En mathématiques, les suites de Lucas U(P, Q) et V(P, Q) associées à deux entiers P et Q sont deux suites récurrentes linéaires d'ordre 2 à valeurs entières qui généralisent respectivement la suite de Fibonacci et celle de Fibonacci-Lucas, correspondant aux valeurs P = 1 et Q = –1.

Elles doivent leur nom au mathématicien français Édouard Lucas[1].

Définition par récurrence modifier

Soient P et Q deux entiers non nuls tels que

 

(pour éviter les cas dégénérés)[2].

Les suites de Lucas U(P, Q) et V(P, Q) sont définies par les relations de récurrence linéaire

 

et

 

Terme général modifier

Notons   l'une des deux racines carrées de Δ (éventuellement dans ).

Puisque Δ ≠ 0, le polynôme caractéristique associé à la récurrence X2PX + Q possède deux racines distinctes

 

Alors U(P, Q) et V(P, Q) peuvent aussi être définies en fonction de a et b par l'analogue suivant de la formule de Binet[a] :

 

dont on peut tirer les relations

 

Autres relations modifier

Les nombres dans les suites de Lucas satisfont à de nombreuses relations[3], qui généralisent celles entre les nombres de Fibonacci et les nombres de Lucas. Par exemple[b] :

 [c]
 [d],[4]   et
 

en particulier

 

et

 

Divisibilité modifier

De la deuxième identité ci-dessus, (**) Um+n = UnUm+1QUn–1Um, on déduit immédiatement (par récurrence sur k) que Unk est toujours un multiple de Un : on dit que la suite U(P, Q) est à divisibilité faible.

Pour qu'elle soit même à divisibilité forte, c'est-à-dire que pgcd(Ui, Uj) soit non seulement divisible par Upgcd(i, j) mais égal (au signe près), il faut et il suffit que P et Q soient premiers entre eux[b],[5].

Cas particuliers modifier

  est la suite de Fibonacci et   la suite de Fibonacci-Lucas.
  est la suite de Pell et   la suite de Pell-Lucas.

Plus généralement,   et   sont les valeurs en P du n-ième polynôme de Fibonacci et du n-ième polynôme de Lucas.

  donne comme cas particulier   qui est la suite des nombres de Mersenne et plus généralement,   qui est la suite des répunits en base b.

  est la suite de Jacobstahl et   la suite de Jacobsthal-Lucas.
 ,  .
  (k ≥ 1) est la suite qui intervient dans le test de primalité de Lucas-Lehmer pour les nombres de Mersenne : S1 = V2 = 4 et Sk+1 = Sk2 – 2.

Notes et références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Lucas sequence » (voir la liste des auteurs).

Notes modifier

  1. Dans le cas Δ = 0, on a   et  , avec  .
  2. a et b Y compris dans les cas dégénérés.
  3. Cette équation est un cas particulier des identités remarquables vérifiées par les suites récurrentes linéaires d'ordre 2, mais peut aussi se déduire directement de l'expression de Un en fonction de a et b.
  4. a et b Cette équation se déduit de (*).
  5. L'anneau dans lequel la suite prend ses valeurs (ici : l'anneau des entiers) peut être remplacé par n'importe quel anneau intègre à PGCD.

Références modifier

  1. Édouard Lucas, « Théorie des fonctions numériques simplement périodiques », Amer. J. Math., vol. 1, no 2,‎ , p. 184-196, 197-240, 289-321 (lire en ligne).
  2. C'est le choix adopté par Ribenboim 2006, p. 2. (en) D. H. Lehmer, « An extended theory of Lucas' functions », Ann. Math., 2e série, vol. 31,‎ , p. 419-448 (JSTOR 1968235), l'étend au cas où P est la racine carrée d'un entier premier avec Q. Lucas prenait P et Q entiers premiers entre eux.
  3. « A look at the issues of The Fibonacci Quarterly will leave the impression that there is no bound to the imagination of mathematicians whose endeavor it is to produce newer forms of these identities and properties. […] I shall select a small number of formulas that I consider most useful. Their proofs are almost always simple exercises, either by applying Binet's formulas or by induction. » Ribenboim 2006, p. 2.
  4. (en) Peter Bala, « Divisibility sequences from strong divisibility sequences », sur OEIS, , p. 9, Proposition A.3.
  5. Ribenboim 2006, p. 9 ; Lucas 1878, p. 206 ; Bala 2014, Appendix (p. 8-10).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

(en) Paulo Ribenboim, My Numbers, My Friends: Popular Lectures on Number Theory, Springer, (lire en ligne), chap. 1

Lien externe modifier

(en) Eric W. Weisstein, « Lucas Sequence », sur MathWorld