un millier de sud-coréens et 42 000 ouvriers nord-coréens mais, à la suite de l'incident de Baengnyeong, le ministre de l’Unification Hyun In-taek interdit d’effectuer de nouveaux investissements en Corée du Nord », et indique que le nombre de Sud-Coréens à Kaesong serait réduit[14].

Le , Pyongyang interdit l'accès au complexe de Kaesong aux ressortissants sud-coréens. Cette décision, qui survient en pleine crise diplomatique entre le régime nord-coréen et les États-Unis, a pour effet de faire douter la communauté internationale quant aux réelles motivations de Kim Jong-un. En effet, les conséquences directes seront une réduction des entrées de fonds au Nord et donc un handicap certain pour le régime en cas de guerre, ce qui est la situation la plus probable dans un futur proche d'après le Comité de la défense nationale[15],[16]. Le , la Corée du Nord annonce qu'elle retire tous ses employés du complexe de Kaesong, provoquant la fermeture temporaire du site. Des négociations pour sa réouverture démarrent le [17], un accord entre les deux pays est trouvé le [18]. Le site a rouvert le [19].

Le , Pyongyang ordonne aux Sud-Coréens de quitter la zone de Kaesong, faisant suite à la décision de Séoul de fermer celle-ci, en réponse à l'essai nucléaire nord-coréen du 6 janvier 2016 et au tir de fusée réalisés par Pyongyang peu de temps avant et ce « afin que nos investissements dans ce complexe ne soient pas utilisés par le Nord pour financer son développement nucléaire et balistique » (déclaration du ministre sud-coréen de l’unification, Hong Yong-pyo). Le , les troupes de Pyongyang prennent le contrôle des usines sud-coréennes de la zone[20].

Une association représentant les 120 entreprises sud-coréennes qui exploitaient des usines à Kaesong a estimé la valeur des actifs laissés à 820 milliards de won (663 millions de dollars).

Le , Pyongyang annonce avoir redémarré 19 usines textile du site sans l'autorisation des propriétaires sud-coréens, de facto, il s'agit d'une nationalisation sans compensation[21].

Notes et références modifier

  1. (en) Personnel de rédaction, « Working together », The Economist,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) « N. Korean Industrial Complex Made Ready For Seoul's Investment », Northeast Asia Peace and Security Network,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. "Le complexe intercoréen de Gaeseong fête ses neuf ans", KBSworld, le 30 juin 2012.
  4. "L’autoroute intercoréenne Gyeongui accueille son millionième usager", KBSworld, le 27 juin 2012.
  5. [1]
  6. Le Monde, 2 octobre 2006 [2]
  7. [3], Korea is One
  8. [4], Korea is One
  9. [5], Korea is One
  10. [6], Korea is One
  11. (fr) Chronologie des relations entre Corée du Nord et Corée du Sud, L'Express, 28 mai 2009
  12. Arnaud Vaulerin, « «Il est difficile de concevoir une réunification »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur liberation.fr, Libération, (consulté le ).
  13. Les deux Corée se réunissent pour régler un différend économique, France 24, 11 juin 2009
  14. « La Corée du Sud « ne tolérera jamais » aucune menace envers ses ressortissants à Kaesong », sur french.yonhapnews.co.kr, Agence de presse Yonhap, (consulté le ).
  15. Michel de Grandt, « Les cibles de Kim Jong-un »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur lesechos.fr, Les échos, (consulté le ).
  16. « Pyongyang empêche l'accès du complexe de Kaesong aux Sud-Coréens, Séoul menace »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur actu.orange.fr, Orange, (consulté le ).
  17. Les deux Corées négocient l'avenir du parc industriel de Kaesong, AFP sur Google News, le 10 juillet 2013
  18. Site industriel de Kaesong : accord entre les deux Corées, Le Monde avec AFP, le 14 août 2013
  19. Le site de Kaesong a rouvert à la frontière des deux Corées, AFP sur Google News, le 16 septembre 2013
  20. Yann Rousseau, « Cette nuit en Asie : les troupes de Pyongyang prennent le contrôle d’usines sud-coréennes installées au Nord, Asie - Pacifique », Les Echos, le 12 février 2016
  21. (en) « North Korea says it is operating Kaesong factories, ‘freezes’ assets valued at $663 million left by Seoul »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Japan Times, (consulté le ).