Yoka Lokole

groupe musical kino-congolais

Yoka Lokole est un groupe musical kino-congolais de soukous créé par Papa Wemba, Mavuela Somo et Bozi Boziana[1] en novembre 1975 à Kinshasa (république démocratique du Congo), lorsque ceux-ci se séparent d'Evoloko Lay Lay et du groupe Isifi Lokole (en). Le trio emmène avec lui le soliste Chora Mukoko et le lokoliste (percussionniste de l'instrument traditionnel lokole), Otis (Otess) Koyongonda, qui devient batteur[2].

Yoka Lokolé
Pays d'origine Drapeau du Zaïre Zaïre
Genre musical Rumba congolaise, soukous
Années actives Depuis 1975

De nouveaux musiciens, comme le bassiste Dada Kombe et le guitariste-rythmique Syriany Mbenza (ou Syriana), complètent l'ensemble[3].

Nom modifier

Yóká Lokole signifie « écoute le tam-tam » en lingala.

Histoire modifier

Le Yoka Lokole connaît un début musical lent. En effet, en cette fin de l'année 1975, le Zaïko Langa-Langa, que Papa Wemba, Evoloko Lay-Lay, Mavuela Somo et Bozi Boziana avaient quitté un an auparavant, réussit son retour au premier plan après une longue hibernation. L'Isifi Lokolé (en), qui se dénomme désormais Isifi Mélodia, sous la houlette du seul Evoloko Lay Lay, tourne très bien. En mars 1976, l'attaque-chant de Yoka Lokole, qu'on appelle à l'époque The Fania All-Stars, reçoit un renfort de taille avec l'arrivée de Mashakado Mbuta, qui vient de claquer les portes de Zaïko Langa-Langa. Et le grand succès ne se fait pas attendre.

En juin 1976, la chanson Matembelé Bangi de Papa Wemba caracole en tête des hit-parades congolais, et la danse Mashakado-Au-Pas de Yoka Lokole n'a de rival que le Choquez du Tout-Choc Zaïko Langa-Langa et le Lofimbo du groupe Isifi Mélodia[réf. nécessaire].

Les grandes vacances 1976 sont particulièrement chaudes. Les spectacles, sous forme de duel entre le Yoka Lokole et le Zaïko Langa-Langa, tiennent le public kinois en haleine au Ciné Palladium ou sur les podiums de la grande Foire de Kinshasa. En juin 1976 aussi, le chanteur Djo Issa, un autre show-man en provenance du groupe Stukas de Lita Bembo, rejoint le Yoka Lokole, qui, par la suite, lance successivement sur le marché des tubes comme Maloba Bakoko (Mavuela Somo), Mabita (Mbuta Mashakado), Lisuma Ya Zazu et Mama Walli (Papa Wemba) et Bana Kin (Mavuela Somo).

En , des querelles de gestion et de leadership apparaissent au grand jour dans le Yoka Lokole. L'arrestation de Papa Wemba en ce début de , pour avoir sorti la fille d'un général d'armée du régime Mobutu[pas clair], et son court emprisonnement à la prison centrale de Kinshasa, n'arrangent pas les choses. Tandis que le reste de Yoka Lokole fait une tournée dans le Bas-Congo pour réunir des fonds, Papa Wemba, encore en geôle, y voit un acte négligence et d'abandon par son propre groupe. À ce point, la crise est ouverte entre Papa Wemba, soutenus par ses proches et fans compatissants, et le Duo Mavuela-Mashakado, qui ont pris l'habitude, comme on sait le faire à Kinshasa, de revendiquer et d'afficher publiquement leurs origines kinoises, particulièrement avec la chanson Bana Kin (Mavuela) qui fait fureur en cette fin d'année 1976.

Vers la fin de , Shungu Wembadio (Papa Wemba) est libéré. Lorsqu'il essaye de rejoindre le Yoka Lokole dans un concert au 1-2-3, le fameux dancing-bar de Franco, ses compagnons lui signifient sa suspension du groupe ; c'est la dernière réunion du Yoka Lokole avec Papa Wemba. Puis on assiste à une querelle de noms, avec d'un côté le Yoka Lokole Aile-Mavuela, et de l'autre le Yoka Lokole Aile-Shungu. De guerre lasse, Papa Wemba opte, en , pour son nouveau groupe, Viva La Musica[4], nommé ainsi en l'honneur de son « cri de guerre », aux temps forts de Yoka Lokole.

Au début de l'année 1977, le Yoka Lokole perd aussi le guitariste Syriana et le batteur Otis, qui suivent Papa Wemba dans Viva La Musica. En renfort, le Yoka Lokole recrute le chanteur Kanza Bayone (le ténor de l'orchestre Kiam), le guitariste rythmique Sec Bidens et le batteur gabonais Baroza De Gabonia (qui était alors étudiant à l'École des Beaux-Arts de Kinshasa). C'est le temps de la célèbre danse Mékroumé. Pendant trois mois, le groupe évolue aussi sans Mashakado Mbuta, qui accompagne Tabu Ley Rochereau, et une sélection musicale du Zaïre au Festival International de Lagos 1977 au Nigeria, sélection qui comprend le soliste Manuaku Waku ainsi que les chanteurs N'Yoka Longo et Likinga Redo, du groupe Zaïko Langa-Langa.

Pendant ce temps, Papa Wemba et son Viva La Musica font un début foudroyant sur la scène musicale du Zaïre et de l'Afrique Centrale. L'énorme succès de Viva La Musica met en difficulté tous les orchestres en vue au Zaïre, en dehors de l'OK Jazz de Franco et de l'Afrisa de Rochereau ; le Yoka Lokole n'y échappe pas. D'après une rumeur, à Kinshasa, le duo Mavuela-Mashakado, en s'attaquant directement et publiquement aux non-natifs de Kinshasa (mowuta en lingala), par la personne de Papa Wemba en particulier, se serait fait beaucoup d'ennemis de pouvoir, qui ont toujours conservé à Kinshasa de grands pouvoirs financiers, politiques et occultes, largement capables de faire et défaire des orchestres en fonction des mœurs et des courants politiques.

Sentant le vent tourner, Bozi Boziana, malgré le succès du single Mandolina, en , est le premier à quitter le Yoka Lokole, début . Il fait du zong-zing (collaboration musicale en dehors des orchestres) avec Efonge Gina durant deux mois environ. Ensemble, ils composent deux chansons : Selemani (Bozi) et Libanko Ya Ngai (Gina), qui marchent bien[réf. nécessaire]. Mais quand le poète Gina, encouragé par ce succès, quitte à son tour le Zaïko Langa-Langa pour créer son propre ensemble Tout Grand Libanko, en , c'est le même Bozi qui prend sa place dans le Zaïko Langa-Langa. Lorsque Mbuta Mashakado revient de Lagos (Nigeria) en , la situation générale du groupe Yoka Lokole n'est pas rose. Le Zaïko Langa-Langa, également en perte de vitesse, et sans véritable show-man pour faire contre-poids au succès de Viva La Musica, fait ouvertement appel à Mbuta Mashakado. Ce dernier ne résiste pas longtemps, et rejoint le Zaïko Langa-Langa en , en criant Na Canaille Kaka (« qu'il le veuille ou non »).

Après ces départs, Mavuela devient le seul maître de l'orchestre Yoka Lokole, qui recrute de nouvelles figures comme le guitariste soliste Packi Lutula (un ancien pilier de l'orchestre Tabu National, avec son frère Eugène Lutula, Ikomo Djodjo, Espérant Kisangani et d'autres), les chanteurs Fabrice Fanfan (Fafa de Molokai), Shimita Lukombo El Diego, Lifelo Moto Moto (un transfuge d'Isifi Mélodia), Aimédo batteur (un transfuge de l'orchestre Libanko) et les frères Fataki. Le groupe sort successivement des chansons de bonne facture, comme Testament (Mavuela, ), Tubela (Mavuela, ), qui se vendent bien sans cartonner dans les hit-parades[réf. nécessaire]. C'est l'époque où le Yoka Lokole revient à la charge avec la danse Skylab (prononcé ska-i-lab).

Après cette vague, le Yoka Lokole, sous la direction intérimaire du guitariste Sec-Bidens, disparaît progressivement de la scène musicale lorsque Mavuela Somo, encouragé par une première tournée solo au Gabon en , décide de poursuivre sa carrière seul en 1979.

Références modifier

  1. Alvin Matanda, « RDC : Siméon Mavuela, ancien de l’orchestre Zaiko Langa Langa est décédé », sur musicinafrica.net, (consulté le )
  2. « Congo - In Memoriam MBUTA MASHAKADO », sur Congopage, (consulté le )
  3. Majoie Kisalasala, « Yoka Lokolé ou The Fania All Stars, la guerre des étoiles ! », sur Vraiethematique, (consulté le )
  4. « Papa Wemba : podcasts et actualités | Page 2 », sur Radio France (consulté le )

Article connexe modifier