Trois mélodies (Satie)

recueil de mélodies d'Erik Satie

Trois mélodies est un recueil de mélodies d'Erik Satie composées en 1916 et publiées ensemble par Rouart-Lerolle en 1917.

Trois mélodies
Image illustrative de l’article Trois mélodies (Satie)
Couverture de la première édition (Rouart-Lerolle).

Genre Mélodie
Musique Erik Satie
Texte Léon-Paul Fargue, Mimi Godebska et René Chalupt (d'après Lewis Caroll)
Langue originale Français
Effectif Voix et piano
Dates de composition 1916

Présentation modifier

Court recueil sur des poèmes d'auteurs différents « mais réunis par un même humour »[1], les Trois mélodies sont composées par Satie en 1916[2].

Les deux dernières mélodies du cahier (qui sont les deux premières composées) sont créées par Jane Bathori et Ricardo Viñes le [3], lors d'un « festival Satie-Ravel » organisé par la société « Lyre et Palette » à la salle Huyghens[4]. La première mélodie du recueil est créée par Jane Bathori et Ricardo Viñes le au 40e concert de la Société musicale indépendante à la Salle des Agriculteurs[5],[6].

La partition regroupant les trois mélodies est publiée par Rouart-Lerolle en 1917[7].

Structure modifier

Le cahier, d'une durée d'exécution de trois minutes trente environ[8], comprend trois mouvements[1] :

  1. « La Statue de bronze » — Pas trop vite, en si bémol majeur, sur un texte de Léon-Paul Fargue, daté du 26 mai 1916 et dédié à Jane Bathori ;
  2. « Daphénéo » — Tranquille, en majeur, sur un texte de Mimi Godebska[note 1], daté du 14 avril 1916 et dédié à Émile Engel[note 2] ;
  3. « Le Chapelier » — Allegretto, en la majeur, sur un texte de René Chalupt (d'après Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll), daté du 14 avril 1916 et dédié à Igor Stravinsky.

Analyse modifier

La première mélodie, La Statue de bronze, évoque « la tristesse d'une grenouille de bronze, ornement d'un jeu de jardin, condamnée à rester la bouche grande ouverte dans l'attente d'un mot qui ne viendra jamais ». La deuxième, Daphénéo, nous apprend qu'« un oisetier est un arbre à oiseaux ». Un chant calme, en croches égales le plus souvent, s'étale en deux strophes « ponctuées d'un long soupir d'étonnement ». Enfin, la troisième et dernière mélodie, Le Chapelier, l'histoire d'un chapelier « dont la montre retarde, bien qu'il la graisse avec du beurre et la plonge dans sa tasse de thé », se déroule sur une parodie musicale du Duo de Mireille de Gounod[1].

Bruno Giner souligne que chaque mélodie est écrite dans un style différent : « caf' conc' pour La Statue de bronze, mélodie « blanche » proche du futur Socrate pour Daphénéo et un pastiche pour Le Chapelier, en l'occurrence celui d'un air de Mireille de Gounod[10] ».

Vincent Lajoinie distingue particulièrement Daphénéo, « la plus réussie des trois », avec « son texte gentiment naïf, [...] la transparence de l'accompagnement et la pureté modale de la ligne vocale, [...] à la limite du dépouillement et très proche de celle des œuvres de la maturité[11] ». De son opinion, les autres mélodies, plus tournées vers le style passé de Satie, sont moins notables : même si Le Chapelier « peut encore faire sourire par son imitation fort réussie d'une romance « à la Gounod » (accords plaqués en triolets, harmonies doucereuses et mélodie complaisante) », La Statue de bronze, en revanche, « par son côté music-hall et sa forme tarabiscotée, ne présente guère d'intérêt majeur[12] ».

Discographie modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. La nièce de Misia Sert.
  2. Époux de Jane Bathori[9].

Références modifier

  1. a b et c Beltrando-Patier 1994, p. 583.
  2. (en) Carol Kimball, Song: A Guide to Art Song Style and Literature, Hal Leonard Corporation, (ISBN 978-1-61774-997-1, lire en ligne), p. 205
  3. Malou Haine, « Cinq entretiens inédits de Jane Bathori avec Stéphane Audel », Revue musicale de Suisse romande,‎ , p. 32 (lire en ligne)
  4. Bénédicte Renié, Le soutien des artistes à la création contemporaine durant la Grande Guerre : les soirées de la salle Huyghens (1916-1917) (lire en ligne), p. 16
  5. Michel Duchesneau, L’avant-garde musicale à Paris de 1871 à 1939, Sprimont, Mardaga, (ISBN 2-87009-634-8, BNF 36967589), p. 310
  6. « Samedi 21 avril 1917 » (consulté le )
  7. « 3 Mélodies, IES 34 (Satie, Erik) », sur IMSLP (consulté le )
  8. (en) Virginia Sublett, « Mélodies (3) of 1916, for voice &… | Details », sur AllMusic (consulté le )
  9. « Émile Engel (1847-1927) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  10. Giner 2018, p. 114-115.
  11. Lajoinie 1985, p. 308.
  12. Lajoinie 1985, p. 309.
  13. Camille De Joyeuse, « Tout Satie !… en 10 cd », sur classiquenews.com, (consulté le )

Bibliographie modifier

Ouvrages généraux modifier

Monographies modifier

Liens externes modifier