Siège de Jérusalem (614)

siège de 614

Le siège de Jérusalem de 614 oppose une armée perse sassanide menée par le général Schahr-Barâz aux Byzantins, pendant les dernières guerres byzantino-perses.. Cet événement a pour source historique principale le récit qu'en fait un moine byzantin nommé Strategos[1].

Contexte modifier

Pendant les guerres entre l'Empire romain d'Orient d'Héraclius et les Perses de Khosro II, l'usurpateur Phocas avait réussi un temps a dominer l'Empire byzantin, en faisant assassiner Maurice et sa famille. Lorsque Héraclius lui prend le pouvoir, le roi perse sassanide Khosro II se sert d'un homme qui prétend être le fils aîné de Maurice, Théodose et tente de l'imposer comme empereur d’Orient. Héraclius tente de proposer la paix, mais est vu comme un usurpateur tout comme son prédécesseur. À cette époque, Jérusalem était une ville majoritairement chrétienne, la seule de la région dans ce cas[2]. Toutefois, en 438, l'impératrice Eudocie avait permis que des Juifs puissent à nouveau vivre à Jérusalem[3].

Le siège modifier

Les Perses envahissent la Palestine dès 611[4], puis prennent Jérusalem en 614, massacrent ses habitants et détruisent nombre de sites chrétiens[5] .

Conséquences et suites modifier

Les conséquences de cette invasion perse sont :

  • la destruction de nombreuses églises de Jérusalem[6],[5],[7] ;
  • le massacre ou l'exil de milliers de chrétiens[8] et le dépeuplement de la ville[8]. Les reliques de la Vraie Croix sont aussi transférées à Ctésiphon[8] ;
  • le changement de statut de Jérusalem qui passe pendant quelque temps sous gouvernement juif[9] et dont le gouverneur prend — peut-être symboliquement — le nom de Néhémie jusqu'en 617[10]. L'invasion perse contre Byzance fut accueillie par les Juifs persécutés comme une libération et ils se joignent aux libérateurs perses dans les combats. Les Juifs peuvent à nouveau habiter Jérusalem. Ils obtiennent même une certaine indépendance, sous la conduite dudit Néhémie. Mais c'est de courte durée. À leur tour, les Perses chassent les Juifs de Jérusalem et commencent à les persécuter ;

La ville est reprise par les Byzantins en 629 sous Héraclius et la relique de la Vraie Croix retournée triomphalement à Jérusalem en 630[11]. Ces derniers massacrent les juifs en représailles à leur supposé soutien aux envahisseurs perses, ainsi que dans le reste de l'empire d'Orient[12]. Moins de dix ans plus tard, ce dernier perd définitivement le contrôle de la ville prise par les arabes lors du siège de 636-637. Les Juifs, qui étaient revenus dans la ville lors de la domination perse puis, à nouveau expulsés par les Byzantins, sont autorisés à revenir.

Notes et références modifier

  1. Paul Peeters, « La prise de Jérusalem par les Perses », Mélanges de l'Université Saint-Joseph, vol. 9, no 1,‎ , p. 1–42 (DOI 10.3406/mefao.1923.973, lire en ligne, consulté le )
  2. Christian Jerusalem 324-638, Teddy Kollek and Moshe Pearlman, Jerusalem: Sacred City of Mankind, Steimatzky Ltd., Jerusalem, 1991. By the end of the fourth century, with Jews still barred except for one day a year, Jerusalem became an exclusively Christian city, the only one in the country...The process continued in the fifth century. Contemporary records report the visits and settlement of distinguished Christian families, notably pious—and wealthy—women form Rome and Byzantium who spent their money on buildings and their time in civic service.
  3. Lucien Poznanski, La Chute du temple de Jérusalem, Éditions Complexe, (lire en ligne), page 106
  4. La domination byzantine
  5. a et b O.N.U., Vieille ville de Jérusalem et ses remparts : La glorification chrétienne de Jérusalem se poursuivit jusqu'en 614, année durant laquelle les Perses envahirent la ville, massacrèrent ses habitants et détruisirent beaucoup de ses églises et de ses monastères.
  6. L’architecture Croisée religieuse Saint-Étienne, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Sépulcre, Tombeau de la Vierge, Getsemani, etc.
  7. Abdelwahab Meddeb, Multiple Jérusalem : Jérusalem terrestre, Jérusalem céleste : extraits traduits de quatorze langues ..., Dédale en Méditerranée, , 619 p. (ISBN 978-2-7068-1234-7, lire en ligne)
  8. a b et c Lemire et al. 2016, p. 151
  9. Lemire et al. 2016, p. 152
  10. Adaptation d'un cours d'André Neher, « La défaite byzantine face à la Perse ».
  11. Lemire et al. 2016, p. 153
  12. Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, « Les Juifs dans le monde antique et médiéval », « Babylonie ».