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La forteresse de Sadr est située dans le secteur le plus aride du Sinaï[1], a été construite en 1174 par le sultan Saladin.

Forteresse de Sadr
Carte du Sinaï
Présentation
Style
Forteresse
Architecte
Saladin
Construction
1174
Localisation
Adresse
Désert du Sinaï
Egypte

Oubli et redécouverte de la forteresse modifier

Dans les livres modifier

Cette forteresse, totalement oubliée, n’a été redécouverte que progressivement à partir de la fin du XIXe siècle à travers la littérature. Le nom de la forteresse, qui vient d’une tribu arabe, les Banū Sadr[2], est alors peu à peu réapparu dans les traductions des chroniques arabes au moyen âge avec le renouveau des études consacrées aux croisades. Des traductions, ont été réalisé, notamment du Livre des deux jardins d’Abū Šāma[3] par Barbier de Meynard en 1898 et du Kitāb al-Sulūk d’al-Maqrīzī[4] par Edgar Blochet de 1898 à 1908. Ces premières amenèrent les orientalistes à s’interroger sur la situation exacte de cette forteresse, qui souvent dans ces ouvrages apparaissaient, sans toutefois y parvenir vraiment. Les localisations proposées étaient assez aléatoires. De Wādī Tumīlāt, situé entre Le Caire et Suez, jusqu’à celle « d’un village dépendant de Jérusalem », ce qui restait vague.

La redécouverte archéologique modifier

La découverte du site par les archéologues date des premières années du XXe siècle. C'est un officier égyptien, Na‘ūm Šuqayr[5], qui le premier le visita en 1905 et en livra une description. Il ignorait cependant tout de l’histoire de la forteresse ainsi que le nom qu’elle portait au Moyen Âge. Il ne la connaissait que sous les noms sous lesquels les bédouins la désignent à son époque, à savoir Qal‘at al- Bāšā ou Qal‘at al-Gˇ indī[6]. Malgré la difficulté à déchiffrer les inscriptions sur la forteresse, il nous permit d'attribuer la fondation de cet édifice à Saladin. Les premières expéditions scientifiques sur le site eurent lieu en 1912 et 1913 à l’initiative du géologue français Jules Barthoux qui fit état de sa découverte à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il livra le premier plan du site, qui est sans cesse re-produit depuis lors, et pu faire la description des édifices. La publication des inscriptions fut confiée à l’orientaliste Gaston Wiet qui écrivit en même temps la première histoire de la forteresse et découvrit son nom médiéval[7]. Il fallut tout de même attendre 2005 pour découvrir enfin sur le site le nom de Sadr sur un graffito de l’entrée et sur un papier datant de la dernière phase d’occupation. A partir du début des années 1990, les recherches concernant la forteresse ont repris. En premier lieu, une republication du matériel épigraphique a été entrepris, puis l’organisation de cinq campagnes de fouille conduites de 2001 à 2005 avec la collaboration du Laboratoire d’Archéologie médiévale de l’Université de Picardie et l’IFAO[8].

La fondation modifier

Le site et son histoire modifier

 
Désert du Sinaï

La forteresse de Sadr a été construite par Saladin que quelques années après avoir pris le pouvoir en Égypte. L'objectif de cette construction était d'unifier politiquement l’Égypte et la Syrie musulmane d’abord sous l’autorité du prince turc Nūr al-Dīn, puis à partir de 1174, sous celle de Saladin[9]. Cependant Saladin rencontrait des problèmes avec cette unification. L'un d'entres eux était représenté par le royaume latin de Jérusalem qui s’étendait alors de la Méditerranée à la mer Rouge et empêchait toute communication régulière entre l’Égypte et la Syrie[10]. Saladin, après la conquête de l’Égypte, entreprit d’ouvrir une route terrestre contournant les États latins par le sud et l’est. En 1170, il s’empara d’Ayla où il fit réaménager la forteresse franque et il ordonna, la construction de la forteresse de Sadr pour commander la route du Sinaï central, axe très rapidement appelé « route de Sadr à Ayla ». La date exacte du début des travaux n’est pas connue avec précision, mais se situe entre 1170 et 1175[11]. La première mention de l’existence d’une « forteresse bien gardée » à Sadr se trouve dans un décret du monastère Sainte-Catherine. L’édifice qui s’élevait alors au sommet de la butte de Sadr et qui relève d’un premier état de construction, était impressionnant. Cette forteresse est située sur une butte-témoin culminant à 650 m d’altitude et située au contact du désert de Tīh et du plateau d’al-Rāha, dernier obstacle naturel avant Le Caire[12]. Son positionnement est un point clé pour contrôler la région. Effectivement, elle domine d’environ 150 m les étendues environnantes. Les accès restent limités puisque le seul accès possible s’effectue sur le flanc nord où se trouve la rampe d’accès. Celle- ci part du cimetière situé au pied de la butte et décrit un large lacet permettant d’adoucir les effets du relief et de placer les arrivants sous le contrôle des défenseurs. L’unique entrée du site, située au nord-ouest de la butte, est particulièrement complexe, présentant un système de circulation à chicanes et à niveaux. On franchit tout d’abord une barbacane, à cheval sur la voie d’accès, puis on traverse un pont aménagé au-dessus d’un fossé de 6 m de profondeur, recouvert d’un enduit hydraulique, pour accéder à un système de trois portes successives formant un double coude de manière à briser une éventuelle charge[13]. La forteresse occupe la totalité du plateau sommital de la butte. Cette plateforme orientée sud-ouest/nord-est couvre une superficie de près de 1,5 ha avec une longueur maximale de 200 m et une largeur de 110 m. L’enceinte de 555 m de long épouse les contours du plateau retaillé à son sommet et compte 17 tours – 13 tours carrées et 4 tours circulaires. On distingue deux parties : un vaste ensemble quadrangulaire au sud-ouest qui abrite tous les édifices majeurs et une zone triangulaire au nord- est où se trouve le dispositif d’entrée[14].

Les batailles modifier

Durant la fin des années 1170 et le début des années 1180, Saladin[15] et ses armées passèrent régulièrement à Sadr pour aller d’Égypte en Syrie; cependant les édifices majeurs encore présents sur le site (mosquées, tours, porte) ne furent édifiés que dans un second temps, durant les années 1180, sous l’impulsion du gouverneur, un certain ‘Alī b. Muhammad Sa ̇tkamān[16]. L’année 1187 marque un moment charnière dans l’histoire de la forteresse. Tout semble s’arrêter à cette date. La dernière inscription officielle de fondation, celle de l’entrée, date du mois d’août 1187, soit entre les deux événements majeurs qui touchent la région : le 4 juillet avec la bataille de Hattîn, lors des Croisades, où triomphe l'armée de Saladin, et la chute de Jérusalem, le 2 octobre. Cet effondrement, du royaume de Jérusalem, fera abandonner à son royaume la route du Sinaï central pour relier l’Égypte à la Syrie au profit de la route côtière, longeant la Méditerranée, beaucoup plus courte. La fonction stratégique de Sadr disparaît après ça et les travaux sont abandonnés.

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Bibliographie modifier

  • Louis Prévost, , Paris, P. Lethielleux, 1937, 314 p
  • Corinne Feïss-Jehel, Jean-Michel Mouton, Claudine Piaton, Pierre-Jérôme Jehel et Jeannine Le Rhun, « La forteresse de Sadr, une lecture géo-historique au temps des croisés », EchoGéo [En ligne], 4 | 2008, mis en ligne le 27 octobre 2011, consulté le 08 mars 2019.
  • Mouton Jean-Michel. Ṣadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 151e année, N. 1, 2007. pp. 247-280.

Notes et références modifier

  1. « Sinaï », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  2. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  3. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  4. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  5. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  6. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  7. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  8. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  9. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  10. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  11. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  12. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  13. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  14. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )
  15. Jean-Michel Mouton, « Ṣadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 151, no 1,‎ , p. 247–280 (lire en ligne, consulté le )
  16. Jean Mesqui, « Jean-Michel Mouton (dir.), Sadr, une forteresse de Saladin au Sinaï. Histoire et archéologie, 2010 », Bulletin Monumental, vol. 169, no 4,‎ , p. 359–360 (lire en ligne, consulté le )


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