Vénus impudique

statuette préhistorique

Vénus impudique
(Vénus de Vibraye)
La Vénus impudique
La Vénus impudique
Type Statuette
Dimensions 7,7 × 1,8 × 1,4 cm
Matériau ivoire de mammouth
Période Paléolithique supérieur
Culture Magdalénien (17 000 à 14 000 ans AP)
Date de découverte 1864
Lieu de découverte Les Eyzies (abri de Laugerie-Basse)
Coordonnées 44° 56′ 57″ nord, 0° 59′ 53″ est
Conservation Musée de l'Homme, Paris
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La Vénus impudique (ou Vénus de Vibraye) est une statuette féminine magdalénienne[1], la première représentation humaine paléolithique découverte à l'époque contemporaine[1]. Elle diffère des vénus gravettiennes par plusieurs aspects[2].

Historique modifier

La Vénus impudique a été trouvée en 1864 par le collectionneur Paul Hurault de Vibraye (1809-1878) sur le site préhistorique de Laugerie-Basse, aux Eyzies-de-Tayac-Sireuil, en Dordogne, dans le sud-ouest de la France[3].

Elle est exposée au Musée de l'Homme, à Paris[4].

Description modifier

Cette vénus magdalénienne en ivoire de mammouth est sans tête, sans pieds, sans bras. L'ouverture vaginale exagérément incisée inspira à Paul Hurault de Vibraye l'appellation de Vénus impudique, par opposition à la Vénus Pudica, un genre de sculpture classique représentant la déesse antique couvrant son pubis de sa main droite et ses seins de l'autre[5],[6].

La statuette a été créée probablement avec une tête, comme en témoignent les zones fracturées au ras du cou, mais elle devait être sans bras[3]. Alors que la plupart des autres Vénus paléolithiques ont des seins très développés et des hanches larges, la Vénus impudique se caractérise au contraire par un corps mince, des hanches discrètes, la quasi absence de seins (originelle). Ces traits, ainsi que la vulve verticale et fermée semblent indiquer qu'il s'agit de la représentation d'une fillette (« l'orientation verticale de la fente vulvaire est une caractéristique des filles avant la puberté »)[3].

Style de la statuette modifier

Le Magdalénien s'étend d'environ 17 000 à 14 000 ans avant le présent. Jean-Pierre Duhard souligne une évolution dans l'art au cours du Paléolithique vers plus de sobriété[7]. Le style schématique de la Vénus de Vibraye et l'aspect longiligne du sujet féminin contrastent avec les normes gravettiennes[1] et rapprochent l'œuvre d'une autre figure féminine de l'abri de la Madeleine, d'abord décrite comme un « fragment de ciseau », puis comme une « structure anthropomorphe probable » (en bois de renne, Magdalénien IV)[7].

Le Magdalénien présente de nombreux exemples de dessins géométriques, sur les objets et dans l'art pariétal[1].

Le nom Vénus modifier

La paternité de l'appellation « Vénus » comme terme générique servant à désigner une centaine de statuettes féminines paléolithiques découvertes par la suite, est généralement attribuée à Paul Hurault de Vibraye[8]. Selon certains spécialistes, le choix du nom Vénus, renvoyant à une déesse de l'amour, fut, de la part de Vibraye, un choix « malheureux »[9]. Plusieurs de ces figurines représentent en réalité des fillettes ou des vieilles femmes. Ainsi l'idée qui a longtemps prévalu, selon laquelle ces statuettes féminines avaient un caractère érotique et avaient été façonnées par des hommes trahirait le biais masculin de nombreux archéologues[10].

Références modifier

  1. a b c et d « Catalogue du centre de ressources Germaine Tillion : Des chefs-d’œuvre de la Préhistoire », sur ressources.museedelhomme.fr (consulté le ).
  2. « L'abri de Laugerie-Basse – Dordogne – Périgord », sur hominides.com (consulté le )
  3. a b et c Duhard 1990
  4. « Vénus dite « impudique » », sur Musée de l'Homme (consulté le )
  5. [Taiz & Taiz 2017] (en) Lincoln Taiz et Lee Taiz, Flora unveiled: the discovery and denial of sex in plants, New York, Oxford University Press, , 528 p. (ISBN 978-0-19-049026-3, lire en ligne), p. 18
  6. [White 2006] (en) Randall White, « The Women of Brassempouy: A Century of Research and Interpretation », Journal of Archaeological Method and Theory, vol. 13, no 4,‎ , p. 250–303 (DOI 10.1007/s10816-006-9023-z, lire en ligne [PDF]).
  7. a et b [Duhard 2009] Jean-Pierre Duhard, « Une nouvelle représentation féminine à la Madeleine (Tursac, Dordogne) », Paléo, no 21,‎ 2009/2010, p. 127-134 (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
  8. [Hurel 2019] Arnaud Hurel, « Des Bushmen en Europe ? : Vénus paléolithiques et « négroïdes » de Grimaldi dans la construction de la préhistoire française », dans La Vénus hottentote : Entre Barnum et Muséum, Publications scientifiques du Muséum, coll. « Archives », , sur books.openedition.org (ISBN 978-2-85653-869-2, lire en ligne), p. 291–363.
  9. [Russell 1993] Pamela Russel, « Forme et imagination : l'image féminine dans l'Europe paléolithique », Paléo, vol. 5, no 1,‎ , p. 375–388 (DOI 10.3406/pal.1993.1119, lire en ligne [sur persee]).
  10. Taiz & Taiz 2017, p. 19.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • [Delporte 1993] Henri Delporte, « Gravettian Female Figurines: A Regional Survey », dans Heidi Knecht, Anne Pike-Tay et Randall White (eds.), Before Lascaux. The Complex Record of the Early Upper Paleolithic, Boca Raton (Fl), CRC Press, , p. 243–257.
  • [Duhard 1990] Jean-Pierre Duhard, « Les figurations humaines de Laugerie-Basse », Paléo, vol. 2, no 1,‎ , p. 217–228 (DOI 10.3406/pal.1990.1001, lire en ligne [sur persee]).  .

Articles connexes modifier

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Liens externes modifier

  • Don Hitchcock, « Laugerie Basse », sur donsmaps.com (consulté le )