Tantale fils de Zeus

héros de la mythologie grecque, fils de Zeus
Tantale
Fonctions
Roi de Lydie
Roi de Phrygie (d)
Biographie
Nom dans la langue maternelle
ΤάνταλοςVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Mère
Conjoints
Dioné
Clytie (en)
Euryanassa
Eurythemiste (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants

Dans la mythologie grecque, Tantale[1] (en grec ancien : Τάνταλος / Tántalos) est un mortel, ami des dieux[2]. Fils de Zeus[1],[3] et de la nymphe Ploutô[3], il est roi de Phrygie[3]. Certaines traditions en font le fils de Tmolos[3] et d'Omphale[3], et un roi de Lydie[1],[3]. Il est l'époux de Dioné, fille d'Atlas, et le père de Pélops[4], de Niobé[5] et de Brotéas[6].

Pour avoir offensé les dieux, ceux-ci le châtient en le condamnant au supplice. Plusieurs versions de la faute commise par Tantale et de son châtiment sont connues[7].

Le supplice de Tantale décrit une situation précise où l’on présente à un individu affamé de la nourriture pour la lui retirer au moment où il pense pouvoir enfin assouvir sa faim.

Par antonomase, un tantale est une personne qui désire ardemment quelque chose qui lui est inaccessible[8].

Mythe modifier

 
Le festin donné aux dieux par Tantale, Hugues Taraval,1767.

Les dieux honoraient Tantale de leur amitié et le recevaient à leur table divine. Mais il trahit leur amitié, de diverses manières, selon les auteurs.

D'après un scholiaste de l'Odyssée[9], Tantale, qui passait son temps à banqueter avec de jeunes gens de son âge, aurait dérobé du nectar et de l'ambroisie pour en donner à ses compagnons. Zeus l'aurait alors chassé du banquet divin, l'aurait suspendu à une haute montagne, attaché par les mains, puis aurait renversé le mont Sipyle sur l'endroit où il avait été enseveli[7]. De l'aveu du scholiaste[7], cette version est celle d'Asclépiade de Tragilos[10]. Pindare[11] présente une version voisine d'après laquelle Tantale aurait volé du nectar et de l'ambroisie pour donner ces mets divins aux mortels : les dieux l'auraient alors puni en plaçant au-dessus de sa tête un énorme rocher en équilibre instable, menaçant de tomber à tout moment.

Selon Diodore de Sicile[12], Tantale, que les dieux admettaient à leur table commune et à leurs entretiens intimes, aurait révélé aux mortels des secrets divins[7]. Il en est de même pour Hygin[13] qui précise que les dieux punirent Tantale en le condamnant à rester debout, le corps à demi plongé dans l'eau, tenaillé par la faim et la soif, tout en étant menacé de la chute du rocher.

 
Sisyphe, Ixion et Tantale. Gravure de Charles Grignion, 1790.

D'après une scholie de l’Odyssée[14], Pandarée aurait dérobé dans un sanctuaire de Zeus, en Crète, un chien animé en or fabriqué par Héphaïstos et l'aurait confié en dépôt à Tantale. Zeus et Hermès l'auraient réclamé à Tantale qui leur aurait juré ne pas l'avoir. Zeus aurait retourné sur Tantale le mont Sipyle[7]. Une autre scholie de l'Odyssée[15] présente une version similaire qui s'achève ainsi : Zeus aurait ordonné à Hermès de rechercher l'automate ; arrivé chez Tantale, Hermès l'aurait interrogé ; Tantale aurait juré, par Zeus et les autres dieux, n'être au courant de rien ; mais Hermès aurait découvert l'automate chez Tantale[7]. Antoninus Liberalis[16] présente une version similaire[17].

Selon Pausanias, Tantale fut enterré au pied de la ville du Mont Sipylos[18].

Selon Ovide, lors d'un banquet, Tantale servit aux dieux la chair de son propre fils, Pélops, pour éprouver leur omniscience. Les dieux reconnurent immédiatement la nature humaine de la chair, sauf Déméter qui, préoccupée, avala un morceau de l’épaule[19]. Zeus fit aussitôt placer les restes de Pélops dans un chaudron et ordonna à Hermès de ramener l'enfant des Enfers et de remplacer son épaule par un morceau d'ivoire. Dans une variante de cette version, Clotho, la moire tisseuse du fil de la vie, vient en aide à Hermès pour le ramener à la vie, tandis que son épaule est remplacée par un bloc d'ivoire.

Les dieux punirent Tantale d'une condamnation qui deviendra le célèbre « supplice de Tantale » : passer l'éternité dans le Tartare à souffrir un triple supplice : Homère dans l’Odyssée[20] et Télès dans ses diatribes racontent que Tantale est placé au milieu d’un fleuve et sous des arbres fruitiers, mais le cours du fleuve s'assèche quand il se penche pour en boire, et le vent éloigne les branches de l'arbre quand il tend la main pour en attraper les fruits[21].

Interprétations modifier

Le cannibalisme est un mode de sacrifice largement attesté. Le sacrifice du premier fils du chef l'est aussi, mais on peut supposer que, même admis et considéré comme nécessaire, ce sacrifice reste un crève-cœur aussi bien pour le proposant (son père) que pour les autres membres de la communauté. Enfin, les sacrifices sont toujours dangereux, surtout pour l'officiant. C'est lui qui portera le poids du malheur si le résultat escompté n'est pas obtenu. On peut supposer que le sacrifice prévu ait mal tourné ; les participants ont refusé le sacrifice et considéré que c'est le père qui commettait une faute en proposant son fils. Et Tantale n'a sans doute pas montré suffisamment de compassion à l'égard de ce fils, ni d'intelligence pour trouver un bouc émissaire. Le mythe marque certainement pour l’histoire en Grèce antique, sinon la fin des sacrifices humains, du moins leur raréfaction en raison d'un caractère abominable reconnu. Seule une demande explicite des dieux justifiera désormais ce rite[22]. Le fait que Déméter ait toutefois mangé pourrait avoir un rapport au culte qui lui était voué par les mystères d'Éleusis, donc aux sacrifices liés au retour du printemps et à la moisson.[réf. nécessaire]

Tantale chez Xénophon modifier

Xénophon représente Tantale aux Enfers comme quelqu’un sans cesse tourmenté par la peur de mourir une fois supplémentaire[23].

Tantale chez Platon modifier

Platon dans son dialogue intitulé Gorgias remarque que l’on ne retrouve que des criminels et meurtriers puissants dans le Tartare[24], et donne pour supplice à Tantale un rocher qui menace sans cesse de l’écraser[25] : Socrate fait dériver le nom même de Tantale du mot Tántalos qui signifie « balancé » en grec ancien. Un rapprochement avec τάλας / tálas, « malheureux », est une étymologie populaire présente dans Cratyle de Platon[26].

Notes et références modifier

  1. a b et c « Tantale » [html], sur Encyclopédie Larousse (en ligne), Larousse (consulté le ).
  2. Marc Richir, L'expérience du penser : phénoménologie, philosophie, mythologie, Grenoble, J. Millon, coll. « Krisis », 1re éd., 473 p., 24 cm (ISBN 2-84137-044-5 et 978-2-84137-044-3, OCLC 416233308, BNF 35866973, présentation en ligne) [lire en ligne (page consultée le 1er juin 2016)].
  3. a b c d e et f Mathieu Aref (préf. de Dominique Briquel), Grèce (Mycéniens = Pélasges) ou la solution d'une énigme, Paris, M. Aref, coll. « Mnémosyne », , 479 p., 24 cm (ISBN 2-9519921-1-4 et 978-2-95199211-5, OCLC 55664766, BNF 39147593), p. 345 [aperçu (page consultée le 1er juin 2016)].
  4. « Pélops » [html], sur Encyclopédie Larousse (en ligne), Larousse (consulté le ).
  5. « Niobé » [html], sur Encyclopédie Larousse (en ligne), Larousse (consulté le ).
  6. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], Livre II (22))
  7. a b c d e et f Institut des sciences et techniques de l'Antiquité (éd.) (trad., annotations et commentaires de Jean-Claude Carrière et Bertrand Massonie, publ. par l'Équipe Analyse des formations sociales de l'Antiquité, de Besançon (Centre national de la recherche scientifique, Unité de recherche associée 0338)), La Bibliothèque d'Apollodore, Besançon, Université de Besançon (diff. Paris, Les Belles Lettres), coll. « Annales littéraires de l'Université de Besançon (no 443), Centre de recherches d'histoire ancienne (no 104), Institut Félix-Gaffiot (no 7) et Lire les polythéismes no 3 », , 310 p., 24 cm (ISBN 2-251-60443-X, BNF 35495084), p. 263 [lire en ligne (page consultée le 1er juin 2016)].
  8. Informations lexicographiques et étymologiques de « tantale » (sens A) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 1er juin 2016].
  9. Scholiaste de l'Odyssée, 11, 582.
  10. Danièle Auger et Suzanne Saïd (éd.), Généalogies mythiques : actes du VIIIe Colloque du Centre de recherches mythologiques de l'université de Paris-X (Chantilly, -), Nanterre, Centre de recherches mythologiques de l'université de Paris-X (Nanterre) [diff. Paris, Les Belles Lettres], [1re éd.], 463 p., 22 cm (ISBN 2-251-97803-8 et 978-2-251-97803-1, OCLC 467975778, BNF 37025861), p. 114, n. 109 [aperçu (page consultée le 1er juin 2016)].
  11. Pindare, Olympiques, I, 55-60 = v. 86-102.
  12. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, IV, 7, 2.
  13. Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne], LXXXII.
  14. Scholie de l'Odyssée, 19, 518.
  15. Scholie de l'Odyssée, 20, 60.
  16. Antoninus Liberalis, Métamorphoses, 36.
  17. Alexandre Marcinkowski et Jérôme Wilgaux, « Automates et créatures artificielles d'Héphaïstos : entre science et fiction », Techniques & Culture, nos 43-44 « Mythes : l'origine des manières de faire »,‎ , part. 2 (« Du malentendu à l'invention rêvée »), art. 3 (lire en ligne [html], consulté le ) n. 15 [lire en ligne (page consultée le 1er juin 2016)].
  18. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], Livre II, (22)
  19. Le scholiaste de Lycophron (152) précise que la déesse était sans doute distraite par le chagrin dû à la disparition de sa fille Coré. D'après le scholiaste de Pindare, la déesse concernée aurait plutôt été Thémis ou Thétis selon les variantes de manuscrits.
  20. Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], XI.
  21. Lucien de Samosate 2015, p. 216
  22. voir Agamemnon, descendant de Tantale
  23. Xénophon, Économique, XII, 21.
  24. Platon, Gorgias, 525e.
  25. Platon, Gorgias, 526e.
  26. Platon, Gorgias, 395c-e.

Voir aussi modifier

Sources modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier