Stabat Mater (Pergolèse)

œuvre musicale religieuse écrite par Pergolèse

Stabat Mater
P. 77
Image illustrative de l’article Stabat Mater (Pergolèse)
Une page du manuscrit autographe du Stabat mater de Pergolese (O quam tristis et afflicta).

Genre Musique sacrée
Musique Giovanni Battista Pergolesi
Texte Stabat Mater attribué à Jacopone da Todi
Langue originale Latin
Durée approximative 38 minutes environ[cg 1]
Dates de composition 1736 à Pouzzoles
Partition autographe Sächsische Landes- und Universitätsbibliothek Dresden

Le Stabat Mater, P. 77, est une œuvre musicale religieuse écrite par Giovanni Battista Pergolesi (Pergolèse) en 1736, pendant les dernières semaines de sa vie, dans le monastère de Pouzzoles[cg 2]. Son texte est de nos jours attribué à Jacopone da Todi († 1306), mais sa distribution pour les deux voix est librement effectuée dans l'optique d'obtenir une excellente variété[cg 2].

Dernière œuvre du compositeur, qui meurt des suites d'une tuberculose à l'âge de 26 ans, elle est écrite pour deux voix chantées (traditionnellement soprano et alto, sans doute des castrats) et un petit ensemble instrumental de composition classique (premiers et seconds violons, alto, basse, basse continue). C'est aujourd'hui la composition la plus populaire de Pergolèse.

Histoire de l'œuvre modifier

Ce Stabat Mater, basé sur un texte liturgique du XIIIe siècle méditant sur la souffrance de la Vierge Marie, mère du Christ, était une possible commande du duc de Maddaloni, mécène de Pergolèse et violoncelliste amateur[1]. Une origine alternative suggère en effet une commande de 1734 d'une archiconfrérie de Naples, les Cavalieri de la Vergine dei Dolori (Chevaliers de la Vierge des Douleurs), qui souhaitait remplacer le Stabat Mater vieillissant d'Alessandro Scarlatti[2],[3] dont il conserve toutefois le même effectif vocal, pour soprano et alto. Il devait être donné à Santa Maria dei Sette Dolori, église où le duc de Maddaloni possédait une chapelle votive et où il faisait exécuter des œuvres religieuses chaque troisième dimanche de septembre.

Une fois réputée, cette composition devint, à Paris, le répertoire régulier du Vendredi saint auprès du Concert spirituel, jusqu'à la disparition de cette association en 1790. Comme l'œuvre de Pergolèse a besoin de deux solistes virtuoses, parfois elle était remplacée par d'autres Stabat Mater, surtout celui de Joseph Haydn[4].

Musique modifier

Effectif modifier

L'œuvre est écrite pour soprano, alto, cordes et continuo. Elle a été à l'origine et pendant longtemps, chantée par des castrats, ou éventuellement des garçons sopranistes, l’Église interdisant le chant féminin dans les offices.

Instrumentation du Stabat Mater de Pergolèse
Cordes
premiers violons, seconds violons,
altos, basse continue.
Voix
1 soprano, 1 alto.

Structure de l'œuvre modifier

L'œuvre est construite comme une cantate italienne du XVIIIe siècle, avec arias et duos. Pergolèse reprend l'intégralité du texte de la prose médiévale (20 tercets) mais les regroupe parfois dans la même pièce (13 pièces).

Son exécution demande environ 30 à 40 minutes ; elle se compose des parties suivantes :

  1. Stabat Mater dolorosa (duo), en fa mineur, à  .
  2. Cujus animam gementem (soprano), en do mineur, à  
     
    .
  3. O quam tristis et afflicta (duo), en sol mineur, à  .
  4. Quae moerebat et dolebat (alto), en mi bémol majeur, à  
     
    .
  5. Quis est homo qui non fleret (duo), en do mineur, à  , qui inclut le texte du tercet suivant : Quis non posset contristari, et se conclut avec Pro peccatis suae gentis, en do mineur, à  
     
    .
  6. Vidit suum dulcem natum (soprano), en fa mineur, à  .
  7. Eia Mater fons amoris (alto), en do mineur, à  
     
  8. Fac ut ardeat cor meum (duo), en sol mineur, à  .
  9. Sancta Mater, istud agas (duo), en mi bémol majeur, à  , qui inclut les quatre tercets suivants : Tue nati vulnerati, Fac me vere tecum flere, Juxta crucem tecum stare et Virgo virginum praeclara
  10. Fac ut portem Christi mortem (alto), en sol mineur, à  , qui inclut le tercet suivant Fac me plagis vulnerari
  11. Inflammatus et accensus (duo), en si bémol majeur, à  , qui inclut le tercet suivant Fac me cruce custodiri
  12. Quando corpus morietur (duo), en fa mineur, à  .
  13. Amen, amen., en fa mineur, à  .

Adaptation ou révision modifier

L'œuvre, devenue très renommée, a été reprise et adaptée maintes fois par la suite. La plus célèbre version est celle de Jean Sébastien Bach qui en reprend les thèmes dans sa cantate Tilge, Höchster, meine Sünden, BWV 1083[3].

Parmi les autres révisions ou emprunts il faut citer Paisiello, Salieri, Hiller sur un texte de Klopstock, Hindemith qui l'incorpore dans son opéra Sancta Susanna

L'œuvre est également parfois interprétée dans une réduction pour orgue et deux voix[5].

Discographie sélective modifier

Discographie des variants modifier

Références bibliographiques modifier

  1. p. 233
  2. a et b p. 234
  3. p. 235

Notes et références modifier

  1. Pergolèse a également écrit pour le duc de Maddaloni une messe en fa qui fut exécutée en l'église San Lorenzo in Lucina à Rome en 1734, avec une pompe extraordinaire.
  2. Biographie de Pergolèse par le marquis de Villarosa, 1831.
  3. a et b Diapason, octobre 2010, p. 86-88
  4. Bernard Harrison, Haydn : The ' Paris ' Symphonies, p. 11, Cambridge University Press, 1998 (en)[1]
  5. « Stabat Mater de Pergolése L », sur metz.fr (consulté le )

Liens externes modifier