Spiropentane

composé chimique

Le spiropentane est un hydrocarbure de formule chimique C5H8. C'est le plus simple des cycloalcanes spiro et des triangulanes[4],[5],[6],[7]. Plusieurs années ont été nécessaires depuis sa découverte en 1887 pour déterminer sa structure[8],[9],[10]. Son nom systématique est spiro[2.2]pentane mais, comme il ne peut avoir d'autre spiropentane isomère, son nom simple sans chiffres ni crochets est non ambigu.

Spiropentane
Image illustrative de l’article Spiropentane
Structure du spiropentane
Identification
Nom UICPA spiro[2.2]pentane
No CAS 157-40-4
PubChem 9088
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C5H8  [Isomères]
Masse molaire[1] 68,117 ± 0,004 6 g/mol
C 88,16 %, H 11,84 %,
Propriétés physiques
fusion −107,0 °C[2]
ébullition 39,5-40,5 °C[3] à 746 Torr

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Synthèse modifier

Après avoir produit du cyclopropane en faisant réagir du 1,3-dibromopropane avec du zinc métallique finement divisé, Gustavson a tenté la même réaction avec du 2,2-bis(bromoéthyl)-1,3-dibromopropane. La substance de départ s'obtient facilement en faisant réagir du pentaérythritol avec de l'acide bromhydrique. Cela donne un composé de formule C5H8, nommé vinyltriméthylène dans la publication initiale[11]. Fecht postula en 1907 qu'il devait s'agir de spiropentane, isomère du vinylcyclopropane[12]. Un autre indice appuyant la structure de l'hydrocarbure vient du fait qu'il a également pu être obtenu à partir de 1,1-bis(bromoéthyl)cyclopropane[13].

 
Formation du spiropentane.

Le spiropentane est difficile à séparer des autres produits de réaction, et les premières procédures aboutissaient à des mélanges impurs. Des décennies plus tard, la méthode de production a été améliorée. L'hydrocarbure spiro peut être séparé des sous-produits (2-méthyl-1-butène, 1,1-diméthylcyclopropane, méthylènecyclobutane) par distillation[3].

Propriétés modifier

La caractérisation structurelle par diffraction électronique a montré que la longueur des liaisons C–C n'est pas la même avec l'atome de carbone quaternaire (centre spiro) qu'entre les groupes méthylène : elle vaut 146,9 pm avec l'atome central contre 151,9 pm entre les groupes CH2–CH2. L'angle C–C–C au niveau du centre spiro vaut 62,2°, ce qui est plus élevé que dans le cyclopropane[14].

Le chauffage de molécules de spiropentane marquées avec des atomes de deutérium permet de mettre en évidence une topomérisation ou « stéréomutation » semblable à celle du cyclopropane : le cis-1,2-dideutériospiropentane s'équilibre ainsi avec le trans-1,2-dideutériospiropentane[15].

 
Topomérisation du spiropentane.

Gustavson a rapporté en 1896 que le chauffage du spiropentane à 200 °C le convertissait en d'autres hydrocarbures. Une thermolyse en phase gazeuse de 360 à 410 °C conduit à une expansion du cycle en l'isomère méthylènecyclobutane, ainsi que les produits de fragmentation éthylène et propadiène. Il est probable que la liaison la plus longue — et la plus faible — soit rompue en premier, formant un intermédiaire diradical[15].

 
Thermolyse du spiropentane.

Notes et références modifier

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) David R. Lide, « Properties of the Elements and Inorganic Compounds », CRC Handbook of Chemistry and Physics, 90e éd., Taylor & Francis, 2009, p. 5-20. (ISBN 978-1420090840)
  3. a et b (en) Douglas E. Applequist, George F. Fanta et Bertel W. Henrikson, « Chemistry of Spiropentane. I. An Improved Synthesis of Spiropentane », The Journal of Organic Chemistry, vol. 23, no 11,‎ , p. 1715-1716 (DOI 10.1021/jo01105a037, lire en ligne)
  4. (en) Jerry Donohue, George L. Humphrey et Verner Schomaker, « The Structure of Spiropentane », Journal of the American Chemical Society, vol. 67, no 2,‎ , p. 332-335 (DOI 10.1021/ja01218a056, lire en ligne)
  5. (en) M. J. Murray et Eugene H. Stevenson, « Spiropentane », Journal of the American Chemical Society, vol. 66, no 2,‎ , p. 314 (DOI 10.1021/ja01230a515, lire en ligne)
  6. (en) M. J. Murray et Eugene H. Stevenson, « The Debromination of Pentaerythrityl Bromide by Zinc. Isolation of Spiropentane », Journal of the American Chemical Society, vol. 66, no 5,‎ , p. 812-816 (DOI 10.1021/ja01233a047, lire en ligne)
  7. (en) J. E. Price, K. A. Coulterpark, T. Masiello, J. W. Nibler, A. Weber, A. Maki et T. A. Blake, « High-resolution infrared spectra of spiropentane, C5H8 », Journal of Molecular Spectroscopy, vol. 269, no 1,‎ , p. 129-136 (DOI 10.1016/j.jms.2011.05.011, Bibcode 2011JMoSp.269..129P, lire en ligne)
  8. (de) O. Philipow, « Die Konstitution der Kohlenwasserstoffe Gustavsons: Vinyltrimethylen und Äthylidentrimethylen », Journal für Praktische Chemie, vol. 93, no 1,‎ , p. 162-182 (DOI 10.1002/prac.19160930112, lire en ligne)
  9. (de) Al. Faworsky et W. Batalin, « Über das Vinyltrimethylen und Äthyliden-trimethylen von Gustavson », Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, vol. 47, no 2,‎ , p. 1648-1651 (DOI 10.1002/cber.19140470250, lire en ligne)
  10. (en) G. R. Burns et D. G. McGavin, « Infrared and Raman Spectra of Spiropentane-H8 », Applied Spectroscopy, vol. 26, no 5,‎ , p. 540-542 (DOI 10.1366/000370272774351778, Bibcode 1972ApSpe..26..540B, S2CID 95384874, lire en ligne)
  11. (de) G. Gustavson, « Ueber Aethylidentrimethylen », Journal für Praktische Chemie, vol. 54, no 1,‎ , p. 104-107 (DOI 10.1002/prac.18960540106, lire en ligne)
  12. (de) H. Fecht, « Über Spirocyclane », Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, vol. 40, no 3,‎ , p. 3883-3891 (DOI 10.1002/cber.190704003194, lire en ligne)
  13. (de) N. Zelinsky, « Über das Spirocyclan, seine Synthese und sein Verhalten bei der Reduktionskatalyse », Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, vol. 46, no 1,‎ , p. 160-172 (DOI 10.1002/cber.19130460128, lire en ligne)
  14. (en) G. Dallinga, R. K. van der Draai et Miss L. H. Toneman, « Electron diffraction by gases: The molecular structure of spiropentane », Recueil des Travaux Chimiques des Pays-Bas, vol. 87, no 8,‎ , p. 897-905 (DOI 10.1002/recl.19680870805, lire en ligne)
  15. a et b (en) Joseph J. Gajewski et Leo T. Burka, « Alkyl shifts in thermolyses. V. Thermal epimerization of the 1,4-dimethylspiropentanes », Journal of the American Chemical Society, vol. 94, no 25,‎ , p. 8857-8860 (DOI 10.1021/ja00780a035, lire en ligne)