Violence des colons israéliens

Les Palestiniens sont la cible de violences de la part des colons israéliens et de leurs partisans, principalement en Cisjordanie.

La suédoise Tove Johannson (photo) a subi une fracture de la pommette à la suite d'un jet de bouteille par un colon israélien à Hébron le 18 novembre 2006. Elle et d’autres membres européens du Mouvement de solidarité internationale ont cherché à escorter les enfants palestiniens chez eux après l’école[1],[2].

En novembre 2021, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, évoque la forte augmentation du nombre d’incidents entre colons et Palestiniens en Cisjordanie, dont beaucoup résultent d’attaques menées par des résidents d’avant-postes illégaux de colons contre des Palestiniens des villages voisins[3]. La violence des colons comprend également des actes connus sous le nom d’« attaques par étiquette de prix » (hébreu : מדיניות תג מחיר ; anglais ; price tag attack policy), aussi parfois appelée « responsabilité mutuelle » (hébreu : אחריות הדדית) en réponse aux actions du gouvernement israélien, généralement contre des cibles palestiniennes et occasionnellement contre les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie[4].

Il est interdit à la police palestinienne de réagir aux actes de violence perpétrés par les colons israéliens, ce qui diminue sa crédibilité auprès des Palestiniens[5].

Historique modifier

Au XXIe siècle, on assiste à une augmentation constante de la violence et de la terreur perpétrées par les colons israéliens contre les Palestiniens[6].

2008-2011 modifier

Entre janvier et novembre 2008, 515 poursuites pénales sont ouvertes par Israël contre des colons pour violences contre les Arabes ou les forces de sécurité israéliennes ; 502 d'entre eux impliquent des « radicaux de droite » tandis que 13 concernent des « anarchistes de gauche »[7],[8]. En 2008, le haut commandant israélien en Cisjordanie déclare qu’un noyau dur de quelques centaines de militants est impliqué dans les violences contre les Palestiniens et les soldats israéliens[9]. Certaines personnalités religieuses juives éminentes vivant dans les territoires occupés, ainsi que des responsables du gouvernement israélien, condamnent et expriment leur indignation face à un tel comportement[10], tandis que des justifications religieuses pour les meurtres de colons ont également été avancées[11]. Selon les médias israéliens, l’establishment de la défense a commencé à adopter une ligne plus dure contre les colons indisciplinés à partir de 2008[6]. En 2011, la BBC rapporte que « la grande majorité des colons sont non-violents, mais certains au sein du gouvernement israélien reconnaissent un problème croissant avec les extrémistes »[4].

Les chiffres de l'ONU de 2011 montrent que 90 % des plaintes déposées contre des colons par des Palestiniens auprès de la police israélienne n'ont jamais abouti à une inculpation[4].

2012-2021 modifier

En 2012, selon un rapport des chefs de mission de l’UE, la violence des colons a plus que triplé au cours des trois années précédant 2011[12]. Le taux annuel d’attaques de colons (2 100 attaques en 8 ans) a presque quadruplé entre 2006 et 2014, selon des chiffres du bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA)[13]. En 2021, une nouvelle vague de violence éclate après la mort d'un colon de 16 ans dans une course-poursuite avec la police israélienne après avoir lancé des pierres sur des Palestiniens. Jusqu'à présent, cela a donné lieu à 44 incidents en l'espace de quelques semaines, blessant deux enfants palestiniens[14]. La fin de l’année 2021 voit une augmentation marquée de la violence des colons envers les Palestiniens, condamnée au Conseil de sécurité des Nations Unies.

2022-2023 modifier

La violence des colons s'intensifie après l’élection du trente-septième gouvernement israélien en décembre 2022, qui se distingue par la participation de politiciens d’extrême droite et son soutien à l’expansion des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens[15],[16]. La violence des colons s'accroît de nouveau après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Au cours des six premiers jours suivant l'attaque, B'Tselem enregistre au moins 46 incidents au cours desquels des colons ont menacé, attaqué physiquement ou endommagé les biens de Palestiniens[17]. Les responsables des Nations unies affirment que depuis le début de la guerre Israël-Hamas, les forces de défense israéliennes et les colons armés ont tué plus de 120 Palestiniens en Cisjordanie, la plupart des décès étant survenus lors d'affrontements avec des soldats israéliens[16].

Notes et références modifier

  1. « Swedish human rights worker viciously attacked by Jewish extremists in Hebron », (consulté le )
  2. « Amnesty International's annual report on Israel and the Occupied Territories », (consulté le )
  3. Amos Harel, « Settler Attacks on Palestinian Spike, Reflecting Israel's Systemic Failure », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b et c Jon Donnison, « Concerns over rising settler violence in the West Bank », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Daniel Byman, A High Price: The Triumphs and Failures of Israeli Counterterrorism, Oxford University Press/Saban Center, Brookings Institution, 2011 p. 292: 'Palestinian police are barred from responding to settler violence. This policy reduces friction between settlers and Palestinian authorities, but it decreases the overall credibility of the PA, which cannot defend its people from settler harassment and violence.'
  6. a et b Anshel Pfeffer,Top IDF officer warns: Settlers' radical fringe growing, Haaretz 20 October 2009.
  7. « Violence by Extremists in the Jewish Settler Movement: A Rising Challenge », The Washington Institute for Near East Policy, (consulté le )
  8. Constance B. Hilliard, Does Israel have a future?: the case for a post-Zionist state, Potomac Books, Inc., 2009 p. 59.
  9. « 'Hundreds join' settler violence », BBC,‎ (lire en ligne)
  10. Efrat Weiss, « Rabbi slams Jewish 'hooligans' - Israel News, Ynetnews », Ynetnews.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Amitai Etzioni, Security First: For a Muscular, Moral Foreign Policy, Yale University Press, 2008 p. 119.:'Others have justified violence against Arabs by citing the rule from the Talmud: "If a man comes to kill you, rise early, and kill him first."
  12. James Hider, « Israel 'turning blind eye' to West Bank settlers' attacks on Palestinians », The Guardian, London,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Chaim Levinson, Gili Cohen et Jack Khoury, 'Palestinian mosque set on fire in suspected hate crime,' at Haaretz, 15 January 2014. 'The annual totals are up from 115 in 2006 to 399 in 2013..'
  14. Times of Israel Staff. “5-Year-Old Palestinian Boy Hurt by Rock Thrown at Car in Reported Settler Attack.” The Times of Israel, 22 janvier 2021. Times of Israel
  15. « Israel's far-right government fans the flames of vigilante settler violence », The Observer,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. a et b (en-US) « How a Campaign of Extremist Violence Is Pushing the West Bank to the Brink », The New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  17. « Palestinians under attack as Israeli settler violence surges in the West Bank », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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