Thomas-Augustin de Gasparin

personnalité politique française

Thomas-Augustin de Gasparin
Illustration.
Anonyme, Portrait de Thomas-Augustin de Gasparin.
Fonctions
Député des Bouches-du-Rhône à l'Assemblée législative

(1 an et 15 jours)
Groupe politique Montagne
Député des Bouches-du-Rhône à la Convention nationale

(1 an, 1 mois et 21 jours)
Membre du Comité de salut public

(1 mois et 15 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Orange
Date de décès (à 39 ans)
Lieu de décès Orange
Nationalité Française
Parti politique Jacobin

Thomas-Augustin de Gasparin, né le à Orange, où il est mort le [1], est un officier français et député des Bouches-du-Rhône à l’Assemblée législative et à la Convention nationale.

Biographie modifier

 
Vérité sur les insurrections de l'armée pendant l'été de 1790, par Thomas-Augustin de Gasparin.

Sa famille se dit issue d’une branche cadette d’une famille noble corse, celle des Gaspari[2], dont elle porte les armes[3] ; branche qui serait devenue protestante par suite du mariage d’un de ses membres avec l’une des filles de Jean de Serres, ou de son frère l'agronome Olivier de Serres (1539-1619) ; toutefois, la généalogie de Serres ne mentionne pas une telle alliance[4]. Thomas-Augustin Gasparin est fils de Joseph-François Gasparin, docteur en droit civil de l'Université d'Avignon en 1749 (grade qui conférait la noblesse personnelle au Comtat), et de Anne Dumas. Il est capitaine au régiment de Picardie en 1789, lorsqu'éclate la Révolution, dont il embrasse les principes avec enthousiasme.

La Révolution modifier

La Législative modifier

Gasparin est candidat dans le département des Bouches-du-Rhône afin de siéger à l'Assemblée législative. Il est élu le avec 397 suffrages obtenus sur 552 votants. Arrivé le à Paris, il adhère au Club des Jacobins, avec d'autres députés fraîchement élus : Vergniaud, Carnot, le pasteur Lasource. Le 14, il est désigné comme membre du Comité des lois et règlements militaires.

Dans le courant du mois de décembre de la même année, il prend parti contre Brissot et les girondins au sujet de la guerre. Il dénonce dans plusieurs discours aux Jacobins et à l'Assemblée une « campagne d'affolement et de mensonges ».

En avril 1792, au nom du Comité de la guerre où il siège, Gasparin avec Carnot proposent un décret sur l'avancement des officiers[5]. Il est adopté et suspend le décret antérieur, voté par la Constituante, qui selon lui « avait substitué à l'aristocratie de naissance, l'aristocratie de la richesse » dans la nomination aux grades supérieurs.

Il est nommé le , commissaire de l'armée du Midi avec Lacombe-Saint Michel et Rouyer. Le 15, ils envoient une lettre de Lyon, qui sera lue à l'Assemblée où ils expriment les applaudissements des citoyens aux mesures provisoires engagées par l'Assemblée nationale à la suite de l'insurrection du 10 août 1792.

Le conventionnel modifier

En septembre, Gasparin est réélu député des Bouches-du-Rhône, le septième sur douze, à la Convention nationale[6].

Dès le 24 septembre, aux côtés de Dubois-Crancé et de Lacombe-Saint-Michel, il est envoyé en mission auprès de l'armée du Midi afin de destituer « selon leur prudence et selon les circonstances », le général de Montesquiou-Fézensac, lequel est décrété d'accusation en novembre[7]. Le 26 septembre, il intègre le Comité de Guerre, aux côtés de Carnot, de Dubois-Crancé et de Lacombe-Saint-Michel[8].

Gasparin siège sur les bancs de la Montagne. Début janvier 1793, il dénonce les députés girondins Gensonné, Guadet et Vergniaud pour avoir adressé, par l'intermédiaire du peintre Joseph Boze, une correspondance à Louis XVI peu avant l'insurrection du 10 août[9]. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[10].

Gasparin, entre janvier et mars travaille avec ces collègues au Comité de la guerre avec la nécessité de former une armée qualitative pour défendre au mieux la France et la République.

Il est envoyé le aux armées du Nord et des Ardennes, il s’y trouve lorsque Charles François Dumouriez passe à l’ennemi avec le jeune duc de Chartres, fils de Louis Philippe d'Orléans, et il prend immédiatement toutes les mesures que réclamait la gravité des circonstances.

Le , il est nommé adjudant-général chef de brigade par le Conseil exécutif provisoire. Barbaroux, girondin, et confrère des Bouches-du-Rhône l'attaque sur sa nouvelle nomination[11]. Gasparin, en réponse, écrit de Lille deux lettres au Comité de salut public et à la Convention. Il y narre son travail en tant que représentant en mission au risque de sa vie et le mémoire de ses faits militaires.

Comité de salut public modifier

Il rentre avec Jeanbon Saint André au Comité de Salut public le en remplacement de Robert Lindet et de Jean-Baptiste Treilhard. Avant de partir pour la Vendée, il propose le , un décret "punissant de mort les français ou étrangers convaincus d'espionnage dans les places de guerre ou dans les armées" qui est adopté par l'Assemblée[12]. Envoyé en Vendée, il y dresse un état de la situation militaire et revient à Paris. Lors de l'appel nominal du , qui détermine le remplacement du Comité Danton, critiqué pour sa conduite de la guerre, il est maintenu au Comité de salut public ; il en est le seul militaire de carrière à ce moment-là. Gasparin rencontre un désaccord sur le cas du général Custine[13]; lui l'appuie au nom de la désorganisation de l'armée et signale que le manque d'officiers supérieurs peut devenir problématique pour leurs remplacements. Gasparin connaît bien l'armée du Nord, pour y avoir été en mission mais ne désavouera pas le Comité sur l'arrestation de Custine le . Il présente sa démission le lendemain, ou il y fait mention de sérieux problèmes de santé ; au début de l'année il avait du quitter sa mission dans le Nord à cause d'une crise d'éruption de glandes et de maux sévères aux côtes. Maximilien Robespierre le remplace au Comité.

Gasparin est successivement envoyé à l’armée des Alpes et à Marseille, d’où il se rend à Toulon. Sa présence exemplaire lors du siège de cette dernière, la part importante qu’il prend dans la direction des opérations ont pour résultat de reprendre la ville aux Anglais.

Le siège de Toulon modifier

À Aix, par l'intermédiaire de Robespierre le jeune et Saliceti, il rencontre le jeune officier Bonaparte. Ce dernier faisant la lecture du souper de Beaucaire aux représentants de la Convention, ceux-ci font imprimer ce dialogue à Valence, aux frais de l'État.

Afin de remplacer le commandant d'artillerie Elzéar-Auguste Cousin de Dommartin blessé lors des combats des gorges d'Ollioules, Gasparin et Saliceti décident d'envoyer une lettre au Comité de salut public afin d'appuyer Bonaparte et ses dispositions militaires à ce poste, le Comité accepte[14]. Les combats sont rudes et Gasparin prend part aux assauts ; il est l'un des premiers à rentrer dans la grande redoute. Fin octobre, le Comité reconnaissant les efforts déployés par Gasparin qu'il sait malade et Saliceti leur adjoint Barras et Fréron. Le 15 Brumaire an II (), il envoie une lettre d'espoir à la Convention sur la future prise de Toulon, ce sera sa dernière et n’eut pas la satisfaction d’assister au triomphe du siège. Atteint d’une fluxion de poitrine, il est amené au près de sa famille à Orange. Il meurt le 17 brumaire an II () d'une gangrène du "lobe gauche" selon les résultats de l'époque[15].

Le futur général de division Jean-Baptiste Cervoni écrivit à des proches de Gasparin :

« La nouvelle de la mort du plus valeureux des hommes, du plus cher et du plus estimable de mes amis, du républicain incorruptible, Gasparin, m'a plongé dans la plus profonde douleur. Je ne puis me consoler de cette perte. Je le connaissais particulièrement, j'appréciais ses qualités qui n'étaient point ordinaires, j'étais pénétré de vénérations pour ses vertus. Je n'ose pas vous engager à la consolation, Je suis moi-même inconsolable »

.

À Sainte-Hélène, Napoléon légua une somme de cent mille francs aux héritiers du représentant Gasparin, qui, dit-il dans son testament, « l’avait mis, par sa protection, à l’abri des persécutions de l’ignorance des états-majors qui commandaient l’armée de Toulon avant l’arrivée de Dugommier »[16].

Thomas-Augustin Gasparin laisse un fils, Adrien de Gasparin, qui fut Pair de France et membre de l’Académie des sciences.

Il a été enterré dans le carré protestant de la rue Saint-Clément d'Orange. Le projet de placer son cœur au Panthéon adopté par la Convention n'a jamais été exécuté.

Famille modifier

  • Thomas-Augustin de Gasparin (1754-1793), général de brigade, marié à Marie-Anne Marguerite de Serres
    • Adrien Étienne Pierre de Gasparin, marié à Rosalie Adèle de Daunat, fille de Paul Guillaume de Daunant, dont il a eu :
    • Augustin de Gasparin (1787-1857) marié à Laure de Daunant
    • Anne Cécile de Gasparin (1784-1807) mariée en 1805 à Jean César Dumas (1779-1866), d'où :
      • Alphonse Dumas (1806-1884) marié en 1838 à Augustine Valz
      • Adrien Dumas
    • Adeline de Gasparin (1786-1871) mariée en 1810 à François Forel (1780-1865), d'où :
      • Cécile Forel mariée à Jean Lombard,
      • François Forel marié à Adèle Morin.

Notes et références modifier

  1. « Acte de décès de Thomas-Augustin de Gasparin », sur Archives Départementales de Vaucluse (consulté le )
  2. Le comte Luce Gaspari, chef de la branche aînée, est aussi capitaine dans le régiment de Picardie. Après 1792, il a fait partie de l'armée de Condé. Il a été chambellan du roi de Pologne et secrétaire d'État de la principauté de Valachie. Il est mort à Paris en 1840 (Abbé Tisserand, correspondance du colonel comte Luce Gaspari avec son père 1787-1790, dans Revue des sociétés savantes des départements, 2e semestre 1873, p. 102-104 (lire en ligne).
  3. "D'azur à une fleur de lys d'or, accostée (ou accompagnée) de trois étoiles (à 8 rais) de même". Chaix d'Est-Ange, complété par Rietstap.
  4. Chaix d'Est-Ange, Dict. des Familles françaises... (1929), tome 20, p. 206. Il cite la généalogie de Serres, in Gigord : l'Assemblée de la noblesse de la sénéchaussée de Villeneuve de Berg en 1789.
  5. A. Ray, Réimpression de l'ancien Moniteur : depuis la réunion des États-généraux jusqu'au Consulat (mai 1789-novembre 1799) avec des notes explicatives, Au Bureau central, (lire en ligne)
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 36.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 53, séance du 9 novembre 1792, p. 333.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, séance du 26 septembre 1792, p. 154.
  9. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 56, séance du 3 janvier 1793, p. 168-170.
  10. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] »  , sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  11. Réimpression de l'Ancien Moniteur, (lire en ligne)
  12. « Archives numériques de la Révolution française: Tome 66 : Du 3 au 19 juin 1793 - page 570 », sur frda.stanford.edu (consulté le )
  13. Albert Mathiez, La révolution française : La chute de la royauté, La Gironde et la Montagne, La Terreur : édition intégrale, Ink book, (ISBN 978-979-1023-20-7 et 979-1023-20-4, lire en ligne)
  14. « Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/60 - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
  15. « Société de l'histoire de la Révolution française (Paris). Auteur du texte. La Révolution française : revue historique.... 1881-1939. », sur visualiseur.bnf.fr (consulté le )
  16. « Texte officiel du Consulat et de l'Empire - Testament de Napoléon - Napoleon & Empire », sur www.napoleon-empire.net (consulté le )

Sources modifier

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Rose Barral-Mazoyer, Thomas-Augustin de Gasparin officier de l'armée royale et conventionnel (d'après sa correspondance et ses papiers inédits, Orange 1754-1793, Marseille, Laffitte, 1982, in-8, 306.pp. ill., in-t.).
  • Encyclopédie des gens du monde: réperatoire universel des sciences, des lettres et des arts avec des notices sur les principales familles historiques et sur les personnages célèbres, morts et vivants, Librairie de Treuttel et Würtz, Paris, 1839, tome 12, p. 161-162 (lire en ligne)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier