Ulve

genre d'algues vertes

Ulva

Les Ulves sont des algues vertes comestibles regroupées dans le genre Ulva. Depuis 2003, le World Register of Marine Species rattache le genre Enteromorpha à ce taxon[1].

Étymologie modifier

Le latin ulva est issu de l'indo-européen hel- signifiant « croître ». Cette étymologie fait référence à la croissance rapide des algues de ce genre, permise par leur thalle très fin dont toutes les cellules sont assimilatrices et dont la surface spécifique élevée optimise la collecte de lumière et la nutrition. La vitesse de croissance permet ainsi d'assurer la multiplication de ces algues par 10 de leur biomasse en moins d'un mois[2].

Caractéristiques modifier

 
Diagramme schématique représentant plusieurs ulves.

Macroalgues benthiques pour la plupart annuelles et fixées sur un substrat (rocher, coquille morte…), les ulves sont caractérisées par un développement végétatif printanier[3] qui peut se produire lorsqu'elles sont attachées à ce substrat par croissance, mais il peut également se prolonger après décrochage ou fragmentation du thalle qui a atteint une grande taille, lors des tempêtes. Cette reproduction asexuée raccourcissant le temps de transition entre le stade végétatif et le stade reproducteur, induit ainsi le bouturage des thalles en éléments de petite taille, facilement maintenus en suspension dans la masse d'eau (la densité des ulves de 1,05 kg/dm3 est très faiblement supérieure à celle de l'eau de mer qui est de 1,025 kg/dm3). Ce maintien en suspension permet de limiter la prédation par les mollusques brouteurs (petits escargots de mer tels que les Littorines, les gibbules, les hydrobies ou les Rissoa) ou les oiseaux (Bernache cravant) qui laissent des trous dans le thalle, de réduire l'auto-ombrage, d'homogénéiser la distribution de la biomasse dans la colonne d'eau (d'où une distribution optimale pour l'absorption des nutriments), et de les amener près de la surface où l'intensité lumineuse est plus élevée, autant de facteurs qui peuvent conduire au doublement de leur activité photosynthétique[4]. La flottaison des algues ulvacées est ainsi un facteur favorisant leur croissance et qui explique, avec celui d'un flux élevé d'azote et de phosphore, l'apparition des blooms algaux en été : les proliférations liées à une eutrophisation du milieu sont à l'origine de marées vertes, la biomasse flottante empêchant l'échange gazeux entre l'eau et l'atmosphère (hypoxie et anoxie du système) ainsi que l'accès à la lumière pour les producteurs primaires en croissance inférieure (phytoplancton et macroalgues submergées)[5].

L'organisation de l'appareil végétatif est classiquement celle d'un thalle foliacé qui présente une différenciation en trois parties assimilées à tort aux racines, à la tige et aux feuilles des plantes supérieures[6] : crampon fixateur constitué d'un petit disque ; stipe (pseudo-tige évoquant celle des plantes vasculaires) très peu développé ; fronde formant une lame bistromatique (deux couches de cellules donnant une épaisseur de 100 μm) plane ou crispée, ou un thalle filamenteux monostromatique (une couches de cellules) pour les formes Enteromorpha.

En biologie de la reproduction dans le règne végétal, l'espèce Ulva lactuca est classiquement choisie pour illustrer le cycle de vie digénétique (2 stades différents), haplodiplophasique (1 stade diploïde et 1 stade haploïde) et isomorphe (les générations sont morphologiquement identiques, c'est-à-dire qu'on ne peut différencier les générations sexuées et asexuées) mais de nombreuses espèces d'ulves présentent généralement un cycle reproducteur plus complexe[7].

Utilisations modifier

Depuis le début du XXIe siècle, les ulva spp. suscitent un intérêt croissant auprès d'un bon nombre d'opérateurs du secteur de l'algoculture. La production de ces algues par le biais des systèmes intégrés multi-trophiques pour une aquaculture durable occupe moins d'espace que les cultures terrestres pour la même productivité[8].

La culture de ces algues, à un niveau commercial et industriel, a de nombreuses utilisations : production d'ingrédients alimentaires, moyen de lutte contre la pollution en phytoremédiation (grâce à la capacité des extraits d'ulve, les ulvanes, à former des hydrogels accumulant de grandes quantités de métaux lourds[9].

Liste des espèces et sous-espèces modifier

« Malgré la simplicité anatomique du thalle, l'identification des espèces nécessite une étude au microscope et quelquefois une étude de biologie moléculaire[10] ».

Selon AlgaeBase (16 août 2012)[11] :

Selon Catalogue of Life (16 août 2012)[12] :

Selon ITIS (16 août 2012)[13] :

Selon NCBI (16 août 2012)[14] :

Selon World Register of Marine Species (16 août 2012)[15] :

Références modifier

  1. (en) Hillary S. Hayden et al., « Linnaeus was right all along: Ulva and Enteromorpha are not distinct genera », European Journal of Phycology, vol. 38, no 3,‎ , p. 277–294 (DOI 10.1080/1364253031000136321).
  2. Nathalie Bourgougnon, Annette Gervois, Les algues marines. Biologie, écologie et utilisation, Ellipses, , p. 37.
  3. Pendant les saisons automnale et hivernale, en eau calme, sous éclairement et température faibles, les ulves semblent capables de survivre plusieurs mois sans croissance ni régression notables.
  4. (en) Yanli He, Yanhui Wang, Chaoyang Hu, Xue Sun, Yahe Li, Nianjun Xu, « Dynamic metabolic profiles of the marine macroalga Ulva prolifera during fragmentation-induced proliferation », PLoS ONE, vol. 14, no 5,‎ (DOI 10.1371/journal.pone.0214491).
  5. (en) Mirta teichberg et al, « Eutrophication and macroalgal blooms in temperate and tropical coastal waters: nutrient enrichment experiments with Ulva spp. », Global Change Biology, vol. 16, no 9,‎ , p. 2624-2637 (DOI 10.1111/j.1365-2486.2009.02108.x=).
  6. Nathalie Bourgougnon, Annette Gervois, Les algues marines. Biologie, écologie et utilisation, Ellipses, , p. 181.
  7. (en) Thomas Wichard, Bénédicte Charrier, Frédéric Mineur, John H Bothwell, Olivier De Clerck, Juliet C Coates, « The green seaweed Ulva: a model system to study morphogenesis », Front Plant Sci, vol. 6, no 72,‎ (DOI 10.3389/fpls.2015.00072).
  8. (en) L. Pereira, J. Magalhaes Neto, Marine Algae. Biodiversity, Taxonomy, Environmental Assessment, and Biotechnology, CRC Press, , p. 301-319.
  9. (en) Niklas Wahlström, Sophie Steinhagen, Gunilla Toth, Henrik Pavia, Ulrica Edlund, « Ulvan dialdehyde-gelatine hydrogels for removal of heavy metals and methylene blue from aqueous solution. Carbohydr. Polym. », Carbohydrate Polymers, vol. 249,‎ (DOI 10.1016/j.carbpol.2020.116841).
  10. Jacqueline Cabioc'h, Jean-Yves Floc'h, Alain Le Toquin, Charles François Boudouresque, Alexandre Meinesz, Marc Verlaque, Guide des algues des mers d'Europe, Delachaux et Niestlé, , p. 80.
  11. Guiry, M.D. & Guiry, G.M. AlgaeBase. World-wide electronic publication, National University of Ireland, Galway. https://www.algaebase.org, consulté le 16 août 2012
  12. Catalogue of Life Checklist, consulté le 16 août 2012
  13. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 16 août 2012
  14. NCBI, consulté le 16 août 2012
  15. World Register of Marine Species, consulté le 16 août 2012

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Articles connexes modifier

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