Viriate

chef des Lusitaniens révoltés

Viriate
Viriatus (la), Viriato (pt + es)
Viriate
Statue de Viriate à Zamora (Espagne) avec l'inscription latine « TERROR ROMANORUM  » (la Terreur des Romains).

Naissance v.
Folgosinho, Serra da Estrela
Décès (à 41 ans)
Origine Lusitanien
Grade « Roi des lusitaniens »
(Chef de guerre)
Années de service
Conflits Guerre lusitanienne

Viriate ou Viriathe (en français, Viriatus ou Viriathus en latin, Viriato en portugais, en espagnol et en italien, Viriathus en allemand et en anglais), né vers et mort en est le plus important dirigeant du peuple lusitanien qui résista à l'expansion romaine dans l'ouest de la péninsule ibérique où la province romaine de Lusitanie sera finalement établie après la conquête.

Il apparaît sur la scène historique lors du massacre des Lusitaniens par le préteur romain Servius Sulpicius Galba en , auquel il survit.

Biographie modifier

Origine modifier

La date et le lieu de sa naissance ne sont pas connus avec certitude : son origine pourrait correspondre au territoire actuel du Portugal ou à celui de l'Espagne. Certains habitants[1] identifient son lieu de naissance comme étant Folgosinho (pt), un village de bergers dans la Serra da Estrela.

Action modifier

À partir de , les Lusitaniens sont en guerre avec les Romains : en , le préteur Servius Galba les massacre perfidement. À la tête des survivants se trouvait Viriate, un pâtre doté d'une capacité physique et morale qui réussit à rassembler un groupe de brigands armés[2]. Viriate se révèle excellent tacticien et prend progressivement la tête des différentes troupes lusitaniennes. Il commence alors une lutte sans merci contre les troupes romaines. Il connut son premier succès en , parvenant à faire s'échapper des troupes lusitaniennes encerclées par les Romains, et voués à une fin certaine. Ce coup d'éclat lui permit de prendre la direction générale des opérations militaires, transformant ce conflit, qui n'était jusque-là qu'une suite d'escarmouches ou de batailles isolées, sans liens entre elles, en une véritable campagne militaire de grande ampleur.

Durant les deux années qui suivirent, il prit avec ses troupes le contrôle effectif d'un territoire considérable, les défaites romaines se succédant. Ces victoires, amplement fêtées et dont l'annonce était répandue par les Lusitaniens eux-mêmes partout dans la péninsule Ibérique, encouragèrent les Celtibères à reprendre leur résistance face à Rome, et à ouvrir un nouveau front au nord-ouest de la péninsule Ibérique[3].

 
José de Madrazo, La mort de Viriate.

Le Sénat romain, tentant de prendre la mesure des événements, et allégé du « fardeau carthaginois » (la cité de Carthage fut détruite en ), y envoya une nouvelle armée qui n'eut guère plus de succès que les précédentes, et qui fut remplacée au bout de deux ans par une autre commandée par Quintus Fabius Maximus Servilianus.

Celui-ci parvint à saper les fondements du pouvoir de Viriate dans la zone qu'il contrôlait au sud-ouest de la péninsule, mais fut pris au piège dans une des grandes œuvres stratégiques du chef lusitanien. Cet événement marqua le tournant de la guerre en cours : l'armée romaine à sa merci, Viriate pouvait accomplir un massacre retentissant, ce qui lui aurait conféré une gloire immédiate, mais une implacable riposte de Rome. Il tenta donc de créer une porte de sortie au conflit, se servit de sa position de force pour négocier et signer une paix qui garantissait des territoires indépendants aux Lusitaniens, ainsi que la reconnaissance de Viriate comme « ami et allié du peuple romain des Quirites » (titre hautement honorifique que les Romains ne conféraient que rarement et notamment à des rois étrangers) pour cet acte de clémence.

Néanmoins, en , le successeur de Servilianus, Quintus Servilius Caepio, avec l'accord tacite du Sénat romain, reprit les armes.

Viriate, probablement contesté par ses partisans fatigués de la guerre, entama des négociations avec Quintus Servilius Caepio qui, toujours en , mit fin au conflit en soudoyant des traîtres qui assassinèrent Viriate durant son sommeil. Il est rapporté que ce sont les ambassadeurs de Viriathe pour les négociations (Audax, Ditalcus et Minurus) qui commirent cette traîtrise[3]. Quand les félons revinrent chercher leur or, les Romains, reniant leurs accords, les exécutèrent et prononcèrent la célèbre phrase « Roma traditoribus non praemiat » (Rome ne récompense pas les traîtres)[4].

Après sa mort, son « royaume » s'effondra et la résistance celtibère fut définitivement vaincue avec la chute de Numance en

Bibliographie modifier

  • Mauricio Pastor Muñoz (trad. de l'espagnol), Viriate : la lutte pour la liberté, Paris, Pluvia Nocturna, , 160 p. (ISBN 978-2-917735-01-5).
  • (es) José María Gómez Fraile, Precisiones sobre el escenario geográfico de las guerras lusitanas (155-136 a.v. J.-C.). A propósito de la presencia de Viriato en Carpetania». Habis (36) : 125-144, .
  • (es) Francisco Javier Gómez Espelosín, Guerras ibéricas. Aníbal. traducido de la obra de Apiano, Alianza Editorial, , 248 p. (ISBN 978-84-206-6070-7).
  • (es) Pablo Paniego Díaz, La guerra en la Beturia céltica : del siglo V a. C. a la muerte de Viriato, Revista Historia Autónoma, .
  • (en) A Dictionary of Greek and Roman biography and mythology : Viriathus, William Smith (lire en ligne).
  • Bergaoui Malek, « La guerre irrégulière dans l'Antiquité : le cas des Lusitaniens (IIe siècle av. J.-C.) », dans La Revue d'Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d'Histoire Militaire, 2022 (lire en ligne).

Notes et références modifier

  1. Manuel Neves, « Viriathe est là : quand le héros antique s’invite dans le présent », émulations,‎ (lire en ligne).
  2. Appien, De rebus Hispaniensibus, p.  63 et suivantes.
  3. a et b (it) « Viriato nell'Enciclopedia Treccani », sur treccani.it (consulté le ).
  4. PastorMuñoz2009, p. 41.

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