Tartane (bateau)

type de navire

Tartane
illustration de Tartane (bateau)
Gravure d'une tartane, 1882

Type Type de navire (d)
Fonction Pêche, transport marchandise
Gréement Voile latine
Histoire
Fabrication Bois
Caractéristiques techniques
Longueur de 14 à 25 m
Maître-bau environ 5 m

La tartane est un bateau à voile caractéristique de la Méditerranée. Le nom aurait pour origine le mot arabe taridah signifiant « vaisseau »[1]. Utilisée à tous les usages, la tartane navigua partout et plus généralement dans le bassin occidental[2]. Transporteur de fret populaire, elle ne disparut que dans le premier quart du XXe siècle[2].

Historique modifier

En Provence, les tartanes servent à la pêche, mais aussi au transport de tuiles et « malons »[N 1], plus spécialement entre l'Estaque (les tuileries de Saint-Henri) et le Vieux-Port de Marseille. Elles sont utilisées également en Italie et en Afrique du nord.

La tartane est un bâtiment latin à un arbre (mât) implanté droit au milieu de la coque[2]. Il est généralement à pible (fait d'une seule pièce), portant une voile latine appelée « mestre » et un foc appelé « polacre ». Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle on peut cependant voir des tartanes avec deux arbres avec un trinquet très incliné vers l’avant[2]. Le modèle disparait ensuite, laissant la place au « navicello »[2].

La coque de la tartane est très ronde et pointue aux deux extrémités, la voilure, avec un seul arbre, exige peu de personnes et l’ensemble correspond à un modèle de référence économique, d’où sa longévité[2]. Les dimensions moyennes d'une tartane sont de 14 à 25 m de long (pour les plus grandes) sur 5,5 à 6 m de large. Ces grandes tartanes jaugent 100 tonneaux d’après le commandant Hennique qui les observe en grand nombre sur les côtes tunisiennes vers 1880[2].

La longévité du navire permet d’observer les dernières évolutions du gréement latin jusqu’au début du XXe siècle[2]. Pour se débarrasser des conditions imposées par leur grande antenne (plus de 20 m sur les plus grandes), certaines unités reçoivent un gréement carré à deux étages de voiles et à pible, l’artimon restant parfois latin. Les Italiens appellent martingana les tartanes à voiles carrées qu’ils arment à cette époque[2].

Les tartanes disparaissent peu après la Première Guerre mondiale avec la généralisation des transports routiers et ferrés. Il n'existe à l'heure actuelle qu'une seule tartane en état de naviguer : La Flâneuse, lancée en 1991[1] et que l’on peut voir au port du Prado à Marseille.

Les tartanes dans des images de son temps modifier

Jean Jouve dans l'album «Dessins de tous leur Bâtiments qui Naviguent sud la Méditerranée») de 1679, montre ces quatre images de Tartanes d'un seul mât:[3]

et deux images de tartanes avec deux mâts:[3]

François-Edmond Pâris dans l'album «Souvenirs de marine conservés, ou Collection de plans de navires de guerre et de commerce et de bateaux divers de tous leur pays tracés pair leur constructeurs ou marins» de 1879 montre trois plans de Tartanes typiques:[4]

  • Dans le premier dessin, on montre une tartane d'un unique mât, et si on la compare avec les images de Jouve, n'ont pas beaucoup changé en 200 ans.
  • Dans les autres deux dessins avec rotulation: "Mer Adriatique - Tartane" et "Mer Adriatique - Braco donne pêche" - les deux bateaux ont le même gréement, (bien que la tartane "Braco donne pêche" elle a des lignes plus stylisées, comme la tartane typique)[N 2]. Pourtant, dans les deux dessins, l'équipe des voiles n'est pas celui typique de la Tartane, ressemblant plus à celui du "trabaccolo", fait duquel se peut conclure qu'en des différents moments et en des différentes régions, le concept de Tartane n'a pas été identifié toujours avec le même type de gréement.
 
Tartane à deux mâts de la flotte de la Baltique (enregistré par Peter Pikart)

Les tartanes de la flotte russe modifier

Au début du siècle XVIII il y avait des tartanes en service dans la Marine russe. Deux tartanes ont été utilisés en mer Baltique et une en mer d'Azov. Il existe des estimations sur son adéquation et efficacité[5].

Aux XVIIe et XVIIIe siècles la Russie a cherché des nouveaux types de bateaux, -ceux qui pouvaient être plus efficaces pour les conditions spéciales qui existent en mer Baltique. Ainsi, le petit chantier naval de Selitsky dans la rivière Vóljov a pu bâtir en 1705 deux tartanes (de deux mâts et d'un mât), copie des tartanes construites en Méditerranée comme bateaux de reconnaissance et de transport[6].

La tartane à deux mâts bâtie à Selitsky avait une longueur de 65 pieds (19,81 m), une largeur de 17 pieds (5,18 m), et, à juger par l'enregistrement de Pierre Pikart, un gréement de deux mâts avec des voiles latines et sept canons par bande[7].

La tartane dans la culture modifier

Dans les arts visuels modifier

Jusqu'au milieu du XXe siècle, les tartanes étaient un type de bateau très commun dans la Méditerranée, c'est pourquoi ses images se trouvent souvent dans la peinture. Entre autres elles se trouvent représentées dans beaucoup d’œuvres de Paul Signac. En voici quelques-unes :

Autres images de tartanes de quelques peintres de marines connus :

Dans la littérature et la fiction modifier

  • Dans Le Comte de Monte Cristo d'Alexandre Dumas, une tartane de contrebandiers, La Jeune Amélie, recueille Edmond Dantés après sa fuite du château d'If.
  • Dans le poème "Chanson de pirates", Victor Hugo utilise ce terme pour désigner le bateau des pirates.
  • Le héros du récit Le Frère de la Côte de Joseph Conrad possède une tartane.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. " Dans le Sud-Est, carreau de terre cuite utilisé pour le dallage des sols ; par extension, carrelage. ", source Larousse.fr
  2. "braco" — Il pourrait être une erreur de l'auteur — italien : barco — Barca

Références modifier

  1. a et b Patrimoine maritime et fluvial - Label BIP.
  2. a b c d e f g h et i René Burlet, dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1385.
  3. a et b Jouve 1679.
  4. Paris 1879.
  5. Tartanes // Diccionari Enciclopèdic Brockhaus i Efron : в 86 т. (82 т. и 4 доп.). — СПб., 1890—1907.
  6. Чернышёв 2002, p. 443—445.
  7. Трифонов 2011, p. 13.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d’Histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
  • Parïs Bonnefoux et De Bonnefoux, Dictionaire de marine à voiles, Paris, Editions du Layeur, 1999 (réédition d'un ouvrage du xixe siècle : 1859), 720 p. (ISBN 978-2-911468-21-6 et 2-911468-21-X)
  • Морской энциклопедический словарь. — Санкт-Петербург: Судостроение, 1994. — Т. 3. — С. [234] (стб. 2). — 488 с. — 10 000 экз. (ISBN 5-7355-0282-4).
  • ESBE/Tartans // Diccionari Enciclopèdic Brockhaus i Efron : в 86 т. (82 т. и 4 доп.). — СПб., 1890—1907.
  • История отечественного судостроения. — Санкт-Петербург: Судостроение, 1994. — Т. 1. — 472 с. — 5000 экз. (ISBN 5-7355-0479-7).
  • А.Д.Михельсон. Объяснение 25000 иностранных слов, вошедших в употребление в русский язык, с означением их корней. — 1865.
  • К.Х.Марквардт. Рангоут, такелаж и паруса судов XVIII века = Karl Heinz Marquardt. Bemastung und Takelung von Schiffen das 18.Jahrhunderts. 1986. — Ленинград: Судостроение, 1991. — С. 144-145. — 288 с. — 81 000 экз. — (ISBN 5-7355-0131-3).
  • А.В.Трифонов. Мальтийские лодки. Шедевры Средиземноморья. — Москва: ТрансЛит, 2011. — С. 13. — 60 с. — 500 экз. (ISBN 978-5-94976-762-7).
  • А.Б.Широкорад. Россия на Средиземном море. — АСТ, 2008. (ISBN 978-5-17-054878-1).
  • Л.Н.Скрякин Под сенью парусов Колумба // Техника — молодёжи : журнал. — 1970. — № 11. — С. 43.
  • Jean Jouve. Desseins de tous les Bâtiments qui Naviguent sur la Méditerranée. — Paris, 1679. — С. pl.15-pl.20.
  • François-Edmond Pâris. Souvenirs de marine conservés, ou Collection de plans de navires de guerre et de commerce et de bateaux divers de tous les pays tracés par les constructeurs ou marins. — Paris, 1879. — Т. 1,2.
  • Björn Landström. The Ship. An Illustrated History. — New York: Doubleday & Company, Inc, 1976. — С. 210. — 320 с. — (ISBN 0-385-09823-5).
  • Чернышёв А. А. Российский парусный флот. Справочник. — М.: Воениздат, 2002. — Т. 2. — 480 с. — (Корабли и суда Российского флота). — 5000 экз. (ISBN 5-203-01789-1).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier