Système médical adventiste

Le système médical adventiste regroupe les établissements médicaux gérés par le mouvement protestant de l'Église adventiste du septième jour. Il se compose d'environ 170 hôpitaux et sanitariums, 430 cliniques et dispensaires, ainsi que 160 orphelinats, maisons de retraite et écoles d’infirmiers[1]. Ses prémices remontent à la fondation de l'Église adventiste du septième jour sous l'impulsion d’Ellen White et de John Harvey Kellogg.

Centre médical universitaire de Loma Linda, Californie
Nichol Hall à l'université de Loma Linda

Histoire modifier

Joseph Bates modifier

Dans les années 1840, engagé au sein du mouvement millérite dans la proclamation du retour du Christ[Quoi ?], Bates changea ses habitudes alimentaires. En 1843, il commença à suivre les principes de santé préconisés par Sylvester Graham. Il abandonna la consommation de la viande, du beurre, du fromage, de la graisse et des gâteaux riches en crème[2]. Son alimentation comprenait des fruits, des légumes, des oléagineux et des céréales. Sa seule boisson fut de l’eau[3].

Les habitudes sanitaires de Bates demeurèrent strictement personnelles. Il encouragea les adventistes, à abandonner le tabac. Alors que la plupart des dirigeants adventistes furent souvent atteints par la maladie, il jouit d’une santé robuste presque jusqu’à sa mort, peu avant 80 ans[4].

Début du système médical adventiste modifier

 
Centre médical adventiste de Portland, Oregon

Selon les adventistes, au cours d'un voyage dans le Michigan, Ellen White eut une vision de 45 minutes le à Otsego dans la maison d'Aaron Hilliard, en présence de plusieurs familles, sur des instructions relatives à la santé et aux « huit remèdes naturels » : l’air pur, la lumière du soleil, la tempérance, le repos, l’exercice, la nutrition, l’eau et la confiance en Dieu[5]. Quand elle rapporta cette vision - appelée « la vision de la réforme sanitaire », - quelques personnes informées lui demandèrent si elle avait lu les écrits des réformateurs sanitaires qui exprimaient certaines idées similaires – notamment dans la revue The Laws of Life (les lois de la vie), du Dr James Caleb Jackson (1811-1895), l’inventeur de Granula, le premier petit déjeuner de céréales[6]. Jackson suggérait dix remèdes naturels : l'air, l'alimentation, l'eau, les rayons du soleil, l'exercice, l'habillement approprié, le sommeil, le repos, et l'influence sociale, mentale et morale[7].

Ellen White répondit par la négative, et précisa qu’elle n’examinerait aucun de leurs écrits avant de publier les instructions. Elle se dit déterminée à ce que personne ne dise « que j’ai reçue ma lumière sur la santé de la part des médecins et non du Seigneur[8]. » Vers la fin de l'année 1863, elle publia les instructions de la vision dans le livre Spiritual Gifts, vol. 4.

John Kellogg, l’organisateur modifier

Le médecin et chirurgien John Harvey Kellogg fut le principal architecte de la mise en œuvre de la réforme sanitaire et du système médical adventiste. Suivant attentivement les conseils d’Ellen White, il déploya une grande énergie pour inciter les adventistes et le public en général à pratiquer les principes de ce mode de vie. Quand il devint le directeur de l'Institut de la réforme sanitaire en 1876, l'une de ses premières initiatives fut de changer son nom pour l'appeler en 1878 le Sanitarium de Battle Creek, c'est-à-dire « un lieu où les gens apprennent à rester en bonne santé, un centre de bien-être » (à ne pas confondre avec un sanatorium)[9].

Les médecins adventistes s’appuyèrent sur les découvertes de la médecine scientifique[Lesquelles ?] pour éduquer le public aux principes d'un mode de vie sain, soigner, mettre au point des produits diététiques, diverses thérapies, et des pratiques chirurgicales plus hygiéniques et efficaces. Sur les conseils d'Ellen White, ils établirent des sanitariums aux États-Unis et à travers le monde. Kellogg organisa le système médical adventiste et s'assura de former des médecins et infirmières. Sous sa direction, en une trentaine d'années, des sanitariums furent construits à travers le monde, ainsi que des centres d’hydrothérapie, des restaurants végétariens et centres d’accueil urbains pour aider les pauvres, les orphelins, les personnes sans emploi, les alcooliques et les prostituées[10].

Le système médical adventiste aujourd'hui modifier

Dr Wayne McFarlane et Elman Folkenberg conduisirent le premier Plan de 5 jours pour cesser de fumer en 1960, quatre ans avant que le ministère de la Santé américain établisse un lien entre la cigarette et le cancer des poumons[11]. Plus de 20 millions de personnes à travers le monde ont assisté à ce programme au cours des trente dernières années[12]. Selon les statistiques, entre 30 et 52 % des personnes qui suivent ce plan arrêtent totalement de fumer à long terme, ce qui en fait l'un des programmes les plus efficaces de détoxication du tabagisme[13]. En France, la Ligue Vie et Santé, fondée en 1970 par Philippe Augendre et Dr Jacques Dufau[14], a souvent obtenu des taux de réussite exceptionnels. Jusqu'à 95 % des participants à un programme du Plan de 5 jours ont arrêté de fumer[15].

Le , l'hôpital adventiste de Loma Linda fut au centre de l'attention mondiale quand le Dr Leonard Bailey transplanta un cœur de babouin dans la poitrine d'un bébé, surnommé Baby Fae, qui naquit avec un grave défaut cardiaque, appelé « hypoplastie du cœur gauche[16] ». Dr Bailey utilisa cette mesure temporaire, espérant maintenir en vie l'enfant assez longtemps, en attendant d'obtenir un petit cœur humain qu'il transplanterait définitivement. Baby Fae mourut 20 jours plus tard.

En 1997, Dr Ben Carson, le directeur de l'équipe de neurochirurgie du célèbre Hôpital Johns-Hopkins de Baltimore, fut le premier chirurgien à séparer avec succès les cerveaux de deux frères siamois, Julian et Joseph Gibson de la Zambie. Les deux garçons survécurent. Aucun ne souffrit de lésions cérébrales sérieuses. L'opération dura 28 heures[17]. Le , Carson reçut the Freedom Medal, la plus haute distinction civile décernée par le président des États-Unis[18].

Doctrine adventiste de la médecine modifier

Arguments bibliques modifier

 
Hôpital adventiste Tsuen Wan, Hong Kong.

Les adventistes observent que la Bible contient de nombreuses instructions sanitaires : sur « l’alcool, la graisse animale, le sang, la viande, les maladies de la peau, la circoncision, les plaies, les cadavres, les remèdes naturels, la mise en quarantaine, la moisissure, la menstruation, l’hygiène, les relations sexuelles, l’hygiène mentale ou les méfaits des émotions négatives sur le corps (les maladies somatiques)[19]. »

Conseils d'Ellen White modifier

Les adventistes affirment que les huit principes de la santé furent révélés à Ellen White au moment où deux mouvements sanitaires se développaient, appuyant ses enseignements : la médecine préventive (le mouvement de réforme sanitaire) et la médecine curative (avec les découvertes des bactéries et des virus, et sur le fonctionnement du corps humain)[20].

Films modifier

  • 2010 - The Adventists, film documentaire de Martin Doblmeier, réalisateur allemand, sur l'histoire, la philosophie et le fonctionnement du système médical adventiste. Ce film fut présenté pour la première fois à la télévision en sur la chaîne américaine PBS[21].

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Mervyn Hardinge, Drugs, Herbs, and Natural Remedies, (Hagerstown, Maryland : Review and Herald Publishing Association, 2001)


Liens externes modifier

  • (en) Healthy Life Info, informations médicales sur la vie saine et holistique.
  • (en) Vibrant Life, magazine de la santé holistique.
  • (en) Listen, magazine d'un mode de vie sans drogue.

Notes et références modifier

  1. « http://www.adventiste.org/statistiques.php »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  2. Le procédé de pasteurisation n’existant pas à ce moment-là, l’usage des produits laitiers entraînait souvent des infections. La science de l’époque était dépourvue en matière de détection et de protection contre les maladies animales. En dehors des problèmes habituels de la viande bien connus aujourd’hui (les toxines, la graisse, les virus, etc.), sa consommation pouvait entraîner de sérieuses intoxications. Ces données n’étant pas connues ou comprises à l’époque, il est peu probable que Bates basa sa décision sur ce genre d’information.
  3. Richard Schwarz, Light Bearers to the Remnant (Nampa, Idaho : Pacific Press Publishing Press, 1979), p. 105-106).
  4. Schwarz, p. 105.
  5. Ellen White, Ministry of healing (Ministère de la guérison), p. 127.
  6. http://userwww.sfsu.edu/~ajhardy/jackson.htm
  7. Leonard Brand et Don McMahon, The Prophet and Her Critics (Nampa, Idaho : Pacific Press Publishing Association, 2005), p. 37.
  8. James White, Review and Herald, 13 décembre 1864, p. 20-21 ; Joseph Wagonner, Review and Herald, 7 août 1866 ; Ellen White, Review and Herald, 8 octobre 1867.
  9. « February 26 : John Harvey Kellogg, Crown Prince of Cereal », sur blogspot.com (consulté le ).
  10. Fabrice Desplan, Régis Dericquebourg (dir.), Ces protestants que l'on dit adventistes, (Paris : L'harmattan, 2008), p. 257.
  11. SimpleUpdates.com, « Newstart healt care : introduction to five day stop smoking plan », sur newstarthealthcare.com via Wikiwix (consulté le ).
  12. http://www.uhs.wisc.edu/docs/5_days_quit_smoking.pdf
  13. http://aznepusha.com/?page_id=37&lang=fr
    http://www.infosdumaroc.com/modules/news/articles-3171-un-plan-de-cinq-jours-pour-arreter-de-fumer.html
  14. « Ligue Vie et Santé - Historique », sur liguevieetsante.org via Wikiwix (consulté le ).
  15. http://www.perrinefm.com/v2/04-2009/arreter-de-fumer-en-5-jours-nous-avons-95-de-taux-de-reussite-mediane-video/
    http://www.liguevieetsante.org/index.php?option=com_content&task=view&id=18&Itemid=1
  16. http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,926947,00.html
    https://www.nytimes.com/1984/10/28/us/baboon-s-heart-implanted-in-infant-on-coast.html?sec=health&&scp=24&sq=university+of+california%2C+riverside
  17. (en) « Benjamin Solomon Carson Biography - life, family, children, parents, story, history, wife, school, mother, young », sur notablebiographies.com (consulté le ).
  18. « Johns Hopkins Gazette / June 23, 2008 », sur jhu.edu (consulté le ).
  19. Desplan et Dericquebourg, p. 253.
  20. Hardinge, p. 40, 98.
  21. « Orlando Sentinel - We are currently unavailable in your region », sur orlandosentinel.com (consulté le ).