Soteria

traitement alternatif des patients en crise psychotique

Soteria (« maison Soteria », Soteria house en anglais) est un modèle de communauté proposant un espace pour des personnes traversant des crises émotionnelles extrêmes.

Soteria, Zwiefalten, Allemagne (2011)

Principe modifier

Basé sur le modèle du rétablissement, les maisons soterias ont en commun une majorité de non professionnels du soin parmi les employés, le respect des décisions et de l'indépendance des usagers, le lien social et les responsabilités communes, la recherche de sens aux expériences psychotiques grâce à la position du « être avec » de la part des professionnels et l'usage nul ou minime de neuroleptiques (et l'interdiction de toute obligation, de toute coercition même psychologique pour obtenir « l'adhésion »).

Historique modifier

Le premier projet « soteria » a été créé par le psychiatre Loren Mosher à San José, Californie en 1971. Une réplique (« Emanon ») fut ensuite ouverte dans une banlieue de San Francisco en 1974.

Loren Mosher a été inspiré par les idées du traitement moral, notamment par les travaux de Harry Stack Sullivan et par la psychanalyse.

Selon les propres études faites par l'état de Californie, les patients internés après un premier épisode de schizophrénie au sein des maisons Soteria connaissaient nettement moins de ré-internement que ceux internés dans un hôpital classique durant un premier épisode, et ce pour un coût moindre, puisqu'une grande partie des tâches (préparation des repas, courses...) étaient assurée par les pensionnaires eux-mêmes dans un souci d'autonomie.

Toutefois l'expérience fut arrêtée au milieu des années 1980, « parce qu'elle marchait trop bien et remettait en cause le modèle biologique » selon les dires de Loren Mosher.

Mais le modèle Soteria a été repris un peu partout dans le monde, notamment en Hongrie, en Finlande en Alaska (USA), en Allemagne et en Suisse. Un projet d'ouverture de maison Soteria est actuellement en cours en Angleterre.

Résultats modifier

Dans les années 1970, Mosher a organisé une étude comparant le risque de rechute des schizophrènes après un séjour à Soteria ou au Community Mental Health Center (CMHC). Les résultats ont été les suivants :

Probabilité de ne pas être réadmis en psychiatrie après la sortie[1]
6 mois 12 mois 18 mois 24 mois
Comparaison des programmes
Soteria (N = 32) 74,19 % 70,74 % 52,28 % 47,53 %
CMHC (N = 36) 58,33 % 41,67 % 38,89 % 38,39 %
Comparaison des programmes en fonction de la prise de neuroleptique
Soteria Aucun neuroleptique (N = 26) 84,62 % 80,49 % 58,33 % 52,49 %
CMHC Neuroleptique puis sevrage (N = 18) 83,33 % 55,56 % 50 % 50 %
CMHC neuroleptique continu (N = 18) 33,33 % 27,78 % 27,78 % 27,78 %

Remarques: l'échantillon de l'étude est très faible. Les résultats du groupe CMHC neuroleptique continu sont exceptionnellement mauvais. Les patients restaient environ 5 mois à Soteria, et souvent moins d'un mois au CMHC.

Néanmoins les résultats de Soteria sont très bons, en particulier dans le groupe sans neuroleptique.

Notes et références modifier

National Center for Biotechnology Information Treatment of acute psychosis without neuroleptics: two-year outcomes from the Soteria project' [lire en ligne]

National Center for Biotechnology Information The pilot project "Soteria Bern" in treatment of acute schizophrenic patients [lire en ligne]

schizophrenia bulletin oxford A Systematic Review of the Soteria Paradigm for the Treatment of People Diagnosed With Schizophrenia [lire en ligne]

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Références modifier