Wikipédia:Lumière sur/Constitution de la République romaine

La constitution de la République romaine, ou mos maiorum (mot latin désignant les « coutumes des ancêtres ») est un ensemble tacite de directives et de principes en constante évolution qui se transmet oralement. Plutôt que de créer un gouvernement sous forme de démocratie (comme ce fut le cas pour Athènes), une aristocratie (Spartes) ou une monarchie (comme pour Rome avant et après la République), la constitution romaine mélange ces trois éléments, créant ainsi trois branches différentes de gouvernement. La partie démocratique prend la forme d’assemblées législatives, la partie aristocratique est incarnée par le Sénat et enfin la partie monarchique se retrouve dans le pouvoir exécutif des nombreux magistrats aux mandats limités. L’harmonie de la constitution repose sur un équilibre fragile entre ces trois branches.

La source fondamentale de souveraineté dans cette république antique, comme pour les républiques modernes, est le demos (peuple). Le peuple de Rome se rassemble en assemblées législatives pour ratifier les lois et élire les magistrats de l’exécutif. L’élection à une magistrature entraîne automatiquement son intégration au Sénat (à vie, à moins que cette intégration soit remise en cause). Le Sénat s’occupe des affaires quotidiennes de Rome, et ses membres président les tribunaux. Les magistrats font respecter la loi, convoquent et président le Sénat et les assemblées législatives. Les trois branches du gouvernement s’équilibre et se contrôlent mutuellement, de façon à minimiser les risques de tyrannie et de corruption et à maximiser la probabilité de former un bon gouvernement.

Néanmoins, la séparation des pouvoirs entre ces trois branches n’est pas systématique. Il y a ainsi de fréquents usages d’outils constitutionnels qui ne sont pas en harmonie avec l’esprit de la constitution romaine. L’équilibre constitutionnel a été rompu la première fois en faveur de l’élément démocratique pendant les tribunats de Tiberius et Caius Sempronius Gracchus. Quarante ans plus tard, pour répondre à la crise constitutionnelle amorcée par les Gracques, le dictateur Lucius Cornelius Sulla transfère de façon radicale le pouvoir de l’élément démocratique (les assemblées législatives) vers l’élément aristocratique (le Sénat). Durant les quarante années suivantes, ce déséquilibre constitutionnel continue de se détériorer comme il dérive ostensiblement vers la formation de dictatures militaires. Cette crise constitutionnelle conduit finalement à l’écroulement de la République romaine et son évolution en une forme de gouvernement autocratique qui sera plus tard appelé « Empire romain ».

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