Youra Guller

pianiste française
Georgette Guller
Surnom Youra Guller
Nom de naissance Rose Georgette Guller
Naissance
Marseille, France
Décès (à 85 ans)
Munich[1], Allemagne de l'Ouest
Lieux de résidence Paris, Lausanne, Genève
Activité principale pianiste
Style Néoclassique
Activités annexes flamenco
Années d'activité 1919-1934, 1954-1958, 1965-1975
Collaborations Stravinsky, Casals, Thibaud, Szigeti, Ansermet, Inghelbrecht
Formation Conservatoire de Paris
Maîtres Philipp, Cortot, Neveu
Enseignement Conservatoire de Genève
Élèves Einstein, Gide, Pasche, Ginastera
Conjoint Jacques Schiffrin
de 1921 à 1927
Descendants sans
Récompenses 1er prix du CNSM 1909

Répertoire

Scènes principales

Rose Georgette Guller, dite Georgette Guller à la ville et Youra Guller à la scène, est une pianiste prodige, saluée à son zénith comme l'une des plus grandes pianistes du XXe siècle aux côtés de sa condisciple Guiomar Novaes et de Clara Haskil ainsi que sa cadette Marcelle Meyer. Femme libre proche de l'avant-garde, Youra Guller s'éclipse soudainement de la scène parisienne en 1934 pour n'être redécouverte par un public érudit qu'en 1971. Seuls de tardifs enregistrements donnent de rares échos de son légendaire jeu prométhéen[2].

« […] l'écouter encore dans une de ces dernières sonates de Beethoven, dont elle reste, pour moi, l'interprète inégalée à ce jour. »

— Romain Rolland[3], De l'Héroïque à l'Appassionata.

Biographie modifier

Fabrique d'une virtuose (1895-1921) modifier

Génie précoce (1895-1914) modifier

Née en France de parents juifs (père russe ayant fui l'antisémitisme et mère roumaine morte à sa naissance[4]), Rose Guller est élevée par une bonne juive[4] dans un milieu laïque. Elle se fera connaître initialement sous son second prénom, Georgette, adopté comme prénom d'usage. Le prénom masculin de Youra, diminutif russe de Georges, usuel dans le milieu des Ballets russes et des émigrés russes dans lequel elle a vécu et travaillé à Genève en 1915 et 16, a été conservé pour la scène après la Grande guerre[5], continuera de l'être après son mariage en 1921[6], avant même qu'elle ne soit célèbre, et finira par être le seul utilisé.

Elle commence à apprendre la musique sur le piano qui lui a été offert à cinq ans[7] et donne un premier récital à six[8]. En 1903, son père l'emmène à Madrid jouer le concerto pour piano no 3 de Beethoven, op. 37, accompagnée par l'orchestre de Tomás Bretón, puis la fait auditionner à Berlin par Joseph Joachim, très impressionné[8]. Un an plus tard, à neuf ans, elle est admise au Conservatoire de Paris dans la classe d'Isidor Philipp[7], qui avait remarqué qu'elle déchiffre à vue[8]. En 1905, elle donne aux Concerts Colonne un concerto pour piano de Saint-Saëns en présence du maître, qui la congratule[8].

Les leçons de piano qu'elle reçoit en compagnie de Guiomar Novaes dans la classe d'Isidor Philipp l'ennuient[7]. Elle se voit attribuer en 1909 le premier prix du Conservatoire de Paris par un jury où siègent Georges Enesco, Raoul Pugno et le directeur Gabriel Fauré, quasiment sourd, Clara Haskil, autre enfant précoce, obtiendra le second cette année-là et le premier l'année suivante[9]. En 1910, un condisciple de dix-huit ans, Darius Milhaud, écrit pour elle le cinquième et dernier mouvement d'une suite pour piano (les autres mouvement sont dédiés respectivement à Jean Wiéner, Henri Cliquet, Roger de Fonteney et Celine Lagouarde), créé trois ans plus tard et publié sous la référence "opus 8". Il lui composera d'autres pièces, dont, pour le 21 mars 1919, le quatrième mouvement éponyme[10] de la suite Le Printemps[8], mais elle cherche sa voie et va jusqu'à s'essayer au ballet moderne, auquel elle s'initie dans la classe de Nijinski[7], et au flamenco[8] auprès d'Antonia Mercé y Luque[11], à laquelle Serge Diaghilev a confié la création de Ballets espagnols.

Révolution musicale et personnelle (1915-1918) modifier

En femme indépendante, elle se destine à l'enseignement. Au début de la guerre, elle renonce à se produire au piano pour étudier la méthode pédagogique de Teodor Leszetycki[8]. Elle envisage de jouer en parallèle dans un quatuor de musique de chambre[7] et perfectionne son violon auprès de Ginette Neveu[8]. À la rentrée 1915, elle est embauchée comme professeur au conservatoire de musique de Genève[8] par Ernest Ansermet, à la direction duquel celui-ci a été nommé en octobre[12] en remplacement de Bernhard Stavenhagen, mort prématurément. En charge à ce titre de l'orchestre cantonal, Ansermet fait organiser en décembre à Paris et à Genève par Serge Diaghilev, comme une contribution à l'effort de guerre, un gala de bienfaisance au bénéfice de la Croix-Rouge et des victimes de guerre russes[13]. Le programme[14] inclut l’Oiseau de feu dont la direction est confiée au jeune compositeur russe en personne, Igor Stravinsky[13], et la partie piano à Youra Guller.

La « musique pour après-demain »[15] des Ballets russes soulève enthousiasme et perplexité[13] et Stravinsky est ravi de son interprète[8]. Il la sollicite à l'excès, compromettant le travail de celle-ci au conservatoire[8]. Fatigue ou neurasthénie[16], l'expérience d'enseignante tourne à l'échec mais Genève est l'occasion pour la jeune femme, encore mineure, de s'essayer à une autre vie. Elle rencontre son futur fiancé, Jean Piaget, fils d'universitaire et étudiant en malacologie. Elle rencontre aussi son futur mari, un jeune juriste russe diplômé de l'université de Genève, Jacques Schiffrin, fils exilé d'un magnat du pétrole.

Elle retourne à Paris en 1916[8], où Darius Milhaud, en partance pour Rio, l'introduit auprès de Jean Cocteau, attraction centrale du groupe des Six. Elle fréquente également Gabriel Pierné[8], directeur des Concerts Colonne et, à l'opposé, Florent Schmitt[8]. Admirée pour son jeu expressif tout autant que sa cadette Yvonne Lefébure, l'espoir du moment, elle est invitée par Pablo Casals[7] aussi bien que par Jacques Thibaud à jouer dans leurs concerts de musique de chambre[8].

Succès professionnels et désordres sentimentaux (1919-1921) modifier

Le , elle fête la victoire en donnant un récital à La Chaux-de-Fonds, principale ville de la République de Neuchâtel, où elle a rejoint Jacques Schiffrin[17]. Ils sont reçus dans une association d'intellectuels juifs, le Nouveau Cercle[17], par lequel elle rencontre les artistes suisses, entre autres les fondateurs du purisme, Amédée Ozenfant et Charles-Édouard Jeanneret[18]. Youra Guller fera également à cette occasion la rencontre du peintre Charles Humbert; les deux se voueront une admiration artistique réciproque[17],[19]. Le , elle est de retour pour un concert où elle joue Schumann et Chopin au profit de la Croix-Bleue[20], association calviniste de lutte contre l'alcoolisme. Le reste de l'année est consacré à de petits récitals donnés à travers la Suisse romande, Lausanne[20], Vevey[20], Bex[21], Genève[18]... Elle est épuisée physiquement et moralement[21] et le Jacques Schiffrin perd son père, ruiné par la Révolution de 1917. Revenue à La Chaux-de-Fonds jouer Mendelssohn le , le 19 elle accompagne au piano le violon de Joseph Szigeti dans trois sonates de Beethoven[21]. Ensemble, les deux virtuoses en donneront l'intégrale[9]. Une semaine plus tard, elle est de retour à Paris pour assister avec quatre autres condisciples son maître Isidor Philipp dans une leçon publique qu'il donne au Conservatoire[22].

À Paris, Jacques Schiffrin étant parti en pour un long voyage dans une Italie en grève agitée par les squadristes, elle retrouve Jean Piaget, qui est venu, après avoir accompli une brève psychanalyse auprès de Sabina Spielrein, étudier dans le laboratoire de psychométrie d'Alfred Binet. Ils se fiancent[23]. Elle triomphe cette même année devant le public parisien dans une interprétation du concerto no 21, K467, de Mozart[8]. Elle a vingt cinq ans.

Le , elle présente Salle Érard, rue de La Michodière, les Mouvements perpétuels déjà célèbres de Francis Poulenc entre des mazurkas de Chopin et des Rhapsodies hongroises de Liszt[24]. L'été, elle fait partie des artistes en vue invités sur la Côte[25] par les mécènes de l'aristocratie mais son mariage avec Jean Piaget, appelé à l'Institut Jean-Jacques-Rousseau de l'université de Genève, ne se fait pas. C'est très vraisemblablement là, à Menton, qu'en août elle retrouve Isidor Philipp. Son ancien professeur demande pour elle à Ferruccio Busoni des recommandations auprès de quatre formations italiennes prestigieuses, l'Associazione degli Amici della Musicala, la Société du Quartet (it), le Philharmonique de Florence, l'Académie royale de musique de Rome[26]. Surmené et malade, le grand musicien se désole de ne pas trouver le temps de répondre aux courriers[27] de la « benedetta »[28] à la recherche d'une situation stable et met six mois de plus pour rédiger une simple circulaire de recommandation[29], si bien qu'à la fin de l'année, elle retourne se produire à Neuchâtel[30].

Jacques Schiffrin finit par revenir au cours de cette année 1921 à Paris chez elle et l'épouse. Dès l'année suivante, il fonde les éditions de la Pléiade et prépare la publication, sous le nom d'André Gide, de la version que ce dernier a bien voulu élaborer à partir de son brouillon de traduction de La Dame de pique de Pouchkine.

Chronologie
Jeunesse et formation
Carrière
Éclipses

Gloire des années vingt (1922-1934) modifier

Naissance d'une star (1922-1923) modifier

Les Années folles sont pour la jeune parisienne celles de son engagement au service d'une modernité musicale bouleversée par le jazz, que Louis Mitchell, « le roi du bruit », a révélé au public de l'Alhambra, le [31], et que la tournée de février et du lieutenant James Reese Europe a popularisé. Jean Cocteau ouvre la première « boîte », Le Bœuf sur le toit. Elle s'y montre avec le tout-Paris. Elle joue Ravel et Poulenc.

Le , elle accompagne la violoniste Yvonne Astruc dans une sonate pour piano et violon de Georges Enesco, Nadia Boulanger passant à l'orgue en première partie[32]. Son récital du (concerto de Friedemann Bach, Carnaval de Schumann, Chopin, danses de Brahms, Albeniz et Granados), suivi d'un autre le lendemain (concerto en ut majeur de Mozart sous la direction de Philippe Gaubert)[33], est une consécration[34] que confirme sa participation le 25 au récital Mozart-Chopin de la cantatrice Olénine d'Alheim (sonate pour piano, prélude, Quatrième ballade, quatre mazurkas)[35]. C'est à elle qu'Igor Stravinsky s'adresse de nouveau pour les reprises de Petrouchka, partition de piano d'une difficulté technique extrême, le à l'Opéra et le 1er juillet au théâtre Mogador[5]. Elle vit au cœur des Ballets russes de son adolescence, fréquentant Sergueï Prokofiev[8], revenu les rejoindre en avril, et Pablo Picasso[7], ami de Stravinsky marié à une ballerine de Diaghilev, Olga Khokhlova

Pour toute la saison 1922-1923, elle est la soliste, au côté de Joseph Szigeti, d'Ernest Ansermet dans l'Orchestre de la Suisse romande[36]. Comme en 1915, elle assume simultanément un enseignement au Conservatoire de Genève[37]. Son jeu sensationnel et épuré, sans concession au divertissement, ne fait pas l'unanimité et la compétition féroce entre virtuoses a tôt fait de la réduire à une image de séduction féminine. C'est ainsi qu'avec la condescendance du machiste ordinaire un Ferruccio Busoni évoque la torture, apparemment moins pour ses oreilles que pour ses yeux, quand en décembre il auditionne sur une pièce d'Albéniz cette « vierge aux épines de fer »[38].

C'est au cours de cette année 1923 qu'elle inaugure sa carrière internationale en répondant à l'invitation de la Pianoforte Society de donner à Wigmore Hall une série de récitals de Beethoven, Mozart et Chopin[8], mais, le , Francis Poulenc, pour créer Promenades au théâtre des Champs-Élysées[39], lui préfère Arthur Rubinstein. Le 12, au Théâtre du Vieux-Colombier, elle exécute avec Joseph Szigeti au violon la première sonate de Beethoven et n'hésite pas à profiter de l'occasion pour faire découvrir les Trois études transcendantes dont Alexandre Tansman lui dédie la seconde, création qui ne dure que trois minutes[40].

Voie de la facilité (1924-1927) modifier

En 1924, elle est admise aux dimanches très mondains qu'organise la nouvelle comtesse de Polignac[7], belle-sœur du marquis et fille de Jeanne Lanvin, pour y jouer avec Rubinstein[9] les Mazurkas et les Nocturnes de Chopin[7]. Parallèlement à ce répertoire conventionnel, elle participe le [41] aux Concerts salades de Jean Wiéner[9].

À la fin 1924, elle passe de l'Orchestre de la Suisse romande au Scottish Orchestra de Glasgow[42]. Revenant à une certaine forme de classicisme musical promu par la mode Art déco, elle réinterprète un répertoire romantique conforme au goût du public au cours de multiples tournées, Paris, Berlin, Vienne, Amsterdam, Budapest, Bruxelles, et même Manille[8]. Elle est reçue avec Georges Enesco en Roumanie à la cour du roi Ferdinand. À Madrid, c'est le philosophe libéral José Ortega y Gasset qui la pilote[43]. Quand elle est à Paris, on lui est reconnaissant d'honorer les salons[44].

En 1926, choisie parmi quelques autres représentants de l'élite mondiale de l'interprétation, elle enregistre sept pièces qui seront immortalisées par les pianos mécaniques Welte Mignon (de)[45]. Le , le concurrent américain l'invite à Londres à faire entendre dans sa salle, l'Aeolian Hall, son interprétation désormais légendaire de Beethoven[46]. Elle ne renonce pas pour autant à faire goûter au public, avec succès, la musique la plus moderne, comme lors de sa tournée de 1927 à Budapest, Zagreb, Constantinople et Athènes[47]. Pour son retour, en novembre, elle est en vedette salle Gaveau, où les Concerts Lamoureux dirigés par Paul Paray l'accompagnent dans le concerto en sol majeur de Beethoven, op. 58[48].

Femme magnétique au physique de star, elle se voit proposer par la Metro-Goldwyn-Mayer une carrière qui échoira à Greta Garbo[9]. Avec son mari, elle fréquente le monde littéraire, Paul Valéry, Jacques Maritain[9], André Gide. Celui-ci reçoit régulièrement les Schiffrin dans sa campagne de Cuverville[49]. Le couple participe aux Décades de Pontigny[9], séminaire annuel d'éthique organisé par Paul Desjardins, où elle se lie aux écrivains humanistes, François Mauriac, Charles Du Bos, Roger Martin du Gard, André Malraux, Jean Schlumberger, Lalou Pellegrini, Maria Van Rysselberghe, Jean Grenier[50]...

Craquements et rupture (1927-1934) modifier

C'est peut être là, à Pontigny, qu'elle rencontre Ramon Fernandez, critique littéraire de six ans son cadet[9]. Orpheline de naissance, elle n'a pas d'enfants et son mariage avec Jacques Schiffrin vacille. À la fin des vacances de l'été 1927[9], à trente deux ans, elle noue une liaison avec Fernandez[51], au moment même où celui-ci devient père[9]. Par intermittence, une année durant au cours de laquelle son divorce est prononcé[52], elle est accueillie dans l'intimité ambigüe du jeune couple Fernandez que la jalousie déchire[9].

Dès 1929[53], Jacques Schiffrin est remarié à une femme qui lui donnera une fille et un fils. Elle retrouve sa place dans l'Orchestre de la Suisse romande dirigé par Désiré-Émile Inghelbrecht[54] mais la fragilité de sa santé est suffisamment patente pour que son ami le psychologue Nikolaï Roubakine s'en émeuve et qu'à Genève Charles Baudouin, psychanalyste des artistes[55], soit alerté[3].

Quand elle est à Paris, elle donne des cours. Elle joue en duo avec Albert Einstein[7], violoniste émérite et reconnaissant[56]. Également rencontré à Pontigny[50], le savant, très engagé dans la cause pacifiste, est régulièrement présent à Paris, où le ramène chaque année sa participation à la Commission internationale de coopération intellectuelle[57]. Autre élève, Madeleine Pasche se distingue au conservatoire de Lausanne le [58]. Au contact de Youra Guller, « grand changement dans [sa] vie »[59], André Gide se remet au piano, et prend lui aussi des leçons auprès d'elle[9], mais c'est l'écrivain[60] qui convainc la musicienne de renoncer à une interprétation par trop pathétique et de servir avec sobriété Chopin[9], qu'il associe à l'art poétique des Fleurs du mal. C'est lui qui, en exigeant de Gaston Gallimard le rachat de la Bibliothèque de la Pléiade, sauvera en de la banqueroute son ex mari, qui, face au succès, n'a plus les moyens financiers de développer sa maison d'édition[61].

En , Joseph Lanza del Vasto, philosophe globe-trotter de trente ans qu'elle a également rencontré à Pontigny, en et , et qui a renoncé au mariage en 1929, pose ses bagages à Paris, où il fera en mars la rencontre de Luc Dietrich. C'est peut être quelque temps avant cette rencontre, si importante pour lui, qu'il connait avec Youra Guller un moment d'érotisme extrême[62] qu'il évoquera quatre ans plus tard[63], quelques mois avant son départ pour l'Inde, où il recevra, au cours d'une vision, sa mission spirituelle. Le renouvellement en 1936 de cette expérience transgressive, avec cette fois la compagne de Luc Dietrich, la hongroise Anci Nagy[64], précède immédiatement sa décision d'aller à la rencontre de Gandhi. Il consacrera à Youra Guller[65] un des poèmes de son recueil Le Chiffre des choses intitulé Le Masque de la sirène - Portrait d'une femme[66].

En 1934, elle part, comme fera trois ans plus tard Maurice Maréchal[67], pour une tournée de dix jours à Shanghai. Elle n'en revient qu'au bout de huit ans après avoir fui à Bali[68] l'invasion japonaise.

Liberté surveillée (1941-1944) modifier

Refuge de Montredon (1941) modifier

Elle est à Paris en 1941[68]. Comme beaucoup de français désormais classés « de race juive », elle pense bénéficier d'une immunité nationale et a confiance dans l'armistice et son signataire Pétain[69]. Le public de la France occupée l'a oubliée[7] et son ancien amant, Ramon Fernandez, l'a remplacée[9] par une lionne plus jeune, Betty Bouwens, qui tient un salon brillant sous l'égide d'Otto Abetz et sera à la Libération tondue puis arrêtée avec Marie Laurencin[70].

Dès la création du Commissariat général aux questions juives, c'est-à-dire , elle est sous la menace des rafles de la police de Vichy. Grâce à l'intervention et, vraisemblablement, une aide financière d'Édith Piaf[69], elle réussit à fuir sur la Côte, en Zone libre, où survit toute l'intelligentsia d'Europe centrale qui a échappé à l'internement meurtrier du camp des Milles. Alors que son ex mari Jacques Schiffrin, démobilisé et soutenu financièrement par André Gide, a pu être exfiltré en [49] par le réseau de Varian Fry vers New York, elle reste à Marseille, cachée, comme l'avaient été deux ans plus tôt Vittorio Rieti[71] et Darius Milhaud, dans le château de Montredon par la comtesse Lily Pastré, couverture publique du Centre américain de secours. Là, au sein de ce qui est officiellement l'association d'entraide des artistes « Pour que l'esprit vive »[72], elle partage la clandestinité, un temps plus ou moins long selon les cas, avec une vingtaine d'invités permanents dont Pablo Casals, Samson François, Madeleine Grey, Jacques Ibert... Certains d'entre eux, comme Lily Laskine ou Monique Haas risquent la déportation.

Dans une maison du parc, sont hébergés depuis fin 1940 le peintre André Masson et sa femme, belle sœur de Jacques Lacan, lequel habite une villa de Roquebrune louée à André Malraux. Les nombreuses visites que le psychanalyste leur rend le font passer au château pour un sorcier énigmatique mais lui sont l'occasion de se lier particulièrement à Youra Guller[73].

Récréation au bord du précipice (1942-1944) modifier

L'Orchestre national de France est installé depuis à Marseille[74]. Au début de l'année 42, Youra Guller recrute pour Montredon les chefs Désiré-Émile Inghelbrecht et Félix Raugel et propose à la comtesse de faire une place dans son asile surchargé au premier violon Jeanne Haskil et la sœur de celle ci[68]. De santé très fragile, Clara Haskil, à laquelle Jean Hamburger diagnostique un adénome hypophysaire et qui est trépanée le à l'Hôtel-Dieu, bénéficiera, grâce à un réseau d'admirateurs, d'un visa pour apatride lui permettant dès novembre de partir, non sans déchirements, pour Genève où elle sera assignée à résidence[75] dans le canton de Vaud.

Le décret du portant application du Statut des juifs adopté deux ans plus tôt rend plus précaire la situation des pensionnaires et les arrestations ne sont pas toujours évitées. À Montredon cependant, Lily Pastré l'extravagante[76] et généreuse héritière des liqueurs Noilly Prat, préfigurant le festival d'Aix qu'elle fondera après guerre, concentre toute la créativité du moment et ne cesse de créer de petits événements théâtraux ou musicaux, quasiment quotidiens, en particulier un récital de Pablo Casals le et quelques mois plus tard un festival Mozart en écho à celui de Salzbourg déserté. Spectacle digne d'une grande scène inspiré des Ballets russes[76], le , pour célébrer l'entrée en guerre des États-Unis au côté des anglais, on joue, sur la musique originale de Jacques Ibert dirigée par Manuel Rosenthal, dans des costumes que Christian Bérard a taillé et fait coudre dans les tentures de la villa, Le Songe d'une nuit d'été mis en scène par Jean Wall et Boris Kochno[76].

Ce séjour surréaliste sur lequel la beauté[76] presque cinquantenaire de Youra Guller répand un charme sans rival, est l'occasion pour celle-ci de retrouver des amis d'autrefois, d'en découvrir de nouveaux, venus en visite ou pour se produire, Lanza del Vasto[71] et Luc Dietrich, Georges Auric, Rudolf Kundera, qui fait son portrait au pastel[77], Christian Bérard, André Breton, Max Ernst, Wifredo Lam, Claude Lévi-Strauss, Rudolf Breitscheid, Rudolf Hilferding, Louis Jouvet, Madeleine Ozeray[69], Marguerite Long, Roland Petit, Svetlana Pitoëff, Édith Piaf[78]... Les circonstances sacralisent les liens.

La fin de la guerre approchant, la fête est suspendue et c'est avec des soldats allemands qu'il faut cohabiter.

Entre oubli et reconnaissance (1945-1980) modifier

Ombre d'une virtuose (1945-1964) modifier

Après guerre, elle prend un appartement à Genève[11]. Affaiblie par la maladie, elle renonce à se produire jusqu'à ce que la mort de son ex mari en 1950 la laisse dans le besoin et l'oblige à reprendre les répétitions. La Piano Forte Society lui rouvre les portes de Wigmore Hall le . En 1956, son concert public crée une heureuse surprise[79].

À la rentrée 1957, ce sont des retrouvailles avec la ville de La Chaux-de-Fonds[80] pour deux concerts[81], qui célèbrent le soixantième anniversaire de la Société de musique[82]. Accueillie comme la Madame de Rénal locale[83] que dépeint Jean-Claude Zimmermann dans son roman[84] publié en 1937[82], elle revoit à cette occasion, Charles Humbert, veuf. Le , elle retrouve le temps d'une Grande sonate la direction d'Ernest Ansermet et l'orchestre de la Suisse romande à Genève[85]. Deux mois et demi plus tard, Charles Humbert meurt, à l'âge de soixante-cinq ans.

L'année suivante, sa prestation à Wigmore Hall est laborieuse[86]. La vedette, c'est désormais son amie Clara Haskil, parvenue tardivement grâce au public suisse[87] et hollandais, par un chiasme des carrières, à la place qu'elle tenait dans les années vingt à Paris[88]. Ce même public suisse lui reste cependant fidèle et continue de l'écouter jusque sur les ondes de Radio suisse romande[89], parfois même une après-midi durant[90]. Durant cette fin des années 1950, elle se lie aux jeunes pianistes Nelson Freire et Martha Argerich[11] et pendant quelques années partagera l'appartement de Nelson Freire à Genève. Neveu du mécène de Prokofiev[11] et beau fils de Joseph Szigeti, Nikita Magaloff est avec Vladimir Horowitz[11] un de ses fervents admirateurs. En Californie, elle retrouve Arnold Schönberg, qui lui apprend le ping pong[23]. De temps à autre, à l'occasion d'une échappée, pour quelques heures trop brèves à son goût, elle retrouve Édith Piaf, à laquelle elle voue une reconnaissance inusable et une tendresse enflammée[69]. C'est en quasi inconnue qu'en 1961 elle se produit dans sa ville natale, Marseille, grâce aux soutiens qu'elle y a gardé depuis la guerre.

Redécouverte (1965-1980) modifier

En , elle est à Londres pour une représentation qu'elle donne le 12 à l'école pour filles de Camden. Son ancien élève Robert Majek, qui donne également un récital, la présente au professeur de musique munichois Pierre Feuchtwanger (de)[86]. Celui-ci l'entend en privé. Il est bouleversé par le lyrisme de cette artiste inconnue et la puissance invocatrice de son jeu[86]. Avec l'aide d'un mécène, Charles Napper, et d'une amie critique, Joan Chissell, le retour de la virtuose est organisé[86]. Après de nouveaux passages, le et le , à Wigmore Hall, à la Royal Festival Hall sous la direction de Harry Blech le 19 avril 1967, elle triomphe[91] enfin[92] à Carnegie Hall[68] en 1971, à soixante seize ans. À Paris, elle se produit avec beaucoup de succès à la Faculté de droit d'Assas dans la série de concerts organisée par André Furno qui accueille alors tous les jeunes pianistes au côté de grands artistes du passé. Deux ans plus tard, Youra Guller enregistre grâce à l'insistance obstinée de Martha Argerich[9] auprès de Michel Garcin directeur artistique d'Erato, une interprétation des sonates pour piano opp. 110 et 111 de Beethoven[7]. Elle enregistre aussi un disque consacré aux deux sonates de Chopin qui ne sortira jamais dans le commerce, faute d'avoir pu être monté : Martha Argerich insistera beaucoup, mais sans succès, pour qu'il y ait une suite à ces enregistrements.

 
L'écrivain André Malraux félicite Youra Guller pour son interprétation de la sonate pour piano op. 111 de Beethoven (ca. 1973).

Par le conservatoire de Genève, elle reste en lien avec professeurs (Madeleine Lipatti, Louis Hiltbrand...) et élèves, dont Alberto Ginastera, qui prend des leçons auprès d'elle. À la fin de sa vie, elle subsiste grâce à une pension que lui versent les plus attachés d'entre les musiciens, tels que Yehudi Menuhin, Radu Lupu, Martha Argerich, et conserve quelques amitiés anciennes[93], tel le président de l'Académie Charles-Cros Marc Pincherle[94], sans jamais renoncer de continuer à tomber amoureuse[4].

Discographie modifier

Les enregistrements discographiques de Youra Guller sont très rares et ne rendent pas nécessairement justice à ce que fut son jeu entre-deux-guerres[9].

Enregistrements originaux modifier

Rééditions modifier

Vidéos externes
  Adagio de la Sonate pour piano n° 31 de Beethoven, enregistrée par Youra Guller en 1973 à Paris chez Erato.
  Fantaisie et fugue en sol mineur BWV 542 de Bach, transcrite pour piano par Liszt & Busoni, enregistrée par Youra Guller en 1975 à Birmingham chez Nimbus.
  Quelques Mazurkas enregistrées par Youra Guller en 1956 à Paris.
  Deuxième mouvement de la sonate en sol mineur L 338 de Scarlatti enregistrée par Youra Guller en 1975.

Notes et références modifier

  1. Lieu de décès trouvé dans les Archives départementales des Bouches-du-Rhône, avec mention marginale de décès
  2. Chissell 1986.
  3. a et b A. Blum, Correspondance entre Romain Rolland et Charles Baudouin : une si fidèle amitié : choix de lettres, 1916-1944., p. 53, Césura, Meyzieu, 2000.
  4. a b et c Madeleine Santschi, Portrait d'Antonio Pizzuto, Éditions L'Âge d'Homme, janvier 1986, p. 33.
  5. a et b Programme Petrouchka, Théâtre Mogador, Paris, 1er juillet 1922, (BNF 41342276)
  6. (en) Kaikhosru Shapurji Sorabji, « Mademoiselle Guller », The New Age, Londres, vol. 40, no 15,‎ , p. 177.
  7. a b c d e f g h i j k et l (de) Wolfgang Lempfrid, Die Pianistin Youra Guller, dans Historische Aufnahmen, Deutschlandfunk, Cologne, émission diffusée le 20 octobre 1988.
  8. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s (en) « Youra Guller (1895-1980) » (version du sur Internet Archive)
  9. a b c d e f g h i j k l m n o et p Fernandez 2008, p. 302–306.
  10. Darius Milhaud, Le Printemps : Deuxième cahier, Eschig, Paris, 1921, 7 p.
  11. a b c d et e Martha Argerich, citée dans Olivier Bellamy, Martha Argerich, reine et esclave, Pianiste magazine, Paris, 6 juillet 2011.
  12. Richard Cole, La vie musicale au Grand théâtre de Genève entre 1879 et 1918, Genève, Droz, coll. « Musiques à Genève ; Monographies » (no 1), , 264 p. (ISBN 978-2-88433-011-4, OCLC 246997214, lire en ligne), p. 167.
  13. a b et c Cole 1999, p. 167.
  14. Cole 1999, p. 168.
  15. O. Wend, Tribune de Genève, 21 décembre 1915.
  16. Fernandez 2008.
  17. a b et c Favre 2008, p. 276.
  18. a et b Favre 2008, p. 279.
  19. « Club 44. Médiathèque. Conférence de Maurice Favre sur Charles Humbert »,
  20. a b et c Favre 2008, p. 277.
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  96. BNF 42136350

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Il n'existe pas encore d'ouvrage consacré à Youra Guller hormis un bref article :

Notices biographiques de musicologues modifier

Évocation à travers ses proches contemporains modifier

Clandestinité à Montredon modifier

  • Bernard Noël, Marseille-New York, une liaison surréaliste, Éditions André Dimanche, (OCLC 632801604).
  • Jean-Michel Guiraud, La Vie intellectuelle et artistique à Marseille à l’époque de Vichy et sous l’occupation 1940-1944, Laffitte,, (ISBN 2-86276-340-3).
  • Jean-Marie Jacono, « Marseille en liberté surveillée ? Les ambiguïtés de la vie musicale », dans Myriam Chimènes et Josette Alviset, La Vie musicale sous Vichy, Éditions Complexe, coll. « Histoire du temps présent », (lire en ligne), p. 391–392.
  • Michel Enrici, Le salon de Lily : hommage à la comtesse Pastré, mécène, Heule, Snoeck-Ducaju & Zoon Snoeck Publishers, (ISBN 978-94-6161-115-4)

Liens externes modifier