Vano Merabichvili

homme politique géorgien

Ivane Merabichvili, dit Vano Merabichvili, (en géorgien : ივანე მერაბიშვილი)[Note 1], né le à Oude (Géorgie), est un homme politique géorgien, Premier ministre du 4 juillet au .

Ivane Merabichvili
ივანე მერაბიშვილი
Illustration.
Vano Merabichvili en 2012.
Fonctions
Premier ministre de Géorgie

(3 mois et 21 jours)
Gouvernement Merabichivili
Législature IVe
Prédécesseur Nikoloz Guilaouri
Successeur Bidzina Ivanichvili
Ministre de l'Intérieur

(7 ans, 6 mois et 6 jours)
Président Mikheil Saakachvili
Premier ministre Zourab Jvania
Zourab Noghaïdeli
Vladimer Gourguenidze
Grigol Mgaloblichvili
Nikoloz Guilaouri
Prédécesseur Irakli Okrouachvili
Successeur Bachana Akhalaia
Biographie
Nom de naissance Ivane Merabichvili
Date de naissance (56 ans)
Lieu de naissance Oude (RSS de Géorgie)
Nationalité géorgienne
Parti politique Mouvement national - Démocrates
Diplômé de Université technique de Géorgie

Vano Merabichvili
Premiers ministres de Géorgie

Biographie modifier

Ivane Merabichvili est né à Oude, alors en RSS de Géorgie, village situé dans le département d'Adigueni de l'actuelle province de Samtskhé-Djavakhétie. En 1992, Merabichvili sort diplômé en topographie de l'université technique de Géorgie. Il travaille à l'université puis à l'Institut d'agriculture de Géorgie avant de devenir directeur, en , de l'Association pour la protection des droits des propriétaires, une ONG nouvellement créée[1]. L'ONG joue un rôle important dans le suivi de la législation sur le droit à la propriété et sur les réformes agraires.

Merabichvili quitte l'ONG en 1999 pour se présenter aux élections législatives. Il est élu au parlement sur la liste menée par Edouard Chevardnadze de l'Union des citoyens de Géorgie (SMK). Le SMK remporte le scrutin, obtenant 131 parlementaires sur 235. Merabichvili devient président de la commission parlementaire sur la politique économique. Il fait partie d'un groupe de réformateurs auquel participent aussi Mikheil Saakachvili, ministre de la Justice, Zourab Jvania, président du parlement et Koba Davitachvili.

En , dans un entretien au Washington Post, Merabichvili est le premier à critiquer ouvertement le président Chevardnadze (qu'il juge « fatigué », peu enclin à mettre en place des réformes et dont la campagne anticorruption ne viserait qu'à obtenir le soutien des nations occidentales). Devant le tollé provoqué par ses propos, en particulier leur condamnation par Zourab Jvania, il prétend avoir été mal compris avant de confirmer qu'il s'agit bien de ses propos[2],[3],[4],[5].

En , Mikheil Saakachvili quitte le SMK et fonde un nouveau parti, le Mouvement d'unité nationale (ENM) opposé à Chevardnadze. Merabichvili en est le secrétaire-général. La coalition que l'ENM met en place avec les Démocrates de Nino Bourdjanadze échoue lors des législatives de . Mais l'opposition dénonce des fraudes électorales, manifeste pendant plusieurs jours et prend le pouvoir après la « Révolution des Roses ». Saakachvili devient président de la République.

En , Saakachvili nomme Merabichvili aux postes de conseiller à la sécurité nationale et de président du conseil national de sécurité. En juin, il est nommé ministre de la Sécurité de l'État. En , à la suite d'un remaniement, Merabichvili récupère en plus le portefeuille de la Police, de la Sécurité publique et des Affaires intérieures[6]. Son travail de réforme de la police et de lutte contre la corruption lui vaut les félicitations d'institutions internationales. Il est aussi critiqué pour l'utilisation excessive de la violence dans sa lutte contre le crime[7].

Les méthodes de Merabichvili sont encore plus contestées lors de l'assassinat de Sandro Girgvliani. Girgvliani, un banquier de 28 ans, se dispute avec des hauts fonctionnaires du ministère et la femme de Merabichvili, Tako Salakaia dans un bar branché de Tbilissi en . En sortant du bar, il est enlevé puis abattu. Un témoin, reconnaît parmi les ravisseurs des membres du ministère de Merabichvili. Merabichvili annonce une enquête mais de nombreux députés doutent de sa volonté de mener cette enquête correctement et demandent sa démission. Plusieurs autres assassinats suspects sont ainsi remis en question, en particulier celui du policier Gia Telia. En , des fonctionnaires sont inculpés mais l'opposition demande que les donneurs d'ordre soient aussi inculpés. L'ancienne ministre des Affaires étrangères Salomé Zourabichvili soutient l'opposition et demande qu'un vrai procès soit mené. Quelques hauts fonctionnaires mis en cause démissionnent de leur poste. Un procès se tient en juin et , mais l'opposition, unie, ainsi que le ministre pour la Résolution des conflits Giorgi Khaindrava (limogé peu après) et l'ambassadeur des États-Unis critiquent l'équité de ce procès. Malgré les nombreuses demandes de démission, les critiques sur l'équité du procès et les doutes sur les exécutions extrajudiciaires, Saakachvili maintient sa confiance à Merabichvili[8],[9].

En , le procès d'un policier, responsable de l'assassinat d'Amiran Robakidze, 19 ans, est encore l'occasion de protestations contre les méthodes employées par le ministère des Affaires intérieures (utilisation de la violence, fabrication de preuves, propagande via la chaîne Rustavi 2…). Mais Merabichvili maintient qu'il ne démissionnera pas[10],[11].

Merabichvili est ensuite critiqué pour la répression violente des manifestations pacifiques de l'opposition en 2007 et 2010[12],[13].

Merabichvili devient peu à peu l'un des personnages les plus influents du gouvernement. Il obtient le contrôle des garde-frontières et s'occupe de la distribution de l'aide humanitaire aux réfugiés et de la reconstruction après la guerre en Ossétie du Sud[14].

Le , le président Saakachvili nomme Merabichvili au poste de Premier ministre après avoir limogé Nikoloz Guilaouri. Le Parlement approuve cette nomination le . Sa nomination est interprétée comme une volonté d'améliorer la popularité de l'ENM en vue des élections législatives d'octobre 2012. Les principaux chantiers de Merabichvili sont la lutte contre le chômage (qui touche officiellement 16 % de la population active), la mise en place de réformes dans les domaines agricole et de l'assurance-maladie[12].

Le 1er octobre, la liste du Mouvement national uni menée par Merabichvili est battue par la liste du Rêve géorgien conduite par Bidzina Ivanichvili. Ce dernier est nommé Premier ministre le par le président Saakachvili et investi par le Parlement le 25 du même mois.

Le , Merabichvili et l'ancien ministre de la Santé Zourab Chiaberachvili sont arrêtés par les autorités, accusés d’avoir fourni des emplois fictifs à plus de 20 000 militants de son parti[15]. Ces arrestations, qui ont lieu dans le cadre de la fin du mandat du président Saakachvili, font craindre à l'Union européenne un scénario similaire à l'Ukraine, où l'ancienne Première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko et ses proches ont été incarcérés après la victoire à la présidentielle de son ancien rival[16].

Sources modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. La transcription en langue française des patronymes géorgiens a été stable jusqu’à la fin du XXe siècle : les règles constituées par l’intermédiation de la langue russe, confirmées par la Légation de la République démocratique de Géorgie en France (1921-1933) et proches de la prononciation en langue géorgienne, étaient utilisées sans exception ; elles le sont encore aujourd’hui par le ministère français des Affaires étrangères et par la plupart des universitaires français s’intéressant à la Géorgie. L’usage a progressivement changé avec l’intermédiation de la langue anglaise et la définition d’une translittération latine proche de la transcription anglaise (2002). Ainsi ივანე მერაბიშვილი donne Vano Mérabichvili en transcription française et Vano Merabishvili en transcription anglaise (et en translittération latine).

Références modifier

  1. (en) « APLR Timeline », sur APLR.org (consulté le )
  2. (en) « GEORGIAN OFFICIAL DENIES CRITICIZING PRESIDENT », Radio Free Europe,
  3. (en) « 'WASHINGTON POST' STORY SPARKS CONTROVERSY IN GEORGIA », Radio Free Europe,
  4. (en) « GEORGIAN PRESIDENT DOWNPLAYS CONTROVERSIAL 'WASHINGTON POST' COVERAGE », Radio Free Europe,
  5. (en) « PAPERING OVER THE CRACKS », Radio Free Europe,
  6. (en) « New Cabinet Wins Confidence Vote », Civil Georgia,
  7. (en) « Merabishvili Denies Police Violence in Paper Article », Civil Georgia,
  8. (en) « Georgia: Murder Case Verdict Stirs Controversy », EurasiaNet,
  9. (en) « High-Profile Murder Case Trial Ends, But Questions Remain », Civil Georgia,
  10. (en) « Policeman Jailed for Murder », Civil Georgia,
  11. (en) « Interior Minister Says he will not Resign », Civil Georgia,
  12. a et b (en) « Georgian president names new PM as elections loom », Reuters,
  13. (en) « Georgia: Sliding towards Authoritarianism? », International Crisis Group,
  14. (en) « Interior Minister Briefs on IDP Housing Plans », Civil Georgia,
  15. (en) « Former Georgian Prime Minister Jailed For Two Months », Radio Free Europe,
  16. Arielle Thedrel et Régis Genté, « Saakachvili encouragé à s'expatrier aux États-Unis », in lefigaro.fr, 27 octobre 2013.