Volcan de boue

formation géologique résultant de l’expulsion de gaz, d’hydrocarbures légers et de boues

Un volcan de boue ou volcan d'asphalte, souvent associé à une salse émettant de l'eau salée, est une formation géologique en général de taille modeste. Les plus grands connus ont toutefois 10 km de diamètre et atteignent 600 mètres de hauteur. Plus de 2 500 sont répertoriés dans le monde.

Volcan de boue à Berca.

Description modifier

 
Volcan de boue sur la Trinité (île).

Ces formations de boues, autrefois appelés salses lorsqu'ils paraissaient de taille modeste[1], sont la conséquence de l'expulsion de :

  • gaz souvent abondant, principalement à base de méthane et d'hydrocarbures légers, mais également du dioxyde de carbone et de l'azote avec de la vapeur d'eau assez chaude ;
  • boue, c'est-à-dire d'argiles et d'eau.

L'eau est souvent chargée de sels minéraux, qui la rendent acide ou salée. Les petites salses étaient nommées salinelles, lorsque les émanations salées, voire argileuses, étaient exploitables pour l'industrie céramique et verrière. La sortie continuelle de boues édifie, par ces coulées successives plus ou moins lentes, des collines argileuses, très souvent salées ou imprégnées d'hydrocarbures. La boue qui continue de s'épancher à la partie supérieure par petits cônes constitue des champs de boues. Ainsi se formaient à la Belle Époque les remarquables salses du Caucase, en particulier de Bakou, se déployant sur 150 à 400 mètres, émettant des gaz d'hydrocarbures légers et recelant du pétrole ou combustible à base d'hydrocarbures plus lourds. Il en existe aussi en divers sites en Crimée, le long de la mer d'Azov, dans de nombreuses localités en Italie centrale, en Sicile, à Tara[Où ?], etc.

On trouve également des volcans de sédiments encore actifs sous l'eau, dont devant certains estuaires, dans certaines baies, ou dans l'extrême nord de la mer du Nord par exemple[2]. Ils peuvent mesurer plus de 1 km de diamètre (plus d'une vingtaine au nord de la mer du Nord) et former des monts sous-marins.

Mécanisme modifier

Le mécanisme est identique à celui des volcans ignés. Quand la cohésion et la pression des roches au-dessus du réservoir deviennent insuffisantes, les gaz se frayent un chemin à travers celles-ci en entraînant des solides et des fluides. Au cours de la montée, les fluides dégazent en raison de la baisse de pression, produisant une émulsion de densité beaucoup plus faible qui accélère le mouvement par l'effet de la poussée d'Archimède et diminue encore la pression au-dessus du réservoir.

L'éruption de boues s'accompagne généralement d'une ignition des gaz, pouvant former des flammes de plusieurs centaines de mètres de haut, et pour les plus importants d'entre eux, de la création de fissures géologiques[3].

Occurrences modifier

Sur Terre modifier

En 2018, 2 508 volcans de boue, répartis sur 42 zones géographiques différentes, étaient répertoriés dans le monde. Parmi les zones les plus riches en volcan, on compte l'Azerbaïdjan, le versant ouest du Bassin sud-caspien, la Méditerranée orientale (zone de subduction et delta du Nil), Trinidad et sa zone maritime orientale, la Chine, les États-Unis (Golfe du Mexique et sa côte, Barbade et Petites Antilles), avec de nombreuses autres zones comportant moins de 100 volcans[3].

Sur Mars modifier

Divers reliefs de Mars, dans les lowlands comme dans les highlands et aussi au fond de Valles Marineris, sont attribués à un volcanisme de boue[4].

Exemples modifier

 
Volcan de boue près de Goloubitskaïa au bord de la mer d'Azov en Russie.

Le cas Sidoarjo modifier

Le , un nouveau volcan de boue est apparu en Indonésie, pendant, et peut-être à cause d'un forage pétrolier mené par la compagnie pétrolière indonésienne PT Lapindo Brantas.

En août 2006, il produisait quotidiennement environ 50 000 m3 de boue à 60 °C.

Les quantités ont augmenté depuis pour atteindre 125 000 m3 en septembre et 175 000 m3 en provoquant le déplacement forcé de plus de 13 000 personnes, 8 000 maisons, 18 écoles, 25 entreprises.

Notes et références modifier

  1. La salse provient de l'adjectif latin substantivé salsus, signifiant salé. Elle était définie, improprement, comme un « petit volcan actif » émettant de la boue salée avec des gaz abondants assez chauds. Ainsi les salses des environs de l'Etna...
  2. Geir Ottersen & Jo Anders Auran, Helhetlig forvaltningsplan for Norskehavet : Arealrapport med miljø- og naturressursbeskrivelse (Plan global de gestion pour la mer de Norvège ; Rapport sur les zones et ressources environnementales et naturelles), voir Figure/carte A.6.8. et Figure A.6.9., 15/10 2007, no 6/2007 page 60/165.
  3. a et b (en) Baloglanov E.E., Abbasov O.R. et Akhundov R.V, « Mud volcanoes of the world: Classifications, activities and environmental hazard (informational-analytical review) », European Journal of Natural History, no 5,‎ , p. 12-26 (lire en ligne).
  4. (en) Angela M. Dapremont et James J. Wray, « Insights into Mars mud volcanism using visible and near-infrared spectroscopy », Icarus, vol. 359,‎ , article no 114299 (DOI 10.1016/j.icarus.2020.114299).

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Frédéric Dubois de Montpéreux, Voyage autour du Caucase: chez les Tcherkesses et les Abkhases en Colchide, en Géorgie, en Arménie et en Crimée, tome 3, annales des voyages, Librairie de Gide, Paris, 1839, en particulier page 86.
  • Charles de Lysakowski, « L'éruption de Kvareli et les salses du Caucase et de la Crimée », Bulletin de la Société astronomique de France et Revue Mensuelle d'Astronomie, de Météorologie et de Physique du Globe, vol. 22, pp. 43-47 article sur le Smithsonian center for Astronomy and Physics
  • M. Rozet, résumé des travaux de la Société géologique de France et des progrès de la géologie en France du au , in Bulletin de la Société géologique de France, Paris, tome 6, 1834-1835, en particulier source de pétrole.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier