Syndrome de Noonan

maladie congénitale, génétiquement répandue, considérée être un type de nanisme affectant d'une manière égale les garçons et les filles
Syndrome de Noonan
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Jeune fille de 12 ans présentant un syndrome de Noonan : cou court, large et palmé, colonne vertébrale déviée selon deux courbures.

Traitement
Spécialité Génétique médicaleVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-10 Q87.1
CIM-9 759.89
OMIM 163950
DiseasesDB 29094
MedlinePlus 001656
eMedicine 947504
MeSH D009634
Patient UK Noonans-Syndrome

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Le syndrome de Noonan est une maladie congénitale, génétiquement répandue, considérée être un type de nanisme affectant d'une manière égale les garçons et les filles[1]. Il semblerait être une version masculine du syndrome de Turner[2] (et est souvent décrite de cette manière), cependant, les causes génétiques du syndrome de Noonan sont différentes. Les symptômes principaux incluent cardiopathie congénitale, petite taille, problèmes d'apprentissage, pectus excavatum (aspect inhabituel du thorax avec implantation basse des mamelons), anomalies de la coagulation sanguine et faciès caractéristique (cou large ou palmé).

Le syndrome a été nommé d'après la docteure Jacqueline Noonan (en) (1928-2020) qui l'a décrit en 1963[3].

Une association nationale française existe. L'association Noonan vous informe via son site internet www.assonoonan.fr et ses réseaux sociaux. Elle est affiliée à l'Alliance Maladies Rares, intégrée à la filière AnDDI-Rares et fait partie d'Eurordis (ERN ITHACA). Elle fait partie du collège élargi de la plateforme d'expertise maladies rares Paris Nord et entretien des relations soutenues avec les plateformes et les centres de compétences et de référence dans toute la France.
Ses missions principales couvrent l'information et le soutien des patients, familles, aidants mais aussi le soutien à la recherche et au corps médical et la vulgarisation des connaissances sur le sujet. Elle participe à l'élaboration et la réactualisation de supports écrits, audio et vidéo mais aussi de protocoles nationaux (PNDS sur les Rasopathies syndrome de Noonan et apparentés). Elle réalise régulièrement des visioconférences avec des spécialistes sur des thématiques qui vont de la prise en charge des symptômes à la génétique en passant par les aspects sociaux, sanitaires rééducatif à tous les âges de la vie. Enfin elle crée des lien avec les associations européennes et internationales pour développer des collaborations et des projets de recherche.

Épidémiologie modifier

Approximativement 1 sur 1 000, et 1 sur 2 500 enfants dans le monde naissent avec ce syndrome[4]. Il est le deuxième syndrome génétique le plus répandu associé à une cardiopathie, après le syndrome de Down[4]. Cependant, le niveau de sévérité peut varier en fonction des patients atteints de ce syndrome. Néanmoins, le syndrome n'est pas directement diagnostiqué dès le plus jeune âge.

Étiologie modifier

La maladie fait partie de celles secondaires à des mutations sur des gènes de la famille des protéines Ras.

Plusieurs gènes sont connus comme responsables :

La transmission est de type autosomique dominante mais la plupart des individus affectés sont le résultat d’une mutation de novo. 30 à 50 % des parents d’enfants atteints sont porteurs d'une mutation sur le gène PTPN11[réf. nécessaire].

Clinique modifier

La description du syndrome de Noonan est souvent cliniquement bien établie[9]. L'un des symptômes inclut le faciès caractéristique. Les oreilles implantées sont basses et orientées en arrière et les yeux écartés, philtrum profond, bordures vermillon de la lèvre supérieure, petit cou (pterygium colli) avec implantation basse des cheveux. Les caractéristiques faciales sont nettes chez le nouveau-né et tendent à disparaître avec la croissance. La petite taille est également un symptôme du syndrome de Noonan. La taille à la naissance est normale mais à l’âge adulte, la taille est à la limite inférieure de la normale. Des déformations de la colonne vertébrale (scoliose, lordose) sont présentes dans un tiers des cas[10].

La cardiopathie congénitale est présente entre 50 et 80 % des enfants atteints[réf. nécessaire]. Les anomalies cardiaques les plus fréquentes sont une sténose valvulaire pulmonaire et une cardiomyopathie hypertrophique du ventricule gauche[11]. D’autres anomalies ont été décrites comprenant communication inter-auriculaire, communication inter-ventriculaire, sténose des branches de l’artère pulmonaire, tétralogie de Fallot.

Un quart des enfants ont des difficultés d'apprentissage[12] mais la plupart peuvent suivre une scolarité normale avec parfois un soutien complémentaire. Les performances verbales sont un peu plus faibles que les performances non verbales[12]. Il existe des troubles de l'audition, situés dans les fréquences élevées dans près de la moitié des porteurs du syndrome[13].

Les troubles de la coagulation sont également fréquents. Ils peuvent inclure maladie de Willebrand, thrombocytopénie et déficit de plusieurs facteurs de la coagulation entraînant souvent des saignements anormaux[14].

Du côté des autres symptômes : puberté retardée chez les filles mais fertilité normale. Les garçons ont très souvent une cryptorchidie bilatérale[14].

L'examen clinique peut révéler un gros foie (hépatomégalie) dans près de la moitié des cas[15]. L'examen de la peau montre de fréquents nævus, des lentigines, des taches « café au lait »[4].

Diagnostic modifier

Le diagnostic est essentiellement basé sur la clinique. La recherche de la mutation ne la révèle que parmi 50 % des individus porteurs de cette maladie.

Cette maladie doit être distinguée des autres pathologies associant visage caractéristique, cardiopathie congénitale et retard mental : syndrome de Turner, syndrome de Williams, syndrome d'alcoolisation fœtale, syndrome de Watson, syndrome cardio-facio-cutanéomuqueux et syndrome de Costello.

Le diagnostic prénatal est possible par prélèvement de trophoblaste ou d’amniocentèse mais la mutation doit être connue avant le diagnostic.

Évolution et complications modifier

Durant l'enfance, le risque de survenue d'une leucémie est un peu plus élevé[4]. Le risque de cancer est sensiblement augmenté chez les syndromes de Noonan porteur d'une mutation sur le gène PTPN11[16].

Il existe un risque majoré d'ostéoporose secondaire à l'hypo-œstrogénie[17].

L'homme est fréquemment hypofécond, du fait d'une cryptorchidie bilatérale, mais aussi d'une dysfonction des cellules de Sertoli[18]. La femme n'a, en règle générale, pas de problème de fertilité[4].

Notes et références modifier

  1. (en) William James, Thimothy Berger et Dirk Elston, Andrews' Diseases of the Skin: Clinical Dermatology, 10e  éd. Saunders, 2005. (ISBN 0-7216-2921-0).
  2. (en) Curcić-Stojković O, Nikolić L, Obradović D, Krstić A, Radić A, « [Noonan's syndrome. (Male Turner's syndrome, Turner-like syndrome)] », Med Pregl, vol. 31(7–8),‎ , p. 299–303 (PMID 692497)
  3. (en) Noonan JA, Ehmke DA, « Associated noncardiac malformations in children with congenital heart disease » Midwest Soc Pediatr Res. 1963;63:468-470
  4. a b c d et e (en) Roberts AE, Allanson JE, Tartaglia M, Gelb BD, « Noonan syndrome », Lancet 2013;381:333-342
  5. (en) Tartaglia M, Kalidas K, Shaw A et al. « PTPN11 mutations in Noonan syndrome: molecular spectrum, genotype-phenotype correlation, and phenotypic heterogeneity » Am J Hum Genet. 2002;70:1555-1563
  6. Aoki Y, Niihori T, Banjo T et al. Gain-of-function mutations in RIT1 cause Noonan syndrome, a RAS/MAPK pathway syndrome, Am J Hum Genet, 2013; 93:173–180
  7. Gripp KW, Aldinger KA, Bennett JT et al. A novel rasopathy caused by recurrent de novo missense mutations in PPP1CB closely resembles Noonan syndrome with loose anagen hair, Am J Med. Genet A. 2016;170:2237–2247
  8. Hanses U, Kleinsorge M, Roos L et al. Intronic CRISPR repair in a preclinical model of Noonan syndrome–associated cardiomyopathy, Circulation, 2020;142:1059–1076
  9. (en) Allanson JE « Noonan syndrome » J Med Genet. 1987;24:9-13
  10. (en) Lee CK, Chang BS, Hong YM, Yang SW, Lee CS, Seo JB, « Spinal deformities in Noonan syndrome: a clinical review of sixty cases » J Bone Joint Surg Am. 2001;83:1495-1502.
  11. (en) Marino B, Digilio MC, Toscano A, Giannotti A, Dallapiccola B, « Congenital heart diseases in children with Noonan syndrome: an expanded cardiac spectrum with high prevalence of atrioventricular canal » J Pediatr. 1999;135:703-706
  12. a et b (en) Lee DA, Portnoy S, Hill P, Gillberg C, Patton MA, « Psychological profile of children with Noonan syndrome » Dev Med Child Neurol. 2005;47:35-38.
  13. (en) Qiu WW, Yin SS, Stucker FJ, « Audiologic manifestations of Noonan syndrome » Otolaryngol Head Neck Surg. 1998;118:319-323.
  14. a et b (en) Sharland M, Burch M, McKenna WM, Paton MA, « A clinical study of Noonan syndrome » Arch Dis Child. 1992;67:178-183.
  15. (en) Sharland M, Patton MA, Talbot S, Chitolie A, Bevan DH, « Coagulation-factor deficiencies and abnormal bleeding in Noonan's syndrome » Lancet 1992;339:19-21
  16. (en) Jongmans MC, van der Burgt I, Hoogerbrugge PM et al. « Cancer risk in patients with Noonan syndrome carrying a PTPN11 mutation » Eur J Hum Genet. 2011;19:870-874.
  17. (en) Takagi M, Miyashita Y, Koga M, Ebara S, Arita N, Kasayama S, « Estrogen deficiency is a potential cause for osteopenia in adult male patients with Noonan's syndrome » Calcif Tissue Int. 2000;66:200-203.
  18. (en) Marcus KA, Sweep CG, van der Burgt I, Noordam C, « Impaired Sertoli cell function in males diagnosed with Noonan syndrome » J Pediatr Endocrinol Metab. 2008;21:1079-1084.