Sicyone

cité grecque
Cité de Sicyone

676 av J.-C. – 146 av J.-C.

Description de l'image Korinth Isthmus de.png.
Informations générales
Monnaie drachme de Sicyone
Tyran de Sicyone
- 676 Orthagoras
- 601 Clisthène

Entités suivantes :

Sicyone (en grec ancien : Σικυών / Sikuốn) est une ancienne cité grecque de Corinthie, située sur le golfe de Corinthe, dans le nord du Péloponnèse.

Didrachme de Sicyone montrant la Chimère, vers 380 av. J.-C.
Théâtre de Sicyone. Au fond, le golfe de Corinthe.

La cité, originellement bâtie dans la plaine littorale, a été rebâtie après sa destruction en 303 av. J.-C. sur le site de son ancienne acropole, un plateau où se situe le site archéologique actuel[1].

Étymologie et mythologie modifier

Réputée être l'une des plus anciennes cités de Grèce, la ville était connue auparavant sous les noms d'Égialée (αἰγιαλεύς /aígialeús « chevrotant »), puis de Mécôné (μήκωνη /mêkônê « euphorbe », nom par lequel Hésiode la nomme dans sa Théogonie[2]) et enfin de Sicyone (σικυών /sikuốn « chien familier »)[3],[4],[5]. C'est là que l'on situait l'invention du sacrifice par Prométhée[6]. Son héros éponyme, Égialée, passait selon les versions pour le fils du dieu fleuve Inachos ou pour un autochtone.

Histoire modifier

Antiquité modifier

 
Mosaïque de galets représentant un griffon, IVe siècle av. J.-C. (Musée archéologique de Sicyone).
 
Temple dorique sur l'ancienne acropole de Sicyone, probablement dédié à Apollon ou Artémis[7].

Selon Pausanias le Périégète, la cité aurait été fondée par l'autochtone Égialée qui lui aurait laissé son nom[8],[9] avant qu'elle prenne celui de Sicyone. Une série de rois s'y seraient succédé avant sa conquête par le Dorien Phalcès qui la fit passer sous la domination d'Argos durant les âges obscurs[10]. La mention du nom « Aigialia » dans des tablettes en Linéaire B de Pylos et de Thèbes pourrait désigner la ville et confirmer son activité et son intégration dans le monde mycénien[9].

Sicyone retrouva son autonomie au milieu du VIIe siècle av. J.-C. avec l'avènement de la tyrannie des Orthagorides, parmi lesquels figurait Clisthène l'Ancien[11], grand-père de l'athénien Clisthène qui réforma sa cité.

Sicyone devint rapidement un centre culturel réputé, notamment dans le domaine de la sculpture. Ses ateliers de bronze et de céramique et son école de sculpture formèrent tout au long de l'Antiquité de grands artistes comme Lysippe, Polyclète, Scopas ou Diopoinos et Scyllis. C'est dans cette cité que, pensaient les Grecs, la peinture avait été inventée[12] par Callirrhoé et Boutadès.

Au milieu du VIe siècle av. J.-C., le dernier tyran fut renversé par Sparte et la cité entra dans l'orbite de cette dernière en rejoignant la ligue du Péloponnèse[13]. Sicyone participa aux batailles de l'Artémision, de Salamine, de Platées et du cap Mycale dans le cadre des guerres médiques. Sicyone, en tant qu'alliée de Sparte, participa aussi aux opérations contre Athènes au cours de la guerre du Péloponnèse. En , elle fut prise par les Thébains au cours de leur invasion du Péloponnèse dans les suites de la bataille de Leuctres. La ville basse, dans la plaine, fut détruite pendant l'époque hellénistique par Démétrios Poliorcète en 303 av. J.-C., et rebâtie sur le site de son acropole, plus en hauteur[14].

Sicyone passa sous domination romaine en -146, après la destruction de Corinthe dont le territoire lui fut attribué. À l'époque romaine elle gardait une certaine autonomie, émettant ses propres monnaies. Par la christianisation, la cité entre dans la civilisation byzantine mais subit les invasions gothiques au IVe siècle, slaves au VIIe siècle et sarrasines au IXe siècle (cette dernière provoquant peut-être le transfert de l'évêché vers la ville voisine de Zemenon). La cité prit alors peut-être le nom d'Hellas[15].

Tyrans antiques de Sicyone modifier

Dynastie des Orthagorides modifier
Autres dynasties modifier
  • 264 - 252 av. J.-C. : Abantidas († 252).
  • 252 - 251 : Paséas († 251), père du précédent. Il est assassiné par Nicoclès.
  • 251 av. J.-C. : Nicoclès. Après quatre mois de règne, il est renversé par Aratos de Sicyone, qui met fin à la tyrannie. La même année, la cité entre dans la ligue achéenne au sein de laquelle elle prospère.

Moyen Âge et période moderne modifier

À la suite de la quatrième croisade (1204) les Occidentaux conquirent le Péloponnèse et y fondèrent la principauté d'Achaïe. Une version de la chronique de Morée attribue à Guillaume II de Villehardouin la construction du château de Vassilika (devenant ensuite Vassiliko), le nom (signifiant « royale ») que portait alors la localité[16]. Cette forteresse dépendait des châtelains de Corinthe. Vassiliko réutilise les pierres de Sicyone et s'étend probablement à l'angle sud-est du site de la ville antique. Elle est reconquise par les Grecs du despotat de Morée en 1429 avant d'être finalement prise par les Ottomans en 1460. Durant la période turque un autre village apparaît sous le nom de Mulki (« propriété, domaine » en turc). Un village moderne du nom de Kiato est construit avant 1700[17] sur le site probable du port antique et se développe à partir du XIXe siècle (entre 1913 et 1934 cette ville côtière prend le nom de Sicyone - Σικυών puis Σικυώνια). Le village en hauteur, sur l'ancienne acropole, retrouve son nom antique de Sicyone en 1920. Le Dème des Sicyoniens ou « Sicyonie » est créé en 2010.

Personnalités modifier

Notes et références modifier

  1. Lôlos, 2015, p. 51.
  2. Hésiode 1993, p. 161, note 45 (= Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne], 535).
  3. Bailly [1].
  4. Grant et Hazel 1955.
  5. Robert 1981, p. 26.
  6. Hésiode 1993, p. 161.
  7. (en) Kalliopi Krystalli-Votsi et Erik Østby, « The Temples of Apollo at Sikyon », dans Brita Alroth et Charlotte Scheffer (dirs.), Attitudes towards the Past in Antiquity: Creating Identities (Actes d'une conférence internationale, 15–17 mai 2009), Université de Stockholm, 325 p. (lire en ligne), p. 191–200.
  8. Périégèse, II, V, 6.
  9. a et b Lolos 2011, p. 60.
  10. Périégèse, II, VI, 7.
  11. Lôlos 2011, p. 61.
  12. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXV, 12.
  13. Lolos 2011, p. 65.
  14. Lolos 2011, p. 72.
  15. Lolos 2011, p. 84.
  16. Lolos 2011, p. 85.
  17. Lolos 2011, p. 356.

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Calliope Krystalli-Votsi, « Nouvelle mosaïque de Sicyone », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 100, no 2,‎ , p. 575-588 (lire en ligne, consulté le ).
  • Michael Grant et John Hazel (trad. de l'anglais par Etienne Leyris), Dictionnaire de la mythologie [« Who’s Who in classical mythology »], Paris, Marabout, coll. « Savoirs », (ISBN 2-501-00869-3), p. 306
  • Yannis A. Lôlos, L’architecture à Sicyone pendant la haute époque hellénistique en ligne
  • (en) Yannis A. Lôlos, The Town Planning of Hellenistic Sikyon in Archäologischer Anzeiger, 2011 (en ligne)
  • (en) Yannis A. Lolos, Land of Sikyon : Archaeology and History of a Greek City-State, Princeton, The American School of Classical Studies at Athens, (ISBN 0876615396)
  • Fernand Robert, La religion grecque, vol. 105, Paris, Gallimard, coll. « Que sais-je ? », (réimpr. 1967) (1re éd. 1949), 127 p. (ISBN 2-13-044672-8)
  • Hésiode (trad. du grec ancien par Annie Bonnafé, préf. Jean-Pierre Vernant), Théogonie, Paris, Payot & Rivages, coll. « La Petite Bibliothèque », , 184 p. (ISBN 978-2-7436-2138-4)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier