Wikipédia:Lumière sur/s:L'inconnue

Peu d'instants lui avaient suffi pour s'accoutumer au resplendissement de la salle. Mais, aux premières notes de la Malibran, son âme avait tressailli; la salle avait disparu. L'habitude du silence de bois, du vent rauque des écueils, du bruit de l'eau sur les pierres des torrents et des graves tombées du crépuscule, avait élevé en poète ce fier jeune homme, et, dans le timbre de la voix qu'il entendait, il lui semblait que l'âme de ces choses lui envoyait la prière lointaine de revenir.

Au moment où, transporté d'enthousiasme, il applaudissait l'artiste inspirée, ses mains demeurèrent en suspens; il resta immobile.

Au balcon d'une loge venait d'apparaître une jeune femme d'une grande beauté...

Auguste de Villiers de L'Isle-Adam (1838-1889) - Contes cruels (1883)/ L'inconnue.


Wikisource
Wikisource