Yoshiko Kawashima

princesse mandchoue et espionne (1907-1948)
Yoshiko Kawashima
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 40 ans)
PékinVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
川島芳子Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
愛新覺羅•顯玗 (Aisin Gioro Xianyu)Voir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Jin BihuiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Période d'activité
à partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Maison Aisin Gioro (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Shanqi (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Jin Bidong (d)
Jin Moyu (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Takashi Kawashima (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Bannière
Mandchoue blanche à bordure (d)1Voir et modifier les données sur Wikidata
Arme
Condamnée pour

Yoshiko Kawashima (川島 芳子?), née le à Pékin et exécutée par la justice chinoise à l'âge de 40 ans le dans cette même ville, est une princesse mandchoue élevée au Japon qui fut espionne au service de l'armée japonaise du Guandong et du Mandchoukouo durant la Seconde Guerre mondiale.

Son cadavre après son exécution à la prison modèle du Hebei.

Nommée à la naissance Aisin Gioro Xianyu (愛新覺羅·顯玗) avec pour nom de courtoisie Dongzhen (東珍, littéralement « Bijou de l'Orient »), son nom chinois était Jin Bihui (金璧辉). Elle est parfois surnommée dans les fictions modernes la « Mata Hari orientale[1] ».

Elle est exécutée pour trahison (Hanjian (en)) par le Kuomintang après la guerre sino-japonaise (1937-1945).

Biographie modifier

Jeunesse et formation modifier

Aisin Gioro Xianyu est née à Pékin en 1907. Elle était la 14e fille de Su Shanqi, lui-même 10e fils du prince Su (肅親王) de la famille impériale mandchoue, et d'une concubine. À l'âge de huit ans, elle est donnée en adoption à Naniwa Kawashima, un ami de son père, japonais devenu agent de renseignement et aventurier mercenaire après la révolution chinoise de 1911. Mais elle grandit dans la maison de son grand-père à Matsumoto au Japon. Son père adoptif la renomme Yoshiko Kawashima. Elle considérera plus tard qu'aucun de ses foyers familiaux n'était convenable. Elle est violée par Kawashima à l'âge de 17 ans. Elle aura plus tard une liaison avec ce dernier[2]. Son vrai père, Su Shanqi, meurt en 1921 et sa concubine, qui n'a pas d'identité officielle, se suicide selon la tradition. Yoshiko est envoyée à Tokyo poursuivre ses études, qui incluent le judo et l'escrime. À Tokyo, elle mène une vie de bohème, financée par ses riches amants, hommes et femmes[3].

Carrière en tant qu'espionne modifier

En 1927, Kawashima épouse Ganjuurjab, fils du général Jengjuurjab de l'armée de Mongolie-Intérieure, meneur du mouvement d'indépendance de la Mandchourie et de la Mongolie basé à Ryojun. Le couple divorce deux ans plus tard et Kawashima s'installe dans la concession étrangère de Shanghai[4]. Elle y rencontre alors l'attaché militaire et agent de renseignement Ryūkichi Tanaka, qui utilise les contacts de Kawashima avec l'aristocratie de Mandchourie et de Mongolie pour étendre son réseau. Elle réside à Shanghai avec Tanaka durant la guerre de Shanghai de 1932.

Lorsque Tanaka est rappelé au Japon, Kawashima sert comme espionne pour le major-général Kenji Doihara. Elle mène des missions clandestines en Mandchourie, souvent déguisée, et est considérée comme « étonnamment attirante, avec une personnalité dominatrice, presque un personnage de film dramatique, moitié adolescent, moitié héroïne, avec cette passion de s'habiller comme un homme. Peut-être fait-elle ça pour impressionner les hommes, ou peut-être qu'elle pouvait ainsi entrer plus facilement dans les groupes de guérilla unis sans attirer trop l'attention[5],[6] ».

Kawashima entretient durant cette période de bonnes relations avec l'ancien empereur Qing Puyi qui la considère comme un membre de la famille royale et l'accueille chez lui durant son séjour à Tianjin. Profitant de cette étroite relation, Kawashima le persuade de retourner dans sa Mandchourie natale pour prendre la tête du nouvel État créé par les Japonais, le Mandchoukouo.

Après l'installation de Pu Yi comme empereur du Mandchoukouo, Kawashima continue de jouer divers rôles et est, pendant un moment, la maîtresse du major-général Hayao Tada, conseiller en chef des questions militaires auprès de Pu Yi. En 1932, elle forme une cavalerie de contre-insurrection composée de 3 000 à 5 000 anciens bandits pour combattre la guérilla anti-japonaise durant la pacification du Mandchoukouo, et est saluée par l'agence de presse officielle japonais Dōmei comme la « Jeanne d'Arc du Mandchoukouo[7],[8] ». En 1933, elle offre sans succès les services de son unité à l'armée japonaise du Guandong lors de l'opération Nekka, appelée par les Chinois défense de la Grande Muraille. L'unité continue d'exister sous son commandement jusque vers la fin des années 1930[9].

Kawashima devient par la suite une personnalité populaire dans la société du Mandchoukouo ; elle est invitée à la radio et édite même un disque de ses chansons. Les journaux et les magazines publient de nombreuses fictions et semi-fictions sur ses « exploits ». De plus, sa grande popularité fait les affaires de l'armée du Guandong, son utilité comme espionne est certes révolue depuis longtemps, et elle devient un symbole pour la propagande mais cette situation est compromise par ses critiques de plus en plus acerbes envers la politique japonaise se servant du Mandchoukouo comme base des opérations contre la Chine, et elle disparaît progressivement des médias.

Arrestation et exécution modifier

À la fin de la guerre, le , un journal rapporte qu'« une beauté longtemps recherchée, habillée en homme, vient d'être arrêtée à Pékin par des agents du contre-espionnage chinois ». En 1948, Kawashima est jugée pour trahison par le gouvernement nationaliste sous son nom chinois (Jin Bihui)[10].

Elle est exécutée d'une balle dans la nuque le [11].

Dans la culture populaire modifier

Littérature modifier

Le roman de 2008 The Private Papers of Eastern Jewel de Maureen Lindley conte la vie de Yoshiko Kawashima (alias « Bijou de l'Orient »).

 
Yoshiko Kawashima (à gauche) avec Ryūkichi Tanaka (à droite), l'homme qui la fit entrer dans les services de renseignements au moment où ils vivaient ensemble.

Cinéma et télévision modifier

Kawashima est représentée dans de nombreux films de 1932 à aujourd'hui par beaucoup d'actrices différentes.

Jeux vidéo modifier

Une Yoshiko Kawashima de huit ans apparaît brièvement dans le jeu de PlayStation 2 Shadow Hearts: Covenant (« L'ombre des cœurs : Engagement »). Un personnage du jeu précédent était également nommé Yoshiko Kawashima, mais c'était une personne totalement originale, alors que dans le second jeu elle est représentée fidèlement.

Références modifier

  1. « (J-Drama / SP) Ri Kouran : une artiste entre Chine et Japon », sur myteleisrich.hautetfort.com, (consulté le ).
  2. (en) Aijun Zhu, Feminism and Global Chineseness : The Cultural Production of Controversial Women Authors, Youngstown, N.Y., Cambria Press, , 331 p. (ISBN 978-1-934043-12-7, lire en ligne), p. 254.
  3. Audrey Yue, Ann Hui's Song of the Exile, Hong Kong University Press, 2010, ASIN: B004E9U7SS.
  4. Yamamuro, Manchuria Under Japanese Domination, p. 98.
  5. Deacon, A History of Japanese Secret Service, 1982, p. 151.
  6. Grant, Battle Cries and Lullabies, p. 260.
  7. Woods 1937.
  8. (en) Chizuru Saeki, « Yoshiko Kawashima: Politics and Gender in Sino-Japanese Relations », Asian Journal of Women's Studies, vol. 12, no 3,‎ , p. 75–98 (ISSN 1225-9276, DOI 10.1080/12259276.2006.11666013, lire en ligne, consulté le ).
  9. Jowett, Rays of the Rising Sun, vol. 1, p. 31.
  10. « aasianst.org »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  11. Foreign News: Foolish Elder Brother, TIME, Monday, Apr. 05, 1948.
  12. Meisa Kuroki, Miki Maya et Yûki Yagi, Dansou no reijin, TV Asahi, (lire en ligne)

Bibliographie modifier

  • (en) Richard Deacon, A History of the Japanese Secret Service, (ISBN 0-425-07458-7), Berkley Publishing Company,
  • (en) Philip Jowett, Rays of the Rising Sun, Volume 1 : Japan's Asian Allies 1931-45, China and Manchukuo, Helion and Company Ltd., (ISBN 1-874622-21-3)
  • (en) Linda Grant De Pauw, Battle cries and lullabies : women in war from prehistory to the present, Norman, University of Oklahoma Press, , 395 p. (ISBN 0-8061-3288-4, lire en ligne)
  • (en) Lillian Lee, The Last Princess of Manchuria, William Morrow & Co;, (ISBN 0-688-10834-2)
  • (en) Willa Lou Woods, Princess Jin : The Joan of Arc of the Orient, World Publishing Company,
  • (en) Shinichi Yamamuro, Manchuria Under Japanese Domination, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, , 335 p. (ISBN 0-8122-3912-1, lire en ligne)
  • (en) Maureen Lindley, The private papers of Eastern Jewel, Bloomsbury, (ISBN 978-0-7475-9116-0)

Liens externes modifier