Drakstil

Courant artistique scandinave
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Le drakstil ou style dragon est un style architectural et décoratif apparu au début du XIXe siècle dans les pays nordiques, notamment en Norvège, et qui a connu son apogée au tournant des XIXe et XXe siècles ; il est inspiré par le souvenir de la civilisation de l'âge des Vikings[1] et l'art médiéval des pays scandinaves. Il apparaît comme une forme scandinave du nationalisme romantique. Il s'est exprimé dans le mobilier, la céramique, l'orfèvrerie[2], mais aussi dans l'architecture. Le drakstil se rapproche par certains aspects du courant contemporain de l'Art nouveau.

Balestrand. Église anglicane Saint-Olaf, de style dragon
Balestrand. La villa Holmen
Ornementation en drakstil de la douane de la Schlucht au XIXe siècle. Aujourd'hui disparue.

Parmi les motifs qui caractérisent ce style, on trouve les têtes d'animaux, réels ou fantastiques, les éléments de navires vikings, et les motifs d'entrelacs. En architecture, les caractéristiques en sont le choix du bois comme matériaux de construction (particulièrement en rondins horizontaux), les fenêtres à arcades en plein-cintre, le premier étage en encorbellement et des têtes d'animaux aux sommets des pignons.

Ce style s'est surtout répandu en Norvège, néanmoins, il est possible de trouver des bâtisses et maisons en drakstil ou façon drakstil en Suède et en Allemagne, particulièrement dans le Brandebourg et la Thuringe en raison de l'engouement de l'empereur allemand Guillaume II pour la culture nordique[3]. Le bâtiment des douanes allemandes pendant l'annexion de l'Alsace-Lorraine au col de la Schlucht dans le massif des Vosges comportait quatre têtes de dragon pour la décoration du toit et du faîte. Cela aurait été une grande exception en France, mais le bâtiment a été détruit par les obus en 1916[4].

Une exposition organisée en 1996 à Caen par le musée de Normandie[5], avec l'aide des musées de Stockholm et de Göteborg, a contribué à mieux faire connaître en France ce style artistique.

Terminologie modifier

 
Hôtel Dalen (en), à Dalen, commune de Tokke, dans le Telemark (Norvège)

En français la terminologie oscille entre les termes « drakstil » et « style dragon ». Le faible nombre de publications francophones relatives à ce sujet fait que la terminologie n'est en effet pas encore totalement fixée.

La dénomination de ce courant artistique en français diffère des termes employés dans les langues scandinaves et en anglais : « fornnordisk stil » domine en suédois, et « dragestil » (bokmål) et « drakestil » (nynorsk) en norvégien, tandis que les termes « dragestil » et « fornnordisk style » sont en concurrence en anglais.

On remarque que la forme française "drakstil" est unique et est une déformation de "drakestil". Le terme "drakstil" fait écho à celui de "drakkar" qui est également un mot français construit à partir d'un terme scandinave déformé.

Architecture modifier

Le village de Balestrand, en Norvège, donne un bon exemple du style dragon dans la construction des maisons, à la fin du XIXe siècle[6]. La source principale de l'inspiration du style dragon dans l'architecture se trouve dans les « églises en bois debout » (stavkirke) de Norvège.

Le pavillon de la Suède et de la Norvège à l'exposition universelle de Paris en 1878, œuvre de l'architecte norvégien Henrik Thrap-Meyer (en) (1833-1910), apparaît comme un manifeste du drakstil[7]. Parmi les architectes représentatifs de ce style, on peut citer Holm Hansen Munthe (en) (1848-1898) et Balthazar Lange (1854-1937).

En Suède, le Biologiska Museet à Stockholm est particulièrement représentatif du drakstil dans le cadre d'un bâtiment public. Dans le domaine de l'architecture privée, la villa Sagatun (environs de Stockholm) et les villas Curman (Lysekil) en sont des exemples.

Notes et références modifier

  1. Ce souvenir était ravivé par les découvertes archéologiques telles que le navire viking de Gokstad en 1880 et celui d'Oseberg en 1904.
  2. Un bel exemple de réalisation est le coffret offert par la cour de Norvège au roi Oscar II en 1897 pour le 25e anniversaire de son avènement.
  3. Barbara Kaufhold, Deutsche Sektreklame von 1879-1918 : Ihre Entwicklung unter wirtschaftlichen, gesellschaftlichen und künstlerischen Aspekten (Thèse de doctorat), Bochum, Fakultät für Geschichtswissenschaft der Ruhr-Universität, , PDF (lire en ligne), p. 195.
  4. Raymond Poincaré, Au service de la France : Verdun, vol. 8, Nouveau Monde éditions, , 240 p. (ISBN 978-2-36943-255-5 et 2-36943-255-1, Au service de la France sur Google Livres).
  5. Dragons et drakkars : le mythe viking de la Scandinavie à la Normandie, XVIIIe siècle-XXe siècle, du 22 juin au 25 août 1996 à l'Abbaye aux Dames.
  6. Dominique Auzias, Norvège 2015 Petit Futé, Petit Futé, 2014, p. 214 (en ligne).
  7. Dragons et drakkars, cité en bibliographie.

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Dragons et drakkars : le mythe viking de la Scandinavie à la Normandie, XVIIIe – XXe siècles, Caen, Conseil régional de Basse-Normandie et Musée de Normandie, 1996, 137 p.
  • Stephan Tschudi-Madsen, Veien hjem, Norsk arkitektur 1870–1914, Oslo, Norges kunsthistorie, 1981. (ISBN 82-05-12269-5)
  • Stephan Tschudi-Madsen, Dragestilen, Oslo, Honnør til en hånet stil, 1993. (ISBN 82-03-22009-6)
  • Barbara Miller Lane, National romanticism and modern architecture in Germany and the Scandinavian countries, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, 416 p.
  • Laurence Rogations, « Résurgence de l’art viking à l’époque moderne. L'exemple du mouvement Art nouveau en Scandinavie », Nordiques, no 29, printemps 2015, p. 63-72.

Articles connexes modifier