Utérus

organe participant aux fonctions reproductrices chez les mammifères de sexe féminin, poche dont l'intérieur est très vascularisé

L'utérus est un organe appartenant à l'appareil génital féminin et de la plupart des mammifères.[1] C'est l'organe permettant la gestation lors de la grossesse. Il diffère selon les espèces dans son anatomie.

Schéma en coupe frontale des différentes parties de l'utérus chez l'humain.

Étymologie modifier

L'origine dériverait du grec ou du latin « ventre » sans réelle certitude[2].

Type d'utérus modifier

Suivant les espèces, la séparation entre la partie postérieure gauche ou droite de l'utérus est plus ou moins grande. Chez les rongeurs et les marsupiaux l'utérus forme deux cornes, deux corps, on parle d'utérus duplex. Les Lagomorpha, la rate, le cobaye, contrairement aux hamsters par exemple, disposent même de deux cols utérins. Lorsque les cornes et le corps sont de longueur équivalente, on parle d'utérus bicorne, c'est le cas chez les juments, les Carnivora et les suidés. Certaines malformations de l'utérus de la femme conduisent à des utérus de ce type. Lorsque les cornes sont beaucoup plus longues que le corps comme chez les Cetartiodactyla, l'utérus est qualifié de biparti. Les utérus ne possédant qu'une corne, qu'un corps et un col mais toujours avec deux trompes sont appelés utérus simplex, c'est le cas des primates.

Anatomie humaine modifier

Chez la femme, l'utérus est un organe creux, impair, médian, siégeant dans la partie moyenne du petit bassin (ou pelvis). Sa forme est globalement celle d'une poire. Il est composé de trois parties : le corps utérin, l'isthme et le col utérin.

En dehors d'une fécondation, l'endomètre est éliminé au cours des menstruations, qui marquent le début d'un nouveau cycle (durée médiane de 28 jours, mais très variable d'une femme à l'autre).

Dans le cas d'une grossesse, la croissance de l'embryon entraîne la distension de l'utérus. Sa taille va ainsi passer de 8 cm de long (une orange) à parfois plus de 35 cm à terme. Lors de l'accouchement, les contractions de l'utérus et la dilatation cervicale, marquent le début du travail qui aboutira à la naissance du nouveau-né. En post-partum, la musculature utérine se rétracte très vite et l'utérus retrouve ses dimensions habituelles au bout de deux mois.

Morphologie externe modifier

Ses dimensions sont de 6 à 8 cm de long par 4 cm environ de large au niveau du corps et son épaisseur varie de 2 à 3 cm. Il est aplati d'avant en arrière. Le corps est grossièrement triangulaire. La partie postéro-supérieure du corps reçoit l'implantation des trompes utérines. Le corps utérin est séparé du col par un isthme[3]. Le col est un cylindre autour duquel s'insère le vagin (la partie qui fait saillie dans le vagin est décrite en museau de tanche)[4].

L'utérus dispose d'un système d'attache permettant de le suspendre et de le soutenir afin d'éviter le prolapsus, et de lui donner sa position et son orientation.

Dans sa position normale, l'utérus est antéfléchi : le corps utérin dessine un angle d'environ 120° avec le col. Il est également en antéversion : le corps utérin forme un angle d'environ 30° avec l'axe ombilico-coccygien.

Cette position est maintenue grâce à un système dynamique. Le système de suspension est formé par plusieurs paires de ligaments, les lames sacro-recto-génito-pubiennes qui relient le pubis au sacrum, les ligaments de Mackenrodt autour de l'artère utérine, qui attachent l'utérus aux parois du pelvis, de telle sorte que le col utérin se trouve au centre d'une croix ligamentaire. Les ligaments ronds maintiennent le fond de l'utérus vers l'avant et grâce aux utéro-sacrés (segment des lames sacro-recto-génito-pubiennes) qui tirent le col utérin vers l'arrière. Enfin les muscles du plancher du périnée notamment les muscles élévateurs de l'anus assurent la bonne position utérine au sein de la cavité pelvienne.

Anomalies morphologiques congénitale modifier

Il existe des anomalies morphologiques diverses qui sont due à des défauts d’accolement des canaux de Müller lors de l'embryogenèse. La classification proposée par l'European Society of Human Reproduction and Embryology et de l'European Society for Gynaecological Endoscopy (ESHRE/ESGE) fait actuellement consensus[5].

Morphologie interne modifier

À son extrémité inférieure, le col utérin est traversé par le canal cervical permettant la communication entre le vagin et l'intérieur du corps utérin. À chaque extrémité le canal cervical est ouvert par un ostium interne et un externe.

L'utérus possède, au niveau des cornes utérines, deux orifices qui relient la cavité utérine aux trompes : les ostium utérin de la trompe. C'est par ces orifices que remontent les spermatozoïdes dans le but de rencontrer l'ovocyte au niveau de l'ampoule tubaire.

La paroi utérine est faite d'une muqueuse, l’endomètre. Cette muqueuse, fortement vascularisée et riche en cellule glandulaires, varie en épaisseur au cours du cycle menstruel. La couche intermédiaire est un muscle lisse appelé myomètre. La partie la plus externe, la séreuse (ou encore périmètre qui n'est pas très usité), est recouverte pour la partie la plus supérieure par le feuillet pariétal du péritoine.

Rapports aux organes voisins modifier

 
1. Antéversion avec légère antéflexion
2. Antéversion avec antéflexion marquée
3. Antéversion avec antéflexion
4. position intermédiaire
5. Rétroversion avec rétroflexion

En avant de l'utérus, on trouve la vessie et le pubis ; en arrière, le rectum ; latéralement, les ovaires ; en haut, les intestins.

L'utérus est normalement antéfléchi et antéversé, il se redresse progressivement lorsque la vessie se remplit.

Les variations de position de l'utérus ne sont pas rares : il peut former un angle obtus avec l'axe la cavité vaginale ( rétroversion) ou entre le col et le corps utérin (utérus rétrofléchi).

Vascularisation modifier

L'artère utérine assure l'essentiel des apports en nutriments et en oxygène de l'utérus, elle provient de la division antérieure de l'artère iliaque interne. Il est accessoirement vascularisé par l'artère ovarique[3].

Le plexus veineux utérin draine le sang dans la ou les veines utérines qui se jettent dans la veine iliaque interne.

Innervation modifier

L'utérus est innervé par le plexus utérin, issu du plexus hypogastrique. Celui-ci chemine dans les ligament utéro sacré et aborde le l'utérus au niveau de l'isthme utérin[6].

Fonctions modifier

 
L'utérus est le siège de la nidation de l'embryon et du développement du fœtus tout au long de la grossesse.

L'endomètre utérin (c'est-à-dire la muqueuse qui tapisse l'intérieur de la cavité utérine) est sensible aux hormones ovariennes. Ainsi, la première partie du cycle menstruel est consacrée à l'épaississement de la muqueuse utérine en vue d'une grossesse. S'il y a fécondation, la cellule-œuf va migrer depuis les trompes de Fallope et effectuer sa nidation dans les couches superficielles de l'endomètre afin d'entamer son développement embryonnaire. Pour s'implanter, dans les jours qui suivent sa fixation, le blastomère va produire des enzymes qui vont modifier les cellules de l'endomètre et lui permettre de pénétrer en profondeur dans la muqueuse.

Utérus gravide modifier

Imagerie de l'utérus modifier

  • Échographie : L'examen de base de l'exploration de l'utérus. Permet le diagnostic des myomes, de l'endométriose, de l'adénomyose ainsi que d'éventuelle néoplasie. Les pathologies de l'endomètre sont aussi dépistée par l'échographie, surtout lorsqu'elle est pratiquée par voie endovaginale (en mettant une sonde spéciale directement dans le vagin). Indolore et non irradiante, elle est particulièrement utile pendant la grossesse, pour surveiller la croissance, la morphologie, la présentation du foetus.
  • IRM : Moins disponible que l'échographie, l'IRM donne des images de grande qualité, utiles pour une forme particulière d’endométriose, l'adénomyose ou endométriose interne, et pour faire le bilan d'extension des cancers gynécologiques.
  • Hystérosalpingographie : examen peu irradiant, parfois douloureux selon les femmes, permettant d'étudier la cavité utérine. L'hystérographie est surtout utile pour explorer la perméabilité des trompes utérines.
  • Scanner : peu irradiant, indolore. Il est peu indiquée pour les pathologies pelviennes car il manque de sensibilité.
  • Hystéroscopie diagnostique : consiste à introduire une fibre optique par le col de l'utérus et permet de voir directement la cavité utérine et l'endomètre pour le diagnostic de polype, certain myome, cancer de l'endomètre, de synéchies, d'hyperplasie, voire d'adénomyose. Examen peu douloureux, fiable, qui s'effectue au cabinet de consultation du gynécologue, sans préparation particulière ou sous anesthésie générale. Examen considéré en comme l'examen le plus performant pour le diagnostic de la pathologie endocavitaire. Il existe deux types d'appareils : les souples (fibroscopes) et les rigides. Pour distendre la cavité utérine, il convient d'utiliser du sérum physiologique, soit historiquement du CO2.

Maladies de l'utérus en pathologie humaine modifier

  • Infections : cervicite (infection du col), endométrite (en post partum, à la suite d'une infection sexuellement transmissible ou à la suite d'un geste chirurgical)
  • Adénomyose : développement anormal de l'endomètre à l’intérieur des couches profonde de l'utérus. Souvent associé à la maladie endométriosique.

Traitement spécifique modifier

Greffe d'utérus modifier

La première tentative de greffe réussie a eu lieu en 1931 en Allemagne mais la patiente est morte de complications trois mois plus tard. Plusieurs tentatives ont eu lieu depuis, en Arabie Saoudite[7], en Turquie[8] et en Suède[9] mais sans que cela mène à des grossesses réussies. Le est annoncée la première naissance d'un enfant dont la mère a subi une greffe d'utérus ayant abouti (en Suède). La donneuse étant vivante et ménopausée, l'expérience a mis en avant de nombreuses découvertes[10]. La première transplantation d'utérus, avec donneuse décédée, ayant conduit à une grossesse menée à terme, a été publiée par une équipe brésilienne en 2018[11]. En France, la première greffe a eu lieu en 2019[12].

Autres animaux modifier

Notes et références modifier

  1. Larousse médicale édition 2004, article « utérus »)
  2. A.Ernout et A.Meille, A.Ernout, A.Meillet - Dictionnaire étymologique de la langue latine. Histoire des mots - (1985), (lire en ligne)
  3. a et b Pierre Kamina, Anatomie clinique Tome 4, Maloine, , 378 p. (ISBN 2224030673, lire en ligne)
  4. Académie française, Le dictionnaire de l’Académie française, (6e édition, supplément 3), (lire en ligne)
  5. (en) G. F. Grimbizis, S. Gordts, A. Di Spiezio Sardo et S. Brucker, « The ESHRE/ESGE consensus on the classification of female genital tract congenital anomalies », Human Reproduction, vol. 28, no 8,‎ , p. 2032–2044 (ISSN 0268-1161 et 1460-2350, PMID 23771171, PMCID PMC3712660, DOI 10.1093/humrep/det098, lire en ligne, consulté le )
  6. Henri Rouvière, André Delmas et Vincent Delmas, Anatomie humaine: descriptive, topographique et fonctionnelle, Masson, (ISBN 978-2-294-00392-9)
  7. Fageeh W, Raffa H, Jabbad H, Marzouki A, Transplantation of the human uterus, Int J Gynaecol Obstet, 2002;76:245–251
  8. (en) « Turkish woman has world's first womb transplant », sur timesofmalta.com, (consulté le )
  9. Brannstrom M, Johannesson L, Dahm-Kahler P et al. First clinical uterus transplantation trial: a six-month report, Fertil Steril, 2014;101:1228–1236
  10. (en) Mats Brännström, Liza Johannesson, Hans Bokström, Niclas Kvarnström, Johan Mölne, Pernilla Dahm-Kähler, Anders Enskog, Milan Milenkovic, Jana Ekberg, Cesar Diaz-Garcia, Markus Gäbel, Ash Hanafy, Henrik Hagberg, Michael Olausson, Lars Nilsson, « Livebirth after uterus transplantation », Lancet,‎ (DOI 10.1016/S0140-6736(14)61728-1, résumé)
  11. Ejzenberg D, Andraus W, Baratelli Carelli Mendes LR et al. Livebirth after uterus transplantation from a deceased donor in a recipient with uterine infertility, Lancet, 2018;392:2697-2704
  12. (en) Vincent Lavoué, Ludivine Dion, Antoine Tardieu et Olivier Garbin, « Organizing a uterus transplantation programme: The designation of Uterus Transplantation Centres in France », Journal of Gynecology Obstetrics and Human Reproduction, vol. 48, no 1,‎ , p. 15–18 (ISSN 2468-7847, DOI 10.1016/j.jogoh.2018.09.010, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

  • Ecca Association européenne de prévention contre le cancer de l'utérus

Liens externes modifier