Utilisateur:Fabius Lector/Brouillon6

Avant propos modifier

Ce brouillon tente de clarifier la situation par rapport à l'article sur l'historien Jean-Marc Berlière en conflit de neutralité.

Mon point de vue général : n-ième cas d'interaction entre le scientifique et le politico-médiatique avec la mise en cause par leurs pairs de scientifiques défendant une position minoritaire investie par des militants et à la fin, une polémique[NP 1] où l'aspect scientifique passe au 2nd plan par rapport au politico-médiatique avec enjeux d'autorité ou simplement de respectabilité pour les auteurs mis en cause.

Difficulté : pas de source secondaire analysant les controverses de l'extérieur, sans doute faute de notoriété suffisante et parce que c'est récent, donc risque de synthèse inédite et du côté des participants, dont sur Wikipédia EdC ami et co-auteur de Berlière, le risque de ping-pong habituel sur les revendications d'autorité, de Vérité, les accusations de mauvaise foi etc.

Note : Ce qui est en « notes perso » (NP) n'est pas prévu pour publication, ce sont des compléments pour saisir la situation ou les choix rédactionnels.

Résumé introductif modifier

Jean-Marc Berlière (né le à Dijon), est un historien français, spécialiste de l'histoire des polices en France et professeur émérite à l'université de Bourgogne. Ses recherches sur des thèmes concernant la période de l’Occupation l'ont engagé dans des controverses et polémiques concernant la période et sa représentation publique.

Biographie modifier

Né en 1948 à Dijon, Agrégé d'histoire, Jean-Marc Berlière a été professeur dans l'enseignement secondaire[1] avant de soutenir, en 1991, une thèse de doctorat portant sur L'Institution et la société policières sous la IIIe République (1870-1914)[2].

Parallèlement à ses activités de recherche menant à des publications, Jean-Marc Berlière a été maître de conférences à l'IEP de Grenoble, puis professeur d’histoire contemporaine de l’université de Bourgogne (désormais émérite)[3]. Ses activités de chercheur ont été menées, entre autres dans le cadre du CESDIP (CNRS/ ministère de la Justice)[3].

Il est médaille de bronze du prix Guizot en 2008 avec son co-auteur Franck Liaigre pour Liquider les traîtres. La face cachée du PCF (1941-1943)[4] et fait Officier des Arts et Lettres en 2012[5].

[à voir : liste de titres qui auraient un code sur Wikidata]

Thèmes de recherche modifier

Histoire de la police modifier

Jean-Marc Berlière a commencé à se plonger dans les archives de la police et de la justice lors de ses premiers travaux de recherche sur les tentatives anarcho-syndicalistes de grève générale dans les chemins de fer en 1919-1920 et leur répression[6]. Considéré comme un pionnier du domaine[7], l'essentiel de son travail concernera ensuite l’histoire de la police en France. Son Histoire des polices en France : de l'Ancien régime à nos jours en 2011, complète ainsi Le monde des polices qui défrichait en 1996 une historiographie en cours de constitution par une actualisation et des apports de sociologie par son co-auteur René Lévy.[8]

À partir de 2001, il travaille plus spécifiquement sur les forces de l'ordre durant l’Occupation. Cela donnera lieu à la publication en 2018 de Police des temps noirs, « Une somme attendue sur les forces de police et de gendarmerie durant la collaboration » qui présente sous forme de dictionnaire les diverses et complexes institutions de forces de l'ordre de cette période.[9] Des passages de l'ouvrage seront cependant pris dans une polémique sur le rapport de Vichy aux juifs (cf. la section dédiée).

Le PCF pendant la Seconde Guerre mondiale modifier

C’est par le biais des archives de la police que Berlière a contribué à l’histoire du parti communiste dans la clandestinité, en y trouvant non seulement des informations sur la répression, mais aussi des archives du parti clandestin saisies[10].

En 2004, il publie Le Sang des communistes, un livre sur des « oubliés de l'histoire » que furent les premiers jeunes résistants communistes des Bataillons de la jeunesse et sur les mécanismes de cet oubli induits notamment par la promotion concurrente des fusillés de Châteaubriant au rang de premiers martyrs de la Résistance par les otages eux-mêmes et les instances dirigeantes du Parti communiste[11]. Parmi les fusillés figurait Guy Môquet pour lequel Jean-Marc Berlière conteste le qualificatif de « résistant » du fait des positions du P.C.F. à cette époque, ce qui donnera lieu à une polémique (cf. la section dédiée).

Entre 2004 et 2015, Jean-Marc Berlière cosignera six ouvrages touchant à la période clandestine de l'histoire du Parti communiste français pendant la Seconde Guerre mondiale avec Franck Liaigre dont il fut le directeur de thèse[NP 2],[12],[13],[14].

Controverses et polémiques modifier

Jean-Marc Berlière participe de controverses ou polémiques[NP 3] sur certains usages de l'histoire qu'il juge des « falsifications » ou « mystifications », notamment dans le cadre de commémorations officielles.

Il lance ainsi avec son confrère Franck Liaigre une controverse sur le qualificatif de « résistant » de Guy Môquet, restée assez confidentielle en 2004 et qui resurgit en 2007 lorsque Nicolas Sarkozy évoque Guy Môquet durant sa campagne et au moment de sa prise de fonction[15]. La question donnera lieu à l'ouvrage L'Affaire Guy Môquet : enquête sur une mystification officielle.[NP 4].

Il est aussi pris dans une polémique sur la question de Vichy et les juifs après celle autour d'Éric Zemmour qui s'appuyait sur les vues de l'historien Alain Michel. Ayant estimé qu'il y avait là une question historique à revoir[16] et défendu des vues proches d'Alain Michel[17], il est pris à parti en 2020 par Laurent Joly dans un numéro de la Revue d'histoire de la Shoah[NP 5] considérant qu'il est le seul historien à avoir pris Alain Michel au sérieux, et que si les deux auteurs « n’ont guère d’influence dans le champ scientifique. », ils posent un problème politique en donnant du crédit à Éric Zemmour[18]. Un droit de réponse sera refusé aux deux mis en cause[19].

En 2022, tout en récusant la dangerosité d'Éric Zemmour[NP 6], Jean-Marc Berlière s'indigne dans Causeur[NP 5] de commémorations qui selon lui déformeraient l'histoire avec la complicité « d’historiens-idéologues »[20],[21]. Ce thème est repris en 2023 dans Histoire d'une falsification – Vichy et la Shoah dans l'Histoire officielle et le discours commémoratif, ouvrage écrit sur un ton pamphlétaire[22] avec deux historiens amateurs, René Fiévet et Emmanuel de Chambost[NP 7] et qui viserait notamment Serge Klarsfeld, Annette Wieviorka, Pascal Ory ou Laurent Joly[23].

Si l'ouvrage reçoit quelques soutiens dans la presse[24], [NP 8],[25],[26] et est bien accueilli dans certains milieux politisés[NP 9], il est ignoré des universitaires[NP 10] et sévèrement jugé par une des personnes attaquée, Laurent Joly, qui dans la Revue d’histoire moderne et contemporaine[NP 5] réitère ses accusations, inscrivant l'ouvrage « dans une histoire de l’histoire de Vichy et des crimes de la collaboration qui, depuis des décennies, ont suscité toute une littérature visant à en minimiser la gravité, jusqu’aux récentes provocations d’Éric Zemmour »[19].

[NP 11]C'est dans ce contexte de polémiques autour des usages de l'histoire que Jean-Marc Berlière participe en compagnie de ses co-auteurs et notamment d'Alain Michel, à l'association HSCO (pour une histoire scientifique et critique de l'occupation) affirmant vouloir la sortie du « politiquement correct » malgré que « des meutes de chiens de garde se dressent [...] autour de la discipline, pour maintenir la pensée unique »[27].

Notes et références modifier

  1. « Jean-Marc Berlière », sur k-libre.fr - site dédié à la littérature noire et policière (consulté le )
  2. sous la direction de Pierre LévêqueSUDOC 041372417
  3. a et b « Berlière (Jean-Marc) », sur criminocorpus.org, (consulté le )
  4. « Prix Guizot », sur academie-francaise.fr (consulté le )
  5. « Arrêtés de nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres, septembre 2012 »
  6. Interview de Jean-Marc Berlière, Le Figaro Histoire n°18, fevrier-mars 2015, pp.18-24
  7. Arnaud-Dominique Houte, « Quand polices et gendarmerie deviennent objets d’histoire  », Revue française de science politique, vol. 62, nos 5-6,‎ , p. 976-977 (JSTOR 43124184, lire en ligne)
  8. Laurent López, « Jean-Marc Berlière et René Lévy, Histoire des polices en France. De l’Ancien régime à nos jours », Criminocorpus [En ligne], Comptes rendus,‎ (DOI 10.4000/criminocorpus.430, lire en ligne)
  9. Arnaud Houte, « Qui fait régner l'ordre sous Vichy ?   », L'histoire,‎ (lire en ligne)
  10. Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Liquider les traîtres, Robert Laffont, 2007, pp.371-375
  11. Guillaume Piketty, « Le sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée », Revue Historique, t. 307, no 633,‎ , p. 207-208 (JSTOR 40957551)
  12. Thomas Wieder, « Quand le PCF faisait la police dans ses rangs », Le Monde, 7 septembre 2007.
  13. Rémi Kauffer, « La face cachée du PCF 1941-1943, Liquider les traitres par Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, aux Éditions Robert Laffont » , Le Figaro, 14 septembre 2007.
  14. Philippe-Jean Catinchi, « L'Affaire Guy Môquet. Enquête sur une mystification officielle, de Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre : malaise dans la commémoration », Le Monde, 3 novembre 2011.
  15. Jean-Marc Berlière et Sylvain Boulouque, « Guy Môquet : le mythe et l'histoire », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  16. Jean-Marc Berlière, « Vichy, la police, les Juifs…au(x) risque(s) de l’Histoire ? », Cahiers de la sécurité et de la justice, no 32,‎ , p. 104-111 (lire en ligne [PDF]) : « Au moins le livre d’Éric Zemmour aura-t-il cette vertu d’obliger les historiens à s’attaquer de front à un « paradoxe » qu’ils ont jusqu’à présent – à de très rares exceptions près – prudemment contourné. »
  17. Jean-Marc Berlière, Police des temps noirs : France 1939-1945, Perrin, (lire en ligne  ), p. 26 : « un théorème essentiel [Raul Hilberg (1961)] : […] « En abandonnant une partie [des Juifs], la plupart des autres furent sauvés » – soigneusement contourné par la suite par les spécialistes »
  18. Laurent Joly, « Introduction », Revue d’Histoire de la Shoah, no 212 « Vichy, les Français et la Shoah : un état de la connaissance scientifique »,‎ , p. 11-29 (lire en ligne)
  19. a et b Laurent Joly, « Anatomie d’une falsification historique : Lecture d’un récent pamphlet sur Vichy et la Shoah. », Revue d’histoire moderne & contemporaine, vol. 70-3, no 3,‎ , p. 151-171 (DOI 10.3917/rhmc.703.0153, lire en ligne  ) - accessible gratuitement par la bibliothèque Wikipedia.
  20. Jean-Marc Berlière, « La rafle du « Vel’ d’hiv’ » vue par les médias et les historiens. C’est l’histoire qu’on assassine ! », Causeur,‎ (lire en ligne) : « d’historiens-idéologues pour lesquels, la vérité historique importe moins que la lutte sans danger [...] contre des moulins à vent (Zemmour, Vichy…) relativement inoffensifs. »
  21. Jean-Marc Berlière, « La rafle du « Vel’ d’hiv’ » vue par les médias et les historiens. C’est l’histoire qu’on assassine ! : Suite et fin », Causeur,‎ (lire en ligne)
  22. Jean Lopez, « J.-M. Berlière, Histoire d’une falsification. Vichy et la Shoah dans l’histoire officielle et le discours commémoratif », Science et vie - Guerres et Histoire, no 74,‎
  23. Emmanuel de Chambost, « Histoire d'une falsification Vichy et la Shoah dans l'histoire officielle et le discours commémoratif »,
  24. Alain Michel, « Le risque de la vérité », Le Figaro Histoire, no 66,‎ (lire en ligne)
  25. Limore Yagil, « La sélection de l'historienne Limore Yagil », Carnets de Bernard Lazare,‎ (lire en ligne)
  26. Jean-Louis Panné, « Histoire d’une falsification. Vichy et la shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif », L'ours,‎ (lire en ligne)
  27. « Préambule Association « Pour une Histoire Scientifique et Critique de l’Occupation ( HSCO) » » (consulté le )

Notes perso modifier

  1. Josquin (2017), Orélie Desfriches Doria (2023) : « Nombre d’auteurs s’accordent sur l’absence de recherche d’une forme de consensus dans une polémique : tant que les parties visent une résolution, la volonté de convaincre reste ce qui motive les échanges, alors, la forme des accords et désaccords continue de correspondre aux modalités d’une controverse. Tandis que dans la polémique, les protagonistes cherchent à imposer leur point de vue, la recherche d’une résolution n’est plus l’objectif poursuivi, et c’est bien la recherche du discrédit d’un adversaire qui est visée (Oléron, 1995 ; Amossy et Burger,2011 ; Chateauraynaud et Torny,1999). Souvent condamnée, la polémique se caractérise également par une variété de protagonistes qui interviennent et par l’intense participation des médias à l’organisation des arènes ou des tribunes dans lesquelles s’expriment les désaccords (Chateauraynaud et Torny, 1999 ; Amossy et Burger, 2011). »
  2. Revoir les références qui suivent, mise en forme et contenus, trouver des recensions d'historiens autant que de la presse
  3. Idée générale de la section : il ne s'agit pas d'entrer dans les controverses historiques mais d'indiquer les aspects polémiques de certaines activités de Berlière qui, par définition, sortent du cadre du simple débat scientifique et donc du simple statut d'historien.
  4. Conflit d'intérêt ? : controverse sur le qualificatif de « résistant » de Guy Môquet essentiellement rédigée par EdC.
  5. a b et c Indication du journal ou de la revue pour distinguer entre contexte d'expression scientifique (revue à comité de lecture) et médiatique qui ne s'adresse pas au même public (lecteurs informés vs "naïfs") et ne vise pas les mêmes effets (opinion spécialisée vs opinion publique).
  6. Si Berlière parle seulement de « moulin à vent », son co-auteur René Fiévet attaque explicitement les vues politiques de Zemmour : « Si la thèse de Zemmour dont vous parlez est celle qui consiste à dire que le régime de Vichy a protégé de la déportation en 1942 les juifs français en sacrifiant les juifs étrangers, c’est parfaitement exact. Mais il ne fait que dire ce qu’ont écrit les historiens pendant longtemps, jusqu’à ce que cela devienne, sous l’influence de Serge Klarsfeld, une sorte de vérité interdite. […] Toutefois, l’usage que fait Zemmour de cette vérité est plus que contestable et même condamnable : il en fait une justification de la politique de préférence nationale qu’il entend promouvoir. […] Pour ma part, je pense exactement le contraire : ce qui s’est passé condamne encore plus le gouvernement de Vichy, au regard de notre tradition humaniste et universaliste. N’oubliez pas que les 10 000 juifs de zone non occupée ont été livrés aux Allemands, alors que ces derniers n’avaient aucune possibilité de s’en saisir (contrairement à la zone occupée). »René Fiévet, « Commentaire sur "Service après-vente (Histoire d’une falsification, Editions L’Artilleur, 2023)" », . Peut-on trouver le même genre de déclaration de la part de Berlière ?
  7. Auteur déjà repris par Alain Michel en 2012 et qui considère qu'il a été plagié par Zemmour dans ses vues sur Robert Paxton : Emmanuel de Chambost, « De l'affaire Paxton à l'affaire Zemmour en passant par le livre d'Alain Michel (2007-2014) »,
  8. Article de Michel, sur archive.org
  9. Il y a « Entretien avec Paul-Marie Coûteaux », sur Youtube mais que dire pour Breizh Info qui a aussi apprécié ?
  10. Quelle référence pour indiquer l'absence ? Google Scholar ? René Fiévet parle d'« océan d'indifférence », René Fiévet, « Service après-vente (Histoire d’une falsification, Editions L’Artilleur, 2023) » [PDF],
  11. Paragraphe de conclusion en contrepoint de la dernière accusation, souligner que c'est une association de combat, pas un regroupement lambda d'historiens. Ce pourrait être intéressant de mettre le commentaire de Fiévet sur Zemmour indiqué plus haut mais il faudrait un équivalent venant de Berlière disant explicitement ce qu'il pense de Zemmour puisque ça semble un des gros problème de Joly