Superbus Pathé-Marconi

camion publicitaire des années 1950

Le Superbus Pathé-Marconi, est un camion publicitaire français, conçu en 1951 par le designer automobile Philippe Charbonneaux à la demande de la firme du disque Pathé-Marconi, et destiné à faire partie de la caravane publicitaire du Tour de France. Depuis fin 2015, il appartient au musée national de l'Automobile de Mulhouse, plus grand musée automobile français.

Superbus, Super-Car, l'Ambassadeur
Superbus Pathé-Marconi
Le Super-Car Pathé-Marconi place du Trocadéro. Paris, 1952

Marque Panhard et Levassor
Années de production 1951-1952
Classe Semi-remorque
Usine(s) d’assemblage Antem Drapeau de la France France
Moteur et transmission
Moteur(s) K185 transformé, IE 4HL diesel 4 cylindres
Puissance maximale à 3000 tr/min : 100 ch
Couple maximal 120 x 150 N m
Masse et performances
Masse à vide P.T.R.A. 15 000 kg
Châssis - Carrosserie
Carrosserie(s) Cabine + semi-remorque Titan
Dimensions
Longueur 13 600 mm
Largeur 2 500 mm
Hauteur 3 150 mm

Historique modifier

Chez Pathé-Marconi (1952-1959) modifier

Après la Seconde Guerre mondiale, la firme française des Industries Musicales et Électriques Pathé-Marconi souhaite se doter d'un véhicule publicitaire exceptionnel afin de promouvoir sa marque. Le président de l'époque, Pierre Bourgeois, initie en 1950 la commande d'un camion hors normes, pourvu de toutes les dernières technologies du son et de l'image.

En 1951, le dessin du véhicule est confié au bureau d'étude du designer français Philippe Charbonneaux à Saint-Dizier, connu pour ses transformations sur Delahaye, General Motors ou Renault. Paul Bracq alors assistant de Charbonneaux participe à l'étude.

Le plateau de la semi-remorque, de marque Titan, est modifié et adapté par les établissements Fruehauf à Villefranche-sur-Saône. La carrosserie de la cabine et de sa semi-remorque est fabriquée et assemblée par le carrossier Jean Antem à Courbevoie de 1951 à 1952, tandis que le tracteur est équipé d'un moteur Panhard et Levassor IE 4HL (huile lourde) modifié[1],[2].

En mai 1952, après plus d'un an de travaux, le véhicule est livré à Pathé-Marconi. La préfecture de la Seine l'immatricule sous le numéro 2823 BE 75 le 13 du mois.

En interne, le camion est surnommé « l'Ambassadeur » par les collaborateurs de la firme et officiellement baptisé « Super-Car » ou « Ambassadeur » sur les documents promotionnels.

Le Superbus effectue sa première participation à la caravane publicitaire du Tour de France en .

Du 1er au 11 octobre, il est exposé au salon des véhicules industriels de la Foire de Paris lors du XIe Salon de l'automobile[3],[4]. Le 23 octobre 1953, le camion est inauguré par Pierre Bourgeois, président de Pathé-Marconi, au restaurant Ledoyen[5]. Dès lors, le Panhard bleu accompagne la caravane et ce jusqu'à la fin du Tour 1958.

Le car podium totalise 6 ans de présence à la célèbre course cycliste. Pendant cette période, de nombreux concerts sont donnés sur sa scène intégrée au toit par les artistes Pathé-Marconi, tels Édith Piaf, les Compagnons de la chanson ou à de nombreuses reprises Yvette Horner.

Peu avant son départ de Pathé-Marconi en mars 1959, Pierre Bourgeois charge le service publicité de revendre le Super-Car.

Au journal Le Provençal (1959-1970) modifier

Le camion remorque est acquis par le journal Le Provençal et repeint en rouge et blanc. La préfecture des Bouches-du-Rhône le réimmatricule le sous le numéro 9610 BG 13. Le quotidien régional en reste propriétaire pendant 11 ans.

Au cirque Gulliver (1970-1974) modifier

À son tour, le cirque itinérant Gulliver rachète le Superbus au Provençal en 1970. Le moteur Panhard étant hors d'usage, la semi-remorque, peinte en jaune aux couleurs du cirque, est tirée par un tracteur agricole rouge. Le cirque conserve l'ensemble environ 4 ans.

Rachat par Philippe Charbonneaux (1974) modifier

En 1974, Philippe Charbonneaux achète la remorque à Gulliver et récupère la cabine par hasard dans une casse automobile.

Il faut attendre 1990 pour que le camion publicitaire soit entièrement restauré par un carrossier de la Marne à la demande du designer. Le Superbus retrouve son identité première et son bleu d'origine et reçoit un moteur de marque Unic. Le lettrage métallique riveté sur la carrosserie fait place à un logo peint directement sur celle-ci.

Pendant 15 ans, le Superbus bleu est conservé au Musée Automobile Reims-Champagne fondé par Philippe Charbonneaux puis géré par l'Association Reims-Champagne[6].

Au musée national de l'Automobile (depuis 2015) modifier

Fin 2015, Hervé Charbonneaux, fils du designer, en fait don au musée national de l'Automobile de Mulhouse avec les voitures restantes de la collection de son père[7],[8],[9].

L'Ambassadeur est exposé à la vue des visiteurs au salon Rétromobile en [10]. À cette occasion, Hervé Charbonneaux fait la connaissance de Patrice Depaeuw, transporteur et passionné de mécanique dont l'entreprise est située à Lompret (Nord). Les deux hommes conviennent d'un accord et Patrice Depeauw se charge du transport et de la révision du véhicule dans ses ateliers[11].

En mai, le Superbus rejoint le musée national de l'Automobile[12],[13]. L'Ambassadeur est provisoirement stocké à la Cité du train, en raison de ses dimensions ne lui permettant pas d'être abrité dans les locaux du musée automobile[14].

Le Superbus Pathé-Marconi est aujourd'hui préservé au Conservatoire des Transports de l'association Autocars Anciens de France à Wissembourg.

Le Super-Car ou Ambassadeur, communément appelé Superbus, figure parmi l'un des très rares véhicules publicitaires encore existants ayant été conçu dans les années 1950.

Spécificités d'aménagements modifier

Le Superbus comporte plusieurs particularités techniques voulues par la société Pathé-Marconi :

  • 1 table de mixage avec 125 boutons et manettes ;
  • 10 amplificateurs permettant l'émission et l'enregistrement ;
  • 1 salle d'exposition du matériel Pathé-Marconi ;
  • 1 salon panoramique à l'étage avec bar et banquettes ;
  • 1 auvent supérieur ouvrant qui se transforme en scène accueillant un orchestre ;
  • 1 mini ascenseur caché dans la structure arrière de la remorque permettant aux artistes d'accéder au toit.

Caractéristiques techniques d'origine modifier

  • Genre : Tracteur Panhard "IE Movic"
  • Marque : Panhard et Levassor
  • Moteur Type : K185 - diesel transformé, 4 cylindres en ligne, 4HL - 100 ch à 3000 tr/min
  • Cylindrée : 5700 cm3
  • Alimentation : Injection mécanique
  • Transmission : Boite de vitesses à 4 rapports avant + 1 marche arrière
  • N° de série : 742088
  • Semi-remorque : Titan à 1 essieu
  • Puissance fiscale : 18 CV
  • Vitesse maximale : 85 km/h
  • Nombre de places assises cabine : 2
  • Poids total autorisé en charge : 9,4 t
  • Poids à vide : 5,6 t
  • Poids total roulant autorisé : 15 t
  • Longueur : 13,60 m
  • Largeur : 2,50 m
  • Hauteur totale : 3,15 m
  • Immatriculation : 2823 BE 75

Prix modifier

En 1955, le Superbus Pathé-Marconi remporte le grand prix d'honneur du « Concours de la publicité qui roule » au salon de la porte Maillot.

Déclinaisons du véhicule modifier

En 1952, une unique maquette en bois au 1/10e est commandée par Pathé-Marconi qui l'expose l'année suivante à son siège parisien, au Palais de la Radio et du Disque, 30 boulevard des Italiens. Créée par Philippe Charbonneaux et Paul Bracq, cette maquette est équipée de vitres en plexiglas et d'un éclairage intérieur au néon.

En , les éditions Hachette en partenariat avec le journal Auto Plus, éditent une miniature du Superbus Pathé-Marconi au 1/43e avec son fascicule hors série n°1. Le véhicule fabriqué par la société IXO, marque du groupe PCT, fait partie de la collection Auto Plus véhicules publicitaires « les trente glorieuses de la réclame »[15].

Autres créations Charbonneaux pour Pathé-Marconi modifier

En plus du Superbus, deux autres véhicules au moins furent transformés par Philippe Charbonneaux pour le compte de Pathé-Marconi :

  • Un break Peugeot 203 livré à la firme en mars 1951, immatriculé 7537 Y 75.

A partir du Tour de France 1953, le véhicule est utilisé par l'entreprise pour annoncer l'arrivée du gigantesque car podium Panhard aux differentes villes-étapes. Le break repeint en bleu dispose de haut-parleurs sur le toit intégrés dans un carénage type avion, et du logo « Radio & Diffusion Pathé-Marconi » en caractères rivetés sur les flancs. Le matériel de diffusion et d'enregistrement est situé dans la partie arrière.

En , la Peugeot 203 Pathé-Marconi est reproduite au 1/43e par Hachette / Auto Plus dans la collection « les trente glorieuses de la réclame ». La miniature est livrée avec le fascicule n°48[16].

En 1957, une Chevrolet Bel Air Nomad est achetée par Pathé-Marconi à l'un de ses cadres dirigeants. Le service publicité décide de l'utiliser sur les routes du Tour de France aux côtés du Superbus, de la Peugeot 203 et des Citroën 2CV fourgonnettes type AZU 1957 de l'entreprise[17]. Le break 2 portes repeint en bleu hérite de haut-parleurs carénés, d'un équipement audio dans le coffre et du logo « Radio & Diffusion Pathé-Marconi ».

Galerie modifier

Références modifier

  1. Jean Antem : carrosserie française, de Dominique Pagneux, éditions ETAI, janvier 2002
  2. Le Superbus Pathé-Marconi, site de Chatou Notre Ville, 23 décembre 2014
  3. Le Monde, 17 septembre 1953
  4. L'Automobile : salon 1953, n° 90, octobre 1953
  5. Du dessin au design : Philippe Charbonneaux, de Hervé Charbonneaux, éditions Avant-Propos
  6. Fondation du musée automobile de Reims par Philippe Charbonneaux
  7. La collection Charbonneaux quitte le musée de Reims, France info, 9 février 2016
  8. Le Superbus Pathé-Marconi : une nouvelle vie pour l'Ambassadeur, site de Chatou Notre Ville, 24 septembre 2016
  9. Collection Charbonneaux : Mulhouse va tout récupérer, L'Alsace, 4 février 2016
  10. À la découverte du surprenant bus Pathe-Marconi , Caradisiac / Rétromobile, 4 février 2016
  11. Pathé-Marconi - La Voix du Nord : deux géants des routes joyeuses à Lompret, La Voix du Nord, 19 mai 2016
  12. Le Superbus Pathé-Marconi est arrivé à Mulhouse, L'Alsace, 28 mai 2016
  13. Le Panhard Pathé-Marconi entre au musée, de Olivier Weyl, Charge utile n°286, décembre 2016
  14. Le Superbus Pathé-Marconi sur les rails, L'Alsace, 4 juin 2016
  15. Fascicule Hachette hors série n°1, coll. les trente glorieuses de la réclame, Hachette / Auto Plus, mars 2016
  16. Fascicule Hachette n°48, coll. les trente glorieuses de la réclame, Hachette / Auto Plus, septembre 2017
  17. Fabien Sabatès & Dominique Pagneux, Pub qui roule, éditions Rétroviseur, janvier 1995

Voir aussi modifier

Fonds iconographique modifier

Les clichés originaux du Superbus Pathé-Marconi, pris place du Trocadéro en 1952, sont l'œuvre du photographe Émeric Feher. Ceux-ci sont conservés dans le fonds Feher, au pôle Images du Centre des monuments nationaux.

Bibliographie modifier

Hormis la presse de l'époque, plusieurs revues et ouvrages récents citent ou illustrent le Superbus Pathé-Marconi :

  • Fascicule Hachette n°48, coll. les trente glorieuses de la réclame, Hachette / Auto Plus,
  • Le Panhard Pathé-Marconi entre au musée, de Olivier Weyl, Charge utile n°286,
  • Autoretro n°409, dossier l'œuvre de Philippe Charbonneaux,
  • Fascicule Hachette hors série n°1, coll. les trente glorieuses de la réclame, Hachette / Auto Plus,
  • Du dessin au design : Philippe Charbonneaux, de Hervé Charbonneaux, éditions Avant-Propos, Waterloo, Belgique, (ISBN 978-2390000181)
  • Fred Mella, Mes maîtres enchanteurs, Flammarion, (ISBN 978-2080688835)
  • La caravane publicitaire, tome 2, de Jean-François Colombet & Roger Collat, Charge utile, hors série n°42,
  • Philippe Charbonneaux, esthète & styliste, de Dominique Pagneux, éditions ETAI, avril 2004 (ISBN 978-2726893623)
  • Jean Antem, carrosserie française, de Dominique Pagneux, éditions ETAI, janvier 2002 (ISBN 978-2726885710)
  • Pub qui roule, de Fabien Sabatès & Dominique Pagneux, éditions Rétroviseur, (ISBN 978-2840780090)
  • Autoretro n°109,