Utilisatrice:Tatakdh/Suzanne Orts

Tatakdh/Suzanne Orts
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Suzanne Orts, née Pic, à Sète (Hérault) le , décédée le 21 février 2018 à Saint-Clément-de-Rivière (Hérault), est une figure de la Résistance, membre du réseau Marco Polo. Arrêtée sur dénonciation le 21 mai 1944, Suzanne est déportée en Allemagne dans les camps de Ravensbrück puis de Buchenwald. Elle est rapatriée en France le 18 mai 1945.

La Résistance modifier

En 1940, Suzanne dite "Suzon" habite Mâcon car son père y est affecté comme contrôleur des impôts indirects.

En 1943, alors qu'elle est encore lycéenne à Mâcon (Saône-et-Loire), Suzanne s'engage dans la Résistance avec l'aide de sa mère : toutes deux font partie du réseau Marco Polo[1]. Ainsi, dès l'âge de 14 ans, Suzanne compose et distribue des tracts gaullistes. Elle aide sa mère pendant que son grand-frère Rolland Pic (1922-1945)[2], résistant également, est emprisonné à Lyon (Rhône) au fort Montluc. Sous l’occupation allemande, d'abord agent de liaison pour le maquis de Beaubery en Saône-et-Loire, elle devient rapidement agent de renseignement, n°matricule 99.315, au sein des FFI. Elle reçoit comme mission de recueillir les informations sur les positions des défenses allemandes dans le Sud de la France [3]

Suite à la libération de son frère, Suzanne effectue avec sa mère et son frère des liaisons entre Mâcon et Perpignan pour renseigner le réseau qui prépare une action d’aide à un éventuel débarquement allié sur la côte catalane. Le 21 mai 1944, elle n’a que 17 ans lorsqu'elle est arrêtée sur dénonciation par la Gestapo. Sa mère et son frère la suivent peu de temps après. Tous trois sont alors durement interrogés dans la citadelle de Perpignan. Suzanne est emprisonnée dans la prison de Romainville, puis déportée avec sa mère dans les camps de Neue Bremm puis Ravensbrück. Elles seront assignées à un travail forcé dans une usine de fabrication et de transport de lourds obus à Hasag-Leipzig, camp dépendant de Buchenwald[4].

L'expérience de la déportation modifier

Après avoir été emprisonnée à Perpignan puis à Romainville, Suzanne est envoyée avec sa mère et une soixantaine d'autres femmes au camp de Neue Bremm, près de Sarrebrûck, un camp disciplinaire pour les hommes. Dix jours plus tard, le 24 juin, elles sont envoyées à Ravensbrück, où elles arrivent en pleine nuit. Elles y passent un terrible séjour d'une durée de trois semaines. Le 19 juillet 1944, elles sont rassemblées et envoyées dans un kommando de travail à Leipzig : il s'agit du plus grand kommando extérieur de femmes de Buchenwald. A partir du 21 juillet 1944, elles sont mises au travail à l'usine de Nordwerk-Hasag. Le travail consiste à déblayer les décombres des bombardements, lorsque Dresde (à 80 km de Leipzig) est bombardée par l'aviation alliée. A l'usine, les femmes doivent travailler nuit et jour, par équipé de douze heures : au cours de son travail à l'usine, Suzanne est victime d'un grave accident et se prend les cheveux dans une rotative. Elle est très gravement scalpée. [5]

Dans la nuit du 13 au 14 avril 1945, plus de 4000 femmes, dont 250 Françaises, sont évacuées du camp et mises sur les routes : les plus faibles sont abandonnées sur place. Elles parcourent environ 60 km en 27 heures. Cette marche de la mort va durer une semaine. Le dimanche 22 avril, les SS s'enfuient devant la menace aérienne des Alliés. Huit Françaises, dont Suzanne et sa mère, re mai stent dans un petit village de Saxe, Cavertitz. Aidées par des soldats russes, les femmes sont ainsi petit à petit rapatriées en zone d'occupation américaine, puis à Paris le 18 mai 1945.

A son retour en France, Suzanne est atteinte de tuberculose osseuse dont elle ne se remettra jamais tout à fait. Quant à son frère Rolland, il est mort en déportation à Neuengamme.[6]

Suzanne a confectionné divers objets lorsqu'elle est en camp : symboliquement, ils luis permettent de lutter contre l’humiliante et implacable dégradation humaine que le système concentrationnaire nazi impose pour exister en conservant sa dignité et sa liberté. Ils relèvent d’actes de résistance, car porter une marque symbolique ou posséder un objet personnel est interdit et très dangereux dans le camp ; leur détention peut entraîner la punition ou même la mort[7]. Les objets rapportés par Suzanne à son retour de déportation en sont un exemple. Ils sont actuellement exposés au musée de la Résistance et de la déportation à Castelnau-le-Lez, et une copie numérique est disponible aux Archives départementales de l'Hérault[8]

Éléments biographiques modifier

En 1946, Suzanne épouse Guy de Swetschin, un camarade de résistance du réseau Marco-Polo et déporté à Dachau. La même année naquit leur fille, Nicole. Malheureusement, Guy, engagé dans la guerre d'Indochine y trouva la mort. En 1947, atteinte de tuberculose pulmonaire, on diagnostique aussi à Suzanne une tuberculose osseuse qui l'empêchera de poursuivre ses études. En 1951, elle épouse Elie Orts.[9]

Depuis 1976, Suzanne a été très active au sein de différentes associations et amicales de Français déportés. En 1980, avec le général Cambon de Lavalette, elle fut parmi les fondateurs du musée de la Résistance et de la Déportation à Castelnau-le-Lez. Elle a également souvent témoigné auprès des scolaires et fait l'objet de plusieurs enregistrements oraux[10][11]. Le récit de son expérience de la déportation a fait l'objet d'un portait dans l'exposition intitulée Les femmes oubliées de Buchenwald.[12]

Distinctions honorifiques modifier

Notes et références modifier

  1. « Libération du territoire et retour de la République »
  2. Berriot, F. (François), Cambon de Lavalette, Véran., Riols, Alain. et Centre régional d'histoire de la Résistance et de la déportation de Castelnau-le-Lez., La France libre, la Résistance et la déportation, Hérault, zone sud : témoignages, L'Harmattan, (ISBN 9782296110939, OCLC 506174567, lire en ligne)
  3. « Suzanne Orts, grand’croix de l’ordre national du Mérite »
  4. « Libération du territoire et retour de la République »
  5. Agnès Triebel, « Suzanne Orts, une jeune fille dans la tourmente », Le Serment, vol. N°298,‎ (lire en ligne)
  6. Agnès Triebel, « Suzanne Orts, une jeune fille dans la tourmente », Le Serment, vol. N°298,‎ (lire en ligne)
  7. Dossier pédagogique CNRD 2016/2017 "Résister par l'art et la littérature"
  8. 150 PRI 1 Fonds Suzanne Orts (1927-2018), résistante, déportée à Ravensbrück : carnet manuscrit personnel rédigé en déportation. 1944-1945
  9. « Les femmes oubliées de Buchenwald : portrait de Suzanne Orts », sur histoire.fr
  10. Les femmes oubliées de Buchenwald : Témoignages de Jacqueline Fleury et Suzanne Orts / Luc Bazin, réal. ; Roland Fruchier, image ; Xavier Brevière, son ; Mariette Gutherz, montage ;Post-production, Johan Helwig. 2008
  11. Guide des témoignages oraux sur la Seconde Guerre mondiale. Archives départementales de l'Hérault.
  12. Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris. et Musée Jean Moulin., Les femmes oubliées de Buchenwald : 22 avril-30 octobre 2005, Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris, Musée Jean Moulin (ville de Paris)., Paris musées, (ISBN 9782879008929, OCLC 70122252, lire en ligne)

Voir aussi modifier

Liens externes modifier