Supplication et remontrance adressée au Roy de Navarre et autres Princes du sang de France

Ce document est rédigé en 1560 et est une adresse destinée aux Princes du sang, à savoir principalement Antoine de Bourbon, Roi de Navarre et Louis de Bourbon, prince de Condé. Plus généralement, ce texte est diffusé et imprimé dans toute la France et est un pamphlet dirigé contre les Guises.

Auteur modifier

L’auteur de cet appel aux princes du sang n’est pas connu mais on suppose qu’il pourrait s’agir de François Hotman, un juriste et pamphlétaire Huguenot, le style de l’adresse étant très proche du sien et les arguments utilisés également similaires. Il publie son écrit probablement à Strasbourg, une ville du Saint Empire Romain Germanique et protestante, sans adresse typographique et sans nom d’auteur. Le texte est ensuite apporté en France clandestinement avant d'être diffusé[1].

Contexte modifier

En 1560, la situation politique est précaire en France : Henri II meurt d’un accident de joute en 1559 et est remplacé par son jeune fils de 15 ans, François II qui confie le pouvoir à ses oncles : le duc François de Guise et le Cardinal François de Lorraine, son frère, et écarte donc Antoine de Bourbon du pouvoir, sans réelle résistance de sa part. Ce texte est également rédigé peu de temps après la Conjuration d’Amboise qui avait pour but de capturer les Guises et de libérer Le Roi ou du moins d’accéder à sa personne. L’opération a lieu au début du mois de mars 1560 et échoue. Ces deux événements, la conjuration et la prééminence des Guises au gouvernement, sont fondateurs pour la rédaction de ce texte[1].

Ce texte est donc écrit dans un contexte nouveau, directement après la première prise d’arme des calvinistes, le premier acte de rébellion armée ainsi que sur fond d’inaction des princes du sang suscitant une certaine impatience chez les protestants s’accompagnant parfois de colère[2].

Contenu modifier

Ce texte s’inscrit dans la lignées des écrits protestants, majoritairement des suppliques, formulées comme un appel à l’aide qui se multiplient après la Conjuration d'Amboise. Il est également typique de l’argumentaire politique protestant se formant autour d’une critique acerbe des Guises qui prend forme dans le début des années 1560[3]. Critique dirigée plus particulièrement contre le frère du Duc de Guise, le Cardinal de Lorraine qui est une cible privilégiée pour les Huguenots, hostiles au clergé romain[1],[3],[2].

Parallèlement au contexte d'écriture et à ses convictions personnelles, l'auteur parle très peu de la religion et développe un argumentaire politique qui s’adresse à tous les Français dans le but de les monter contre les Guises. On met en avant leur cruauté et la tyrannie qu'ils exercent sur le Royaume de France : ils sont des mauvais conseillers pour le Roi. Ils sont également accusés d'être des étrangers : des Lorrains, malgré la naturalisation de leur père au début du siècle. C'est donc un véritable appel à la révolte générale contre ceux qui auraient usurpé le pouvoir et agiraient comme des tyrans, les Guises étant en position de force au début du règne de François II qui leur a donné le gouvernement. Les princes du sang sont aussi attaqués par ce texte : on remet en cause leur honneur et leur réputation afin de les inciter à agir. En effet, ce texte est avant tout une adresse aux princes du sang prenant parfois un ton fort énergique et même parfois agressif. Ils sont présentés comme les "légitimes princes et gouverneurs du royaume", leur place a donc été usurpée par les Guises et ils ont le devoir de réclamer ce qui leur revient de droit[3],[2].

Notes et références modifier

  1. a b et c Arlette Jouana, Histoire et dictionnaire des guerres de religion (1559-1598), Paris, Bouquins éditions,
  2. a b et c Olivier Christin, La Religion vécue, Les Laïcs dans l’époque moderne, Rennes, PUF, (lire en ligne)
  3. a b et c Hugues Daussy, Le Parti huguenot, Paris, Droz,

Bibliographie modifier

  • JOUANNA Arlette, Histoire et dictionnaire des guerres de religion (1559-1598), Paris, Bouquins éditions, 1998.