Système de gestion de bibliothèque

type de logiciel

Un système de gestion de bibliothèque (SGB), dit également système intégré de gestion de bibliothèque (SIGB), est un logiciel destiné à la gestion informatique des différentes activités nécessaires au fonctionnement d’une bibliothèque. Il permet notamment de gérer le prêt, la description, la consultation, la recherche et l'acquisition de documents.

Fonctions modifier

Les catégories suivantes font généralement parties du spectre de fonctions d'un SGB :

  • fonctions de consultation : interface destinée à l'utilisateur final et permettant notamment la recherche dans les collections et la gestion des emprunts ; les professionnels nomment souvent cette interface « outil de découverte » ou « OPAC ».
  • fonctions d'acquisition : gestion des suggestions d'achat, des commandes et de la réception des documents, du pré-catalogage, et des fournisseurs.
  • fonctions de gestion des périodiques imprimés : gestion des abonnements et des états de collection, bulletinage des numéros reçus ; ce module est étroitement lié au module acquisitions pour tout ce qui concerne la gestion des abonnements.
  • fonctions de contrôle bibliographique : gestion de la description des collections (incluant la description des documents, des exemplaires, des entités dites d'autorités, etc.), notamment par import ou catalogage manuel; compatibilité avec certains standards métiers tels que MARC ou RDA.
  • fonctions de circulation : gestion des prêts, des prolongations de durée de prêt, des réservations et commandes de documents par les utilisateurs, des retards (relances, suspensions ou amendes pour les lecteurs en retard), des données d'utilisateurs
  • fonctions de statistiques : génération de rapports sur l'utilisation du système et les données qu'il contient
  • fonctions d'administration : paramétrage du logiciel en fonction de la bibliothèque et de ses besoins (choix des options, définition des sites et localisations de la bibliothèque, etc.)

Ces catégories sont fréquemment nommées « modules » au sein du SGB.

Le spectre fonctionnel varie beaucoup selon la typologie de la bibliothèque. Certaines fonctionnalités spécifiques sont généralement utilisées uniquement par les bibliothèques scientifiques, notamment en ce qui concerne la gestion des abonnements à des revues ou livres en ligne, souvent acquis sous forme de bouquet de ressources. Pour faciliter ces processus, les bibliothèques utilisent des banques de données, nommées bases de connaissances, listant les bouquets proposés par les éditeurs scientifiques, afin d'activer ou désactiver les ressources au gré de l'évolution des abonnements. Certains logiciels mettent également à disposition des index d'articles scientifiques permettant à l'utilisateur final d'effectuer ses recherches non plus au niveau de la revue, mais au niveau de l'article.

Histoire modifier

Avant l'informatisation modifier

Avant l’informatisation des bibliothèques, toutes les tâches étaient réalisées manuellement, et indépendamment les unes des autres. Les acquéreurs rédigeaient des bons de commande, les documents reçus étaient signalés sur un registre d'inventaire manuscrit, puis les catalogueurs rédigeaient (au moins) une fiche cartonnée par document, qui ne quittait plus le meuble destiné à la conserver. Enfin, lors des prêts, le nom des lecteurs était inscrit sur une fiche conservée au bureau de circulation. Aux États-Unis, une première étape vers la mécanisation fut franchie en 1936 avec l'utilisation de cartes perforées par la bibliothèque de l'Université du Texas.

Les années 1960 : les premiers pas de l'informatisation modifier

L'innovation capitale dans les années 1960 fut l'invention des formats MARC qui permirent de stocker et d'échanger des notices catalographiques. Aux États-Unis, la fin des années 1960 vit l'émergence de grands services bibliographiques, comme Ohio College Library Center (en 1967), le Research Libraries Group ou le Washington Library Network (qui fusionnèrent tous deux avec OCLC).

Les années 1970-1980 : les SGB modifier

Le développement des capacités de stockage et des télécommunications dans les années 1970 permirent l'émergence des premiers SGB, sous le nom de systèmes automatisés. D'abord centrés sur les principales opérations de circulation, ils se complexifièrent dans les années 1980 pour intégrer des fonctions auparavant séparées (acquisitions, catalogage, gestions des périodiques, réservations de documents, etc.)

Dans les années 1990, de plus en plus d’applications liées au réseau Internet apparaissent : catalogage en ligne, portail internet, etc.

Les années 2010 : la dématérialisation modifier

Avec le numérique, les supports d'information se diversifient et se dématérialisent : livres électroniques, articles scientifiques en ligne (y compris pré-prints), vidéo et musique en streaming, etc. Souvent, ces documents sont hébergés non pas à la bibliothèque mais auprès d'un fournisseur, qui propose ses propres données et sa propre interface de recherche. Le SGB de la bibliothèque se voit donc cantonné à la gestion des supports physiques (papier, cassettes, disques, etc.).

Une nouvelle gamme de logiciels émerge afin de permettre de rassembler l'ensemble des collections d'une institution : les outils de découverte. L'intérêt majeur de ces systèmes réside dans leur capacité à moissonner ou interroger des portails externes, et à normaliser les données au sein d'une interface avec barre de recherche unique pour l'utilisateur final. Ceci permet notamment d'inclure, du côté des bibliothèques universitaires, toute la publication scientifique en ligne, et du côté des bibliothèques de lecture publique, l'édition numérique et les contenus en streaming.

En accord avec cette tendance, des SGB dits de « nouvelle génération » voient le jour. Au niveau fonctionnel, ils se caractérisent notamment par leur articulation autour d'un outil de découverte, la gestion intégrée des ressources électroniques (utilisation d'une base de connaissance recensant les paquets de ressources proposés par les fournisseurs scientifiques) et de leurs abonnements, ainsi que des outils d'analyse des données. Ce type de solution s'adresse essentiellement aux bibliothèques académiques[1].

Types de logiciels connexes modifier

Malgré sa dénomination générique, le système de gestion de bibliothèque ne permet pas de prendre en charge l'ensemble des activités d'une bibliothèques. De nombreux autres systèmes existent pour certains aspects plus spécifiques. Cependant, le SGB communique et échange des données avec ces autres systèmes dans l'environnement logiciel d'une bibliothèque. En voici une sélection:

  • les résolveurs de liens : ils permettent de déterminer, sur la base des métadonnées d'un article ou d'une revue, si la bibliothèque possède un accès à cette ressource et de localiser cette ressource.
  • les outils de découverte, ou OPAC : certains de ces logiciels sont fournis de manière indépendante et communiquent avec le SGB via des API.
  • les logiciels de gestion bibliographique : ils sont utilisés plutôt par les utilisateurs pour gérer des références et les intégrer en tant que citations dans des documents.
  • les systèmes de gestion de bibliothèque numérique : ils permettent de décrire des ressources, de les rechercher et d'y accéder directement en ligne. Ils sont notamment utilisés pour les dépôts institutionnels et les documents patrimoniaux libres de droit.
  • les logiciels de gestion de planning[2], qui permettent de gérer les plannings des services aux publics[3].
  • les systèmes de gestion de contenu (CMS) qui offrent la possibilité de construire un site enrichi aux publics. Un exemple en France : Bokeh[4]

Des questions fonctionnelles, techniques ou économiques se posent sur l'articulation entre les SGB et des modules ou logiciels spécialisés[5].

Marché des éditeurs de SIGB modifier

Certaines compagnies commercialisent plusieurs SGB, notamment à l'issue de rachat ou de fusions avec des sociétés concurrentes[6]. C'est ainsi que SirsiDynix, issu de la fusion en 2005 de Sirsi et Dynix commercialise en 2013 trois SGB[7]: Unicorn, développé par Sirsi, Horizon, développé par Dynix, et Symphony, développé ultérieurement et censé remplacer ces deux produits.

L'évolution des usages et technologies, en particulier numériques, et des catalogues de bibliothèque[8], peut conduire à des évolutions des produits et des marchés[9].

Exemples de SGB modifier

SGB Open-source :

SGB propriétaires :

Notes et références modifier

  1. (en) Sharon Q. Yang, Emerging technologies for librarians: a practical approach to innovation, Amsterdam, Elsevier Science, , 301 p. (ISBN 978-1-84334-788-0), p. 17-26
  2. Marc Maisonneuve, « Présentation des logiciels de gestion de planning pour bibliothèque », sur fr.slideshare.net, (consulté le ).
  3. Voir la rubrique Activités liées aux publics de l'article Bibliothèque
  4. « Bokeh sur BibLibre », sur www.biblibre.com (consulté le ).
  5. (en) Emily Singley, Jane Natches, « Finding the gaps: A survey of electronic resourcemanagement in Alma, Sierra, and WMS (Journal of Electronic Resources Librarianship) », sur www.tandfonline.com, (consulté le ).
  6. Pour le marché mondial, voir le graphique dressé par Marshall Breeding: History of library automation, mis à jour en 2015 et en lien avec les articles de fusions/acquisitions (Consulté le 24 octobre 2019). Pour le marché français, voir le graphique de Tosca Consulting [1], version 2013 (Consultée le 24 octobre 2019).
  7. Home | SirsiDynix.com, consulté le 27 décembre 2013.
  8. Emanuelle Bermès, Vers de nouveaux catalogues (Ebook), Éditions du Cercle de la Librairie, , 176 p. (ISBN 9782765415169, lire en ligne).
  9. « Journée Fulbi du 19 avril 2019 sur les SIGB », sur www.transition-bibliographique.fr, (consulté le ).
  10. AFI-Nanook.
  11. « Biblix Systèmes : Editeur Logiciel Gestion de Bibliothèques Médiathèques / », sur biblixsystemes.com (consulté le ).
  12. « Decalog », sur decalog.net (consulté le ).
  13. « Syrtis », sur Tech' advantage (consulté le ).

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Références externes modifier