Un tramway nommé Désir (film)

film américain d’Elia Kazan, sorti en 1951
Un tramway nommé Désir
Description de l'image A Streetcar Named Desire (1951).jpg.
Titre original A Streetcar Named Desire
Réalisation Elia Kazan
Scénario Tennessee Williams
(version originale)
Oscar Saul(adaptation)
Acteurs principaux
Sociétés de production Warner Bros
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre mélodrame
Durée 122 min (version censurée)
125 min (version intégrale)
Sortie 1951

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Un tramway nommé Désir (A Streetcar Named Desire) est un film dramatique américain réalisé par Elia Kazan, sorti le . Adaptation de la pièce de théâtre du même nom écrite par Tennessee Williams, lauréate du Prix Pulitzer, le film raconte l'histoire d'une enseignante du Mississippi, archétype de la Southern belle, Blanche DuBois, qui, après plusieurs drames personnels, trouve refuge chez sa sœur Stella et son beau-frère Stanley dans leur immeuble délabré de La Nouvelle-Orléans.

Tennessee Williams collabore avec Oscar Saul et Elia Kazan afin d'adapter sa pièce pour le grand écran. Marlon Brando, Kim Hunter et Karl Malden reprennent les rôles qu'ils tenaient dans la pièce. Bien que Jessica Tandy soit l'interprète originale de Blanche, c'est finalement la renommée Vivien Leigh qui est choisie pour le film. À la sortie du film, Marlon Brando, pratiquement inconnu lors de la pièce, devient immédiatement une star majeure du cinéma hollywoodien, un véritable Sex-symbol, et reçoit la première de ses quatre nominations consécutives à l'Oscar du meilleur acteur. Vivien Leigh, elle, remporte son second Oscar de la meilleure actrice pour le rôle de Blanche DuBois, douze ans après le premier.

Le film rapporte plus de quatre millions de dollars au box-office américain et canadien lors de sa sortie en 1951, ce qui en fait le cinquième plus grand succès de l'année[1]. Il reçoit dix nominations aux Oscars de 1952 et en remporte quatre dont trois dans les catégories d'acteurs (meilleure actrice pour Leigh, meilleur acteur dans un second rôle pour Karl Malden et meilleure actrice dans un second rôle pour Kim Hunter).

En 1999, le film est sélectionné par la Bibliothèque du Congrès pour être conservé dans la National Film Registry américaine, étant jugé « culturellement, historiquement ou esthétiquement significatif ».

Synopsis modifier

Après une séparation difficile, Blanche DuBois vient rejoindre sa sœur Stella à La Nouvelle-Orléans. Celle-ci vit dans le vieux quartier français avec son mari, Stanley, un ouvrier d'origine polonaise. Ce dernier, qui n'apprécie guère les manières distinguées de Blanche, cherche à savoir quel a été le véritable passé de sa belle-sœur.

Fiche technique modifier

Distribution modifier

 
Vivien Leigh dans le film.
 
Marlon Brando dans le film.

Note : entre parenthèses : doublage de 1952 / nouveau doublage de 1997

Production modifier

Inspiration modifier

Le titre de ce film aurait été inspiré par la « Desire Street », une rue de La Nouvelle-Orléans, elle même nommée d'après Désirée Gautier de Montreuil Labarre (1796-1874), une personnalité créole[2].

Choix des interprètes modifier

Le réalisateur Elia Kazan avait auparavant dirigé la pièce éponyme sur scène avec le même trio d'acteurs (Marlon Brando, Kim Hunter et Karl Malden). Mais, à l'époque, c'était Jessica Tandy (plus tard connue pour son rôle dans Miss Daisy et son chauffeur de Bruce Beresford, rôle pour lequel elle remporta un Oscar) qui tenait le rôle de Blanche DuBois. Elia Kazan avait prévu que Jessica Tandy reprenne son rôle dans l'adaptation, rôle pour lequel elle avait remporté un Tony Award, mais le producteur Charles K. Feldman insiste pour choisir une actrice plus connue, plus bankable.

Le rôle de Blanche DuBois est alors d'abord proposé aux actrices Bette Davis et Olivia de Havilland[3], qui ont toutes deux refusé, la seconde étant enceinte. Vivien Leigh, qui avait déjà joué Blanche dans la production londonienne de la pièce (dirigée par son mari Laurence Olivier) est finalement choisie. Pour Marlon Brando, Jessica Tandy n'avait pas « la finesse ou la féminité que le rôle exigeait, ni la fragilité que Tennessee envisageait »[4]. L'acteur voyait le personnage de Blanche comme « pure », « un papillon brisé, doux et délicat » : Brando note dans ses mémoires que Vivien Leigh était parfaite dans son rôle de Blanche, « de plein de façons, elle était Blanche »[4]. Plus loin, il dit qu' « elle [Vivien Leigh] était d’une beauté mémorable. L’une des grandes beautés de l’écran, mais elle était aussi vulnérable, et sa propre vie ressemblait beaucoup à celle du papillon blessé du Tennessee. »[5]

Toujours selon l'acteur, durant le tournage du film, Vivien Leigh commençait à se « se dissoudre mentalement et à s'effilocher physiquement »[5]. En effet, Leigh trouve le rôle épuisant et dit au Los Angeles Times que Blanche DuBois « is in command of me » (« me domine »)[6].

Tournage modifier

Outre les scènes d'ouverture et de clôture, tournées sur place à La Nouvelle-Orléans, le film est entièrement tourné dans les Warner Bros. Studios à Burbank (Californie). L'ensemble de l'appartement de Kowalski est conçu pour paraître progressivement plus petit au cours du film, afin de refléter le sentiment de claustrophobie des personnages.

Pour la scène d'ouverture, le numéro 922 est choisi pour être le tramway qui dépose Blanche. Ce tramway est toujours en service sur la ligne de tramway Saint-Charles[7].

Marlon Brando est torse nu dans l'une des premières scènes du film : il s'agit de la première fois qu'un acteur principal se montre torse nu dans un film hollywoodien[8]. Cette scène devient un mythe du cinéma.

Montage modifier

Pour éviter une condamnation de la Ligue pour la vertu (Legion of Decency), le studio Warner Bros. ordonna au monteur du film de réaliser un total de 12 coupes (soit environ 4 minutes de film), sans tenir au courant le réalisateur Elia Kazan, qui n'avait pas les droits de final cut à l'époque[9].

Les morceaux coupés ont été retrouvés en 1989 et réintégrés au film. En 1993, Warner Bros. a ressorti le film dans son intégralité.[réf. souhaitée]

Distinctions modifier

Oscars 1952 :

Mostra de Venise 1951 :

Autour du film modifier

 
Marlon Brando et Vivien Leigh dans une scène du film.
  • Un tramway nommé Désir est un film mythique qui annonce l'irruption des pulsions sexuelles dans l'univers cinématographique hollywoodien, jusque-là très feutré.[réf. souhaitée]
  • Les clairs-obscurs expressifs et pathétiques d'Elia Kazan isolent les corps et les sentiments dans un appartement d'un ancien hôtel délabré. Marlon Brando, en symbole sexuel virilisé, s'oppose à une superbe Vivien Leigh, sensuelle et éthérée, qui sombre inexorablement dans la folie.[réf. souhaitée]
  • Ce film annonce la naissance officielle du style Actors Studio au cinéma[10].

Dans la culture populaire modifier

Notes et références modifier

  1. (en) « The Top Box Office Hits of 1951 », Variety,‎
  2. Hope & New Orleans - A History of Crescent City Street Names, Sally Asher, 2014 (ISBN 9781625845092)
  3. « AFI|Catalog », sur catalog.afi.com (consulté le )
  4. a et b (en-US) Laura Dorwart, « Marlon Brando Once Explained Why He Didn’t Sleep With Vivien Leigh While Filming 'A Streetcar Named Desire' – 'I Might Have Given Her a Tumble' », sur Showbiz Cheat Sheet, (consulté le )
  5. a et b (en-US) Anna Robinson, « The Truth About Marlon Brando's Relationship With Vivien Leigh », sur Grunge, (consulté le )
  6. (en) Terry Coleman, Olivier, The Authorised Biography, Londres, Bloomsbury Publishing, , 607 p. (ISBN 0-7475-8306-4)
  7. (en-US) Dave McNamara, « The real Desire Streetcar - A New Orleans Story », sur The Heart of Louisiana, (consulté le )
  8. (en-US) Frances Romero, « A Streetcar Named Desire | Top 10 Shirtless Movies », Time,‎ (ISSN 0040-781X, lire en ligne, consulté le )
  9. ecrannoirlondon, « Un tramway nommé désir (1951) d’Elia Kazan », sur Ecran noir - London, (consulté le )
  10. Encyclopædia Universalis, « MARLON BRANDO », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  11. Jean-Baptiste Morain, « "Blue Jasmine" : le conte noir de Woody », lesinrocks.com, 24 septembre 2013.

Voir aussi modifier

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