Virginie Martin

politologue et professeure-chercheuse française

Virginie Martin, née en 1967[1], est une politologue française, professeure chercheuse à Kedge Business School. Elle est co-présidente du Conseil Scientifique de la Revue politique et parlementaire.

Virginie Martin
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Membre du Conseil économique, social et environnemental
depuis le
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Directeur de thèse
Distinction

Son dernier ouvrage paraît en août 2021 ; il y est proposé une plongée dans le monde des séries. L’auteure offre une lecture sociologique voire politique du mondes séries. L’essai « le charme discret des séries » est publié chez Humensciences.

Elle a été créatrice et présidente du Think Tank Different, laboratoire politique créé en 2012. Elle est par ailleurs membre du Conseil économique, social et environnemental en tant que personnalité associée à la Section de l'éducation, de la culture et de la communication[2].

Biographie modifier

Parcours universitaire modifier

Virginie Martin suit une formation littéraire en classe préparatoire, suivie d'un master en lettres modernes. Elle intègre après l'Institut d'études politiques de Paris. Elle y fait son troisième cycle sur le rapport entre chômage et politique : elle met en valeur le lien entre le chômage, le désintérêt pour la politique, mais aussi le vote pour le Front national (FN). Elle obtient une allocation de recherche du CEVIPOF CNRS. Sous la direction de Dominique Reynié et Pascal Perrineau, elle soutient en 2000 à l'université Nice-Sophia-Antipolis une thèse sur Le Front national au pouvoir municipal, vécus et schèmes de représentation : la situation toulonnaise : analyse d'entretiens « non-directifs »[3].
Habilitée à diriger des recherches (HDR) en sciences de gestion, son travail de recherche a pour titre « Une lecture politique et critique de l’organisation au regard du genre »[4], sous la direction de David Courpasson, sociologue et proche d'une approche dite hétérodoxe de l'économie.

Elle s’intéresse à la question de la démocratie dans les organisations mais également aux problématiques liées au genre. Sa réflexion comporte une remise en cause des hégémonies, se structurant autour du concept d'intersectionnalité[5]. Cette approche se retrouve plus tard dans le Think Tank Different[6].

Carrière professionnelle modifier

Elle commence sa carrière au secrétariat d'État chargé des Droits des femmes et de l'Égalité des chances entre les hommes et les femmes, alors que Michel Rocard est à la tête du gouvernement[pas clair][réf. nécessaire].

Dès 1996, elle observe le FN notamment en région PACA et elle signe cette même année : Toulon la noire, le FN au pouvoir[7], une monographie développée ensuite dans sa thèse de sciences politiques. Elle y évoquait déjà la question du vote d'adhésion[8].

Depuis 2000, elle est professeure-chercheuse à KEDGE Business School où elle a notamment développé un programme de recherche sur la question du genre. Sa démarche s’inscrit aussi dans le courant du féminisme dit post-colonial : elle interroge dans ce cadre la question des féminismes pluriels et notamment en terre d'islam[9].

Elle regarde les sciences de gestion à travers le prisme de son approche de politologue, et sa démarche s'inscrit donc dans une approche dite critique et politique du management, à l'instar des travaux de David Courpasson[réf. nécessaire][4].

Elle crée par ailleurs à KEDGE Business School (à l'époque Euromed Management) en 2004, le master spécialisé en management des entreprises de médias.

Elle a été experte dans le think tank Terra Nova et contribue à la campagne de François Hollande en tant qu'experte au sein du pôle égalité hommes-femmes lors de l'élection présidentielle de 2012. Elle est intervenue lors des Up Conférences pour l'innovation sociale au Conseil de l'Europe, sur le sujet des inégalités hommes/femmes[10]. Elle est également intervenue dans le cercle de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) sur la thématique « Réfléchir les droits de l'Homme »[11].

Virginie Martin cofonde en 2012 le Think Tank Different avec Pierre Lénel, sociologue au LISE ((Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Économique), CNRS. Elle est la présidente de ce think tank, basé à Paris et animé par des chercheurs et des professionnels[12],[13]. Elle déclare que le but est de « lutter contre la tyrannie des représentations politiques dominantes » en s'écartant du focus parisien[14].

Le Think Tank Different propose une théorie Queer de l’espace public ; queer entendu comme hybridation[réf. nécessaire].

Virginie Martin défend dans ses travaux que le vote Front national ne se structure pas seulement autour d'un désarroi économique, mais qu'il est bien le signe « d'un trouble civilisationnel »[réf. nécessaire].

En 2015, Virginie Martin est par ailleurs nommée au Conseil économique, social et environnemental en tant que personnalité associée à la Section de l'éducation, de la culture et de la communication[2].

À partir de 2016, elle crée et dirige le parcours d'excellence « Entertainment et médias »[2] de la KEDGE Business School. Elle depuis 2019 responsable du Medialab de KEDGE Business School.

Universalisme des différences modifier

Dans son essai Ce monde qui nous échappe : pour un universalisme des différences, Virginie Martin développe le concept d'« universalisme des différences »[15]. Elle part d’un constat du décalage qu’il peut exister entre le concept d’une République française une et indivisible et la réalité des différences qui existe entre tous ses membres[16]. À travers son éducation, ses valeurs et sa laïcité, la France demande à l’individu de lui ressembler. Comme la France est une et indivisible, l’individu doit être un et indivisible : il ne doit pas être homme ou femme, catholique ou musulman, il doit être juste Français.

Or, ce projet républicain de « lissage » de la population française ne fonctionne pas[16]. Car si cette république une et indivisible affiche l’égalité dans ses valeurs fondatrices, dans la réalité, selon l'auteure, certains individus sont plus égaux que d’autres, à savoir une « caste » endogamique blanche, masculine, hétérosexuelle et plutôt aisée[16]. Cette caste peut finalement dicter sa loi au nom de principes supérieurs (l’unicité et l’indivisibilité de la République française), tout en ayant oublié tout le monde (femmes, homosexuels, juifs, musulmans, etc.).

C’est pourquoi Virginie Martin propose de repenser cet universalisme finalement discriminant, en proposant un universalisme des différences à travers le concept de reconnaissance mutuelle[15]. Pour pouvoir vivre le cosmopolitisme et l’universalisme des différences, il faut une éthique minimale, un renoncement à nuire à l’autre, une reconnaissance mutuelle[15]. Cette reconnaissance est capitale et évite justement l’écueil du relativisme ou du nihilisme. Cette reconnaissance s’applique entre les individus (hommes et femmes, catholiques et juifs et musulmans, etc.) ou d’une organisation face aux individus (la France ou l’Europe face à l’altérité de ses membres[15]).

Talents gâchés modifier

Dans Talents gâchés, Virginie Martin, associée au Think Tank Different qu'elle a fondé, décide d'adopter une approche originale[réf. nécessaire] du problème des discriminations liées à l'origine ethnique en France en décidant de s'attaquer au "nerf de la guerre"[17]: l'argent. C'est donc une approche économique qui est adoptée, et il s'agit de montrer que les discriminations ont un coût : non seulement pour le commun et le vivre-ensemble, mais aussi pour l'économie française.

Le calcul a été réalisé sur la base du coût d'opportunité, c'est-à-dire le manque à gagner lié aux discriminations. Faute de statistiques ethniques, l'étude a été réalisée en prenant les indicateurs, notamment d'emploi, des zones urbaines sensibles (ZUS). Finalement, dans une fourchette basse, l'étude estime ce coût pour l'économie française à environ 10 milliards d'euros.

Par ailleurs, sur un plan plus général, dans la perspective d'un « universalisme des différences », Virginie Martin propose de parler de reconnaissance réciproque plutôt que d'intégration. Cela permettrait, selon elle, d'effacer la dimension d'injonction de l'intégration. Cela permettrait aussi de construire un commun des différences acceptées qui ne se résumerait pas à un simple vivre-ensemble uniformisant.

La Revue politique et parlementaire modifier

Virginie Martin est co-responsable du Conseil Scientifique de la Revue politique et parlementaire, revue trimestrielle crée en 1864[réf. nécessaire].

Lors de la campagne des élections européennes en 2019, elle a mené de très longs entretiens avec chacune des têtes de listes, Benoît Hamon, François Asselineau par exemple. Ses entretiens ont été publiés dans leur intégralité et avec une volonté assumée de neutralité. Ces entretiens sont regroupés dans la rubrique "Faut des idées" de la revue.

Elle est l'auteure de plusieurs articles notamment un sur la loi PLM en vigueur pour les élections municipales à Parus[Où ?], Marseille et Lyon ; elle désapprouve dans ce papier ce mode de scrutin, qu'elle estime peu démocratique [18]. Plus récemment, elle a livré plusieurs analyses, sur la gestion de crise du coronavirus menée par Emmanuel Macron [19],[20].

La chercheuse interroge également les fondements des sciences économiques dominantes et mainstream en retraçant leurs a prioris idéologiques [21] ; elle évoque la science économique comme une science qui joue de sa naturalité pour mieux s'imposer.

Médias modifier

Virginie Martin est invitée dans plusieurs médias en tant que politiste. Elle y analyse la vie politique et économique (partis, Europe, extrême droite, etc.). Elle est à l'antenne de Sud Radio les mercredis, dans la matinale avec Arlette Chabot. Elle est régulièrement sur LCI dans 24H Pujadas, dans le 28 minutes d'Arte, sur BFM TV, et sur l’Info du vrai animé par Yves Calvi. Elle apparaît aussi dans la presse à l'occasion d'interviews et de tribunes : Le Monde[22],[23], L'Humanité[24], Rue 89[25],[26], L'Express[27] le Huffington Post[28], ou encore Libération[29].

Elle est aussi régulièrement sollicitée pour des interventions dans d’autres émissions politiques télévisées : C dans l'air sur France 5[30][source insuffisante], ou avant dans Ce soir (ou jamais !) sur France 2[31][source insuffisante], On ne va pas se mentir avec Léa Salamé puis Audrey Pulvar sur i>Télé[32][source insuffisante], Le Duel avec Antoine Genton[33][source insuffisante], Déshabillons-les sur Public Sénat[34][source insuffisante], BFM TV[35], ou encore Libération[36], BFM Business ou encore France 24.

Enfin, elle participe à plusieurs émissions radiophoniques : Le Sept neuf de Patrick Cohen[37], Les femmes, toute une histoire sur France Inter[38] et Du grain à Moudre sur France Culture[39],[40].

Elle écrit plusieurs analyses et tribunes notamment dans The Conversation[41].

Depuis 2019, elle co-préside le conseil scientifique de la Revue politique et parlementaire.

Elle donne également le , une interview de plus de 2 heures pour le think-tank indépendant Thinkerview[42].

En , elle signe une tribune avec l’ancienne ministre Laurence Rossignol sur les problèmes éthiques et politiques que pose la nomination de Gérald Darmanin au poste de ministre de l’Intérieur.

Depuis 2021 elle assure des chroniques sur Blast ; c’est avec son œil de politiste qu’elle propose un décryptage du monde des séries. Ces chroniques sont dans l’esprit de son dernier essai sur les séries paru en 2021. On retrouve dans cet essai comme chez Blast les sujets souvent abordés par la politiste : la politique, le soft power, l’écologie, les questions autour des minorités, le féminisme, la démocratie, les Medias.

Décoration modifier

Publications modifier

Ouvrages et contributions modifier

  • « L’acte de vote des femmes : 1944-1946 », in Janine Mossuz-Lavau et Armelle Le Bras-Chopard (dir.) : Les femmes et la politique, Paris, L’Harmattan. 1996.
  • Toulon la noire, Le Front national au pouvoir, Paris, Denoël, préfacé par Pascal Perrineau, 1996.
  • Toulon sous le FN : analyse d’entretiens non directifs, Paris, L’Harmattan, 2000.
  • « Une étude qualitative au-delà du plafond de verre, le pouvoir économique au féminin », in : Au-delà d’un monde gris flanelle. Les espaces économiques au regard du genre, Martin V. (dir.) Éditions L’Harmattan EM, no 2, 2006.
  • Talents gâchés - Le coût de la discrimination, Éditions de l'Aube, 2015.
  • Ce monde qui nous échappe - Pour un universalisme des différences, Éditions de l'Aube, 2015.
  • Garde-corps, Lemieux Editeur, 2016[43].
  • Le charme discret des séries, HumenSciences, 2021.

Articles de recherche modifier

Vidéographie modifier

Notes et références modifier

  1. « Toulon sous le Front national : entretiens non directifs / Virginie Martin » sur library.kedge.edu
  2. a b et c « Virginie MARTIN | Les personnalités associées | Découvrir le CESE », sur www.lecese.fr (consulté le )
  3. www.theses.fr
  4. a et b « CV Virginie Martin - Kedge Business School »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  5. « Virginie Martin : « La France ne doit pas avoir peur de l'ouverture et de la différence » », sur oftt.eu
  6. « Note de cadrage - Think Tank Different »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  7. Virginie Martin (préf. Pascal Perrineau), Toulon la noire : le Front national au pouvoir, Paris, Denoël, , 204 p. (OCLC 35686359)
  8. « Un vote d’adhésion sur un fond de trouble civilisationnel »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  9. « Virginie Martin : « Dans les médias, on parle à la place des femmes voilées » », sur saphirnews.com
  10. « "Il faut faire de la sensibilisation, de la pédagogie" »
  11. « Entretien avec Virginie Martin, Cercle de la Licra: Réfléchir les droits de l'Homme »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  12. « Virginie Martin, Docteure en sciences politiques et présidente de Think Tank Different », sur sisyphe.org (consulté le )
  13. Olivier Bertrand, « Hollande junior se lance dans un think tank », Libération,‎ (lire en ligne)
  14. « Thomas Hollande et son "think tank different" », sur www.francophonie-avenir.com (consulté le )
  15. a b c et d Virginie Martin, Ce monde qui nous échappe, pour un universalisme des différences, La Tour-d'Aigues, Éditions de l'Aube, coll. « L'urgence de comprendre », , 123 p. (ISBN 978-2-8159-1192-4, présentation en ligne)
  16. a b et c entretien avec Virginie Martin, « Pleurez conservateurs (et surtout mâles blancs dominants), ce monde est en train de vous échapper ! », Atlantico,‎ (lire en ligne)
  17. entretien avec Virginie Martin, « « Talents gâchés » - 3 questions à Virginie Martin », sur IRIS (consulté le )
  18. Virginie Martin, « La loi « Paris–Lyon–Marseille » : un scrutin opaque, complexe et peu démocratique », sur Revue Politique et Parlementaire, (consulté le )
  19. Virginie Martin et Eric Van de Valle, « 1 image, 1 jour », sur Revue Politique et Parlementaire, (consulté le )
  20. Virginie Martin et Eric Van de Valle, « 1 image, 1 jour », sur Revue Politique et Parlementaire, (consulté le )
  21. Virginie Martin et Béatrice Mabilon-Bonfils, « Pour sortir du mainstream économique - La science économique, une science entre auto-légitimation et croyance », sur Revue Politique et Parlementaire, (consulté le )
  22. Virginie Martin, et Pierre Lénel, sociologue Pour le Laboratoire Politique – Think Tank Different, Tribune : « Pour un féminisme renouvelé au cœur du politique », Le Monde.fr, 8 mars 2012.
  23. Virginie Martin, Tribune : « Sonner le glas de la France d’Astérix… » Le Monde.fr, 12 mai 2011.
  24. Virginie Martin : « Il faut porter un discours alternatif global à celui du FN », L'Humanité, 13 novembre 2013.
  25. Virginie Martin, Tribune « Le sondage du mal qui place Marine Le Pen en tête à bon dos », nouvelobs.com, 10 mars 2011.
  26. Virginie Martin et Floran Augagneur, Tribune « Le forum de Deauville ou l’imposture du féminisme entrepreneurial », nouvelobs.com, 18 octobre 2010.
  27. « Virginie Martin sur L'Express »
  28. Publications de Virginie Martin dans le Huffington Post
  29. Virginie Martin, « Le signal d’un trouble civilisationnel et d’une crise démocratique - Libération »
  30. France 5, C dans l'air, présentation de Virginie Martin
  31. Ce soir (ou jamais!) “François Hollande au plus bas dans les sondages”, 15 novembre 2013
  32. On ne va pas se mentir”, 10 juin 2013
  33. « iTélé Replay - Le Duel »,
  34. Déshabillons-les, "Les riches, boucs émissaires ?", 26 septembre 2012
  35. Lien web.fr/virginie-martin/ Publications de Virginie Martin dans le Huffington Post]
  36. « Virginie Martin et Jacques Séguéla : “le Face à face” lors du 19 heures de Ruth Elkrief », .
  37. Le 7/9, "Que traduit la montée du Front national ?", France Inter, 16 octobre 2013.
  38. Les femmes, toute une histoire, "Qu'est-ce que le masculinisme ?, France Inter, 14 juin 2013.
  39. Du grain à moudre, "Le front républicain a-t-il encore un sens ?", France Culture, 20 juin 2013.
  40. Du grain à moudre, "La campagne des municipales a-t-elle déjà touché le fond ?", France Culture, 30 septembre 2013.
  41. Virginie Martin, France’s Front National and millennials: when insecurity and fear meet social media, theconversation.com
  42. Virginie Martin : Les politiques, l’important c’est pas la chute ?, entretien, thinkerview.com
  43. (en) Beatrice Mabilon-Bonfils, « « Garde-corps », le premier roman-choc de Virginie Martin », The Conversation,‎ (lire en ligne, consulté le )

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