Wakō

pirates japonais connus pour leur méfaits en Asie

Les wakō (倭寇?), chinois : 倭寇 ; pinyin : wōkòu ; litt. « bandit japonais ou bandit nain » et coréen : 왜구 waegu (hanja : 倭寇) sont des pirates japonais qui pillaient les côtes chinoises et coréennes du XIIIe siècle au XVIe siècle.

Raids des wakō sur la Chine et la Corée au XVIe siècle.

Age d'or modifier

Avec les difficultés politiques de la Chine et le déclin de l'autorité centrale à la fin du XIIIe siècle, le nombre de pirates japonais s'accrut le long de la côte chinoise, voyageant à bord de navires pouvant transporter environ 300 hommes. La piraterie connaît un essor important dans la seconde moitié du XIVe siècle[1]. Rapidement, leur témérité s'accrut, d'autant qu'il était difficile pour les Chinois de surveiller efficacement leur immense façade littorale. De fait, les raids des wakō pénétraient assez profondément à l'intérieur des terres et ravageaient des villages entiers.

Leur action atteignit son paroxysme vers les années 1550, du fait de l'intensification de la guerre civile japonaise entre les daimyos (voir la période de Sengoku)[1]. À cette époque se constituèrent ainsi de puissantes flottes wakō, capables de piller régulièrement des villes comme Ningpo et Shanghai, et de remonter le cours du Yangtsé. Elles finirent même par se retrouver en Thaïlande, en Birmanie et en Inde[2].

Mais les wakō servirent aussi des intérêts politiques et commerciaux. En effet, à cette époque, il n'était pas rare que l'on fît appel à eux pour régler des différends entre daimyos ; surtout, lorsque les Chinois résilièrent les privilèges commerciaux des Japonais, ces derniers, pour assurer leurs profits, n'hésitèrent pas à recourir à la force pour se servir eux-mêmes.

Si à l'origine les wakō étaient tous japonais, au cours du XVIe siècle, de plus en plus de membres d'équipage wakō étaient d'origine chinoise et coréenne[1]. L'île de Taïwan (Formose) fut une grande base d'opération des pirates jusqu'au XVIIe siècle[3].

Le déclin modifier

En 1559, les nuisances et déprédations constantes des wakō poussèrent la Chine à envoyer le général chinois Ch'i Chi-Kuang, qui lança une grande campagne pour éradiquer ce fléau. Mais les wakō ne furent jugulés que vers 1567[1].

Pour améliorer leur lutte contre ces pirates, le cartographe chinois Zheng Ruozeng traça une carte détaillée des côtes chinoises de la péninsule du Jiaodong au nord, à l'actuelle province du Guangdong, au sud. Il utilisa également les témoignages des victimes des wakō, les prisonniers wakō, et les marchands étant partis à Nagasaki, pour tracer des cartes des côtes du Japon. Il compléta cette collection en 1561, sous le nom de Riben tu zuan (日本图纂 / 日本圖纂, Rìběn tú zuǎn, « Compilation de cartes du Japon »)[4].

Toyotomi Hideyoshi joua un grand rôle dans le déclin des wakō[1]. Deux mesures ont eu une importance particulière contre eux. La première est le katanagari (« chasse à l'épée »), c'est-à-dire la confiscation des armes des opposants potentiels au pouvoir de Hideyoshi, qui eut lieu en 1588. Ainsi tous les daimyos dont la loyauté à Hideyoshi était remise en cause pouvaient se voir confisquer leurs armes. Cette mesure rendit très difficile l'approvisionnement en armes pour les wakō. La deuxième mesure, moins connue, menaçait tous les daimyos qui aideraient les wakō d'une confiscation de leur han (fief).

L'arrivée des Portugais à Macao joua aussi un rôle contre les wakō[1]. Portugais et Chinois s'entendirent en effet pour les éradiquer. Un document de 1564 parlant d'une attaque conjointe entre Chinois et Portugais dans le delta de la Rivière des perles a été retrouvé. La présence des navires portugais a aussi entraîné la baisse de la rigidité de la réglementation sur le commerce.

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f Pierre-François Souyri, « 《Wakô》, les maîtres de la mer de Chine », L'Histoire, no 500,‎ , p. 46-47.
  2. John Darwin, Une histoire globale des empires: Après Tamerlan, de 1400 à nos jours, Paris, Nouveau monde éditions, , 719 p. (ISBN 9782380940121)
  3. (en) « Middle Age Piracy », sur www.piratesinfo.com (consulté le ).
  4. Fogel 2015, p. 310.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier