Utilisateur:Soutekh67/Bac à sable (Egypte)

Hors d'Égypte modifier

Postérité modifier

Personnage modifier

Depuis le XIXe siècle et l'apparition du phénomène de la culture de masse, l'image d'Anubis est véhiculée par l'entremise de nombreux supports médiatiques tels les livres de vulgarisation égyptologique, les reproductions d'artéfacts antiques (statuettes et papyrus illustrés), les romans, les bandes dessinées, les films cinématographiques, les sites internet. Grâce à ces moyens d'informations et de divertissements, la représentation d'Anubis en tant qu'homme vêtu d'un pagne et doté d'une tête de chien est connue par un nombre considérable d'individus, le dieu étant même devenu le parangon des dieux hybrides de l'Ancienne Égypte. Fort de cette popularité, Anubis est intégré dans la trame de nombreuses fictions. En 1983, l'américain Tim Powers dans son roman Les Voies d'Anubis, œuvre fondatrice du genre Steampunk mèle, à travers différentes époques, divinités égyptiennes et personnages historiques (poètes Coleridge et Lord Byron) dans des évènements surnaturels ou fantastiques[1]. Dans la série télévisée américano-candienne Stargate SG-1, (dix saisons tournées diffusées entre 1997 et 2007 aux États-Unis), Anubis est présenté comme un tyran intergalactique issu de la race des puissants extraterrestes parasites Goa'uld. Sur Terre son action néfaste s'est surtout manifesté durant l'Antiquité lorsqu'il se fit passer pour un dieu aux yeux du peuple égyptien. Dans la bande déssinée de Mario H. Chibilski dénommée Anubis Warrior (Le Guerrier d'Anubis) et éditée en 2012, une fraction des pouvoirs d'Anubis se transmet de génération en génération à un Guerrier afin de vaincre les forces du mal[2].

Bibliographie modifier

Louvre, Méroé : un empire sur le Nil, Paris, Musée du Louvre éditions, , 288 p. (ISBN 978-2-35031-264-4)

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  1. Tim Powers (trad. Gérard Lebec), Les Voies d'Anubis, France, J'ai lu, , 477 p. (ISBN 2-290-02011-7)
  2. (en) Gallica, « Anubis Warrior », sur gallica.bnf.fr, (consulté le )




Anubis le bouvier de la vache divine modifier

 
Côté nord de la façade extérieure de la chapelle d'Hathor

Sous la XVIIIe dynastie, dans la chapelle d'Hathor de Deir el-Bahari, Anubis et la vache Hésat sont iconographiquement réunis pour la première fois dans trois scènes quasiment similaires (côté sud du mur occidental de la salle hypostyle et côtés sud et nord de la façade extérieure du sanctuaire où le dieu chacal est dédoublé). Ces scènes représentent Hésat coiffée d'une couronne à deux plumes en train de lécher la main de la pharaonne Hatshepsout assise sur son trône. D'après le texte qui accompagne ce geste maternel (toute vache lèche son petit après la mise bas), Hésat se comporte comme Isis avec le jeune Horus, né dans les marais de Chemmis, un lieu mythique où Isis avant d'accoucher a trouvé refuge afin d'échapper à Seth. Derrière la vache se tient le dieu Anubis, figuré en homme à tête de chacal, à la place réservé au bouvier lorsque les Égyptiens représentent des scènes pastorales avec pour légende « Anubis maître du bétail, qui prend place dans les terres des vaches ». La fonction de bouvier est métaphoriquement attachée à la royauté. Dès le Moyen Empire, des maximes sapientiales encouragent le roi et les notables à veiller sur les Égyptiens tel les bouvier qui veillent sur leurs bovidés.

Région cynopolitaine modifier

Hardaï (Cynopolis) modifier

Durant la période des Lagides, le pays égyptien est découpé en quarante-deux régions religieuses, vingt-deux nomes pour la Haute-Égypte, et vingt nomes pour la Basse-Égypte suivant un modèle qui semble s'être mis en place dès l'Ancien Empire. Les prêtres, soucieux d'indiquer une Égypte idéale, font figurer sur les murs des temples des listes géographiques qui ne coïncident pas toujours avec les données administratives et politiques réelles, les capitales régionales ainsi que les limites et le nombre des provinces pouvant varier selon les circonstances socio-politiques. Dès l'Ancien Empire, des inscriptions funéraires confirment le fort encrage régional d'Anubis dans les XVIIe et XVIIIe nomes de Haute-Égypte. Il est généralement considéré que le XVIIe se situe sur la rive ouest du Nil, tandis que le XVIIIe lui fait face sur la rive orientale. Cependant, la délimitation de ces deux régions est une question complexe. Selon Jacques Vandier et Pierre Montet, durant le Moyen Empire, le XVIIIe nome est situé en grande partie sur la rive droite mais possédait une enclave sur la rive opposée située entre les XVIIe et XIXe nomes. Par la suite, durant la période ramesside, le XVIIe nome semble revendiquer des terroires sur la rive opposée. À l'époque tardive, il apparaît que ces deux entités religieuses ne forment plus qu'une seule circonscription administrative[1].

Enseigne modifier

 
Le roi Mykérinos entouré par Hathor et Anupet (à droite de la photo)
 
Emblème du nome d'Anubis

L'enseigne du XVIIe nome représente, sans discontinuité dans le temps, un canidé couché sur un pavois en tout point similaire à l'aspect animal du dieu Anubis. Ce fait a d'abord encouragé des égyptologues tels Heinrich Brugsch en 1879, Henri Gauthier en 1925 et Pierre Montet en 1961, à lire cet emblème sous le genre masculin « nome d'Anubis ». Cependant, en 1958, à partir d'inscriptions figurant sur le Papyrus Ramesséum VI et sur la Stèle de Kamosé dans lesquelles le hiéroglyphe du canidé couché est suivi des glyphes du genre féminin et de la ville, Hermann Kees a proposé la lecture « nome d'Anupet », une proposition reprise par Jacques Vandier en 1961. Cette lecture présuppose l'existence d'un culte rendu primitivement à une déesse-chienne ou à un couple de chiens (Anubis et Anupet). Il existe, en effet, dans la religion égyptienne, des doublets féminins dotés de peu de consistance en association à des dieux importants et bien caractérisés ; Amon et Amonet par exemple. Toutefois, d'autres spécialistes, Alan Gardiner en 1957 et Labib Habachi en 1972, préfèrent la traduction « nome de la ville d'Anubis », cette dernière expression étant très courante dans les textes géographiques des temples tardifs de l'époque gréco-romaine. Il n'en reste pas moins que le XVIIe nome (ou sa ville principale) est représenté sous l'aspect d'une femme dès la IVe dynastie dans un groupe statuaire dénommé Triade de Mykérinos. La déesse personnifiant le nome, affublée sur sa tête d'une plume d'autruche barrée par un chacal couché, se tient à la gauche du roi Mykérinos, la déesse Hathor étant figurée à sa droite[2].

Hardaï (Cynopolis) modifier

 
Liste des nomes de la Chapelle blanche de Karnak.

Dès l'Ancien Empire, des inscriptions confirment le fort encrage régional d'Anubis dans les XVIIe et XVIIIe nomes de Haute-Égypte. Anubis est étroitement lié aux XVIIe et XVIIIe nomes de Haute-Égypte, le pavois du premier représente d'ailleurs un chacal couché. Durant la VIe dynastie, Anubis est associé à la ville de Hout-Benou située dans le XVIIIe nome. Jusqu'à la période ramesside les deux nomes sont clairement délimités. Le XVIIe est situé sur la rive occidentale avec la ville de Hénou pour capitale tandis que le XVIIIe est situé sur la rive orientale avec la ville de Houtnésou pour capitale. Une inscription gravée sur la Chapelle blanche qu'a fait édifier Sésostris Ier à Karnak durant la XIIe dynastie révèle qu'Anubis est le dieu majeur de Hénou tandis que le faucon Dounânouy règne sur Houtnésou. À partir de la période ramesside et jusqu'au règne de Ptolémée V, la ville de Hardaï située sur la rive orientale est la capitale du XVIIe nome tandis que la ville de Houtnésou sur la même rive reste la cité majeure du XVIIIe. À partir de Ptolémée V et durant le reste de la période gréco romaine, la ville de Saka (rive occidentale) est la capitale du XVIIe nome tandis que la ville de Houtredjou (rive orientale) est la capitale du XVIIIe[3].

Après avoir voyagé à travers l'Égypte vers l'an 25 av. J.-C., le géographe grec Strabon entreprend de décrire le pays. Il parle de la ville de Hardaï en l'appelant Cynopolis, la « ville des chiens »:

« ensuite, on trouve le nome cynopolite et Cynopolis où l'on rend un culte à Anubis ; les chiens y sont honorés et reçoivent une nourriture fixée par le rite »

— Strabon, Géographie, Livre 17, 1, 40[4].

Il est probable que dans cette ville le culte traditionnel d'Horus a été évincé au profit de celui d'Anubis originaire de la rive d'en face, le toponyme Hardaï signifiant « Horus est ici ». Le changement de culte s'est sans doute effectué durant la XIXe dynastie, peu avant la rédaction du Papyrus d'Orbiney, ce conte mythologique reflétant la rivalité religieuse de cette région. La première mention certaine ne remonte toutefois qu'à la XXe dynastie lorsqu'un domaine est attribué à Anubis, le seigneur de Hardaï à l'occasion de l'accession au trône de Ramses IV (Papyrus Harris). Peu de données archéologiques existent au sujet de cette localité. On a y toutefois découvert une nécropole de canidés datée de l'époque gréco-romaine. Ces animaux ont été tués puis momifiés afin d'être transformés en ex-voto en l'honneur Anubis. La nécropole est située au sud-est de l'actuelle Sheikh Fadl dans un paysage de collines désertiques ; une série de tombes humaines désaffectées datée du Nouvel Empire égyptien ayant servi à inhumer les canidés[5].

Anupet, la parèdre modifier

L'existence de la déesse Anupet ou Anubet (inpout) n'est attestée de manière certaine que par de tardives scènes d'offrandes royales gravées sur les murs du temple de Hathor de Dendérah réédifié durant l'occupation romaine de l'Égypte. Dans ce lieu, la déeese Hathor est comparée à Anupet et un lien est tissé avec le nom du nome d'Anubis. Ces mentions décrivent Anupet comme la protectice du défunt Osiris et comme une chienne couchée sur son ventre dont les crocs déchirent les corps des alliés de Seth, le dieu malfaisant[6]:

« [Le nome d'Inpou]. Le roi de Haute et Basse Égypte (cartouche vide), le fils de Rê (cartouche vide) vient auprès de toi Hathor la grande, maîtresse de Iounet, Oeil de Rê.
Il t'apporte la métropole du nome d'Inpou, portant ses offrandes alimentaires sans qu'il y manque rien, car tu es Anubet établie sur ventre, aux dents aiguisées pour découper le Malfaisant. »

— Temple de Dendérah (I, 95,9 - 96,3), traduction de Nicole Durisch Gauthier[7].

Au cours de l'histoire égyptienne, la déesse Anupet ne patronne aucune nécropole et ne réside dans aucun temple. Elle ne semble donc être qu'une spéculation religieuse issue des réflexions des prêtres de Dendérah. Même le Papyrus Jumilhac consacré aux traditions entourant Anubis ne mentionne pas le nom d'Anubet. Cependant, l'auteur de ce document théologique évoque les aspects de cette chienne dangereuse lorsqu'il rapporte qu'Isis-Hathor se transforma en une chienne (avec un couteau au bout de sa queue) afin d'échapper à Seth, transformé en taureau, qui tentait de la violer[8]:

« Alors, Isis se transforma en Anubis, et, s'étant emparée de Seth, le dépeça, enfonçant ses dents dans son dos »

— Papyrus Jumilhac (XX, 11-12). Traduction de Jacques Vandier[9]:

Chacals de l'Au-delà égyptien modifier

À l'instar des hommes préhistoriques du Sahara et des ethnies africaines contemporaines, les anciens Égyptiens ont, eux aussi, peuplé leur au-delà par des esprits canins. Ces chacals mythiques sont connus sous diverses dénominations, les Shemsou Hor « Suivants d'Horus », les Baou Nekhen « Âmes de Nekhen » et les Baou Imentet « Âmes de l'Occident ».

Les « Suivants d'Horus » sont un groupe d'esprits chacals connus dès les temps prédynastiques et mentionnés sous la VIe dynastie dans les Textes des Pyramides. Là, à deux reprises, la graphie de leur nom est déterminée par le signe hiéroglyphique du chacal debout sur un pavois, une manière de les placer sous le pouvoir du dieu Oupouaout. Au Nouvel Empire, le Canon royal de Turin fait référence à eux sous la mention iakhou shemsou Hor (esprits glorieux) et semble selon toute vraisemblence les rapprocher des rois prédynastiques de Pé et Nekhen (des roitelets qui ont règné avant l'unification de l'Égypte pharaonique). Au IIIe siècle avant notre ère, le prêtre égyptien Manéthon de Sebennytos dans son Histoire de l'Égypte (Ægyptiaca) rédigée en grec, les dénomme νέκυες ήμίθεοι (demi-dieux de Nekhen). Il est à noter que cet auteur considère Horus, Apis et Anubis comme des demi-dieux qui ont règné sur l'Égypte avant l'avènement des pharaons humains[10].

Les « Âmes de Pé et de Nekhen » sont eux aussi associés aux hypothétiques royaumes de Haute et de Basse-Égypte des temps prédynastiques ; les villes de et de Nekhen étant considérés comme leurs capitales.

Portier du Tribunal d'Osiris modifier

Le chapitre 18 du Livre des Morts s'ouvre par les dicours de deux prêtres funéraires, le prêtre-iounmoutef et le prêtre-sameref. Tout comme le prêtre-setem dont la fonction a été, selon le Papyrus Jumilhac, inaugurée par Anubis, ces deux prêtres sont revêtus d'une peau de panthère et jouent le rôle du fils du défunt en assurant le culte du père mort. Ils s'adressent à Osiris, lui disent que le défunt n'a pas commis de pêché durant son existence et qu'il a droit aux pains des offrandes funéraires. Le prêtre-sameref est debout devant un portail gardé par Anubis sous la forme d'un chacal couché accompagné par l'oeil-oudjat, symbole d'Osiris. Au cours d'une longue litanie, ils s'adressent à Thot pour que tous les dieux-juges de tous les tribunaux du pays et de l'au-delà reconnaissent l'innocence du défunt ; à Héliopolis, à Busiris, à Létopolis, à Pé et Dep, à Idebouy-rekty, à Abydos, dans le tribunal d'Osiris, à Naref et à Ro-sétaou.

 
Chapitre 18 du Livre des Morts du Papyrus d'Ani.


« Dire par l'Osiris, le scribe Ani justifié: Je suis venu ici pour voir tes perfections, mes mains levées en adoration de ton nom véritable. (...) Il est entré dans la demeure d'Osiris, il a vu les secrets qui s'y (trouvent). L'assemblée divine des portes est constituée d'Akhou. Anubis à dit [à celui qui est] à ses côtés: [entondons] la voix d'un homme venu d'Égypte. Il connaît nos chemins (et) nos villes ; j'en suis satisfait. Je sens son odeur comme une de vous. Il me dit: je suis l'Osiris, le scribe Ani, justifié en paix, triomphant ! Je suis venu ici pour voir les dieux grands, je vis des offrandes parmi leurs kaou. (...)
Paroles de la majesté d'Anubis : « Connais-tu le nom de cette porte, pour me le dire ?
Que dise l'Osiris, le scribe Ani justifié, en paix, triomphant, (qu'il dise) ceci: « Éloignement de Shou » est le nom de cette porte.
Paroles de la Majesté d'Anubis: « Connais-tu le nom du linteau et du seuil ? »
« Maître de Justice sur ses deux pieds » est le nom du linteau ; « Maître de Puissance commandant le bétail » [est le nom du seuil].
Passe donc, (car) tu connais, Osiris, le scribe comptable des divines offrandes à tous les dieux de Thèbes, Ani justifié, maitre vénérable. »

— Livre des Morts (extraits du chap. 125 du Papyrus d'Ani), Nouvel Empire, traduction de Guy Rachet[11].


 
Le défunt Hounéfer guidé par Anubis devant le tribunal des dieux, (vignette du chap. 30 du Papyrus de Hounéfer)

Divination modifier

« Holà, Anubis, roi de la Douât, repousse les ténèbres, et fais venir à moi la lumière afin que je puisse évoquer, car je suis Horus fils d'Osiris, qu'Isis a enfanté, l'enfant élevé, qu'Isis aime, qui demande au sujet de son père Osiris Ounennéfer !

Holà, Anubis, roi de la Douât, repousse les ténèbres, et fais venir ici aujourd'hui à moi la lumière afin que je puisse évoquer, à mon amulette à nœuds, fais que la réussite m'accompagne, que la réussite accompagne celui dont le visage est ici aujourd'hui penché vers ce vase (...)

O Anubis, création, enfant, va sur-le-champ et amène moi ici des dieux, [surtout] le dieu qui a le commandement ce jour afin qu'il réponde à la question que je vais poser aujourd'hui (...).

Lorsqu'Anubis viendra et s'arrêtera, tu lui dira: « Va sur-le-champ et amène-moi les dieux de cette ville ! » »

— Grimoire démotique de Londres et de Leyde. Début du IIIe siècle ap. J.-C.[12].


Transfiguration du défunt modifier

Pharaon en tant qu'Anubis modifier

Pyramides à textes modifier

Dans les Textes des Pyramides, des écrits religieux gravés sur les parois des complexes funéraires royaux entre 2320 et 2150 av. J.-C., le roi défunt est transfiguré en un être éternel en se voyant attribuer les sceptres, les couronnes, les trônes mais aussi les fonctions judiciaires et régaliennes d'un nombre considérables de divinités, les plus prestigieuses étant et Osiris. Quelques cent-trente chapitres, sur le millier que compte ce corpus, font références à des divinités chacal, à Anubis et Oupouaout en premier lieu, mais aussi à Khentamentiou, Oupiou, Igai et Douamoutef ainsi qu'aux Âmes de Nekhen[13]. Lorsque le roi s'identifie à Anubis, le texte mentionne souvent l'aspect animal du dieu, à savoir le chacal couché manifestation d'Anubis en tant que gardien vigilant et protecteur du corps momifié[14]:

« Dresse-toi en tant qu'Osiris, tel un Bienheureux, le fils de Geb, son premier né ! Puisses-tu te tenir comme Anubis qui est sur le coffre afin que l'Ennéade tremble à cause de toi (...) »

— Extrait du chapitre 437 de la pyramide à textes de Pépi II, traduction de Claude Carrier[15]

Comme la momification est une étape cruciale dans le processus de revitalisation, le roi qui a bénéficié des compétences d'Anubis, affirme maîtriser cette même compétence en affirmant être « Anubis qui préside au pavillon divin » ou en apparaîssant dans la « mystérieuse forme d'Anubis dans le pavillon divin ». Ailleurs, le roi devient « Anubis le magistrat du tribunal divin » ou un terrible chacal carnivore qui détruit les ennemis d'Osiris[16]:

« C'est de son équipement (?) que tu as débarrassé Horus afin qu'il puisse presser ceux qui sont derrière Seth ! Puisses-tu les éviscérer ! Puisses-tu arracher leurs cœur ! Puisses-tu boire de leur sang ! Puisses-tu examiner leurs esprits en ce nom qui est tien de "Anubis qui examine les esprits" ! Si tes deux yeux t'ont été donné, c'est en tant que tes deux uræus tel Oupouaout qui est sur son pavois, Anubis qui est à la tête du pavillon divin ! »

— Extrait du chapitre 535 des Textes des Pyramides, traduction de Claude Carrier[17]



Ô (roi), tu n'est pas parti mort, tu es parti vivant.
Prends place sur la trône d'Osiris,
ton sceptre-âba dans la main pour commander les vivants,
le mekes, ton sceptre à bouton de lotus dans l'(autre) main
pour commander ceux aux sièges cachés.
Tes bras sont Atoum, tes épaules sont Atoum,
ton ventre est Atoum, ton dos est Atoum,
ton derrière est Atoum, tes jambes sont Atoum,
ton visage est celui d'un chacal (...)

DN modifier

Après avoir analysé le programme décoratif de plusieurs monuments funéraires royaux du Nouvel Empire, Christiane Desroches Noblecourt (1913-2011) arrive à la conclusion que le dieu Anubis est une des formes qu'endosse le pharaon avant d'arriver à sa renaissance éternelle dans le monde de l'au-delà[18]. Selon elle, les représentations de la chapelle d'Anubis de Deir el-Bahari montrent la reine Hatshepsout lors de ses cheminements dans une zone de mutations, le but ultime de la souveraine étant d'apparaitre tel Amon-, le soleil éternellement vivant. En ce lieu, la reine débute sa métamorphose sous l'aspect d'Osiris, le dieu momifié et chemine dans l'au-delà sous les traits d'Anubis, le dieu chacal étant perçu comme un protecteur et comme un agent de transformation. Sur ordres de Thoutmosis III, le beau-fils d'Hatshepsout, tous les cartouches et toutes les figurations de la reine ont été martellées afin de priver l'usurpatrice de son existence post mortem. Les représentations d'Anubis anthropomorphe ont été épargnées mais pas les figurations de la nébride imy-out, c'est à dire l'enveloppe destinée à protéger la reine durant ses transformations, ni les figurations de la reine sous l'apparence du canidé Anubis couché sur son coffre[19]. La même symbolique apparaît dans le tombe du roi Toutankhamon. Toutes les statuettes représentant le roi ont été habillées d'une pièce de linge en lin. La statue représentant le canidé Anubis couché sur son coffre a bénéficiée du même traitement rituel. Le cou du canidé, c'est à dire Toutankhamon durant ses transformations, à été ceint d'une écharpe en lin.

Origines modifier

Les plus anciennes preuves de la domestication des canidés dans la vallée du Nil remontent à la fin de l'époque Paléolithique (entre 17 000 et 15 000 ans avant notre ère). Des tombes nubiennes se sont révélées particulièrement riches en inhumations de canidés. Il est toutefois difficile de savoir si ces animaux ont été sacrifiés dans le cadre d'un culte, s'ils ont été abattu pour la valeur nutritive de leur viande ou s'ils sont décédés de mort naturelle. Dans le Ouadi Kubbaniya (sur la rive gauche, au nord d'Assouan), des ossements de chacal et de renards ont ainsi été découverts au milieu d'arêtes de poissons.


? modifier

Les plus anciens textes religieux découverts en Égypte sont les Textes des Pyramides gravés, entre autres, sur les murs des chambres sépulcrales des souverains Ounas, Pépi Ier, Mérenrê et Pépi II. Dans cette littérature funéraire, le roi est principalement associé à la divinité solaire Atoum- et au dieu défunt Osiris. Anubis est cité dans une cinquantaine de chapitres, ce qui en fait, de ce point de vue, une des divinités majeures. Une lecture globale de ce corpus, fait penser que le mythe d'Osiris s'est constitué à partir d'une constellation de données mythologiques plus anciennes originellement indépendantes entre elles ; la rivalité entre Seth et Horus.

Divinité funéraire modifier

Le processus d'élaboration des religions égyptiennes est complexe. Concernant Anubis, quelques faits dominent dans le domaine funéraire. Pour le souverain, l'au-delà est un domaine situé dans le ciel et la personne royale est considérée comme un fils de , le dieu soleil. Cette vision ce met progressivement en place à partir de la IIe dynastie mais ne culmine réellement que sous les IVe et Ve dynastie. Les autres égyptiens n'ont pas les contrées célestes pour destination post-mortem. Pour eux, l'au-delà est situé à l'Occident qui est une extension des nécropoles terrestres. Durant les trois premières dynasties (de 3000 à 2600 av. J.-C.), Anubis est la seule divinité funéraire qui se rencontre tant au service du roi que des particuliers. À partir de la IVe dynastie, l'Occident est surtout connu pour être le royaume d'Osiris, le dieu-roi assassiné puis réssuscité. Mais cette vision de l'Occident n'est qu'une seconde étape ; antérieurement, l'Occident était surtout dominé par Anubis[20].

« Métjetji dit: ô vivants qui êtes sur terre, remerciez le roi afin que vous puissiez vivre. Veillez sur son travail, protégez son commandement. Ce sera plus utile à celui qui le fait qu'à celui pour lequel c'est fait. Il sera sauf grâce à cela, heureuse sera sa conduite le long de toute la durée de sa vie. Cela lui sera utile auprès de son dieu dans la belle nécropole de l'Occident. O vous tous qui viendrez à cette mienne tombe, votre cœur sera plaisant par Osiris, le seigneur de l'enterrement, si vous dites: que le pain-bière pur soit donné au directeur des employés Métjetji, le dignitaire de son seigneur.

Votre cœur sera plaisant par Anubis, seigneur de l'Occident, si vous présentez l'offrande pour un esprit, car moi, je suis un esprit capable, et je suis un scribe capable qui mérite qu'agisse pour lui. Mais y a-t'il du pain pour un homme qui se révolte contre lui dans la nécropole, qui agit contre tout esprit qui rejoint la terre dans la belle nécropole de l'occident ? »


Destinée royale modifier

Le roi Djeser de la IIIe dynastie (vers 2650 av. J.-C.) est le premier souverain égyptien à bénéficier d'une pyramide. Ces constructions montrent que les rois égyptiens étaient considérés comme étant plus proche d'une nature divine qu'humaine. Mais la survie du roi dépend de plusieurs éléments. Si son Akh (esprit lumineux) rejoint le soleil et les étoiles, son Ka (force vitale) reste sur terre et doit être alimenté par des offrandes alimentaires régulières. Cette distribution néccessite toute une organisation cultuelle et logistique. Un souverain peut ainsi bénéficier de ce service sur une très longue durée avant que son culte ne tombe en désuétude. La momie tout comme les statues sont des supports qui permettent au Ka royal de se nourrir. La pratique de la momification se développe au cours de l'Ancien Empire égyptien. La momie de Mérenrê Ier de la VIe dynastie (vers 2250 av. J.-C.) est la plus ancienne momie royale à être conservée par le Musée égyptien du Caire. On a cependant découvert les vases canopes de la reine Hétep-Hérès Ire (IVe dynastie) preuve que l'éviscération se pratiquait déjà à cette époque. L'ensemble des lithurgies connues sous le nom de Textes des Pyramides permettent au roi de s'intégrer aux grands cycles cosmiques. Avec ces formules, le roi devient le soleil, une étoile, Orion ou Sothis[21]. Chaque membre du corps royal est placé sous la protection d'une divinité. La formule 213 permet au roi de devenir tel Atoum, le dieu créateur de la ville d'Héliopolis, la tête étant toutefois assimilée à Anubis:

« Ah Néferkarê, tu ne peux donc partir mort puisque tu es parti vivant, assis sur le trône d'Osiris, ton sceptre-sekhem dans ta main afin que tu puisses donner des ordres aux vivants, ton sceptre-bouton de lotus dans ta main (afin) que tu puisses donner des ordres à "Ceux dont [les places] sont cachées" ! (Étant donné que) [ton bras] est comme (celui d')Atoum, tes deux épaules sont (comme celles d')Atoum, ton ventre est (comme celui d')Atoum, ton dos est (comme celui d')Atoum, ta poitrine est (comme celle d')Atoum, tes deux jambes sont (comme celles d')Atoum, et ton visage est (comme celui d')Anubis, fais donc le tour des Buttes de Horus (et) fais donc le tour des Buttes de Seth ! »

— Textes des PyramidesPépy II— Chap.213[22].

Destinées individuelles modifier

 
Fausse-porte du tombeau de Manéfer. Règne de Djedkarê Isési, Ve dynastie, Musée égyptologique de Berlin.

Une fois la royauté pharaonique bien installée (vers 3000 av. J.-C), les familiers et les fonctionnaires royaux se font édifier des tombeaux et des mastabas autour du domaine funéraire royal[23]. Pour ce groupe de privilégiés, la religion funéraire consiste en une vie post-mortem qui se déroule à l'intérieur de ces sépultures. Là, le défunt bénéficie d'offrandes funéraires distribuées par faveur royale et sous le regard d'une divinité funéraire. L'Occident est d'abord le cimetière réel puis cette notion s'élargie et se charge de caractères plus spirituels. L'Occident devient alors une contrée lointaine gouvernée par une divinité[24]. De la Première à la IVe dynastie égyptienne, la religion funéraire patronnée par Anubis parvient à attirer à elles de nombreux fidèles non royaux. Mais cet prédominance d'Anubis sur l'Occident ne s'est pas faite sans la concurrence d'autres divinités funéraires. La divinité qui garantit au défunt des aliments peut donc être très variable suivant les cas. Durant la Première dynastie, la grande rivale d'Anubis dans cette fonction est la déesse Neith issue de la ville de Saïs[25].

Durant la première moitié de la IVe dynastie (vers 2500 av. J-C.), les grands personnages de l'État pharaonique se placent presque tous sous la protection d'Anubis. Le recourt à ce dieu apparaît dans des formules gravées sur les murs des chapelles qui surmontent les tombeaux. Durant la deuxième moitié de la IVe dynastie, Osiris s'installe à côté d'Anubis. Sous la Ve dynastie, Osiris supplante Anubis et devient le souverain incontesté des mondes de l'au-delà. Toutefois, Anubis conserve une place non négligeable dans les croyances funéraires[26]:

« Une offrande que donne le roi et que donne Anubis, préposé au pavillon divin, qui se tient sur sa montagne, imi-out, seigneur de la terre consacrée, afin qu'il puisse recevoir un enterrement parfait dans sa tombe qui est dans la nécropole occidentale, après être devenu très vieux en tant que possesseur de la condition d'imakhou auprès du dieu grand, seigneur de l'Occident.

Une offrande que donne le roi et que donne Osiris, préposé à Bousiris, afin qu'il soit accompagné par ses kas dans les places pures, et que sa main soit reçue par le dieu grand, et qu'il soit conduit sur les chemins sacrés de l'Occident, sur lesquels se promènent les possesseurs de la condition dimakhou.

Une offrande que donne le roi et que donne Anubis, préposé à la ville de Sépa, afin qu'il joigne la terre (soit enterré) et traverse le firmament, et que la (déesse de la) Nécropole lui offre ses bras en paix, en paix auprès du dieu grand, (au) possesseur de la condition d'imakhou auprès de son seigneur, qui a fait des offrandes et qui a atteint la condition dimakhou.

Une offrande que donne le roi et Osiris Khentamentiou, seigneur d'Abydos, afin que l'offrande lui soit donnée dans sa tombe qui est dans la nécropole (...), en toute belle fête, chaque jour, par jour pour la durée de l'éternité, car j'étais un qui est aimé de son père, loué de sa mère. »

— Linteau d'une tombe anonyme de Saqqarah. VIe dynastie[27].


Pourvoyeur d'offrandes modifier

Dès les époques les plus reculées, la fonction d'Anubis est de régénérer les défunts dans dans le cadre de ses activités de divinité funéraire. Le dieu est le neb qereset, c'est à dire le « maître de la sépulture » ou le « maître de l'enterrement ». Les formules d'offrandes funéraires, les épithètes et les actions d'Anubis qui apparaissent dans les textes funéraires attestent clairement de ce rôle. Sous l'Ancien Empire, très fréquemment, les défunts lui demandent d'assurer de bons enterrements dans le désert occidental, semyt imentet, afin qu'ils puissent devenir des imâkhou (esprits glorifiés, morts bienheureux), c'est à dire des ancêtres aptes à bénéficier d'un culte funéraire régulier et pérenne financé par des dotations royales et/ou privées[28]. Dans tous les corpus de textes funéraires, des Textes des Pyramides au Livre des Morts, en passant par les Textes des Sarcophages, apparaissent des souhaits où il est exigé à Anubis de garantir des offrandes alimentaires en abondance:

« Qu'Anubis donne une offrande au Chef des Occidentaux ! Tes milliers de pain ! Tes milliers de bière ! Tes milliers d'huile ! tes milliers d'albatre ! Tes milliers de vêtement ! Tes milliers de bovin ! »

— Antichambre de la Pyramide de Mérenrê, VIe dynastie, §§. 745 a-d[29]

« (L'Osiris N.[n 1] est) un pur dans la suite d'Osiris, chef des Occidentaux, au cours de chaque jour ; ses champs sont dans la Campagne des Félicités parmis les initiés, parmi ceux qui préparent les aliments pour Osiris; N. est auprès de Thot parmi ceux qui préparent les offrandes alimentaires. Anubis a ordonné (à) ceux qui sont parmi les offrandes que les offrandes de N. soient en sa possession, sans que cela puisse lui être enlevé par ceux qui s'occupent du butin. »

— Livre des Morts, Nouvel Empire, chapitre 144[30].

Cycle du Ba modifier

À partir d'allusions cosmologiques contenues dans les hymnes aux dieux et les incantations aux défunts, assez rarement attestées au Moyen Empire mais plus fréquemment à partir du Nouvel Empire, il apparaît que les Anciens Égyptiens inscrivaient leur perception de l'éternité dans une conception cyclique du temps. Le devenir des dieux et des êtres humains (ceux déifiés par le rituel de la momification) est fait de deux périodes distinctes mais complémentaires. La première est soumise au temps-neheh et la seconde à l'immuabilité-djet. La bonne intégration dans les deux permet à l'âme-Ba de bien survivre, de naître, de veillir et de renaître sans cesse ; le prototype de ce shéma d'éternité s'incarnant dans la relation symbiotique qu'entretient le dieu solaire avec le dieu funéraire Osiris (ou plutôt avec son corps momifié source et gage de régénération. Dans ce cadre, en tant que protecteur, ritualiste et de chef embaumeur, la place d'Anubis est de la plus haute importance ; tant pour son père Osiris que pour les mortels, chaque Égyptien cherchant à atteindre le ciel tels les astres lumineux (Soleil, Lune, étoiles) et à disposer d'une momie durable tel Osiris[31].

Le temps-neheh scande le monde dans lequel évolue les êtres vivants, cycle solaire annuel et journalier, cycle lunaire, cycle saisonnier des inondations du Nil, cycle des étoiles (planètes, décans)[n 2]. L'immuabilité-djet est celle de l'océan primordial Noun, de la Douat et du monde souterrain (nécropoles, tombes). Les astres, leur maître étant le soleil, parcourent ces deux dimensions temporelles. Pour ne prendre que l'astre solaire, le jour il évolue dans le ciel, d'est en ouest, après être sorti de l'Horizon oriental, tandis que la nuit, il parcourt le monde souterain, d'ouest en est, après avoir traversé l'Horizon occidental. Au plus profond de la nuit, il s'unit provisoirement à la momie d'Osiris afin de se régénérer et de pouvoir renaître le jour suivant[32]. Lors de l'emballement des mains, le ritualiste permet au défunt d'exister sous la formes des trente-six étoiles du décan:

« La protection des dieux de Haute et de Basse Égypte entrera en toi en provenance des 36 nomes ; tu te déplaceras ainsi grâce à eux parmi les baou excellents et tu feras ce que tu désires à l'intérieur du ciel, car tu te trouveras parmi les étoiles, ton ba (se déplaçant) vers les 36 étoiles, ta manifestation se trouvant parmi elles grâce à ton ib !
Ce qui se trouve dans ce qui est issu d'Osiris, les sécrétions issues de l'arbre arou, est venu à toi, tes chairs seront ainsi assouplies au moyen de son (=Osiris) corps grâce à un excellent travail dans la Douat, et ta peau sera affermie au moyen d'orpiment pur, sécrétion de Rê, éternellement (djet) ! Lorsqu'il t'aura donné l'or pour ton corps, une peau parfaite se trouvera à l'extrémité de tes membres !
Lorsqu'il aura rendu ta peau intacte grâce à l'or, il affermira tes membres grâce à l'électrum, ainsi, tu seras vivant, vivant, pour toujours (neheh), et régénéré, régénéré, pour l'éternité (djet) ! »

— Rituel de l'embaumement (Papyrus Boulaq III) 8, 12-16), traduction de Fr. Servajean[33]


extrait TP modifier

Ouvre donc les deux vantaux de la porte d'Aker (et) fais donc ouvrir les deux vantaux de la porte de Geb afin que tu puisses sortir à la voix d'Anubis lorsqu'il te glorifiera comme Thot, que tu puisses juger les dieux et que tu puisses fixer les limites des étendues célestes qui sont entre les Deux Puissants avec cette glorification qui est tienne qu'a ordonnée Anubis ! (...) Si les deux filles du roi de Basse Égypte, ses premières nées, les Deux Grandes Maîtresses, t'ont mis au monde, c'est que Rê t'a appelé depuis le zénith du ciel tel Horus qui préside à ses cuissots (...) tel le Chacal, l'administrateur des pays étrangers, et tel Anubis qui préside au Pays pur ! C'est en tant que dieu de l'aube qu'il t'a placé au cœur du Champ des Roseaux, assis sur ton trône ! (...) "Fasse le roi que s'apaise", "Fasse Anubis que s'apaise", ton millier de pain, ton millier de bière, (...), ton millier de toute chose que tu manges et vers laquelle tu places ton désir ! Que l'arbre-ima te serve et que le jujubier tourne sa tête vers toi comme ce qu'Anubis a fait pour toi !

Réf modifier

  1. Durisch Gauthier 2002, p. 16-17
  2. Durisch Gauthier 2002, p. 1-3, DuQuesne 2005, p. 402-404
  3. Servajean 2011, p. 24-28, Hollis 2008, p. 71
  4. Charron 2001, p. 10
  5. Servajean 2011, p. 27-29, Charron 2001, p. 17
  6. Durisch Gauthier 2002, p. 4-5
  7. Durisch Gauthier 2002, p. 345
  8. Lalouette 1987, p. 106
  9. Durisch Gauthier 2002, p. 6
  10. DuQuesne 2005, p. 412-418
  11. Rachet 1996, p. 190-191
  12. Lexa 1925, p. 126 du tome II
  13. DuQuesne 2005, p. 350
  14. DuQuesne 2005, p. 350
  15. Carrier 2010, p. 1170-1175
  16. DuQuesne 2005, p. 351-352
  17. Carrier 2010, p. 1736-1739
  18. Desroches Noblecourt 2004, p. 108
  19. Desroches Noblecourt 2002, p. 325-328
  20. Weill 1947, p. 143
  21. Adam et Ziegler 1999, p. 20-23
  22. Carrier 2010, p. 1405
  23. Weill 1947, p. 144
  24. Weill 1947, p. 145
  25. Weill 1947, p. 148
  26. Weill 1947, p. 150
  27. Roccati 1982, p. 150-151
  28. Hollis 2008, p. 79
  29. Carrier 2010, p. 1975
  30. Barguet 1967, p. 191
  31. Servajean 2012, p. 717 et passim
  32. Servajean 2012, p. 701
  33. Servajean 2009, p. 10


Nyikang
Divinité africaine
(Soudan du Sud)
Culte
Région de culte Royaume shilluk
Temple(s) Kodok, Akurwa, Nyiloal, Wau, Turro, Telal, Nyibodo, Nyikang Ottigo.
Famille
Père Okwa
Mère Nyakayo
Fratrie Duwat (frère aîné)
• Enfant(s) Cal, Dak
Symboles
Animal papillons, scarabées

Nyikang (en langue Shilluk Níkàŋò), fils de Okwa et de Nyakayo, est le premier roi de la dynastie règnante du royaume Shilluk, actuellement une simple institution traditionnelle dépendant de la République fédérale du Soudan du Sud. Ce personnage historique, probablement originaire d'une contrée proche du Lac Albert, a sans doute vécu au cours du XVe siècle et a fondé la nation Shilluk en s'installant sur la rive occidentale du Nil Blanc dans les environs de Fachoda. La croyance shilluk lui attribue un grand nombre d'aventures mythologiques mais le plus grand de ses exploits est sa guerre victorieuse contre Cang Garo, le Pays du Soleil. Ce personnage joue un grand rôle dans la religion traditionnelle shilluk en étant considéré comme un intercesseur efficace entre le dieu créateur Jwok et le genre humain. Nyikang bénéficie à ce titre d'une dizaine de temples-cénotaphes réparti sur tout le territoire shilluk ; les deux temps forts de l'année cultuelle étant les cérémonies des semailles puis des prémices de la céréale durra, une variété locale du millet.

Ce roi africain, élevé au rang de demi-dieu par son peuple, est une célèbre figure de la littérature ethnologique depuis les travaux du brittanique Charles Gabriel Seligman (1873-1940) cités et résumés en 1916 par son compatriote James George Frazer (1854-1941) dans le troisième volume de son ouvrage Le Rameau d'or, une compilation de milliers de faits sociaux et religieux.


Diplomate modifier

Relations diplomatiques avec le Proche-Orient modifier

Durant la première moitié du IIe millénaire av. J.-C., l'Égypte du Moyen Empire est absente de la scène politique du Proche-Orient. Ceci, malgré la puissance des pharaons de la XIIe dynastie. Contrairement aux affirmations du grec Hérodote, Sésostris III n'a pas annexé les territoires asiatiques de Syrie-Palestine, colonisé la Colchide et soumis les peuples Scythes et Thraces (Histoires II, 102-110). Les Égyptiens étaient cependant en contact avec la Palestine, comme l'attestent les textes d'exécration mentionnant des royaumes de cette région, ainsi que le Conte de Sinouhé qui narre l'exil d'un courtisan auprès de nomades sémites. Au contraire, c'est du Proche-Orient que viennent les Hyksos, qui s'emparent du Nord de l'Égypte dans la première moitié du XVIIe siècle av. J.-C. Il en va tout autrement dans la seconde moitié du IIe millénaire.

Dans le Proche-Orient du IIe millénaire av. J.-C. règne un relatif équilibre des puissances. Aucun royaume ne réussit à prendre le dessus sur ses voisins de façon durable. Cependant, on assiste progressivement à la formation d'entités politiques de plus en plus puissantes et stables, qui dominent le concert international, et imposent leur domination à un certain nombre d'États vassaux, dont le nombre tend à se réduire. Ces vassaux sont l'objet de nombreuses rivalités entre royaumes dominants, qui entraînent parfois des conflits ouverts.


Mariages politiques modifier

Dès l'Ancien Empire, des princesses étrangères sont devenues les épouses secondaires des rois égyptiens. Sahourê semble ainsi avoir reçu auprès de lui une princesse de Byblos. Inversement, durant le Moyen Empire des égyptiennes ont été envoyées auprès des dirigeants de cette ville phénicienne. Les unions diplomatiques sont cependant mieux renseignées pour la période du Nouvel Empire. Durant tout le IIe millénaire av. J.-C., les pharaons successifs ont échangé avec leurs homologues du Moyen-Orient une intense correspondance en akkadien, la langue diplomatique de l'époque ; pour preuve les tablettes cunéiformes découvertes à Amarna en Égypte, à Ougarit dans l'actuelle Syrie et à Hattusa dans l'actuelle Turquie.

 
Carte du Moyen-Orient au XIVe siècle av. J.-C.

D'après une tombe commune découverte en 1916 par des pilleurs dans la Vallée des singes, on sait que Thoutmôsis III a épousé trois cananéennes ; les princesses Manheta, Manouai et Marouti[1]. En son temps, Thoutmôsis IV épouse une princesse du Mitanni, la fille du roi Artatama Ier. Son fils et successeur Amenhotep III épouse au moins quatre princesses étrangères de haute lignée. Giloukhepa, fille de l'empereur Shutttarna II du Mitanni arrive en l'an 10 avec une escorte de 317 dames et servantes. En l'an 36, elle est suivie par sa nièce Tadukhipa, sœur de l'empereur Tushratta. Il est aussi attesté qu'Amenhotep III a épousé une sœur et peut-être une fille du roi Kadashman-Enlil Ier de Babylonie[2]. Après la mort d'Amenhotep III, la princesse Tadukhipa, vue son haut-rang devient une épouse secondaire d'Akhénaton. Par la suite, ce dernier a aussi épousé une babylonienne, fille de Burna-Buriash II[3]. Parmi les nombreuses épouses secondaires de Ramsès II figurent des princesses nubiennes du pays de Ouaouat et des princesses asiatiques, filles des rois vassaux. La mariage le plus prestigieux est célébré en la 34e année de règne lorsque l'empereur hittite Hattushili III envoie en Égypte sa fille aînée Maâthornéferourê[4].

Traité de paix modifier

couronnement pharaonique modifier

Purification modifier

 
Purification de Ramsès IV par Horus et Thot - XXe dynastie - Karnak.

Durant les Ancien et Moyen Empires, le sacre se tient à Memphis ; à Thèbes sous le Nouvel Empire, puis de nouveau à Memphis sous les Lagides. La cérémonie est trop complexe pour pouvoir être reconstituée dans les détails. Il est cependant possible de dégager quelques rites saillants. Après son réveil, le nouveau pharaon est purifié par aspersions d'eau dans une pièce du palais et/ou devant le pylône d'entré du temple principal de la ville. Deux prêtres jouent le rôle d'Horus et Thot. D'après les textes, les deux divinités représentent les quatre points cardinaux. Dans les scènes pariétales, les deux dieux sont montrés en train de tenir deux aiguières d'or au-dessus de la tête du Pharaon. Ils le lavent de toutes ses souillures en l'aspergeant abondamment d'eau. Les deux filets d'eau s'écoulent hors des vases en s'entrecroisant. L'eau est figurée sous la forme d'une alternance des symboles ânkh et ouas (vie et prospérité) pour évoquer les bienfaits de l'eau du fleuve[5].

Un et multiple modifier

Transcription Hiéroglyphe Traduction
Behedety
F18D46X1
O49
Horus d'Edfou
E20
C7
st
S
O34
t
S
st
F32
O34
t
F32
M23G43X1
Z4
Tableau 1./ Les diverses formes du dieu faucon

Guerre rituelle contemporaine (Shilluk) modifier

 
Croquis de l'effigie de Nyikang

L'Égypte antique a fondé sa civilisation sur le concept de la dualité. Le pays est ainsi perçu comme l'union des « Deux Terres » et le pharaon incarne dans sa personne les « Deux Combattants » — Horus et Seth — apaisés par un verdict définitif prononcé par Geb ou (selon les versions du mythe). Cette conception duelle du cosmos perdure encore de nos jours dans la vallée du Nil, mais plus en amont, auprès des Shilluk du Nil Blanc (Soudan du Sud). Le héros culturel de cette ethnie est le roi Nyikang, mystérieusement disparu lors d'un banquet, emporté dans les eaux du fleuve par une bourrasque tempétueuse[n 3]. Depuis lors, chacun de ses successeurs incarne ce personnage en s'emparant de son âme lors des cérémoniels de l'intronisation. Cette cérémonie se présente comme un drame sacré et une guerre rituelle. À la mort de chaque souverain, le royaume se disloque en deux régions ; Luak au sud et Gerr au nord et débute une période d'interrègne marquée par la violence et la confusion. Les deux régions se dotent chacune d'une armée factice forte de plusieurs centaines de combattants armés de longues tiges de milet. Les effigies de Nyikang et Dak, son fils, conduisent les troupes du Nord tandis que le prince héritier conduit celles du Sud[n 4]. Le matin de l'intronisation, les deux camps se font face près de Fachoda, la capitale située à la frontière des deux régions. Les troupes sudistes du prince envahissent le Nord et le combat simulé fait rage. La bataille se termine invariablement par la victoire de Nyikang dont les partisans capturent le prince[n 5]. Ce dernier, fait prisonnier, est prié de porter l'effigie de Nyikang jusqu'à Fachoda où, après un sacrifice bovin, elle est déposée sur le trône. Après quelques instants, le prince s'assoit à son tour sur le trône et l'âme de Nyikang s'empare de lui. Le conflit rebondit lorsque l'effigie de Nyikang enlève la jeune épouse du roi. Le souverain négocie pour la lui reprendre mais Nyikang vexé lui déclara à nouveau la guerre avec une petite troupe. Après quelques assauts devant le palais royea, Nyikang et le roi tombent d'accord pour cesser le combat. Le roi garde son épouse et Nyikang retourne chez lui dans son temple. Cet ultime affrontement marque la fin de l'investiture royale et de la période de confusion. Tous les chefs locaux se présente devant le roi, nord et sud confondus, et lui jurent fidélité dans l'espérance d'un règne heureux[6].

bla modifier

Débit moyen mensuel (en m³/s) du Nil selon les mois du calendrier nilotique[7] :

ChemouPeretAkhetKhoiak


Calendrier agricole modifier

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Crue du Nil
et Lune
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Rites et
Offrandes
 
Reconstitution
d'Osiris
par Pharaon
 
Reverdissement
des plantes
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Agriculture
Élevage
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Schéma des interconnexions symboliques évoquées lors des
rites des Mystères d'Osiris du mois de Khoiak.

Les Anciens Égyptiens sont un peuple d'agriculteurs dont la survie dépend de la croissance des céréales (blé, orge, sorgho). Comme le pays est quasiment dépourvu de pluie, la fertilité des champs est uniquement liée à l'inondation annuelle du Nil. Les terres agricoles sont irriguées par un système complexe de canaux et de digues afin de distribuer l'eau le plus équitablement possible. Le sol est renouvelé et fertilisé par un apport annuel de limons et de dépôts argileux charriés par les eaux depuis les Grands Lacs africains. Chaque année la crue est guettée avec angoisse car si elle est insuffisante ou, au contraire, si elle trop importante la disette voire la famine s'en suivent. La crue débute à la mi-juin mais ce n'est que dans la seconde moitié de juillet que les eaux s'enflent en un puissant courant. À la fin septembre, l'inondation atteint son plus haut niveau. Les terres agricoles sont submergées et seuls les villages édifiés sur les points les plus élevés émergent encore comme des îles. Durant un mois, les eaux stagnent à ce niveau puis décroissent de plus en plus rapidement. En décembre-janvier, le Nil est rentré dans son lit. Cependant, les eaux continuent à baisser et en mai-juin, le fleuve connaît son étiage en se réduisant à la moitié de la largeur ordinaire[8].

Débit moyen mensuel (en m³/s)
Station hydrologique : Assouan
(1900 - 1982)
Source : UNH/GRDC

Description du Mythe modifier

Le mythe d'Osiris est le plus ancien mythe qui existe au sein de la civilisation égyptienne. Selon la légende, Osiris aurait été le roi du monde. Il enseigna à son peuple l’agriculture, l’architecture et leur donna des lois. Son frère, Seth, jaloux de l’amour que les égyptiens lui portaient, inventa une ruse pour s’emparer du trône. Il fit construire un coffre en bois précieux et déclara qu’il l’offrirait à celui qui, en s’y couchant, le remplirait exactement. Lorsque ce fut le tour d’Osiris, Seth et ses complices refermèrent le couvercle et jetèrent le coffre dans le Nil. Isis, l’épouse et la sœur d’Osiris, aidée par sa sœur Nephthys, partit à la recherche de son époux. Elle le retrouva du côté de Byblos. Elle le cacha dans un endroit qu’elle garda secret. Lorsque Seth le découvrit, il découpa son frère en quatorze morceaux qu’il dispersa à travers toute l’Égypte. Isis et sa sœur finirent par les retrouver et reconstituèrent le corps. Osiris fut la première momie et Isis le ramena à la vie. Il devint ainsi le roi de l’au-delà. Isis eut de lui un enfant, Horus, qui chassa Seth du pouvoir et devint, à sont tour, pharaon. Dans les croyances égyptiennes, quand un homme mourait, il faisait un long voyage au terme duquel Anubis le conduisait au tribunal d’Osiris pour peser son cœur, siège de son âme. S’il pesait plus que la plume de Maât, déesse de la vérité et de la justice, c’est qu’il avait commis trop de fautes durant sa vie. Dans ce cas, un monstre dévorait son cœur. Mais s’il était plus léger que la plume, l’âme entrait dans le royaume d’Osiris où elle vivait éternellement. Le mythe d’Osiris donnait aux Égyptiens l’espoir d’une vie dans l’au-delà. Ils croyaient qu’à la mort d’un homme, son âme se séparait de son corps. Elle ne le retrouvait que bien conservé grâce à l’embaumement et après avoir été jugée au tribunal d’Osiris. Osiris est ainsi considéré comme le père des pharaons, le dieu des morts et le symbole de la vie dans l'au-delà. De sorte que le peuple égyptien fut persuadé que pour vivre dans l'au-delà, il fallait, comme Osiris, répéter sur le corps du défunt les gestes magiques d'Isis et les prières d'Horus et de Thot. Ce grand Dieu de la mythologie égyptienne est devenu après sa mort terrestre, la douat. Son fils Horus a alors hérité du royaume d’Égypte. Osiris est souverain dans le monde des morts : il est le juge suprême des défunts, qui doivent se justifier devant lui pour accéder à la seconde vie.

Le dieu Osiris modifier

Matériau magique modifier

Le Papyrus Jumilhac (époque gréco-romaine) mentionne à cinq reprises un petit mythe au sujet des figurines de Khoiak. Après le démembrement d'Osiris, Anubis et Thot partent à la recherche des membres épars. Ils trouvent d'abord la tête. Pour s'éviter de trop longues recherches, Thot décide de lui redonner artificiellement la vie afin de lui faire dire où se trouve les autres parties du corps. Pour ce faire, Thot ensorcelle la tête après lui avoir donné un corps de substitution en glaise:

« Ils réfléchissaient vigoureusement. Ils apportèrent de l'argile pure du lac en ce lieu, sur le côté de la nécropole. Une statuette fut dressée debout, sa partie manquant étant en terre, après qu'il eut réuni la tête de son père avec sa poitrine. Elle fut ensorcelée par Thot grâce à de nombreuses incantations, pour lui faire révéler les lieux où se trouvaient ses membres. »

— Papyrus Jumilhac, X.20-XI.15[9]

La glaise crue est un matériau utilisé dans de nombreuses opérations magiques. À l'image du dieu Khnoum qui façonne les humains avec de la terre sur son tour de potier, chaque magicien égyptien est capable de fabriquer de petites statuettes en argile puis de les animer grâce à d'efficaces paroles incantatoires. Ces figurines peuvent avoir pour fonction de représenter un ennemi à détruire ou, au contraire, de servir de protecteur contre les forces mauvaises de l'au-delà[10].

Osiris dieu agraire modifier

Osiris est un Dieu en rapport avec la végétation et la nature renaissante, qui meurt et revit encore et encore en fonction des destins annuels du sol terrestre : lorsque vient l’inondation (c'est-à-dire au moment de la crue du Nil), les plantes meurent et on dit alors qu’Osiris est mort. Mais Osiris revit de nouveau car c’est cette eau qui fait reverdir les champs l’année suivante : les herbes surgissent à nouveau de la terre c'est-à-dire du corps du Dieu ; c’est la preuve de sa renaissance. De ce fait, les chairs d’Osiris peuvent être colorées en vert (la couleur de la végétation) ou en noir (la couleur du limon fertile). On représente le Dieu comme un champ qui resurgit de l’eau ou l'on représente la terre toute entière étendue sur le cadavre d’Osiris. Les arbres lui sont également associés, ils sont toujours présents au niveau des tombeaux-cénotaphes qui lui sont consacrés. Les égyptiens sont un peuple d’agriculteurs, ils cherchaient ainsi à s’approprier la force du Dieu afin qu’elle favorise la germination et la levée des récoltes.

Osiris dieu des morts modifier

Osiris est devenu après sa mort terrestre, la douât. Son fils Horus a alors hérité du royaume d’Égypte. Osiris est souverain dans le monde des morts : il est le juge suprême des défunts, qui doivent se justifier devant lui pour accéder à la seconde vie.


Crépuscule égyptien modifier

 
Sanctuaire du temple d'Edfou (époque de la domination gréco-romaine).

Les Européens des XVIIe et XVIIIe siècles ont perçu l'Égypte antique comme une civilisation basée sur une double religion où seule une minorité éclairée par des « mystères initiatiques » pouvait bénéficier d'une vraie connaissance théologique[n 6]. Cette fausse interprétation repose en partie sur des sources antiques comme des écrits de voyageurs Grecs et Romains allés en Égypte chercher des réponses à leurs questionnements. Parmi ces voyageurs figurent, entre autres, Pythagore, Hérodote, Platon, Diodore, Strabon. Il est probable que les prêtres égyptiens, interrogés par ces visiteurs, aient donné de leur nation l'image d'une société double divisée en une culture populaire et une culture élitiste. Les Anciens Grecs ont fait l'expérience, en Égypte, d'une civilisation vivante mais à son crépuscule. À partir du VIe siècle av. J.-C., le pays du Nil a peu à peu perdu de son indépendance politique en étant la victime d'une succession d'invasions étrangères (perses, nubiennes, macédoniennes, romaines). Les élites égyptiennes, déclassées politiquement, se sont alors réfugiées au sein des temples pour conserver leurs revenus, leur prestige et leur statut social. Cette cléricalisation de la culture égyptienne produisit une réflexion religieuse où les anciennes traditions furent repensées et développées en un système symbolique complexe basé notamment sur le mythe du démembrement d'Osiris. La culture écrite des hiéroglyphes s'en trouva extrêmement modifiée avec un nombre de signes multiplié par dix. L'apprentissage de l'écriture devint un art difficile nécessitant une dizaine d'années d'études. Cette complexification produisit une coupure entre la masse du peuple égyptien et les prêtres occupés à leurs spéculations magico-religieuses derrière les murs d'enceinte des temples[n 7]. Cette coupure se matérialisa par l'existence de deux systèmes d'écriture, le système hiéroglyphique réservé aux religieux possesseur de la sagesse divine et le système démotique plus largement diffusé auprès de la population et de l'administration[11].

Nature de la royauté modifier

La nature de la monarchie Shilluk et de l'autorité royale est compréhensible à travers les modalités de la succession au trône et par l'observation des luttes pour le pouvoir inhérentes à ces modalités. Nyikang, par son charisme, son héroisme et son exemplarité, a fondé la nation Shilluk et la chronologie des temps historiques ; son comportement hors norme devenant un modèle pour chacun de ses successeurs. Pour perdurer, l'institution monarchique a toutefois mêlée à cet ordre charismatique des motifs coutumiers où les rois doivent se soumettre aux lois immémoriales de la tradition



Cet ordre nouveau se perpétue à travers les générations grâce à des comportemements immuables codifiés par la coutume. Le modèle de ces normes traditionnelles sont les faits et gestes du héros. Dans ce cadre, le récit de la vie de Nyikang est considérés par les Shilluk comme étant la charte constitutionnelle de l'institution royale (ordre charismatique). Pour perdurer, cet ordre charismatique a toutefois intégré

Si la monarchie Shilluk est une mise en forme routinière du charisme originel de Nyikang (chaque roi est Nyikang), cette institution repose aussi sur

. L'accession à la charge royale est une mise en tension de ce charisme originel et

Mythologie modifier

Dimo modifier

Chez les peuples nilotiques, les relations entre un homme et ses parents maternels (surtout les frères de la mère) sont généralement harmonieuses. L'amabilité et la gentillesse est plus grande avec la parenté maternelle qu'avec la parenté paternelle. Néanmoins, les mythes Shilluk présentent une série de querelles entre les deux plus anciens rois (Nyikang et son fils Dak) avec plusieurs de leurs parents maternels.

Après s'être faché avec Duwat, Nyikang et ses partisans prennent la décision de descendre le fleuve Bahr el-Ghebel. Après quelques temps, les migrants arrivent dans le pays du chef Dimo. Certains narrateurs affirment que Dimo et Nyikang sont frères mais cette relation de parenté n'est pas confirmée par toutes les versions du mythe. Le « pays de Dimo » peut aussi prendre le nom de « pays de Turo », ce dernier étant un fils ou un descendant de Dimo. Nyikang reste dans cette contrée durant plusieurs années, le temps d'épouser une Nyidimo ou « fille de Dimo », probablement la fille du chef Turo. Cette épouse, dénommée Akec, donne naissance à plusieurs enfants dont le turbullant Dak, le successeur de Nyikang. D'une nature querelleuse, Dak entre en conflit avec tous les membres du peuple de Dimo. Quand Nyikang est informé qu'un complot vise à assassiner Dak, il décide de fabriquer une effigie à la ressemblance de son fils pour qu'elle soit transpercée à sa place par les lances des comploteurs. Cet épisode mythique est la toute première mention d'une effigie sacrée, un objet présenté comme une invention de Nyikang[12].


Inceste royal modifier

« Nyikang arriva à une place que les autochtones appellent Kofat. C'était un large endroit situé le long de la rivière. Nyikang dit que Dak et Boor étaient tous les deux impétueux et brave et que pour cette raison, ils ne seraient jamais capable de vivre en paix ensemble, aussi envoya-t'il Boor au loin pour fonder son propre pays. Il dit aussi que ce n'était pas la peine d'envoyer Cal au loin car il était trop couard. Avant son dépard, Nyikang fit cadeau à Boor de la mère de Dak. Le nouveau couple partit au loin. Quand Dak fut mis au courant de la chose, il entra dans une forte colère et se mit à poursuivre Boor pour le tuer. Il les rejoignit, mais lorsqu'il voulu tuer Boor, la mère de Dak le sauva en le prenant sur ses genoux comme un bébé, ce qui retenu Dak de le frapper. Déconcerté dans ses efforts pour évacuer sa colère sur Boor, Dak se hâta de retourner parler à Nyikang. Il était très en colère aussi Nyikang décida de le calmer. Dak dit à Nyikang: « Pourquoi as-tu envoyé ma mère au loin ? » Nyikang lui offrit plusieurs femmes mais il les refusa. Alors il lui offrit du bétail pour le consoler de la perte de sa mère, mais de nouveau, il refusa. Alors Nyikang lui demanda ce qu'il désirait pour compenser pour la perte de sa mère. Il dit à son père: « Je veux une de tes filles pour épouse ». Sa requête fut exhausée. Dak devint ainsi le gendre de son propre père. Un enfant naquit de cette union, ce qui causa une très grande surprise à Nyikang. Il dit à Dak: « Je pensais que tu craindrais de t'unir à ma fille ». Dak répliqua en disant: « Ta fille, n'est-elle pas une femme ? ». C'est pour cette raison que de jeunes hommes Shilluk prennent parfois une femme appartenant au père de l'époux. En outre, ce fait est à l'origine de la coutume que le roi prenne pour épouse, lors de son intronisation, l'une des filles du précédent roi. »

— D. S. Oyler, Nyikang et la migration Shilluk, 1918[13].

Poisson modifier

« Un certain homme dénommé Ocholo était l'esclave de Nyikang. Un jour, il accompagna Nyikang à la rivière, il devint un poisson et il sortit la tête hors de l'eau en disant: "Buh !" Nyikang ne sut que faire, il rentra à la maison et confectionna un harpon avec une cordette fixée au bout du manche. Il retourna à la rivère et de nouveau le poisson sortit la tête de l'eau en disant: "Buh !" Alors Nyikang voulu transpercer le poisson mais il le manqua, cet homme était un esprit-jwok. De nouveau, il sortit sa tête. Nyikang le visa une seconde fois mais le loupa encore une fois. Lassé, Nyikang rentra chez lui. Quand il arriva chez lui, il vit le même homme qui rassemblait le fumier des vaches...

Le jour suivant, Nyikang retourna à la rivière et l'homme fit de même. Il sortit la tête hors de l'eau en criant: "Buh !" Nyikang le visa avec son harpon mais le loupa encore. Dans la soirée, Nyikang rentra chez lui. Il fit venir Dak et lui dit: "Dak, fils de l'homme, il y a un grand poisson dans la rivière, j'ai échoué à l'attraper, j'ai essayé de le transpercer mais je l'ai manqué." Dak demanda: "Quel sorte de gros poisson se trouve dans cette si petite rivière ?" Nyikang répondit: "Va à la rivière et regarde. Il y a un poisson avec une très forte voix. Je l'ai visé mais je l'ai toujours loupé. Je ne sais plus que faire avec lui, fils de l'homme." Dak partit vers la rivière. Le poisson sortit la tête de l'eau et dit: "Buh !" Il le visa mais le manqua. Il retourna à la maison et dit: "Je ne sais que faire pour réussir à le transpercer !" Mais Nyikang répondit: "Oh fils, tu n'as pas fait les choses correctement." Dak fabriqua un harpon bien droit et retourna à la rivière. Le poisson sortit la tête hors de l'eau en disant: "Buh !" À ce moment, Dak lança le harpon à l'endroit où l'eau s'éclaboussait et le harpon toucha et blessa le poisson. Alors l'homme-poisson se leva et dit: "Ah, Dak, tes paroles sont mauvaises, tu es très rusé !" Alors, l'homme-poisson retourna au palais et devint le sujet de Nyikang et Nyikang lui fit construire le village nommé Alengo situé à côté du ruisseau Dok. »

— Diedrich Westermann, Le poisson Ocholo, 1912[14]

lengo= où on lance, jeter, dok= bouche, langage.

Nyikang et la tempête modifier

« Alors que Nyikang était en train de capturer des gens, il arriva dans une certaine contrée, il dit: "Ah, que dois-dire ?" à cause des gens qui étaient des sorciers-ajwok. Nyikang avait des difficultés à les capturer, de nouveau, il dit: "Eh bien ! Que faire avec ces gens ? Ah, j'ai trouvé !" Alors il se transforma en vent, puis ce vent devint un sombre nuage qui se mit à recouvrir toute la contrée (il fit si sombre que les magiciens ne virent plus rien); puis il les captura. Il les emmena avec lui, puis il leur fit construire un village. Ce sont les descendants d'une femme, ils vivent à Twolang, Nyikang leur a donné une vache, une vache trouvée dans la rivière, une vache-ogego. »

— Diedrich Westermann, Nyikang et les sorciers, 1912[15].

Disparition de Nyikang modifier

Razzia au Pays du Soleil modifier

La femme captive modifier

Le Kwa Ojul ou Kwa Ajal, « les enfants d'Ojul », est un clan qui a pour fondateurs les bouviers Ojul et Milo, ce dernier ayant dénommé le clan d'après le nom de son père. Ce groupement familial est tenu par la tradition d'offrir une vache brune à chaque futur roi lors de son séjour à Debalo. L'animal est ensuite sacrifié peu avant l'intronisation sur la route qui conduit le prince à Fachoda[16]. Selon une version du mythe narrée à Diedrich Westermann, Ojul a suivi Nyikang dans son exil après sa dispute avec le roi Duwat[17]. La version du mythe de la razzia du Pays du Soleil compilée en 1918 par le révérend D. S. Oyler (voir ci-dessus) se conclue par une sentence prononcée par le dieu Jwok en la défaveur des Shilluk, les descendants des pillards étant condamnés à payer des taxes à leurs dirigeants[18]. Une variante publiée dès 1910 par Wilhelm Hofmayr ne fait pas intervenir le dieu Jwok dans le règlement du ligite mais donne une large place à une femme que Dak a capturée dans le Pays du Soleil. Cette femme, dont le prénom n'est pas communiqué, devient ici la première reine du royaume Shilluk en consentant de s'unir avec Dak grâce à l'entremise de Nyikang qui accepta lors de la négociation matrimoniale de se délester d'une partie de ses biens. Dans cette version, les Kwa Ojul sont les descendants des prisonniers capturés par Nyikang lors de la razzia du Pays du Soleil. Le récit encode une série d'événements fondateurs et se présente comme la charte mythique de la monarchie Shilluk ; origine fabuleuse du troupeau royal, des femmes de haut-rang et d'une des plus importante famille, origine des bracelets en argent portés aux poignets des souverains Shilluk, origines des guerres inter-ethniques, origine des pillages et des rapts perpétrés par les Shilluk sur leurs propres terres et au dehors en prélude d'une intronisation, etc.

 
Coucher de soleil à l'ouest du Nil

« (...) Nyikang arriva enfin dans cette merveilleuse contrée ; en vérité, il aperçut de nombreux troupeaux dans les pâturages ainsi que de nombreux jeunes hommes ornés de bracelets et de cannes en argent. Nyikang et Dak entrèrent dans une hutte où s'affairait une jeune femme. Elle était si belle que les deux héros Shilluk n'en revenaient pas. Dak demanda à la femme si elle voulait bien l'épouser et si elle voulait le suivre dans le Shillukland. Horrifiée, la femme sursauta et maudit les deux hommes, noir de peau et sans bijoux. Dak lui répondit: « Certes, nous sommes noirs et sans bijoux. Mais tu vas bientôt constater que nos armes sont bien plus efficaces que celles de tes guerriers et que nous sommes digne de te demander ta main. » La femme leur indiqua alors l'endroit où son époux et ses bouviers avaient emmené paître le troupeau. Nyikang et Dak se tournèrent vers cet endroit. C'était l'heure où les bestiaux s'en revenaient des pâturages. Les hommes, magnifiquement parés de leurs bijoux en argent, suivaient le troupeau. Dak qui convoitait tant ces objets se mit à aller à rencontre des hommes. Aussitôt, un grand combat se déclencha. L'homme avec les lourd bracelets en argent fut soumis et Dak s'empara de tous ses biens. Dans le feu de l'action et parce qu'ils étaient très près du Soleil, beaucoup de Shilluk tombèrent à terre. Nyikang fit apporter de l'eau et aspergea tous ses guerriers. Tous revinrent à eux. Il aspergea même le Soleil pour qu'il ne brûle plus aussi fort. De suite, il se mit à rayonner moins fortement. En fin de compte, les Shilluk furent les vainqueurs et s'emparèrent des bestiaux et des hommes. Les gens qui ont été déportés de cet endroit sont les Kwa Ojul. De retour au Shillukland, Dak paré des bijoux qu'il avait volé, tenta de se rapprocher de la jeune femme. Mais, de nouveau, il fut éconduit. Humilié, il ne fit plus de demande à cette femme. Nyikang proposa à la captive des vaches et des bœufs de son pays mais elle les refusa. Il lui proposa des femmes Shilluk pour servantes, mais elle les refusa. Nyikang lui proposa le droit de prélever sur l'ensemble du Shillukland, à l'occasion de chaque intronisation, un certain nombre de jeunes filles ainsi que des lances, de la graisse et des moutons. Finalement, elle donna son consentement en échange de cette dotation. (...) »

— Wilhelm Hofmayr, L'origine lointaine des Kwa Ojul, 1910[19].

Ayuel modifier

« {...} Personne ne sait comment le Monde débuta dans le temps passé. L'homme qui naît entend des histoires narrées par son grand-père, choses qu'il tient de son propre père. C'est ce que vous allez entendre. C'est ce que nous avons entendu de nos propres oreilles au sujet du Commencement dans les temps anciens. Cela a été entendu par des oreilles mais pas vu par des yeux.

Le monde antique fut secoué par une rivalité entre Ayuel Longar et la famille de Padiet, fils de Anyok, Anyok fils de Diing. Ces deux hommes se disputaient à propos du pays. Ils étaient les fils d'un seul père mais de deux mères ; un homme et le fils de son père. Le peuple Dinka se divisa, les uns restèrent avec Ayuel, les autres rejoingnirent Padiet. Ils devinrent les groupes de Ayuel et le groupe de Padiet. Les uns devinrent les Kiec d'Ayuel. Les autres devinrent les Ric de Padiet. Ils se divisèrent en deux.

Cette division se produisit il y a bien longtemps, cela ne c'est pas fait récemment ; cela se produisit dans les temps anciens. Cela commença avec nos ancêtres. Ayuel était en conpétition avec Padiet. Ayuel envoya un messager visiter le campement du Soleil. Quand le Soleil aperçut le messager, une querelle débuta. Le Soleil lui donna deux plats rempli de nourriture en disant: "Celui qui mangera toute la nourriture, deviendra le chef." Ayuel Longar arriva et rassembla toutes les tribus. Comme Padiet rejetait cette autorité, il appela toutes les autres tribus et les rassembla. Alors, Ayuel dit: "Cette nourriture, nous devons la manger ! Pouvons-nous être défait par un petit plat de nourriture ?" C'est ainsi qu'il rassembla ses partisans. Ils mangèrent durant quatre jours mais le plat ne se vida pas. Le ventre plein, Ayuel dit: "Quelle terrible chose que ce plat, un plat avec un sombre anus. Jettons-le !" Le chef Soleil n'aima pas entendre ces paroles.

Le chef Soleil fut le premier à être créé. Il dit: "Que dois-je faire avec cet homme ? Comment dois-je traiter avec lui ?" Ayuel construisit pour lui même une étable avec huit portes. Quand le Soleil franchit la première porte, Ayuel se cacha derrière la deuxième. Ils firent ainsi tout le tour de l'étable, allant d'une porte à l'autre.

C'est ce que fit cet homme, l'homme Ayuel Longar.

Chaque fois que le Soleil avait traversé l'étable, Ayuel le faisait repasser de nouveau. Cela dura un bon moment. À la fin, le Soleil alla consulter le chef Lune, il lui dit: "Chef Lune, je suis mis en échec par cette étable. L'homme dénommé Ayuel Longar a jeté mes biens, la nourriture que je lui ait donné. Il m'a défié. Que dois-je faire ?" Le chef Lune dit: " La nuit prochaine, quand le monde sera sombre, je descendrai et je me joindrai à lui pour une conversation, avec lui et sa famille. Il sera assis avec ses épouses et ses enfants."

Le Soleil dit: "Fort bien et ensuite ?"

La Lune répondit: "Je lui transpercerai la tête avec ma lance."

Dans un grand coup de tonnerre, Chef Lune envoya une lance depuis le ciel. Elle tomba sur terre et toucha la tête d'Ayuel. La Lune transperça la tête d'Ayuel. C'est ainsi que le chef Ayuel le Grand fut anéanti. On raconte que par la suite, une étable fut construite sur la tombe d'Ayuel. Ayuel parle encore. Il n'est pas réellement mort. {...}. »

— Mythe d'Ayuel Longar d'après un récit du chef Thon Wai des Bor Dinka

Épisodes mythologiques modifier

Seconde migration modifier

« (...). [Dak] se disputa avec ses cousins et tabassa grâvement quelques uns. Dimo dit: « Nyikang est un imbécile mais Dak est plein de paroles (un homme d'idées). » Dimo débuta alors un concours avec Nyikang et Dak. Il fit disparaître le feu pour qu'ils ne puissent plus cuisiner leurs aliments. Dak répliqua en rendant tout le monde aveugle. Dimo demanda à ses épouses: « Pourquoi Dak a-t'il rendu tout le monde aveugle ? » Elles lui répondirent: « Pourquoi as-tu caché le feu ? ». Alors il dit: « Laissez-les avoir du feu ». Aussitôt Dak rendit la vue à tout le monde. Mais Dimo ne voulut pas en rester là. Il fit que la pluie ne tombe plus sur les champs de Dak et de Nyikang. La réplique de Dak fut de rendre aveugle tout le bétail de Dimo. Le magicien Dimo s'affligea de ne plus avoir de lait et de nouveau demanda à ses épouses: « Pourquoi Dak et Nyikang ont ils rendu mon bétail aveugle ? » Ses épouses répondirent: « Pourquoi empêches-tu la pluie de tomber ? » Alors il dit: « Laissez-les avoir de la pluie » et ses vaches furent guéries[n 8] (...). »

— D. S. Oyler, Nyikang et la migration Shilluk, 1918[20]

Sédentarisation modifier

Exploits modifier

Fondateur des actuels clans modifier

Bibliographie modifier

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Shilluk (ethnie) modifier

  • (en) Lam Akol, « Paper: A Historical background of the Collo », pachodo.org,‎ (lire en ligne)
  • (de) Wilhelm Hofmeyer, « Zur Geschichte und sozialen und politischen Gliederung des Stammes der Schillukneger », Anthropos, vol. 5 cahier n°2,‎ , p. 228-233 (JSTOR 40443553)
  • (de) Wilhelm Hofmayr, Die Schilluk : Geschichte, Religion und Leben eines Nilotenn-Stammes, Sankt Gabriel, Mödling bei Wien, Anthropos (revue), , 521 p.
  • (en) Godfrey Lienhardt, « The Shilluk of the Upper Nile », African Worlds, studies in the cosmological ideas and social values of african peoples,‎ , p. 138-163 de la réédition de 1968.
  • (en) D. S. Oyler, « Nikawng and the Shilluk migration », Sudan Notes and Records, vol. I,‎
  • (en) M. E. C. Pumphrey, « The Shilluk tribe », Sudan Notes and Records, vol. XXIV, part I,‎
  • (en) Diedrich Westermann, The Shilluk People, Their Language and Folklore, Berlin, , 312 p.

Shilluk (royauté) modifier

  • (en) Akwoch Dok, « The installation of the Shilluk Reth », Pachodo.org,‎ (lire en ligne)
  • (en) David Graeber, « The divine kingship of the Shilluk », HAU: Journal of Ethnographic Theory, vol. 1,‎ (lire en ligne)
  • (en) P.P. Howell et W.P.G. Thomson, « The death of a reth of the Shilluk and the installation of his successor », Sudan Notes & Records, vol. XXVII,‎
  • (en) P. Munro, « Installation of the Ret of the Chol (King of the Shilluks) », Sudan Notes and Records, vol. I,‎ (lire en ligne)
  • (en) M. Riad, « The Divine Kingship of the Shilluk and its Origin. », Archiv für Völkerkunde 14,‎
  • (en) Burkhard Schnepel, « Shilluk Royal Ceremonies of Death and Installation », Anthropos, vol. 83,‎ , p. 433-452 (JSTOR 40463376)
  • (en) Burkhard Schnepel, « Shilluk Kingship. Power Struggles and the Question of Succession », Anthropos, vol. 85,‎ , p. 105-124 (JSTOR 40462118)
  • (en) Burkhard Schnepel, « Continuity despite and through Death: Regicide and Royal Shrines among the Shilluk of Southern Sudan », Africa, vol. 61, n°1,‎ , p. 40-70 (JSTOR 1160269)
  • (en) W.P.G. Thomson, « Further notes on the death of a reth of the Shilluk (1945). », Sudan Notes & Records, vol. XXIX,‎
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Autres ethnies sud-soudanaises modifier

  • (en) Edward von Gleichen, The Anglo-Egyptian Sudan: a compendium prepared by officers of the Sudan government., Londre, Harrison and Sons, , 371 p. (lire en ligne)
  • (en) H. C. Jackson, « The Nuer of the Upper Nile province », Sudan Notes & Records, vol. VI,‎ (lire en ligne)
  • (fr)Godfrey Lienhardt, « Peuples nilotiques. Dinka, Anuak, Shilluk. Mythes d’harmonie cosmique et sociale », Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique, Paris, Flammarion,‎ (ISBN 2702828825)
  • (en) Conradin Perner, The Anyuak - Living on Earth in the Sky, vol. II. « The Human Territory », Bâle, Helbing & Lichtenhahn, , 305 p.
  • (en) Conradin Perner, The Anyuak - Living on Earth in the Sky, vol. IV. « A Personal Life », Bâle, Schwabe Verlag, , 359 p.
  • (en) Charles Gabriel Seligman et Brenda Zara Seligman, Pagan Tribes of the Nilotic Sudan, Londres, Routledge & Kegan Paul, , 565 p.
  • (fr)John Ryle et Sarah Errigton, Les Guerriers du Nil Blanc : Les Dinka, Amsterdam, Time-Life Books B.V., , 168 p. (ISBN 2734400030)

Généralités modifier

  • (en) Lam Akol, SPLM/SPLA, The Nasir Declaration, USA,
  • (fr)James George Frazer, Le Rameau d'Or, vol. III: Le Dieu qui meurt, Paris, Robert Laffont,
  • (fr)Bethwell Allan Ogot, Histoire générale de l'Afrique : V. L'Afrique du XVIe au XVIIIe siècle, UNESCO (lire en ligne)

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. La lettre N remplace le nom du défunt.
  2. Sur l'observation des étoiles et des astres ainsi que sur les conceptions astronomiques et calendaires des Anciens Égyptiens, voir: Anne Sophie von Bomhard, le Calendrier égyptien, une Œuvre d'éternité, Londres, 1999.
  3. Rappelons ici que le roi Osiris a été assassiné par Seth (dieu de l'orage) en étant enfermé dans un coffre jeté dans le Nil et qu'il a fallut à Isis mener une longue quête pour le retrouver. Les Shilluk se doivent aussi de retrouver Nyikang, (ou plutôt son âme) en plongeant dans le fleuve. Cette âme se trouve matérialisée par une branche d'ambatch autour de laquelle est confectionné l'effigie de Nyikang (à la mort de chaque roi l'effigie conservée dans un temple, son règne durant, est détruite).
  4. Le véritable conducteur des sudistes semble être le prince Dak qui est représenté par une petite effigie placée sur une longue perche. Son porteur lui imprime des mouvements nerveux et guerriers bien plus que celui de l'effigie de Nyikang, plus calme et majestueuse.
  5. Le thème de la capture n'est pas étranger à l'Égypte antique. D'après le Papyrus Jumilhac, Anubis, souvent assimilé à Horus dans cette composition, capture au lasso le dieu Seth et le condamne à porter la momie d'Osiris. Le prince Shilluk est lui considéré comme captif après avoir été touché par une corde sacrée qui représente Anango un des fils de Nyikang. En Égypte, le thème du conflit entre pharaon et le dieu Bata se retrouve dans le Conte des deux frères rédigé peut avant l'intronisation de Séthi II.
  6. Le roman Séthos, histoire, ou Vie tirée des monuments anecdotes de l'ancienne Egypte de l'abbé Jean Terrasson (1670-1750), paru en 1731 et traduit en plusieurs langues, a grandement participé a diffuser dans les esprits de son temps l'idée d'une Égypte mystique et terre originelle d'épreuves initiatiques. Voir par exemple: Jurgis Baltrušaitis, Les perspectives dépravée, Tome 3, La quête d'Isis, Chapitre: L'Égypte de l'opéra et des francs-maçons. Paris, Flammarion, 1985.
  7. L'évolution de la pensée égyptienne durant l'époque tardive et les origines égyptiennes de la pensée hermétique ont été étudiées par Sydney Hervé Aufrère (Aufrère 2007).
  8. Une variante du mythe place cette compétition de magiciens entre Nyikang et Duwat avant le départ de Nyikang de sa patrie natale.

Références modifier

  1. Maruéjol 2007, p. 106-108.
  2. Cabrol 2000, p. 129-136.
  3. Desroches Noblecourt 1986, p. 40.
  4. Desroches Noblecourt 1996, p. 337-344
  5. Bonhême et Forgeau 1988, p. 268-269.
  6. (en) Burkhard Schnepel, « Shilluk Royal Ceremonies of Death and Installation », Anthropos, vol. 83,‎ , p. 433-452 (JSTOR 40463376)
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  8. Frazer 1914, p. 425
  9. Lippert 2012, p. 218
  10. Lippert 2012, p. 248-249
  11. Assmann 2013, p. 25-30
  12. Lienhardt 1954, p. 147: Legends of Nyikang
    Lienhardt 1955, p. 32: chap. III.
  13. Oyler 1918a, p. 110-111
  14. Westermann 1912, p. 167: The fish Ocholo.
  15. >Westermann 1912, p. 168: Nyikang and the Sorcerers.
  16. Howell et Thomson 1946, p. 83: Appendix III, Kwa Ojul.
  17. Westermann 1912, p. 128: 1° Kwa-Ajal.
  18. Oyler 1918a, p. 114
  19. Hofmayr 1910, p. 332
  20. Oyler 1918a, p. 108-109