Thierry de Montbrial

économiste français
Thierry de Montbrial
Thierry de Montbrial en 2008.
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Président
Académie des sciences morales et politiques
Président
Institut français des relations internationales
depuis
Directeur
Centre d’analyse, de prévision et de stratégie
-
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Thierry de Montbrial, né le [1] à Paris, est un économiste et géopolitologue français.

Il est le président de l'Institut français des relations internationales (Ifri), think tank qu'il a fondé en 1979[2]. Il est membre de l'Académie des sciences morales et politiques depuis 1992[3]. Il est aussi membre associé de nombreuses académies étrangères[4]. Il est également le président de la World Policy Conference (WPC) qu'il a créée en 2008[5]. Il est le père de l'avocat Thibault de Montbrial.

Biographie modifier

Jeunesse et études modifier

Thierry de Montbrial naît dans une famille de la bourgeoisie, originaire de Guyenne[6]. Son père, François de Montbrial, est inspecteur général de la Banque de France. Par sa mère, il est le petit-fils de de la romancière André Corthis.

Il épouse en 1967 Marie-Christine Balling — fille de Charles Balling (X 1935)[7],[8] — petite-fille de Jules Aubrun, devenue ensuite productrice de cinéma (StarDance Pictures). Il est le père de Thibault de Montbrial, avocat, et d'Alexandra Pilleux-de Montbrial.

Thierry de Montbrial effectue ses études secondaires à l'établissement Gerson[9] puis au lycée Janson-de-Sailly. Il est admis à l'École polytechnique[10],[11] et poursuit sa scolarité à l’École nationale supérieure des mines de Paris, où il étudie sous la férule de Maurice Allais.

Il obtient un doctorat en économie à l'université de Berkeley[2]. Sa thèse traite de la dimension temporelle dans la théorie économique de l'équilibre général, sous la direction du professeur Gérard Debreu[4],[12](Prix Nobel d’économie en 1983).

Parcours professoral modifier

De 1973 à 2008, Thierry de Montbrial est professeur à l'École polytechnique. Il en dirige le département de sciences économiques entre 1974 et 1992.

Il a été titulaire de la chaire « Économie appliquée et relations internationales » au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de 1995 à 2008. Depuis, Thierry de Montbrial y est professeur émérite.

Il a enseigné la géopolitique à l'Institut d'études politiques de Paris lorsque cette discipline est réintroduite dans l'établissement par la réforme du directeur Alain Lancelot. Il fait alors partie de la première vague de professeurs enseignant cette discipline aux côtés de Jean-Louis Gergorin, Jean-Marie Guéhenno et Philippe Moreau Defarges[13].

Parcours professionnel modifier

En 1974, Michel Jobert, alors ministre des Affaires étrangères, le charge de mettre en place le Centre d’analyse et de prévision (CAP)  dont il est le premier directeur jusqu’en 1978, date à laquelle Jean-Louis Gergorin lui succède.

En 1976, il prend part à la création de la French-American Foundation[14].

En , il fait partie des membres fondateurs du Comité des intellectuels pour l'Europe des libertés[15].

En 1979, il crée l'Institut français des relations internationales (Ifri), classé aujourd’hui parmi les premiers think-tanks au monde[16], qui publie le rapport annuel Ramsès (Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies)[17],[18] et la revue Politique étrangère[19].

Le , il prend la présidence du comité éditorial de la Revue des deux mondes dont Jean Bothorel est rédacteur en chef[20].

En 2008, il lance la World Policy Conference (WPC), rencontre annuelle autour des questions de gouvernance mondiale réunissant des personnalités du monde politique, économique et social.

Thierry de Montbrial a été président du Centre franco-autrichien pour le rapprochement en Europe (CFA) (1985-2015). Entre 1993 et 2001, il a été le premier président de la Fondation pour la recherche stratégique. Il a également été membre de droit du conseil du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII).

Membre du comité de rédaction des revues Foreign Policy et Commentaire , il contribue régulièrement dans les médias et a ainsi été éditorialiste-associé au quotidien Le Monde (2002-2010), après avoir été éditorialiste au Figaro (1989-2001)[4].

Il siège ou a siégé au conseil de plusieurs institutions et entreprises internationales. Il a notamment été membre de l’international advisory board de Lafarge et président de celui du groupe OCP (Maroc), membre du conseil d’administration de la fondation Renault. Il a également été membre du conseil consultatif auprès du secrétaire général de l’OMC à Genève (2003-2005), et membre de la commission du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale 2008 à partir de 2007. Il est membre depuis 2011 du conseil d'orientation de la fondation Écologie d'avenir, conseil d’orientation présidé par Claude Allègre.

Dans le domaine académique, il est membre de l’advisory committee du Peterson Institute for International Economics, Washington, du Carnegie Moscow Center, de l’advisory council du Standford Institute for International Studies, de l’editorial board de Russia in Global Affairs à Moscou.

Il est également à l'origine de la fondation du Club de Monaco.

Autres fonctions modifier

Il a été élu à l’Académie des sciences morales et politiques le au fauteuil de Louis Joxe. Il a été président de cette académie en 2001. Il est membre de l'Académie des sciences d'outre-mer (2019) et membre fondateur de l’Académie des technologies (2000)[3].

Il est également membre de l'Academia Europaea[21] (élu en ), de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique (élu en )[22], de l’Académie royale des sciences de l'ingénieur de Suède (élu en )[23], de l’Académie roumaine (élu en )[24], de l’Académie des sciences de Russie (élu en )[25], de l’Académie des sciences de Moldavie (élu en )[26], de l’Académie bulgare des sciences (élu en )[27] et de la Real Academia de Ciencias Económicas y Financieras (es) espagnole (élu en 2008)[28].

Il est docteur honoris causa de l’Académie roumaine pour les études économiques (1996), de l’Académie des sciences d’Azerbaïdjan (2002), de l’université Transilvania de Brașov en Roumanie (2003), de l’université Galatasaray en Turquie (2004), de l’université d'État de Moldavie à Chișinău (2005), de l’Institut d'État des relations internationales de Moscou (MGIMO) (2007), de l’université de Bucarest (2011), de l’université Alexandru Ioan Cuza de Iași en Roumanie (2014)[4] et de l'université de Sofia (2017)[29].

En 2017, il est candidat à l'Académie française[30]. Il recueille 12, puis 4 voix, mais est battu par Michel Zink[31].

Positions politiques modifier

Thierry de Montbrial est libéral et atlantiste. Il rejette en revanche l'étiquette d'ultra-libéral à de nombreuses reprises. "Le libéralisme authentique, celui auquel je crois, explique-t-il en 2011, a toujours rejeté le laisser faire. Il a toujours demandé de la régulation. C’est lui qui a inventé la régulation[32]".

Il s'est engagé en faveur de la guerre en Irak en 2003, et appelle à un retrait de l’État dans les questions économiques au moyen de privatisations et de la réduction des effectifs de la fonction publique.

Il a soutenu l'adoption de l'euro et milité en faveur des traités de Maastricht (1992) et de Rome (2004)[33].

Au sortir de la crise financière de 2008, il a expliqué que "la mondialisation a(vait) des limites[32]."

Distinctions modifier

Décorations françaises modifier

Décorations étrangères modifier

Prix modifier

Publications modifier

  • Économie théorique, Paris, PUF, 1971.
  • Essais d'économie parétienne, Paris, CNRS, 1974.
  • Le désordre économique mondial, Paris, Calmann-Lévy, 1974.
  • L'énergie : le compte à rebours, Paris, J.-C. Lattès, 1978.
  • La revanche de l'Histoire, Paris, Julliard, 1985.
  • Marchés, capital et incertitude. Essais en l'honneur de Maurice Allais (codir. avec Marcel Boiteux et Bertrand Munier), Paris, Economica, 1986
  • La science économique ou La stratégie des rapports de l'homme vis-à-vis des ressources rares : méthodes et modèles, Paris, PUF, 1988.
  • Que faire ? : les grandes manœuvres du monde, Paris, La Manufacture, 1990.
  • Mémoire du temps présent, Paris, Flammarion, 1996, couronné par le prix des Ambassadeurs.
  • Introduction à l’économie, Paris, Dunod, 1999, 4° éd., 2009.
  • Pour combattre les pensées uniques, Paris, Flammarion, 2000.
  • Dictionnaire de stratégie (codirecteur avec Jean Klein), Paris, PUF, 2000.
  • La France du nouveau siècle (dir.), Paris, PUF, 2002.
  • L'action et le système du monde, Paris, PUF, 2002; 4° édition, coll. « Quadrige », Paris, PUF, 2011, couronné par le prix Georges-Pompidou en 2002. Traduit en anglais, Action and Reaction in the World System, The Dynamics of Economic and Political Power, Vancouver, UBC Press, 2013, et en roumain, russe, serbe, chinois, bulgare et polonais
  • Réformes-révolutions : le cas de la France (dir.), Paris, PUF, 2003.
  • Quinze ans qui bouleversèrent le monde, Paris, Dunod, 2003.
  • Pratiques de la négociation (dir., avec Sabine Jansen), Bruxelles, Bruylant/LGDG, 2004.
  • La guerre et la diversité du monde, Paris, L'Aube-Le Monde, 2004.
  • L’Identité de la France et l’Europe, (dir. avec Sabine Jansen), Fondation Singer Polignac, Bruxelles, Bruylant, 2005.
  • Géographie politique, Paris, PUF, 2006, coll. "Que sais-je ?".
  • Il est nécessaire d'espérer pour entreprendre, Paris, Édition des Syrtes, 2006.
  • Violence : de la psychologie à la politique, (dir. avec Sabine Jansen), Fondation Singer Polignac, Bruxelles, Bruylant, 2007.
  • Vingt ans qui bouleversèrent le monde, Paris, Dunod, 2008.
  • Journal de Russie, 1977-2011, 2012. Traduction en russe, Aspect Press Ltd, 2019
  • Journal de Roumanie, Bucarest, Editions RAO, édition bilingue en français et en roumain, 2012.
  • Une goutte d'eau et l'océan. Journal d'une quête de sens, Paris, Albin Michel, 2015.
  • La pensée et l’action, Académie roumaine, Fondation Nationale pour la Science et les Arts, Bucarest, 2015
  • Notre intérêt national (dir. avec Thomas Gomart), Paris, Odile Jacob, 2017.
  • Vivre le temps des troubles, Albin Michel, 2017. Traduction en anglais Living in Troubled Times, a New Political Era, World Scientific, 2018 et en bulgare, édition Académie bulgare des Sciences, .
  • Histoire de mon temps, Académie roumaine, Fondation nationale pour la science et les arts, Bucarest, 2018

Notes et références modifier

  1. Notice d'autorité personne sur le site du catalogue général de le BnF.
  2. a et b « Thierry de Montbrial », sur ifri.org (consulté le ).
  3. a et b « ASMP - Carrière de Thierry de Montbrial », sur ASMP (consulté le ).
  4. a b c et d « Biographie | Thierry de Montbrial », sur thierrydemontbrial.com (consulté le ).
  5. Site WPC Site de la World Policy Conference
  6. Jougla de Morenas, Grand Armorial de France, Paris, Société du Grand Armorial de France, (lire en ligne), tome V, page 88.
  7. De la promotion X1935, cf. « Fiche de Charles Balling », sur le site de l’Association des anciens élèves et diplômés de l'École polytechnique (l’AX), Paris (consulté le ) ; y est notamment indiqué que Charles Balling a choisi « l'artillerie » à sa sortie de l'École.
  8. Ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues de la BCX –> Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Charles Balling », résultat obtenu : « Balling, Charles Paul Louis (X 1935 ; 1912-2007) ».
  9. Jean-Christophe Ploquin, « Thierry de Montbrial, éloge de la goutte d’eau », sur la-croix.com, (consulté le ).
  10. De la promotion X1963, cf. « Fiche de Thierry de Montbrial », sur le site de l’Association des anciens élèves et diplômés de l'École polytechnique (l’AX), Paris (consulté le ) ; y est notamment indiqué le grade de Thierry de Montbrial : « ingénieur général des mines ».
  11. Ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues de la BCX –> Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Thierry de Montbrial », résultat obtenu : « Montbrial, Thierry René Henri Magloire de (X 1963) ».
  12. Jean-Christophe Ploquin, « Thierry de Montbrial, éloge de la goutte d’eau », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  13. Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN 978-2-7246-3915-5)
  14. « Statuts officiels - French-American Foundation - France - Advancing Dialogue Between French & American Leaders », sur French-American Foundation - France (consulté le ).
  15. « Tous au CIEL : un combat intellectuel antitotalitaire (1978-1986) présenté par Alain Laurent », sur lesbelleslettresblog.com, .
  16. « En 2019, l’IFRI classé de nouveau 2e think tank le plus influent au monde et 1er en Europe », sur www.ifri.org (consulté le )
  17. « Publications | IFRI - Institut français des relations internationales », sur ifri.org (consulté le ).
  18. « Ramses 2022 - Dunod », sur dunod.com (consulté le ).
  19. « Publications | IFRI - Institut français des relations internationales », sur ifri.org (consulté le ).
  20. qui sommes nous ?, Revue des deux mondes
  21. (en) Ilire Hasani, Robert Hoffmann, « Academy of Europe: Montbrial Thierry », sur www.ae-info.org (consulté le ).
  22. « Thierry de Montbrial », sur www.academieroyale.be (consulté le ).
  23. (en) « Rapport annuel 2015 de l'Académie royale suédoise des sciences de l'ingénieur », sur iva.se.
  24. (ro) « Academia Romana (membri din strainatate) », sur acad.ro (consulté le ).
  25. (ru) « Де Монбриаль Т.. - Общая информация », sur ras.ru (consulté le ).
  26. (en) « Details of ASM members », sur asm.md (consulté le ).
  27. (en) « Foreign Members », sur bas.bg (consulté le ).
  28. (en) « Membres correspondants de la Real Academia de ciencias economicas y financieras », sur racef.es.
  29. « La France à Sofia on Twitter », Twitter,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  30. « Candidatures au fauteuil de René Girard (F37) », sur academie-francaise.fr, .
  31. http://www.academie-francaise.fr/actualites/election-de-m-michel-zink-f37.
  32. a et b (en-US) « La crise et l’avenir des idées fausses », sur www.paristechreview.com (consulté le )
  33. Olivier Cyran, Mehdi Ba, Almanach critique des médias, Édition des Arènes, , p. 51-54
  34. Décret du 14 juillet 2019 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  35. « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres – hiver 2023 », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
  36. Arrêté du 10 février 2016 portant nomination et promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres.

Liens externes modifier