Yves Le Trocquer

ingénieur et homme politique français

Yves Le Trocquer
Illustration.
Fonctions
Député

(11 ans)
Circonscription Côtes-du-Nord
Groupe politique RDG (1919-1924)
GRD (1924-1928)
GR (1928-1932)
Sénateur

(8 ans)
Ministre des Travaux Publics

(4 ans, 4 mois et 21 jours)
Biographie
Nom de naissance Yves François Marie Le Trocquer
Date de naissance
Lieu de naissance Pontrieux (Côtes-du-Nord)
Date de décès (à 60 ans)
Lieu de décès 16e arrondissement de Paris
Résidence Côtes-du-Nord

Signature de Yves Le Trocquer

Yves Le Trocquer, né à Pontrieux (Côtes-du-Nord) le et mort à Paris le , est un ingénieur et homme politique français.

Yves Le Trocquer en 1894 au Collège Stanislas.

Biographie modifier

Il suit ses études secondaires au Collège Stanislas à Paris, est présenté au Concours général en 1894 et obtient le 1er accessit en physique-chimie[1]. Il entre à Polytechnique en 1895 sur les traces d'un père officier de marine mort en service (lieutenant de vaisseau et chevalier de la Légion d'honneur), Yves Le Trocquer devient ingénieur des Ponts et Chaussées et mène sa carrière au sein de cette administration.

Directeur technique de cabinet du Ministre des travaux publics Louis Puech en 1910, il le reste jusqu'en . En 1914, il est appelé par Jean-Victor Augagneur comme membre de son cabinet lorsqu'il est ministre de l'Instruction publique, puis de la Marine (- ).

Il retourne alors dans l'administration, dirigeant notamment l'Office national de la navigation, jusqu'en , lorsqu'il prend la direction du cabinet de Jean Cels-Couybes, sous-secrétaire d'État à la Marine Marchande.

En 1919, à peine élu député des Côtes-du-Nord avec l'étiquette républicain de gauche, il entre au gouvernement comme sous-secrétaire d'État aux finances chargé de la Liquidation des stocks. Il est ensuite nommé Ministre des Travaux publics par Alexandre Millerand, en , et occupe ce portefeuille pendant plus de quatre ans, ce qui est très rare en cette période d'instabilité ministérielle.

L'essentiel de son action se concentra sur la reconstruction, notamment dans les régions libérées ou particulièrement touchées par la guerre. Le Trocquer reconnaît que la France possède des réserves de charbon bien inférieures à ses besoins ; il parle de 70 millions de tonnes pour une production de 20 millions[2]. Il propose donc d'exiger du charbon en guise de réparations plutôt que de l'argent[3]. En 1923, il participe à l'occupation de la Ruhr et à l'assainissement des mines de la Sarre. Le Trocquer développe le concept de "charbon vert" afin de rendre l'énergie hydraulique utilisable par l'industrie bretonne. Il s'engage en 1923 pour la construction du barrage de Guerlédan et tente, avec moins de succès, de développer une centrale électrique sur la Rance[4]. Après son départ du cabinet, Le Trocquer continue à s'intéresser à la question des réparations et participe à une commission d'enquête sur le sujet.

Le Comité français de l'Union douanière européenne (UDE) est créé le 28 janvier 1927 sous la direction de Charles Gide et Yves Le Trocquer[5].

En 1928, Le Trocquet est président du comité de liaison franco-allemand des parlementaires français, dont font également partie Aristide Briand et Joseph Paul-Boncour. Après un intense travail de lobbying, il parvient à convaincre l'Allemagne de créer en 1929 une commission équivalente, présidée par Joseph Wirth. Le Troquer écrit dans la revue de gauche “La Volonté” que le rapprochement avec l'Allemagne est un pas vers l'unification de l'Europe[6].

Le 24 novembre 1928, le Comité fédéral de coopération européenne est créé sous la présidence d'Émile Borel. Le président du comité français était Yves Le Troquer[5].

Réélu député en 1924 et 1928, siégeant au centre-droit, il rejoint le Sénat en 1929. Il décède en cours de mandat, en 1938, à l'âge de 61 ans.

Yves Le Trocquer était Officier de la Légion d'honneur. Le 4 mai 1939, le Conseil général des Côtes-du-Nord accorda 5.000 francs à la commune de Pontrieux pour un monument à Le Troquer. Le monument en granit à Le Troquer, avec un médaillon en bronze de sa tête réalisé par le sculpteur Renaud, a été solennellement inauguré après la Seconde Guerre mondiale sur la place Le Trocquet, en présence du député René Pleven[7].

Carrière modifier

 
Chapelle familiale au cimetière de Passy.
  • Député des Côtes-du-Nord de 1919 à 1930
  • Sénateur des Côtes-du-Nord de 1930 à 1938

Il participa au projet de création d'une usine marémotrice sur l'Aber-Wrach au Paluden entre 1922 et 1932 dans le cadre des initiatives du gouvernement visant à l'électrification des campagnes bretonnes. Ce projet ne fut pas mené à terme.

Sources modifier

  • « Yves Le Trocquer », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  • La Dépêche de Brest, .

Notes et références modifier

  1. Journal Officiel du 31 juillet 1894 sur le site Gallica.bnf.fr.
  2. (en) Charles S. Maier, Recasting Bourgeois Europe: Stabilization in France, Germany, and Italy in the Decade after World War I., Princeton University Press, , 650 p. (ISBN 978-1-4008-7370-8, lire en ligne), p. 195-196.
  3. (en) Peter Jackson, Beyond the Balance of Power: France and the Politics of National Security in the Era of the First World War, Cambridge University Press, , 577 p. (ISBN 9781107039940, lire en ligne), p. 401.
  4. Yves-Marie EVANNO, « De la Ruhr à Guerlédan : itinéraire d’un ingénieur devenu ministre, Yves Le Trocquer », sur En Envor (consulté le ).
  5. a et b "Un milieu libéral et européen: Le grand commerce français 1925-1948", par Laurence Badel, Editions de l'Institut de la gestion publique et du développement économique, 2013 [1]
  6. (en) Conan Fischer, A Vision of Europe: Franco-German Relations during the Great Depression, 1929–1932, OUP Oxford, , 206 p. (ISBN 978-0-19-166380-2, lire en ligne), p. 44.
  7. « Place Yves Le Trocquer », sur Pontrieux (consulté le ).

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