Utilisateur:Froideval67/Brouillon/Filière d'évasion de Reichshoffen

La filière d'évasion de Reichshoffen est un réseau de passeurs qui permit l'évasion de 3000 fugitifs d'Alsace (prisonniers de guerre, réfractaires à l'incorporation de force…) pendant la Seconde Guerre mondiale.

Contexte

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L'Alsace est annexée par l'Allemagne nazie en 1940, à la suite de la bataille de France, en violation de la convention d'armistice du 22 juin 1940, signée par la France et l'Allemagne. Le , l’Alsace est annexée de facto, au mépris du droit international, au territoire allemand, par un décret de Hitler dont la publication fut interdite. Les Allemands rétablissent la frontière de 1871 que doivent franchir les fugitifs qui veulent rejoindre la zone occupée[1].

Dès la fin des hostilités, des réseaux s'organisent spontanément, dans un premier temps pour apporter du réconfort (nourriture, courrier clandestin…) aux nombreux prisonniers de guerre (PG) attendant dans les casernes alsaciennes la construction des Stalags qui manque en Allemagne. Rapidement, l'assistance se transforme en aide à l'évasion vers l'intérieur de la France ou la Suisse. En , avec l'instaurations de l'incorporation de force dans l'armée allemande, le volume des fugitifs augmente.

Histoire

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Après la défaite de juin 1940 et l'annexion de fait de l'Alsace par l'Allemagne nazie, Alphonse Burckert et Paul Rudloff, créent une filière d'évasion. Cette dernière est très organisé, les rôles sont clairement définis, pourvoyeurs en nourriture, vêtements ou logements et convoyeurs entre Reichshoffen et les différents lieux de passage.

Dans un premier temps, c'est par l'intermédiaire de Alphonse Hickel, gérant d'une scierie, que le contact est établie avec Emile Rosio un de ses confraires dans la région de Lorquin. Emile Rosio son chef de chantier, convoie les évadés déguisé en ouvriers forestiers à bord des véhicule de la société. La filière passe par Lorquin par Hattigny, Frémonville et Tancoville. Mais, ce passage devient rapidement trop dangereux.

Par l'intermédiaire d'Emile Rosio, le réseau établit un nouveau parcours au départ du Rehtal près de Plaine-de-Walsch grâce à deux passeurs bucherons Lucien Fischer (père et fils). Les évadés sont convoyés par des femmes depuis Reichshoffen jusqu'à la gare d'Arzviller puis rejoignent le Rehtal. Sur place, la famille Fischer a le soutien de ses voisins qui lui fournissent de la nourriture.

Les passages ont lieu la nuit de mars à octobre pour éviter la neige et par petits groupes ce qui réduit les risques. Dans la journée, les passeurs gardent leurs activités professionnelles. Les premiers passages par le Rehtal commencent en août 1940 avec l'aide du bûcheron Léon Ramm de Walscheid. Les fugitifs sont conduits vres Raon-lès-Leau et Raon-sur-Plaine de là, avec la complicité des gendarmes des deux villages, il sont acheminés chez la famille Mathieu à Raon-l'Étape. Puis ils rejoignent Nancy où ils sont hébergé entre autres par Louis Hickel, étudiant en médecine, et munis de faux papiers avant d'être conduits vers le reste de la France grâce à l'aide de cheminots.

De plus en plus prisonniers de guerre évadés, viennent à Reichshoffen, la filière est connue dans les stalags grâce à des messages cachés dans les colis des familles informées par ceux qui ont réussi à rentrer chez eux. Les habitants les recueillent dans la rue et les lieux publics.

L'instauration du Reichsarbeitsdienst (RAD), le , puis l'incorporation de force dans la Wehrmacht à partir du augmente considérablement le nombre des fugitifs. Les postes des douaniers allemands se renforce considérablement. Le , les Allemands crée, le long de la frontière française des Vosges et le long de la frontière suisse, une zone interdite d'une largeur de trois kilomètres. Elle est interdite à toute personne âgée de plus de quinze ans et les douanier peuvent tirer à vue.

Le débit des passages de la filière de Reichshoffen deviennent trop important. Le , les Allemands portent les premiers coups à la filière d'évasion de Reichshoffen en utilisant un agent se faisant passer pour un prisonnier de guerre évadé. Adèle Mitschler et son fils sont arrêté pour aide à l'évasion et interné au camp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck. Le , c'est Léon Ramm qui est arrêté. La famille Fischer ne dispose plus de relais.

Le , Alphonse Burckert et sa femme sont arrêtés. Ils sont jugés le par le Sondergericht à Strasbourg. Catherine Burckert est condamnée à huit mois de prison et Alphonse à deux années. Il est incarcéré à la maison centrale d'Ensisheim.

À la suite de l'arrestation d'un réfractaire au travail venant d'Allemagne, Marcel Aubrin qui dénonce l'ensembre de la filière et l'action d'un traître, Claude Chavannes, qui gagne la confiance des passeurs, permet aux Allemands de démanteler la filière de Reichshoffen. Ses membres sont arrêtés au fur et à mesure que les Allemands remontent le réseau.

Le , les Allemands procèdent à plusieurs arrestations dont celle de Paul Rudloff et Alphonse Hickel. Le 22, les autorités nazies procèdent à une rafle à Reichshoffen arrêtant de nombreux membres de la filière ou des sympathisants.

Le , Louis Hickel, le fil d'Alphonse, est arrêté à Nancy. La filière perd un maillon important après le passage de la frontière.

Le , la Gestapo arrête la famille Fischer au Rehtal.

Le , le Sondergericht juge, à Strasbourg, 30 membres de la filière d'évasion de Reichshoffen. À l'exception d'une personne, ils sont tous condamnés à des peines de prison. Le président du tribunal, le docteur Huber déclare :

« Entre Reichshoffen et le Rehtal, il y a une véritable « Heerstrasse », une route d'évasion de prisonniers de guerre français. Jusque dans les camps les plus reculés de l'Allemagne, on sait qu'on était bien reçu, bien hébergé en arrivant à Reichshoffen ou au Rehtal. Seulement, nous n'avons pas assez de preuves. » L'acte d'accusation donne les détails suivants: « Rudloff, Burckert et Lucien Fischer (fils) ont délibérément accordé à tous les prisonniers de guerre français l'assistance qui leur avait été demandée. Comme Rudloff et Burckert étaient influents à Reichshoffen, de nombreux habitants se sont déclarés prêts à leur donner leur appui dans l'œuvre d'acheminement, de financement et d'habillement des évadés. Lucien Fischer (fils) se faisait présenter les fugitifs et leur permettait le passage de la frontière alsacienne. Les trois accusés sont francophiles. Ils ont travaillé dans l'intention de nuire aux intérêts allemands. Ils ont offert la possibilité aux prisonniers de guerre français, une fois arrivés en France, de reprendre la lutte contre l'Allemagne et de porter, soit dans les rangs anglais, soit comme soldats de De Gaulle, les armes contre l'Allemagne. Ils se sont donc rendus coupables d'avoir favorisé l'ennemi. »

Environ 3 000 personnes ont emprunté la filière d'évasion de Reichshoffen. L'importance de l'organisation clandestine a demandé beaucoup de temps pour en définir l'ampleur. Le démantèlement s'est a lieu en 1942-1943, mais le jugement n'est possible qu'en . Ce dernier met en évidence l'ampleur du réseau dont toutes les composantes n'ont pas été découvertes par les autorités nazies.

Liste non exhaustive des membres du réseau

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  • Alphonse Burckert, né le à Dauendorf, est boulanger. Il est un des fondateurs de la filière. Il est arrêté par les Allemands le à Reichshoffen, interné à Strasbourg. Il est jugé par le Sondergericht, le à Strasbourg qui le condamne à une peine de deux années de prison pour « aide à l'évasion ». Il est transféré le à la maison centrale d'Ensisheim puis à Strasbourg. Le , il est rejugé par le Sondergericht à Strasbourg qui le condamné de nouveau à une peine de six années de prison pour « relations interdites avec prisonniers de guerre ». Il est transféré le 26 une nouvelle fois à la Maison Centrale d'Ensisheim. Il est déporté le à Ludwigsburg puis à Vaihingen. Le , il est libéré par l'armée américaine et rapatrié en France le .
  • Marcelle Burckert, épouse Hassenfratz, née le à Paris, est la fille d'Alphonse et Catherine Burckert, née Schlotter. Elle travaille dans la boulangerie de ses parents. Elle convoie les évadés de Reichshoffen au Rehtal. Elle est arrêtée par les Allemands le à Reichshoffen. Elle est internée à la maison centrale de Haguenau d'où elle libérée le .
  • Emile Cully
  • Joseph Eibel
  • Madeleine Eibel
  • Charles Eibel
  • Marie Eibel
  • Anne Eibel (née Colling)
  • Charles (né en 1875), Charles (né en 1902), Anne et Marie Eibel, Marcel (né en 1886) et
  • François Eibel
  • Marcel Ernwein
  • Emile Erb
  • Paulette Falbisaner
  • François Feig
  • Berthe Feurer (épouse Klipfel)
  • Lucien Fischer, père,
  • Florentine Fischer
  • Lucien Fischer, fils,
  • Georgette Grussenmeyer épouse Bey, née le à Reichshoffen est arrêtée par les Allemands, internée au camp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck et libérée le . Elle est jugée par le Sondergericht le à Strasbourg et condamnée à une peine de quatre mois de prison pour « relations interdites avec prisonniers de guerre ».
  • Michel Grussenmeyer
  • François Grussenmeyer
  • Alfred G'Styr
  • Joseph de Hatten
  • Ernest Hentz
  • Alphonse Hickel
  • Jeanne Jordan
  • Jeanne Koessler (née Kocher)
  • Jérôme (Lorquin)
  • Marie Meyer
  • Edmond Meyer
  • Odile Meyer
  • Adèle Mitschler
  • Louis Mitschler
  • Frédéric Muller
  • Alice Pfadt
  • Marguerite Pflieger (née Colling)
  • Léon Ramm
  • Lucien Rombourg
  • Emile Rosio
  • Paul Rudloff
  • Julie Schalber
  • Auguste Schalber
  • Lucien Schalber
  • Edmée Schalber
  • Juliette Schalber
  • Catherine Schlotter, née le à Dauendorf, est l'épouse d'Alphonse Burckert. Elle est arrêtée par les Allemands le à Reichshoffen, internée à Strasbourg et libérée le . Elle est jugée par le Sondergericht le à Strasbourg et condamnée à une peine de huit mois de prison pour«  aide à l'évasion ». Elle est arrêtée une seconde fois par les Allemands le et internée à Strasbourg puis libérée le .
  • Joseph Steinmetz
  • Marcel Wackermann
  • Joseph Wackermann

Notes et références

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  1. Bertrand Merle, 50 mots pour comprendre la résistance alsacienne: 1939-1945, Signe, (ISBN 978-2-7468-4334-9), p. 10

Recherches internet

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