Silvana Mangano

actrice italienne
Silvana Mangano
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Naissance
Rome, Italie
Nationalité Drapeau de l'Italie Italienne
Décès (à 59 ans)
Madrid, Espagne
Profession Actrice
Films notables Riz amer
Œdipe roi
Théorème
Le Décaméron
Mort à Venise
Ludwig : Le Crépuscule des dieux

Silvana Mangano est une actrice italienne née le à Rome et morte le à Madrid.

Biographie modifier

Miss Rome modifier

Fille d'un cheminot sicilien et d'une mère anglaise, Silvana est élevée dans un climat de pauvreté et de privation, avec son frère aîné Roy et ses deux sœurs cadettes, Patrizia et Natascia. Elle découvre la danse à l'Opéra et, pendant sept ans, sa mère fera l'effort de lui payer des cours de danse chez Jia Ruskaja, à Milan. Silvana devient ensuite mannequin à l'atelier Mascetti. Elle participe à plusieurs concours de beauté, elle est élue Miss Rome en 1946[1]. Elle concourt au titre de Miss Italie, aux côtés de Lucia Bosé (élue Reine), Gina Lollobrigida, Eleonora Rossi Drago et Gianna Maria Canale, qui toutes feront carrière dans le cinéma.

La Mangano modifier

 
Riz amer : Silvana Mangano en 1949 dans la rizière.

Elle prend ensuite des cours de comédie et rencontre à cette occasion son premier grand amour, Marcello Mastroianni. Leur union dure peu de temps, mais ils se reverront régulièrement sur les plateaux de tournage. Sa première apparition au cinéma sera dans une figuration en 1945 dans un film français, Le Jugement dernier de René Chanas. Le metteur en scène Mario Costa la remarque à cette époque et lui fait tourner un petit rôle dans L'Elixir d'amour.

La consécration arrive dès 1949 avec Riz amer (Riso amaro) de Giuseppe De Santis où elle campe une repiqueuse de riz provocante, en short court et corsage moulant[2] ; son air effronté l'impose comme le premier « sex-symbol » de l'Italie d'après-guerre, une sorte de réponse nationale à la hollywoodienne Rita Hayworth. Son mariage avec le producteur Dino De Laurentiis, la même année, lui permet de gérer au mieux sa carrière : par la suite, il la fera travailler avec les plus célèbres acteurs de l'époque, aussi bien italiens comme Vittorio Gassman, Raf Vallone, Alberto Sordi ou Nino Manfredi qu'internationaux comme Kirk Douglas, Anthony Quinn ou Anthony Perkins, devant les caméras des plus grands cinéastes de l'époque, Mario Camerini, Vittorio De Sica, Mario Monicelli, Luchino Visconti ou Pier Paolo Pasolini. La position de son mari permet à celui-ci d'engager des cinéastes étrangers de renom Robert Rossen, René Clément ou Martin Ritt pour la faire tourner.

Séduisante, passionnée, pathétique ou drôle, elle s'adapte à tous les rôles. Et les succès s'accumulent à raison d'environ un tournage par an. Outre deux incursions dans le genre péplum, l'une avec Mario Camerini pour Ulysse en 1955, l'autre avec Richard Fleischer pour Barabbas en 1962, elle offre de superbes compositions dans Anna avec Lattuada, L'Or de Naples avec de Sica, Hommes et loups avec de Santis, La Grande Guerre avec Monicelli, Chacun son alibi avec Camerini ou Le Procès de Vérone avec Lizzani.

Une nouvelle muse modifier

 
Vittorio Gassman, Silvana Mangano et Alberto Sordi dans La Grande Guerre (1959).

Progressivement son activité se fait plus sélective. Elle choisit des sujets de qualité qui deviendront des œuvres admirables. Ce sera d'une part avec Pasolini pour Œdipe roi en 1967, Théorème en 1968, Le Décaméron en 1971 et d'autre part avec Visconti pour Mort à Venise en 1971, Ludwig ou le Crépuscule des dieux en 1972, Violence et passion en 1974 sans oublier leur coréalisation des Sorcières en 1966 (où elle côtoie Annie Girardot et Clint Eastwood).

Après 1974, elle quitte les plateaux de tournage pour se consacrer à sa vie familiale. On ne la reverra qu'en 1984, dans Dune, le film de David Lynch produit par sa fille, Raffaella De Laurentiis, et en 1987 aux côtés de Marcello Mastroianni dans Les Yeux noirs (Oci ciornie) de Nikita Mikhalkov.

Silvana Mangano laisse le souvenir d'une très grande actrice, estimée du public et de la profession, et d'une star de premier plan, d'une beauté singulière et impressionnante, capable de la plus grande distinction dans Mort à Venise comme de la plus grande vulgarité dans L'Argent de la vieille ou Violence et Passion ; elle a été sorcière, mère d'Œdipe, amante d'un ange (Terence Stamp), et, dans Le Décaméron, la Madone, reine du Ciel.

Le peintre Axel Sanson l'a notamment représentée dans l'un de ses tableaux[3].

Vie privée modifier

Dans sa jeunesse, elle a une relation de quelques mois avec l'acteur Marcello Mastroianni[1]. Mariée au producteur Dino De Laurentiis en 1949, elle a quatre enfants : Veronica (née en 1950), Raffaella (née en 1952), Federico (1955-1981) et Francesca (née en 1961). Elle s'était lancée dans le cinéma « seulement pour l'argent ». Au fil des années, elle développe une dépression (accentuée par la mort de ses amis Pier Paolo Pasolini et Luchino Visconti, puis de son fils Federico), ce qui la conduira à s'isoler. Elle est catholique pratiquante. Avec son mari, elle vit dans la banlieue chic de Rome, près de la Via Appia Antica ; ils possèdent également une résidence secondaire en France, au bord de la plage de Roquebrune-Cap-Martin, où ils organisent des soirées mondaines[1].
La disparition de Federico, le , à l'âge de 26 ans, dans un accident d'avion en Alaska, la plonge dans le désespoir et déchire son couple, elle divorce en 1983. Elle meurt six ans plus tard dans une clinique madrilène, victime d'un cancer du poumon[4].

Filmographie modifier

 
Mangano en 1956 dans Barrage contre le Pacifique.
 
Silvana Mangano en 1958, dans le film La Tempête.
 
Silvana Mangano en 1953.

Distinctions modifier

Notes et références modifier

  1. a b et c Jean-Baptiste Roques, « Les soleils noirs de la Mangano », Vanity Fair no 24, juin 2015, pages 150-159.
  2. Antonio Mancinelli (dir.) et Silvana Mangano (trad. de l'italien), Fashion Box : les icônes de la mode, Paris, Éditions du Chêne, , 480 p. (ISBN 978-2-8123-0426-2), « Hot Pants », p. 182 à 211.
  3. Catherine Malaval, Axel Sanson. Una persistente fortuna, Paris, La nouvelle école française, , 85 p. (ISBN 979-10-97320-00-3), p. 25
  4. « Mort de Silvana Mangano La magicienne », Le Monde,‎ , p. 10.

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