Yalta

ville en Crimée

Yalta
(ru)(uk) Ялта
(crh) Yalta
Blason de Yalta
Héraldique
Drapeau de Yalta
Drapeau
Yalta
vue de Yalta
Administration
Pays Drapeau de l'Ukraine Ukraine (de jure)
Drapeau de la Russie Russie (de facto)
Subdivision Drapeau de la Crimée Crimée[rev 1]
Maire Ivan Imgrunt
Code postal 298600 — 298639
Démographie
Population 74 652 hab. (2021)
Densité 2 639 hab./km2
Géographie
Coordonnées 44° 29′ nord, 34° 10′ est
Altitude 0-100 m
Superficie 2 829 ha = 28,29 km2
Fuseau horaire UTC+03:00
Divers
Fondation XIIe siècle
Localisation
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Yalta
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Yalta
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Yalta

Listes de villes de Russie et d'Ukraine
  1. La république de Crimée (selon le droit russe) ou la république autonome de Crimée (selon le droit ukrainien).

Yalta (en russe et en ukrainien : Ялта ; en tatar de Crimée : Yaltı, litt. « alpage ») est une ville, russe de facto depuis l’annexion non reconnue internationalement de 2014, ukrainienne de jure d'après le droit international[1],[2], située dans la péninsule de Crimée[3], au bord de la mer Noire, à 51 km au sud de Simferopol. C'est une station balnéaire entourée de montagnes boisées, qui jouit d'un agréable climat pontique, favorable aux vignobles et aux vergers. Elle comptait 78 115 habitants en 2013 et 74 652 en 2021 ; son agglomération, le « Grand Yalta », en compte environ 150 000.

La ville est devenue célèbre pour avoir accueilli la conférence de Yalta, du 4 au , réunissant les principaux responsables de l'Union soviétique (Joseph Staline), du Royaume-Uni (Winston Churchill) et des États-Unis (Franklin D. Roosevelt) pour ce qui fut décrit comme le « partage du monde entre puissant » entre les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale.

Étymologie modifier

Le terme « Grand Yalta » est utilisé pour désigner une partie de la côte sud de Crimée s'étendant de Foros à l'ouest jusqu'à Gourzouf à l'est et incluant la ville de Yalta et les implantations urbaines adjacentes qui se multiplient.

Les noms anciens de la ville, Etalita, Galita ou Jalita peuvent provenir soit du grec pontique γιαλος : gialos signifiant « rivage », soit du tatar yaltı signifiant « alpage », à l'instar du mont éponyme Yaltı Dağ (transcrit Yalta-dagh) qui la domine.

Histoire modifier

 
Le yacht impérial russe Chtandart à Yalta (1917).

Selon la transcription usuelle du russe en français, Yalta domine largement dans les sources francophones où la forme Ialta ne se rencontre que rarement. Après avoir subi de nombreuses destructions (occupation allemande durant les deux Guerres mondiales, guerre civile russe, famines, massacres, purges, déportations, Shoah…), la ville a retrouvé l'ambiance d'une station balnéaire de la Belle Époque, qu'elle avait initialement. Voir la peinture de Carlo Bossoli, Yalta en 1856. En 1916, pendant la Première Guerre mondiale, des studios cinématographiques se développent à Yalta. Ils deviendront par la suite Yalta films, structure du cinéma soviétique qui existe encore au XXIe siècle.

À la suite de l'attaque allemande contre l'URSS, les troupes allemandes entrent dans Yalta le [4]. Les occupants créent un ghetto juif et y massent toute la population juive de la ville (4 500 personnes environ). Elle y survit difficilement jusqu'au , lorsqu'elle est conduite dans la région de Massandra où tous les membres de cette communauté sont abattus[5],[6].

 
Yalta, Department of Image Collections, National Gallery of Art Library, Washington, DC

De 1941 à 1944, les positions allemandes de Yalta subissent à plusieurs reprises des bombardements de la flotte soviétique de la mer Noire et de l'aviation.

La ville est libérée en .

Du 4 au s'y tient la 18-ème conférence interalliée dite Conférence de Yalta, qui réunit les chefs d'État des États-Unis (Franklin D. Roosevelt), de l'URSS (Joseph Staline) et du Royaume-Uni (Winston Churchill).

Contrairement au reste de l'Union soviétique, Yalta fut épargnée par les famines d'après-guerre et les difficultés économiques inhérentes à l'économie soviétique, car, fréquentée par les hauts responsables du parti unique, du gouvernement, de l'armée et de la police politique, elle était toujours bien approvisionnée et entretenue. Le , Nikita Khrouchtchev détache l'oblast de Crimée de la Russie et l'attribue (à l'exception de Sébastopol) à la République socialiste soviétique d'Ukraine[7]. À la dislocation de l'URSS, qui représenta pour la ville une dégradation économique, Yalta se retrouve donc ukrainienne, mais la population accepte cette situation tant que l'Ukraine est gouvernée par des présidents pro-russes comme Leonid Kravtchouk, Leonid Koutchma ou Viktor Ianoukovytch.

En revanche, lorsque l'Ukraine se rapproche de l'Union européenne, l'armée russe envahit et occupe la Crimée le 28 février 2014. Le 16 mars suivant, les autorités nouvellement installées par les forces russes organisent un référendum illégal et non reconnu par l'ONU et par l'Ukraine[8],[9] et marqué par des allégations de fraude[10]. D'après les autorités, 97% des électeurs (avec une participation électorale de 83% en Crimée) votent en faveur de l'indépendance de la Crimée et de son rattachement immédiat à la Russie. La Russie reconnait l'indépendance de la Crimée le lendemain[11], et avalise son rattachement à la Russie le 18 mars 2014[12]. Yalta, et le reste de la Crimée, sont depuis lors considérées par une majorité de la communauté internationale comme une région d'Ukraine illégalement occupée par la Russie[13].

La conférence de Yalta modifier

 
Churchill, Roosevelt et Staline à la conférence (1945).

La conférence de Yalta se déroule du 4 au . L'idée qu'elle serait celle du « partage du monde » entre les Alliés est un point de vue largement diffusé par les sources secondaires, mais que beaucoup d'historiens ne partagent pas, car Yalta ne fait qu'entériner les décisions de la quatrième conférence de Moscou dite « conférence Tolstoï » en , qui elle-même précisait par écrit des zones d'influence déjà évoquées verbalement à la conférence de Téhéran, dès 1943[14],[15].

Par ailleurs, Yalta n'entérine pas seulement les zones d'influence mais aussi le principe de la création de l'Organisation des Nations unies, en remplacement de la Société des Nations, adopté à la conférence de Dumbarton Oaks du au .

Enfin, la « Déclaration sur l'Europe libérée » de Yalta affirme, conformément à la charte de l'Atlantique, le « droit de tous les peuples à choisir leur mode de gouvernement ». Cette déclaration ajoute que l'aide internationale serait accessible à tous les États européens, quelle qu'ait été l'attitude de leurs gouvernements face au Troisième Reich, ce qui inclut l'URSS elle-même en dépit du pacte germano-soviétique, la France en dépit de Vichy et les anciens membres de l'Axe.

La division de l'Europe ne découle donc pas directement des accords de Yalta, transgresse le principe d'auto-détermination prévu dans ces accords, et débouche sur la guerre froide lorsque Staline impose aux pays d'Europe orientale occupés par l'Armée rouge des gouvernements totalitaires à parti unique, auto-proclamés « démocraties populaires » mais que les historiens appellent « pays communistes » et les géographes, « bloc de l'Est ». Ce système se disloque en 1989-1991[14].

Le Yalta contemporain modifier

 
Vue de Yalta à partir de la côte de la mer Noire.
 
Promenade de Yalta (Naberejnaïa, ou quai Lénine), bordée par de nombreux hôtels, restaurants et cafés.

Après être devenue ukrainienne en 1991, la ville de Yalta connaît des moments difficiles sur le plan économique. Un grand nombre de « nouveaux riches » lui préférant d'autres stations touristiques européennes mieux équipées, tandis que la population locale voit son niveau de vie baisser.

Ce n'est que vers la fin des années 1990 que la situation commence à s'améliorer ; mais les incertitudes liées à la crise économique mondiale de 2008 conduisent à de nouvelles difficultés économiques.

En l'absence de tout équivalent de la « loi littoral » française, le développement de Yalta s'accompagne d'une frénésie de constructions, avec son cortège de spéculations immobilières[16].

Population modifier

Recensements (*) ou estimations de la population[17] :

Évolution démographique
1805 1897* 1923* 1926* 1939*
30013 15518 34528 75832 683
1959* 1970* 1979* 1989* 2001*
43 99462 17080 09888 54981 140
2009 2010 2011 2012 2013
78 58478 33478 03278 04078 115
2021 - - - -
74 652----

Climat modifier

Le climat de Yalta est pontique, une variante tempérée à nuances subtropicales que les climatologues classent parmi les climats « Cfa + Cfb + Csa »[18], [19].

Normales et records pour la période 1991-2020 à Yalta
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 2,5 2,2 4,1 8,1 13,1 18,1 21,1 21,5 16,8 11,7 7,2 4,1 10,9
Température moyenne (°C) 4,6 4,6 6,8 11,1 16,4 21,6 24,8 25 20,1 14,6 9,7 6,3 13,8
Température maximale moyenne (°C) 7,4 7,7 10,4 14,8 20,5 25,7 29,1 29,4 24,2 18,3 12,8 8,9 17,4
Record de froid (°C)
date du record
−12,2
1950
−12,3
1985
−7,3
1985
−3,8
2004
2,8
1952
7,8
1958
12,4
1985
10
1960
3,9
1951
−1,1
1951
−8,9
1953
−7,4
2002
−12,3
1985
Record de chaleur (°C)
date du record
17,8
1958
20,2
2017
27,8
1952
28,5
2004
33
1993
35
2016
39,1
1998
39,1
2010
33,2
1987
31,5
1999
25,2
2001
22
1976
39,1
1998
Ensoleillement (h) 68,6 85,1 133,3 174,9 239,2 273,2 308,1 280,6 216,2 145,1 89,3 63,2 2 076,8
Précipitations (mm) 76 56 48 29 36 35 32 43 43 52 57 84 591
dont neige (cm) 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3
Record de pluie en 24 h (mm)
date du record
97
1998
87
1893
59
1940
39
1969
48
1951
134
2021
94
1906
94
1919
74
2018
90
1990
95
1925
100
1999
134
2021
Nombre de jours avec précipitations 14 12 13 12 11 10 8 7 10 10 12 15 134
Humidité relative (%) 76 73 73 72 69 68 62 61 65 71 75 75 70
Nombre de jours avec neige 6 6 4 0,2 0 0 0 0 0 0 1 3 20
Nombre de jours d'orage 0,2 0,2 0,1 1 3 6 6 6 4 1 1 0,3 29
Nombre de jours avec brouillard 1 1 2 3 2 1 0 0,1 0,04 0 1 0 11
Source : Погода и Климат[20].WMO[21].
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
7,4
2,5
76
 
 
 
7,7
2,2
56
 
 
 
10,4
4,1
48
 
 
 
14,8
8,1
29
 
 
 
20,5
13,1
36
 
 
 
25,7
18,1
35
 
 
 
29,1
21,1
32
 
 
 
29,4
21,5
43
 
 
 
24,2
16,8
43
 
 
 
18,3
11,7
52
 
 
 
12,8
7,2
57
 
 
 
8,9
4,1
84
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Administration modifier

La ville de Yalta fait partie de la municipalité de Yalta, qui est l'une des 25 subdivisions administratives de la république de Crimée, sujet autonome de la Russie, depuis l’annexion non reconnue internationalement.

Culture et monuments modifier

Galerie d'images modifier

Personnalités modifier

Jumelages modifier

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/ukraine/evenements/article/ukraine-4eme-anniversaire-de-l-annexion-de-la-crimee-et-de-sebastopol-18-03-18
  2. [1]
  3. [2].
  4. « Sur les rives de la mer Noire » - Journal Les Actualités Mondiales - [3]
  5. Дегтярь М., « Расстрел » [archive du ], lechaim.ru,‎ published (consulté le )
  6. [vidéo] Репортаж о гетто в Ялте sur YouTube
  7. Thomas Snégaroff, « 1954: la Crimée, ce "cadeau" empoisonné de Khrouchtchev à l'Ukraine », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  8. « La Crimée demande officiellement son rattachement à la Russie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. [4]
  10. (en) Paul Roderick Gregory, « Putin's 'Human Rights Council' Accidentally Posts Real Crimean Election Results », sur Forbes (consulté le )
  11. (en) « Executive Order on recognising Republic of Crimea », sur President of Russia, (consulté le )
  12. (en-GB) « Ukraine crisis: Putin signs Russia-Crimea treaty », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) « U.N. General Assembly declares Crimea secession vote invalid », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. a et b Pascal Boniface, Le Grand Livre de la géopolitique : Les relations internationales depuis 1945 - Défis, conflits, tendances, problématiques , Éditions Eyrolles, 2014, encart : quelques idées reçues sur la Conférence de Yalta
  15. André Kaspi, Nicole Pietri, Ralph Schor, La Seconde Guerre mondiale : Chronologie commentée, Synthèses Historiques, Éditeur EDI8, 2011 passage : Conférence de Moscou
  16. Certains appartements se vendent jusqu'à 6 000 euros le mètre carré.
  17. « Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org(uk) « Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2010, 2011 et 2012 », sur database.ukrcensus.gov.ua« Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2011, 2012 et 2013 », sur database.ukrcensus.gov.ua
  18. [5]
  19. [6].
  20. (ru) « Климатические таблицы. Данные для Ялты. », Погода и Климат (consulté le ).
  21. (en) « World Meteorological Organization Climate Normals for 1981–2010 », WMO (consulté le ).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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