Stanislas Dehaene

neuroscientifique français
Stanislas Dehaene
Stanislas Dehaene en 2014.
Fonction
Président
Conseil scientifique de l'Éducation nationale
depuis le
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (58 ans)
Roubaix (Nord, France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Formation
Activités
Conjoint
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Directeur de thèse
Site web
Distinctions
Œuvres principales

Stanislas Dehaene est un psychologue spécialisé en neuropsychologie français né le à Roubaix.

Ses travaux scientifiques portent sur les représentations mathématiques (numération, géométrie), la lecture, le langage et la conscience qui ont fait l'objet également d'ouvrages de vulgarisation.

Depuis 2018, il préside le conseil scientifique de l'Éducation nationale.

Biographie modifier

Formation et titre universitaire modifier

Ancien élève du lycée privé Sainte-Geneviève puis de l'École normale supérieure (1984-1988), Stanislas Dehaene est titulaire d'une maîtrise en mathématiques de l'UPMC (1985)[1] et d'un doctorat en psychologie de l'EHESS (1989)[2]. Il rédige sa thèse La comparaison des petits nombres : représentation analogique et processus attentionnels sous la direction de Jacques Mehler, ce dernier ayant été l'un des rares promoteurs des sciences cognitives en France[3]. Parallèlement, il travaille avec Jean-Pierre Changeux sur des modèles de fonctions neurobiologiques comme le chant des oiseaux. En 1992, il part chez Michael Posner (USA) se former aux techniques d'imagerie cérébrale.

Il dirige l'unité de neuro-imagerie cognitive, unité mixte INSERM-CEA à NeuroSpin[4] dans l'Essonne.

Il est élu membre de l’Académie des sciences le , et nommé professeur au Collège de France à la chaire de psychologie cognitive expérimentale[5].

Conseil scientifique de l'Education nationale modifier

Depuis janvier 2018, il préside le conseil scientifique de l'Éducation nationale[6] mis en place en par le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer pour l'aide à la prise de décision[7],[8],[9] concernant les apprentissages et la pédagogie[10] . Il explique que le travail se concentre principalement sur les sciences cognitives en lien avec les apprentissages en complément des neurosciences[11].

L'approche des neurosciences dans un contexte d'éducation défendue par Stanislas Dehaene a suscité des critiques dont une simplification excessive de la modélisation du cerveau voire une forme d'idéologie scientiste[12],[13],[14],[15]. Yves Charles Zarka dans une tribune du Monde critique les thèses de Stanislas Dehaene qu'il estime « fausses et dangereuses »[12].

Durant la pandémie du Covid-19, il soutient l'ouverture des écoles du fait que l'interaction à travers un ordinateur et l'absence physique de l'enseignant défavorise l'apprentissage chez l'enfant[16].

Il déplore le niveau de classement de la France en matières de compétences mathématiques des élèves, dernier pays d'Europe et qualifie ce problème comme un « phénomène sociétal » aussi grave que la crise de la Covid-19 et l'assassinat de Samuel Paty[17].

Travaux universitaires modifier

Modélisation de la cognition modifier

À partir de la fin des années 80, Stanislas Dehaene collabore avec Jean-Pierre Changeux pour initier la modélisation computationnelle en s’intéressant aux bases neuronales des fonctions cognitives. Ils théorisent et développent un modèle d’accès à la conscience basé sur le recrutement au niveau cérébral global de réseaux de neurones avec des axones à longue distance qu'il nomme l’espace de travail neuronal conscient, ou modèle d'espace de travail cognitif global[18],[19]. Ce modèle s'inspire de la théorie de l'espace de travail global développée par Bernard Baars et tente de reproduire le comportement en essaim des fonctions cognitives supérieures du cerveau telles que la conscience, la prise de décision[20] et les fonctions exécutives centrales. Il est utilisé pour fournir un cadre prédictif à l'étude de la cécité d'inattention, le développement des compétences numériques élémentaires et à la résolution du test de la Tour de Londres[21],[22].

Psychologie cognitive modifier

Les travaux scientifiques de Stanislas Dehaene exploitent conjointement les méthodes de la psychologie cognitive et de l’imagerie cérébrale[n 1]. Ils portent principalement sur les architectures cérébrales de l'arithmétique, de la lecture, du langage parlé, et l’accès d’informations à la conscience[24], ce qui l'a amené à s’intéresser à la dyscalculie et à la dyslexie[25]. Il préconise la pédagogie Montessori comme étant une alternative au système traditionnel[26].

En tant qu'observateur de l'expérimentation menée par Céline Alvarez autrice de l'ouvrage les lois naturelles de l'enfant, il décrit une expérience très bénéfique au niveau comportemental pour les jeunes élèves d'une classe ZEP. Par la suite, ils mènent une expérimentation commune en collaboration avec son épouse Ghislaine Dehaene-Lambertz pour effectuer des imageries cérébrales auprès d'un groupe d'enfants. Il conclut des résultats positifs pour l'acquisition de la lecture tout en admettant que l'étude n'est pas randomisée[27]. Il déplore que cette expérimentation ne soit pas renouvelée malgré des résultats prometteurs. Il préconise davantage de formation continue auprès des enseignants en favorisant davantage l'accès aux publications scientifiques afin qu'ils puissent initier ce type de micro-expérimentations[28].

Ouvrage Le Code de la conscience modifier

Dans l'ouvrage Le Code de la conscience, Stanislas Dehaene développe la théorie de l'espace de travail global (TETG) en collaboration avec le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux selon laquelle des "données rendues accessibles à un endroit du système vont permettre à de nombreux modules spécialisés d’être mis au courant de ces informations et de les utiliser"[29].

Vie privée modifier

Il est l'époux de Ghislaine Dehaene-Lambertz[30].

Distinctions modifier

Ouvrages modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Dehaene, par ses travaux, démontre donc l'existence d'un patrimoine cérébral commun à l'humanité. Là encore, un résultat lourd de conséquences[23]. »

Références modifier

  1. Université Pierre et Marie Curie - UPMC, « Stanislas Dehaene, lauréat du Grand Prix Inserm 2013. », sur UPMC, (consulté le ).
  2. Dehaene, Stanislas, « La comparaison des petits nombres : représentation analogique et processus attentionnels », http://www.theses.fr/,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) « CV S.Dehaene », Collège de France,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  4. Unité de neuroimagerie cognitive.
  5. « Biographie et publications | Stanislas Dehaene - Psychologie cognitive expérimentale | Collège de France », sur college-de-france.fr (consulté le ).
  6. « Installation du conseil scientifique de l'éducation nationale », sur education.gouv.fr.
  7. Marie-Estelle Pech et Caroline Beyer, « Blanquer et Dehaene : « Notre approche de l'éducation nous permet de dépasser les faux clivages » », Le Figaro, (consulté le ).
  8. Florence Rosier, « Stanislas Dehaene, des neurosciences aux sciences de l’éducation », sur Le Monde, (consulté le ).
  9. Elena Sender, « Stanislas Dehaene, les neurosciences et l'école », sur Sciences et Avenir, (consulté le ).
  10. Sébastien Leroy, « Stanislas Dehaene nouveau président du conseil scientifique de l'éducation », sur La Voix du Nord, (consulté le ).
  11. « Stanislas Dehaene : « Nous n'allons pas faire d'IRM à tous les écoliers » », sur France Inter, (consulté le ).
  12. a et b « Yves Charles Zarka: « La neurologie cognitive relève d’un scientisme non dénué de dangers » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Dominique Bucheton, « Les neurosciences ne font pas une politique de l’école », Libération, .
  14. Inconnu, « Les neurosciences, marotte du ministre de l'Éducation, une piste pour apprendre mieux ? », sur Capital, .
  15. François Jarraud, « Blanquer face aux chercheurs. », sur Le café pédagogique, .
  16. « Confinement, numérique et neurosciences : les apprentissages face à la pandémie. Avec Stanislas Dehaene », sur France Culture (consulté le ).
  17. « Stanislas Dehaene : "c'est un scandale, nous sommes les derniers en maths de l'Union européenne" », sur franceinter.fr (consulté le ).
  18. Dehaene S., Kerszberg M., Changeux J.-P. (1998). A neuronal model of a global workspace in effortful cognitive tasks. Proc Natl Acad Sci USA 95: 14529-14534.
  19. Dehaene S., Sergent C., Changeux J.-P. (2003) A neuronal network model linking subjective reports and objective physiological data during conscious perception. Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 100: 8520-8525.
  20. Dehaene S, Changeux JP, «  », Prog Brain Res. 126:217-29., 2000,
  21. », Proc Natl Acad Sci U S A., 1987 may, p. 84(9):2727-31.
  22. Changeux JP, Dehaene S., «  », Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, série iii. 1998 feb–mar;, p. 321(2–3):241-7.
  23. « Stanislas Dehaene, le défricheur du cerveau », sur Le Point, (consulté le ).
  24. « Notice biographique », sur l'Académie des sciences (consulté le ).
  25. « L'apport de l’imagerie cérébrale », sur l'INSERM (consulté le ).
  26. « Cinq idées que défend Stanislas Dehaene, l'éminence grise de Jean-Michel Blanquer », sur France Culture, (consulté le ).
  27. philomag, « Céline Alvarez, Stanislas Dehaene. La revolution de l’éducation », sur Philosophie magazine (consulté le ).
  28. « Céline Alvarez, la pédagogue qui passe l’école au scanner », sur Télérama, (consulté le ).
  29. clément dousset, « Un concours pour départager deux théories sur la conscience », sur Club de Mediapart, (consulté le ).
  30. Nathalie Devisalles, « Il démystifie la bosse des maths. Stanislas Dehaene, 32 ans, est neuropsychologue et mathématicien », sur Sciences et Avenir, .
  31. Cécile Guérin, « Stanislas Dehaene, le boss des maths », Le Monde, 28 avril 1999.
  32. Note de nomination sur le site du Saint-Siège
  33. Fiche personnelle sur le site du Collège de France
  34. Décret du 31 décembre 2010 publié au JORF du .
  35. « Le cerveau est préorganisé pour la lecture », sur Le Monde, .
  36. HEC, « Stanislas Dehaene, Professeur Honoris Causa d’HEC Paris »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ).
  37. « Prize Winners 2014 ».
  38. (en) « APA Award for Distinguished Scientific Contributions », sur apa.org (consulté le ).
  39. « Stanislas Dehaene », sur www.nasonline.org (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :