Extension de l'empire carolingien sous Charlemagne.

██ à la mort de Pépin le Bref 768

██ Conquètes de Charlemagne (768-814)

██ Royaumes versant un tribut

Dans le royaume franc, les puissants accueillent des hommes libres qu'ils éduquent, protègent et nourrissent. L'entrée dans ces groupes se fait par la cérémonie de la recommandation : ces hommes deviennent des guerriers domestiques (vassus) attachés à la personne du senior[1]. Le seigneur doit entretenir cette clientèle par des dons pour entretenir sa fidélité[2].

La monnaie d'or devenant rare du fait de la distension des liens commerciaux avec Byzance (qui perd le contrôle de la Méditerranée occidentale au profit des musulmans) la richesse ne peut guère provenir que de la guerre: butin ou terres conquises à redistribuer[3]. En l'absence d'expansion territoriale les liens vassaliques se distendent. Pour se pérenniser, une puissance doit s'étendre. Depuis des générations, les pippinides étendent ainsi leurs dominations et leurs comtes s'enrichissant cèdent des terres à leurs propres vassaux. Charles Martel et Pépin le Bref ayant récupéré les biens de l'Église, pour nommer évêques ou abbés des vassaux laïcs, ont les moyens d'être à la tête d'une armée sans égale dans l'occident médiéval à cette époque, tout en stabilisant leurs acquis[4].

Charlemagne se retrouve avec le même problème : il doit s'étendre en permanence pour entretenir ses vassaux et éviter la dissolution de ses possessions. Pendant tout son règne, il tente de les fidéliser par tous les moyens : en leur faisant prêter serment, en leur allouant des terres (seule richesse de l'époque) qu'ils doivent lui restituer à leur mort, en envoyant des missi dominici surveiller ce qui se trame à travers son empire[5]. Pour pérenniser son empire naissant, il doit chaque année réunir son armée et la lancer vers de nouvelles conquêtes.

Une fois seul maître du royaume franc, il agrandit son royaume vers le nord et l’est (Bavière, Saxe, Frise), vers l’ouest (Bretagne) et vers le sud (nord de l’Èbre en Espagne en 778, établissant des marches). Il fait, à partir de 772, une guerre acharnée aux Saxons, qui, commandés par Witikind, lui opposent une vigoureuse résistance: il n'achève de les soumettre qu'en 804 ; il se voit même contraint, pour prévenir leurs révoltes, d'en déporter un certain nombre.
À l'avènement de Charlemagne, l'Italie est sous domination byzantine, depuis sa reconquète par Justinien en 535, et la papauté est donc sous tutelle de l'Empire romain d'orient. L'Empire byzantin, accaparé dans sa lutte contre l'expansion de l'empire musulman, n'a plus les moyens de protéger Rome menacée par les Lombards. S'affranchissant de la tutelle Byzantine, la papauté se tourne donc vers les Francs[6]. En 774, Charlemagne intervient et défait Didier, roi des Lombards qui menace de nouveau le pape, et s'empare de ses États. L'exarchat byzantin de Ravenne n'est tombé que 23 ans plus tôt et c'est donc une région très cultivée qui passe sous domination franque[6].

En 778, Charlemagne intervient en Espagne et, malgré un échec subi de la part des Vascons à Roncevaux par son arrière-garde, que commande Roland, présenté comme son neveu dans la célèbre chanson de geste qui porte son nom, il remporte plusieurs victoires sur les Sarrasins et réussit à conquérir toute la Catalogne.


Le peuple, d'origine celtique, de Bretagne considère le roi des Francs comme un monarque étranger, et lui résiste de manière acharnée. En 786, Charlemagne envoie des forces considérables ravager la Bretagne, sans toutefois parvenir à la soumettre. Il essaye à nouveau en 799 puis en 811, mais à chaque fois sans succès.

En 788, il s'attaque à Tassillon, duc de Bavière, qui conspire contre lui avec les Saxons. Il le réduit à l'impuissance et ajoute ses États à son empire.

En 791, avec l'aide de son fils Pépin d'Italie, il mène contre les Avars une première expédition. En 795, il réussit à s'emparer de leur camp retranché, le Ring avar, avec un trésor considérable, fruit de plusieurs dizaines d'années de pillage. En 805, les derniers Avars rebelles sont définitivement soumis.

  1. Vassus signifie jeune homme fort et a donné en français "vassal" en opposition à Senior qui signifie vieux et a donné "seigneur"
  2. Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, p. 42
  3. Philippe Noirel, L'invention du marché, seuil 2004, p.139 et Georges Duby, Guerriers et paysans, Gallimard 1973, p.69
  4. Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, p. 45
  5. Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, p. 65-66
  6. a et b Jean-Claude Cheynet L'exarchat de Ravenne et l'Italie byzantine:Clio.fr