Topologie compacte-ouverte

En mathématiques, la topologie compacte-ouverte (ou topologie de la convergence compacte[1]) est une topologie définie sur l'ensemble des applications continues entre deux espaces topologiques. C'est l'une des topologies les plus utilisées sur un tel espace fonctionnel, et elle est employée en théorie de l'homotopie et en analyse fonctionnelle. Elle a été introduite par Ralph Fox en 1945[2].

Définition modifier

Soient X et Y deux espaces topologiques et C(X,Y) l'espace des applications continues de X dans Y. Pour toute partie compacte K de X et tout ouvert U de Y, notons V(K,U) l'ensemble de toutes les applications f∊C(X,Y) telles que f(K)⊂U. Alors, la topologie compacte-ouverte sur C(X,Y) est celle qui y est engendrée par l'ensemble de tous ces V(K,U), qui en forme ainsi une prébase.

Propriétés modifier

  • Si ∗ désigne l'espace singleton, C(∗, Y) (muni de la topologie compacte-ouverte) est homéomorphe à Y.
  • Si Y est localement compact alors la composition de fonctions C(Y, ZC(X, Y) → C(X, Z), (f, g) ↦ fg est continue (les trois espaces de fonctions étant munis de la topologie compacte-ouverte et C(Y, ZC(X, Y) de la topologie produit).
  • Si Y est localement compact alors l'application d'évaluation C(Y, ZYZ, (f, x) ↦ f(x) est continue[3] (c'est une conséquence des deux propriétés précédentes).
  • Si Y est localement compact et si C(Y, Z) est muni de la topologie compacte-ouverte, alors l'application naturelle de l'ensemble C(X×Y, Z) dans l'ensemble C(X, C(Y, Z)) est bijective[4], si bien que l'espace topologique C(Y, Z) représente le foncteur contravariant XC(X×Y, Z).
  • Si Y est un espace T0, T1, séparé, régulier ou de Tychonov alors C(X, Y) aussi.
  • Si X est séparé on peut, dans la définition ci-dessus d'une prébase de C(X, Y), se limiter aux U appartenant à une prébase de Y.
  • Si Y est un espace uniforme (par exemple un espace métrique) alors, sur C(X, Y), la topologie compacte-ouverte est induite par la structure uniforme de la convergence uniforme sur tout compact.
  • Si X est compact et si Y est métrisable par une distance d, alors la topologie compacte-ouverte sur C(X, Y) est celle de la convergence uniforme. Elle est donc métrisable, par la distance e définie par e(f, g) = sup{d(f(x), g(x)) : xX}.
  • Si Y est compact, le groupe des homéomorphismes de Y dans lui-même, muni de la topologie compacte-ouverte, est un groupe topologique[5] (tandis que si Y est seulement localement compact, l'application ff−1 peut ne pas être continue, même si Y est de plus métrisable[6]).
  • Si X est localement compact, alors deux applications de C(X,Y) sont homotopes si et seulement si elles sont dans la même composante connexe par arcs de C(X,Y) pour la topologie compacte-ouverte.

Variante pour les applications Fréchet-différentiables modifier

Soient X et Y deux espaces de Banach sur le même sous-corps de C, U un ouvert de X, et Cm(U, Y) l'ensemble de toutes les applications continûment m-Fréchet-différentiables de U dans Y. Sur cet ensemble, on définit pour tout compact K de U une semi-norme pK par :

 

Muni de toutes ces semi-normes, Cm(U, Y) est un espace localement convexe dont la topologie est encore appelée « topologie compacte-ouverte ».[réf. souhaitée]

Notes et références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Compact-open topology » (voir la liste des auteurs)

, dont les trois références étaient :

  1. Claude Godbillon, Éléments de topologie algébrique, Paris, Hermann, (ISBN 9782705685089), p. 67-69
  2. (en) Ralph H. Fox, « On topologies for function spaces, part I », Bull. Amer. Math. Soc., vol. 51,‎ , p. 429-432.
  3. Viro et al. 2008, chap. 5 (« Topological Algebra »), p. 195 et 201, exercice 28.Xx.1 (ex. 27.Xx.1 de la version 2007 en ligne).
  4. Michel Zisman, Topologie algébrique élémentaire, Armand Colin, 1972, p. 34.
  5. (en) Richard Friederich Arens, « Topologies for homeomorphism groups », Amer. J. Math., vol. 68,‎ , p. 593-610 (JSTOR 2371787).
  6. (en) Jan J. Dijkstra, « On homeomorphism groups and the compact-open topology », Amer. Math. Monthly, vol. 112, no 10,‎ , p. 910-912 (lire en ligne).

Articles connexes modifier