Ulysse Alexandre Toussaint

chanteur d'opéra français
Ulysse Alexandre Toussaint, dit Duwast ou du Wast
Description de cette image, également commentée ci-après
Ulysse du Wast à l'âge de 45 ans

Naissance
Ancien 8e arrondissement de Paris
Décès (à 79 ans)
9e arrondissement de Paris
Activité principale Artiste lyrique
ténor
Style
Maîtres Gilbert Duprez

Ulysse Alexandre Toussaint, connu sous le nom de Duwast ou du Wast, est un ténor d'opéra-comique français, élève de Gilbert Duprez, né à Paris (8e ancien) le et décédé à Paris 9e le .

Ulysse du Wast à Paris
Ulysse du Wast à Anvers saison musicale 1879-1880
Ulysse du Wast à Bordeaux vers 1875
Ulysse T. du Wast professeur de chant et de déclamation lyrique puis éditeur et marchand de musique

Biographie modifier

Formation modifier

Ulysse du Wast[1] est né[2] au 4, rue des Francs-Bourgeois (ancien 8e arrondissement de Paris) dans la menuiserie de son père Louis Toussaint qui décède en 1842 alors qu’il n’a que trois ans. Sa mère Élisabeth Clotilde Monnin se remarie l’année suivante avec Auguste Duwast un apprenti menuisier originaire du Nord de la France. Dès ses premières mentions dans la presse comme artiste il porte le patronyme de son beau-père. On ignore de quelle manière il accède à l’école de chant fondée en 1842 par Gilbert Duprez, ni de quelle manière il a été remarqué par le maître, mais on sait que le célèbre ténor conscient de ses origines modestes se faisait un devoir d’aider par un système de bourse les élèves qui lui paraissaient les plus prometteurs[N 1] et qui ne pouvaient pas forcément payer les 1 800 francs par an pour les cours de son « école spéciale de chant ».

Début de sa carrière lyrique modifier

Il apparaît dans des concerts dès 1861[3] pour sa libération du service militaire  : « Si le programme ne l’avait annoncé, ceux qui cette semaine assistaient au concert de M. Ulysse du Wast n’auraient pas deviné, malgré l’excellent sentiment musical, le goût et l’art déployés par le jeune bénéficiaire, qu’il était élève de Duprez . En effet, au nom du maître on s’attend presque toujours à une grande voix, à un style large, vigoureux et fortement accentué, même jusque dans les inflexions les plus tendres, et l’on n’a trouvé qu’une petite voix d’opéra-comique, une manière sobre et discrète, propre surtout à l’expression des sentiments agréables et délicats[4]  ». Il est premier ténor au théâtre de Mulhouse en [5], en il est remarqué au théâtre de Colmar puis fin 1864[6] et début 1865[7] à Mons en Belgique et mi-1865[8] à Dieppe .

Il faudra attendre la fin de l’année 1865 pour qu’il se fasse connaître à Paris dans la Jeanne Darc de Duprez. Ce grand projet de Gilbert Duprez se situait dans l’ambition de celui-ci de transformer le Grand-Théâtre-Parisien[9] en Opéra-populaire. Malgré l’échec global de la Jeanne Darc, Ulysse du Wast y fut remarqué dans son rôle de Lyonnel[10] ce qui lancera sa carrière à Paris en province puis à l’étranger.

Il fait ses débuts au Théâtre-Lyrique[11] impérial en [12] dans le rôle de Faust mais il y reste peu de temps. Il fait des essais prolongés à Marseille qui ne s’avèrent pas concluants : «..il possède toutes les qualités requises pour faire les beaux jours d’une scène plus secondaire : un talent de chanteur qui, sans être transcendant, est fort acceptable ; une voix agréable, quoiqu'un peu sourde, et qui gagnerait à se produire dans une enceinte moins vaste[13]  ». Il obtient un meilleur succès à Toulon de [14] à [15] puis à Nice jusqu’en [16]. Il se fait ensuite connaître à Bruxelles au théâtre toyal de la Monnaie en pour le remplacement momentané de Jourdan[17]. Il est engagé au théâtre royal d’Anvers pour la saison 1867-1868[18],[19] avant d’essayer à nouveau d’obtenir un engagement à Marseille pour la saison 1868-1869 sans succès à nouveau malgré de longs débuts et de multiples polémiques rapportées dans la presse[20] .

La poursuite de sa carrière sur des scènes plus secondaires montre de véritables succès . Il est à Lille de mi-décembre à fin avril 1869[21], à Toulouse d’octobre 1869[22] à mai 1870[23].

Maturité de sa carrière modifier

Il participe à la réouverture du Théâtre-Lyrique dans la salle de l’Athénée[24] en et chante dans Martha de Flotow avec Mme Balbi-Verdier[25], après une Fête à Venise il incarne ensuite Rodolphe dans Sylvana en qui s’avère un succès. C’est d’ailleurs pour la création de son rôle de Rodolphe que son nom sera retenu dans le Grand Dictionnaire du XIXe siècle de Larousse[26]. En [27] il épouse à Paris Gilberte Gay la petite fille de son maître Gilbert Duprez Après avoir tenté un engagement à Bruxelles puis à Anvers il fait une saison au Grand Théâtre de Bordeaux en 1874-1875[28] avant d’être engagé à Gand en [29]. Il lui faudra attendre l’âge de 37 ans pour obtenir un engagement au prestigieux Opéra-Comique d’ à la fin , il s’y fait applaudir dans Piccolino[30], la Fête du Village Voisin[31] la Fille du régiment[32] et Cendrillon[33]. Après un passage à Genève de janvier à [34] on le retrouve à Anvers pour la totalité de la saison 1879-1880[35], où il chante parfois avec Madame Lacombe-Duprez[36], fille d’un frère de Gilbert Duprez Bernard Duprez[37] devenue sa cousine par alliance. Il fait la saison lyrique 1883-1884 à Saint-Étienne.

La fin de sa carrière : l’enseignement et l’édition modifier

En [38] Ulysse Duwast commence à 46 ans une carrière de pédagogue dans l’école de son ami Léon Duprez[39] qui a repris la direction de l’école spéciale de chant de son père. Dans le même temps il ouvre un cours particulier au 135, Faubourg Poissonnière[40]. Quelques mois après il se fait seconder par son épouse Gilberte Gay qui se fait connaître sous le nom de Madame du Wast-Duprez en souvenir de son célèbre grand-père . Monsieur et Madame du Wast commencent à produire quelques-unes de leurs meilleures élèves à partir de au travers de séances artistiques mensuelles qui les confrontaient au public pour être éventuellement remarquées. Ces séances artistiques parfois reprises dans la presse se poursuivront jusqu’au décès de Madame du Wast en 1901[41].

En le mari de sa cousine par alliance Pauline Duprez, Ernest Lacombe, éditeur de musique s’éteint prématurément à l’âge de 52 ans[42]. Sa veuve lui cède le fonds de commerce du «  magasin de musique du Conservatoire, ancienne maison O’Kelly » 11 rue du Faubourg-Poissonnière juste à côté du Conservatoire[43]. Il est répertorié pour avoir exercé les fonctions de libraire et d’éditeur de musique de 1895 à 1910[44]. À partir de 1903 il consacre une partie de son énergie à la création de la chambre syndicale des marchands de musique de France dont il sera président jusque 1910[45]. La Bibliothèque nationale de France par le biais du dépôt légal conserve un certain nombre de partitions éditées par Ulysse T. du Wast[46]. Gaston Lemaire est le mieux représenté parmi les musiciens qu’il a édités mais on trouve aussi des livrets de musique de Gustave Rinck H., Émile Nérini, André Coedes-Mongin, Charles Haring, Charles Grelinger, etc. Son magasin sera aussi un point de diffusion d’une nouvelle gazette musicale le Paris musical et dramatique dont son fils Pierre[47] fut longtemps le gérant et dont la Bnf conserve aussi quelques exemplaires. Il décède à Paris (9e) le dans sa 80e année. Il a été inhumé à Château-Thierry dans la chapelle de sa mère et de son beau-père bien qu’aucune plaque ne l’indique[48].

Annexes modifier

Notes modifier

  1. Cf. la polémique qui a opposé Gilbert Duprez au journal L’Époque du 27 janvier 1874 concernant le ténor Lefranc et à laquelle il a répondu dans le journal Le Ménestrel du 13 septembre 1874 page 323 (sur Gallica) en explicitant son système de bourse.

Références modifier

  1. Heylli (d') 1887, p. 134, op. cit., lire en ligne sur Gallica.
  2. V3E/N2145 page 18 sur Archives de Paris en ligne et l’acte reconstitué aux Archives de Paris.
  3. cf la Revue et Gazette musicale de Paris du 24 mars 1861, page 94 sur archive.org
  4. cf la Revue et Gazette musicale de Paris du 14 avril 1861, n°15 page 117 sur archives.org
  5. d’après le journal La Comédie du 29 novembre 1863 vue 7 sur Gallica
  6. d’après la Revue et Gazette Musicale de Paris du 20 mars 1864, page 95 consultée à la BHVP de Paris
  7. d’après la Revue et Gazette Musicale de Paris du 1er janvier 1865, page 5 consultée à la BHVP de Paris
  8. d’après le journal La Comédie du 27 août 1865 vue 5 sur Gallica
  9. « Ce théâtre eut une courte existence. Inauguré le 29 mars 1865, 12 rue de Lyon, il ferma en 1885. Le répertoire était constitué de drames et de vaudevilles, mais au cours des deux premières années, quatre œuvres lyriques furent montées et dirigées par le chef d’orchestre Borsat : Le Barbier de Séville (Rossini), Jeanne Darc(Duprez), La Leçon d’amour (Borsat), Richard Cœur de Lion (Grétry) » d’après la notice de N. Wild dans FAUQUET J.-M. Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, 2003, page 527
  10. d’après le journal Le Foyer du 2 novembre 1865 page 3-4 vue 3-4 sur gallica
  11. « après l’incendie de la salle de la place du Châtelet, Louis Martinet qui avait succédé à Pasdeloup transporta la troupe au Th. de l’Athénée, rue Scribe » d’après la notice de N. Wild dans FAUQUET J.-M. Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, 2003, page 1208-1209
  12. cf le journal Le Foyer du 8 mars 1866 page 7 vue 7 sur Gallica
  13. cf La Comédie du 14 octobre 1866 vue 3-4 sur Gallica
  14. cf la Comédie du 2 décembre 1866 vue 4 sur Gallica
  15. cf La Comédie du 24 mars 1867 vue 4 sur Gallica
  16. cf La Comédie du 9 juin 1867 vue 4 sur Gallica
  17. cf pour la description de la carrière de cet artiste voir sa nécrologie dans le numéro du journal Le Ménestrel du 16 février 1879 sur Gallica
  18. cf La Comédie du 29 septembre 1867 vues 4, 6 et 8 sur Gallica
  19. M. du Wast fut un des préférés du public, et pendant toute la saison (1867-1868) son succès fut complet » d'après Arthur de Gers dans son Historique du théâtre royal d'Anvers.
  20. cf Journal le Théâtre illustré n°4 octobre 1868 vue 2 sur Gallica, La Comédie du 11 octobre 1868 vue 3 sur Gallica et La Comédie du 18 octobre 1868 vue 4 sur Gallica
  21. la Comédie du 13 décembre 1868 vue 3, et du 25 avril 1869 vue 3 sur Gallica
  22. la Comédie du 31 octobre 1869 vue 5 sur Gallica
  23. d’après la Revue et Gazette Musicale de Paris du 28 mai 1870, page 174 consultée à la BHVP de Paris
  24. « Le Théâtre de l’Athénée, située 17 rue Scribe. Cette salle aménagée dans le sous-sol d’un vaste immeuble en construction abrita diverses entreprises. Destinée tout d’abord à des concerts et des conférences le banquier Bischoffsheim qui en était à l’origine la fit transformer en théâtre après 1866. En avril 1869 Jules Martinet y transféra ses Fantaisies-Parisiennes. Le succès de son entreprise fut interrompu par sa nomination au Théâtre-Lyrique en juin 1870 et par la guerre. Il revint néanmoins dans cette salle de l’Athénée en septembre 1871, la salle du Châtelet ayant été incendiée et tenta d’y implanter le Théâtre-Lyrique ». D’après la notice de N. Wild page 66 dans FAUQUET, 2003, cité plus haut.
  25. citée plusieurs fois dans Le Ménestrel sous le nom de Mme Balbi-Verdier, élève de Duprez (et Dell-Sédie, pour le chant italien) cf. Le Ménestrel du 27 mai 1866 page 208 sur Gallica, succès à Gand en 1866, à Bruxelles en 67 à Bade en 69, Marseille 69, n’est plus citée après cette date dans ce journal.
  26. Dans l’article consacré à Sylvana : Grand dictionnaire du XIXe siècle de Pierre Larousse, 1875, page 1308 vue 1312 sur Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k398019/f1312.image.r=Duwast.langFR
  27. Mariages, 10e arr., 28/07/1873. V4E 3657 page 21 sur Archives de Paris en ligne
  28. d’après la Revue et Gazette Musicale de Paris du 8 novembre 1874 page 358 et la Revue et Gazette Musicale de Paris du 4 avril 1875 page 110, BHVP de Paris
  29. le Monde artiste du 5 février 1876 vue 6 sur Gallica
  30. La Revue et Gazette Musicale de Paris du 8 octobre 1876, page 325, BHVP de Paris
  31. d’après l’ouvrage de Soubies et Malherbe, Histoire de l'Opéra-Comique. La seconde Salle Favart--1840-[1887] Paris Flammarion 1893
  32. selon l’Orchestre du 22 janvier 1877 vue 85 et du 13 février 1877 vue 52 sur Gallica
  33. Ce numéro 41 de 1878 de la revue La Comédie, ne comporte malheureusement pas de date plus précise sur Gallica
  34. Le Monde artiste du 12 janvier 1878 vue 5 sur Gallica
  35. Le Monde artiste du 28 décembre 1878 vue 6 sur Gallica
  36. d’après la Revue et Gazette Musicale de Paris du 30 novembre 1879 page 391, BHVP de Paris
  37. Bernard Duprez (Paris 27 mars 1808-Paris 9e 12 janvier 1888) clarinettiste à l’Opéra puis professeur de musique. De son mariage avec Madeleine Gélard à Paris le 3 octobre 1843, il a eu trois enfants Louis, Jules, et Pauline (épouse Lacombe), cette dernière eut une carrière de chanteuse lyrique.
  38. d’après Le Ménestrel du vendredi 9 octobre 1885 page 4 sur Gallica
  39. Léon Duprez (Paris 12 sept. 1838-Valmondois (Seine-et-Oise) 26 août 1928) avait à peu près le même âge qu’Ulysse du Wast. Sa carrière lyrique fut courte mais il reprit en octobre 1870 la direction de l’École spéciale de chant créée par son père qu’il dirigea au moins jusqu’en 1894
  40. cf L’Europe artiste du 18 octobre 1885 page 4 vue 155 sur Gallica
  41. cf le Journal Le Ménestrel des 1er janvier 1899 page 7, 12 mars 1899 page 88, 14 mai 1899 page 160, 11 juin 1899 page 192, du 9 juillet 1899 page 233, du 24 décembre 1899 page 415, du 28 janvier 1900 page 32, du 4 mars 1900 page 71 et du 10 février 1901 page 41 sur Gallica
  42. LACOMBE Ernest Louis (Castres(Tarn) 17 juillet 1842-Paris 10e 15 août 1894) cf sa nécrologie dans Le Ménestrel du 26 août 1894 page 8 sur Gallica
  43. 23 octobre 1894, Vente Lacombe à Mr et Mme du Wast d’un fonds de commerce AN MC/ET/XI/1493
  44. D’après Le Conservatoire de musique de Paris : regards sur une institution d'Emmanuel Hondré, Conservatoire national de Musique. Association du bureau des étudiants -1995 -304 pages (extraits sur Googles livres)
  45. cette partie repose sur l’exploitation d’archives familiales qui peuvent nous permettre de retracer l’histoire de la création de cette Chambre syndicale : les statuts qui avaient été imprimés à 1000 exemplaires, le procès-verbal de la deuxième assemblée générale du 19 décembre 1903, et deux numéros de la petite revue éditée par la Chambre, Le Petit Courrier de la musique n°21 d’avril 1909 et le n° 23 d’avril 1910. Ce dernier numéro est intéressant dans la mesure où il contient le discours d’Ulysse du Wast au moment où il quitte la présidence, ayant cédé son magasin de musique et devient alors Président d’honneur du syndicat.
  46. la fixation du patronyme a été obtenue par ses descendants grâce à un décret le 8 décembre 1926
  47. Directeur, il gardera la gérance du journal au moins jusqu'en février 1910, la direction passera ensuite à Edmond Achille FRANK qui en assurera la direction gérance jusqu'en 1914
  48. nous en avons néanmoins la preuve grâce au registre de transport de corps de Paris pour 1919 (2484W 41 AD de Paris) et le registre d’entrée du cimetière de château-Thierry (mairie de Château-Thierry, archives communales)

Bibliographie et sources modifier

Bibliographie rassemblée dans la catégorie « Modèles de sources pour la musique classique ».
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Livres modifier

  • Joël-Marie Fauquet (dir.) (préf. Joël-Marie Fauquet), Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, , 1 405 p. (ISBN 9-782213-593166),  .
  • Georges Heylli (d’), Dictionnaire des pseudonymes, Paris, Dentu et Cie, (lire en ligne), lire en ligne sur Gallica,  .
  • Albert Soubies et Charles Malherbe, Histoire de l’Opéra-Comique : La Seconde Salle Favart (1860-1887), Paris, Ernest Flammarion, (lire en ligne), disponible sur Open library,  .

Périodiques modifier

Revue et gazette musicale de Paris, Paris, 1834-1880 [lire en ligne (page consultée le )], disponible sur Boston public library

Liens externes modifier